Chroniques 2012



 Joli conte de Noël


Joli conte de Noël (2eme édition)

Ce matin, l'homme s'est éveillé plus tôt qu'à l'accoutumée. Il jeta deux branches sèches dans la cheminée, aussitôt illuminée. Rubiconde. Il trancha ardemment dans cette miche généreuse et croustillante, comme une tranche de vie palpitante. Calme, simple, pure comme l'aube. Le café fumait sans tousser. Le miel coulait paisiblement sur la tartine, désormais beurrée comme un fêtard, la nuit de la Saint-Sylvestre.
Il prit son lourd manteau en peau retournée, ses gants et son bonnet rouge. Sa barbe était blanche, comme une allégorie à la douceur, la tolérance, et la gentillesse. Il ajusta ses bottes fourrées et disparut hâtivement dans cette neige qui le dévora gloutonnement jusqu'à sa disparition dans un horizon immaculé.
Ses pas crissèrent sur la couche vierge comme une Sainte apparue providentiellement au sortir de la nuit. Les cristaux se reflétant dans ses yeux ébahis jusqu'à lui soutirer quelques larmes. Etait-ce cette infinie clarté, les rigueurs hivernales, le vent fouettant son regard avec vigueur, mais non sans compassion ? Ou bien était-ce l'émotion subjuguée d'une plage infinie où les vagues congères mêlent le tourment et l'harmonie ?
L'air vif anima ce corps auguste quoi qu'ordinairement banal. Son souffle soutenu, comme animé de spasmes dociles et langoureux, son visage fouaillé, rougi de confusion. Ses éléments divers, ses orifices et aspérités, si sauvagement indépendants, furent subitement saisis dans la même glace, par la même grâce. Le nez, les oreilles, la bouche se figèrent comme par un enchantement béat. Définitif. Quelques perles de buées envahirent son front, bouillant près du bonnet.
Le silence aussi fit son office. Implacable. Inexpugnable. Indicible. Sur ce plateau d'altitude, il semble avoir fait son nid. Défini son domaine. Obtenu les plans. Arrêté le temps. Il eut beau essayer de capter le son, de capturer un bruit, rien ne vint se laisser ouïr. Les pavillons demeurèrent vides. Ah si ! il y avait ses pas. Les cristaux qui éclataient sous ses pieds inquisiteurs. Mais, curieusement, indéfinissablement, le craquement de la neige décompactée participait de l'infini mutisme ambiant.
Le décor extatique demeurait, néanmoins, statique. Il progressa vers ce lointain sans fin et les futaies résineuses semblaient s'écarter, comme pour l'attirer vers nulle part ou l'insondabilité de son destin. Il les aurait suivies, qui sait, si une hermine dont la fourrure s'allonge et se ramasse par saccades harmonieuses et rythmées, ne lui rappela que des enfants l'attendaient, loin d'ici déjà, quelques lieues en arrière.
C'était le jour de Noël. C'eut pu être un autre jour. Mais c'était le vingt-cinq décembre. Et pour rompre la couche radieuse de neige étalée à l'apogée de sa vie, c'est toujours mieux en hiver. Tellement plus délicieux aussi lorsque tous les êtres de bonne volonté, rêvent de paix où s'efforcent au moins de faire semblant. Qu'ils croient au Père Noël, au journal de TF1 et même au Petit Jésus, mais qu'ils n'emmerdent pas leur prochain. Ce jour-là au moins. Et même en consentant de louables efforts, le lendemain.
Durant cette balade onirique et néanmoins idéale, il n'entendit pas le moindre quad violer le calme de la campagne, pas un iPhone répandre la bêtise humaine à travers les ondes, pas un iBook … ni même une chèvre au volant d'un abominable 4X4.
S'ébrouant transi, harassé, épanoui, avant de retrouver son café qui fume, son âtre et son foyer, il savoure cette heure soudainement figée, où tous les cons semblent avoir pris route, les airs ou le chemin mesquin de la Belgique...
                                                                                     Jaco 

Chronique du 18 décembre 2012
      Mariage en voile... et à vapeur       


Je me suis réuni ce matin très tôt (vers 10 heures) pour décider du fond de ma chronique que plus d'un millier de clients et donc d'amis reçoit chaque lundi et qu'une centaine -peut-être ?- attend avec plus ou moins d'avidité et d'indulgence. Ce qui n'est pas le cas -pour l'indulgence- de mon ancien (ô combien éminent) collègue Bernard (B.O pour les intimes). Le revoici, moustache frétillante dans le rôle, qui lui sied comme ses pieds (à ravir), de professeur de philo, d'histoire, de lettres... ou ne pas être, d'ailleurs. Il joue avec la culture et l'érudition, comme moi avec les mots. En vil jouisseur. Je voulais donc pour ouvrir les hostilités lui dire à quel point il m'emmerdait, tout en le suppliant de poursuivre ses corrections éclairées, ses annotations lumineuses. Avec lui, il me semble que je m'endors moins con, ce qui constitue une ridicule consolation quand, on rêve de se lever... plus riche !
Bon, je vous vois venir, vous devez penser : le type, il est parti pour ne rien avoir à raconter aujourd'hui ! Mais rassurez-vous ; ce besoin inextinguible, cette rage organique de noircir mon feuillet hebdomadaire me conduira bien quelque part et vous avec si, d'aventure, vous disposez du temps et du courage, que dis-je de l'héroïsme, consistant à m'accompagner cahin-caha, non pas au fond de la tombe où veillait l'oeil du précédent -cahin- mais au bas de cette feuille où je vais tenter de ne point trop l'être... caguant. En résumé, selon la formule : qui m'aime me suive ! même si ça promet d'être un peu long.
Je n'étais pas tant pris de court que ça d'ailleurs, car j'ai eu hier, au crépuscule de mon aventure de restauration, tout le temps de gamberger. Un samedi soir à Toulon et quasiment pas un client dans le seul restaurant de viande de la région ! Ainsi après avoir dû refuser, y compris des amis, toute la semaine à midi, nous perdions tout le bénéfice lors de nos deux « nocturnes ». Quand je pense qu'il y a des conos qui nous demandent pourquoi on n'ouvre pas le soir en semaine !!!
Donc j'ai décidé de me pencher sur le mariage gay. Encore que, pour un homme à l'abord de cette épineuse question, se pencher n'est peut-être pas la meilleure posture. A moins d'être féru d'expériences triviales quoi que pénétrantes. Pour remarquer d'abord que lorsque le social part en vrille, nous avons tendance à glisser benoitement vers le sociétal. Cela demande moins de volonté, de courage et de talent de rouvrir un vieux débat qu'une usine. Il vaut toujours mieux donner des leçons que de passer à l'action.
Alors donc, est-ce que toutes ces gouines et tous ces PD ont le droit de se marier ? Et peut-être même d'élever des enfants ? C'est en ces termes ou peu s'en faut, que les gens de droite posent la question en espérant du même coup, la régler. Car au fond ce qui les gêne profondément, ce ne sont pas les gènes qui sont -comme le reste- l'oeuvre de Dieu, mais c'est qu'ils ne s'en cachent plus. Le plus grave, le sacrilège, ce n'est nullement de forniquer par tous les bouts et dans tous les sens et parfois dans tous les âges... Le plus grave, c'est que cela se sache.
Regardez un peu le scandale que ça fait, lorsque l'un des serviteurs du tout puissant est surpris, derrière l'église, la main dans la culotte d'un petit ange. C'est fort embarrassant ! Tandis que lorsque personne n'en sait rien, que cela se fait dans le pur respect du mensonge et de l'hypocrisie, cela se passe merveilleusement...
C'est en cela que les gens de gauche ne manquent pas de malice, ni d'ailleurs de perfidie. Car non seulement ils préconisent de ne pas cacher ce mal incurable dont souffre les amoureux du même sexe, mais ils souhaitent l'instituer, que dis-je, l'institutionnaliser. Deux robes blanches se bécotant sur le parvis de Notre-Dame... Ah non, excusez-moi, j'extrapole de quelques siècles ! Pour le moment on se contentera des marches de la mairie du 4e arrondissement. Ou bien deux costumes gris anthracites se tenant la main en sortant épanouis sous une pluie de riz long grain de Louisiane, c'est-y pas mignon ?
Seulement voilà, moi qui ne suis ni d'un bord ni de l'autre -et vice versa puisque je suis commerçant-, je considère que tout ça, c'est de la provoc. Pure et dure ! Depuis le PACS (ne pas confondre avec le Pax christi), cette vieille institution coutumière n'a plus de base juridique. Quant à ses bases morales, parlons-en ! Depuis la nuit des temps, on sait que le mariage est contraire à toutes les valeurs. Sinon chrétiennes, au moins humaines. De faux serments en vrais amants, de faux semblants en vrais trahisons, il ne tardera plus à y avoir autant de divorces que de mariages. Et j'en parle librement moi qui, humblement, peut-être bêtement, n'ai jamais pensé à mettre le moindre coup de canif -pas même le tout petit, celui qui sort du couple-ongles-, dans le contrat.
Mais ne pas tricher, ne pas mentir et ne pas tromper, ce n'est pas à travers un mariage, un papelard et une bénédiction, que cela se décrète, pas même dans les préceptes d'une religion surtout lorsqu'elle brille par l'hypocrisie et la vénalité. C'est dans la nature, la profondeur de l'homme. Dans sa conscience, tout simplement.
C'est donc une pure provocation et je serais à mon tour parfaitement faux-cul si je prétendais que ça me dérange. Mais pour être sérieux (enfin à moitié) une minute, je  voudrais déconseiller à tous les homos, le mariage. L'un des aphorismes les plus éloquents ne prétend-il pas : « Le mariage, c'est partager à deux les problèmes que l'on n'aurait jamais eu tout seul... » ? Dans nos quartiers populaires on dit plutôt : « Tire un coup et rentre chez toi... » Moi, si j'avais eu la chance d'être homo...
Jaco

Casse-toi pôv bibendom

Entre les homos et les évadés fiscaux, les sujets polémiques de société ne manquent pas. Si j'avais, à tout prix, dû défiler, c'est dans le cortège de ceux qui dénoncent les traitres à leur pays que je me serais rangé. Alors qu'il y a huit millions de français sous le seuil de pauvreté et une bonne moitié qui vit avec moins de deux mille euros, des acteurs bidons, des acteurs bibendum, qui se sont engraissés avec notre pognon grâce à un cinéma tenu à bout de bras par l'état, filent en Belgique avec leurs mallettes bourrées de millions. C'est pas minable, c'est à dégueuler...

Heureusement, le chanteur de couleur, ex-tennisman avec les dents écartées, qui était parti en Suisse, va se faire un devoir de rentrer payer ses impôts dans son pays, histoire de démontrer qu'il est réellement à gauche et du bon côté de l'humanité.
Chronique du 11 décembre 2012
  Le problème des con...vergeants       

 
Faut-il éteindre ou pas les haut-fourneaux de Moselle ? Florange après Gandrange ? Ma foi ! Tant qu'ils n'éteignent pas le fournil du père Lagrange à Montbrison... Parce que voyez-vous, si rien que le mot acier provoque chez moi quelques réactions épidermiques, ce sont surtout ces montages médiatico-syndicalistes qui me fatiguent. J'ai essayé, à mon humble mesure, de lutter de l'intérieur contre ces mouvements de masse et de facilité qui font que l'on cueille l'information, qu'on la fait mûrir avant qu'on ne l'abandonne, surtout si elle s'avère avariée ou carrément pourrie. Tout ça pour en saisir une toute nouvelle, toute belle, que l'on fera -à son tour- gober au téléspectateur, éventuellement à l'auditeur, mais plus du tout -hélas- au lecteur. Lequel ne s'instruit plus désormais qu'en puisant dans la pile de publicités qui s'accumulent sous nos portes, comme un énorme levier dans le derrière d'un bien-pensant.
Cela peut durer jusqu'à un mois et nous n'en sommes plus très loin dans le cas de Florange. Qui, je le précise pour ceux qui se laisseraient bourrer la boite aux lettres avec des pubs de Casino, n'est pas un jambon cuit découenné et vendu par Bernie de Gaillac... Même Copé et Fillon -dont vous m'autoriserez à ne pas prononcer les noms- eurent toutes les peines à frayer un chemin à leurs pathétiques querelles sur l'autoroute de l'information.
Il faut dire que la distribution était belle. Quoiqu'unique. Un seul personnage. Mais quel acteur ! Du reste, bien des ménagères de cinquante ans ont dû tomber en pâmoison (pour n'évoquer que les plus chastes) devant ce rude lorrain, parfois pleurnichant, mais souvent très menaçant. Un vrai méchant comme elles les aiment. Au moins au cinoche. Cet Edouard Martin-là, c'est autre chose que le brie de Meaux ou la risette de la Sarthe. Mâchoires et regard d'acier, peau cuivrée, poigne de fer. Et probablement des couilles en bronze, comme notre taureau de la place du Foirail à Laguiole. C'est pas compliqué, il s'agit d'un compromis entre Delon -jusqu'à l'ego- et de Johnny -jusqu'au QI-. Ce type aurait aussi bien eu sa place dans les rôles emblématiques et cinématographiques de la lutte sociale, Germinal ou les Misérables. Et s'il était né deux siècles plus tôt, en plein âge d'or de la sidérurgie et des charbonnages, Hugo ou Zola l'auraient peut-être bien fait leurre...
Enfin, on ne refera pas l'histoire. On se souviendra néanmoins -et là, tenez-vous bien, car je suis sérieux et ça n'a dû m'arriver que trois fois en trois ans de dimanches matin- que ce sont eux, les gueules noires, les yeux brûlés et les bras cassés du « dix-neuvième » -je parle du siècle, pas de l'arrondissement-, ce sont eux qui ont transmis, le goût du travail, mais aussi le sang de la lutte et le sens de l'honneur à des dizaines de générations . Lesquelles seraient bien aimables de ne pas les fouler immédiatement au pied en se précipitant dans les attrape-couillons qui esclavagisent les consommateurs, tout en leur extirpant ce qui pourrait malencontreusement leur rester de conscience humaine.
Du reste de quelle conscience jouissent encore les promoteurs du nouvel aéroport de Nantes, qui veulent transformer la paisible Notre Dame des Landes en tour de contrôle de la satiété de consommation ? Ils ne connaissent donc pas le fameux aphorisme : « Là ou il y a du kérosène, il n'y a point de plaisir ? » A l'heure où l'on commence à fermer les usines d'acier, à démonter les airbus pour en faire des toits d'abribus et des éoliennes, qu'a t-il pris à ce pauvre Ayrault des temps modernes, de se laisser embarquer sur une telle piste où le crash semble plus probable que le décollage ?
On me dit aussi, mais je ne veux pas le croire, que Grand Var serait déplacé -mais donc également étendu- vers Barnéoud. Que le cinéma Pathé, serait installé à la place de ce monstrueux bâtiment qui ne tient que par... Babou de ficelle. Qu'il y aurait encore plus de salles (20 peut-être), des restaurants -excellentissimes comme ceux déjà existants-, des bureaux et des boutiques, tiques, tiques... Le tout avec la bénédiction de ceux qui, me semble-t-il, furent élus pour défendre Toulon et non, par calcul, les « petits » intérêts disséminés entre La Garde et la Valette. Petits intérêts, mais gros rapports... Tout cela me révolte et je ne suis pas loin d'envisager que vous me compreniez. Quand le vendredi soir le centre de Toulon ne compte pas une âme qui vive et que celui de Grand Var est saturé de tous ses con...vergeants. Remarquez, ils sont cons parce qu'ils désertent Toulon, mais je serais prêt à réviser mon jugement s'ils venaient à apparaître rue d'Alger. Cela ne changerait certes rien à leur état intrinsèque, mais ça améliorerait grandement notre ordinaire. Mais encore faudrait-il que ceux qui nous administrent envisagent un jour de sauver leur ville, autrement qu'en brandissant un drapeau Rouge et Noir, fût-il au demeurant celui de la révolution.
Bref, je voulais exprimer par là, mon incrédulité. Pourquoi s'émeut-on tant de la fermeture de haut-fourneaux pollueurs et obsolètes, alors que tant de petits-fournils s'éteignirent sans oraison dans nos villages et quartiers ? Et que tant de boulangers -ces poètes de la baguette , ces joueurs de flûte et ces tripoteurs de miches- disparurent dans l'indifférence générale ? César avait proclamé : « Du pain et des jeux ! »
Il ne resterait donc plus que les jeux ?
                                                                                
 
 Des tableaux d'Estades à la table d'Aubrac (6)
 Geymann, dur sur la matière, doux sur la manière
 
A mesure que les expos passent à la galerie Estades, entre la rue Seillon et la Place à l'huile, ils sont de moins en moins nombreux à terminer -ou à commencer d'ailleurs- à Aubrac/mer. Bon, je plaisante bien sûr même si, en l'occurrence ils n'étaient effectivement que deux et si cela nous a bien arrangé (nous étions pleins du matin au soir !)
Il y avait là, l'essentiel, c'est à dire Michel (le galeriste) et Geymann (l'artiste). Geyman qui n'est pas un pilier du RCT , mais peintre officiel de l'armée. Sans jamais avoir touché un pinceau. Il faut le faire ! Mais j'apprends que tous les artistes qui contribuent à l'enrichissement culturel de nos troufions ont droit à l'appellation « peintres » sans qu'il puisse y avoir la moindre connotation péjorative...
Plus sérieusement Geymann, sculpteur qui a fait son trou, travaille donc sur la matière et pas n'importe laquelle, puisque le bronze, l'étain, la pierre et le marbre sont les principaux supports à son expression. Formes limpides et dépouillées, lignes subtiles et lisses, l'œuvre de Geymann est à la fois captivante et apaisante. Profitez donc de cette fin d'année pour vous offrir un beau voyage dans l'univers de la sculpture... ça vous changera du marché de Noël !!!                                                                          Leçon de trompette
 Chronique du 4 décembre 2012
               Je vous aime                 

Je suis rentré mercredi soir et j'ai entamé cette chronique à laquelle je me voue, ordinairement - j'allais écrire religieusement- tous les dimanches matin. Urbi et orbi. L'objet ne consistait en rien à m'avancer, mais urgemment à me soulager. Je ne sais pas si ça vous prend souvent, vous, l'envie immédiate et inextinguible d'écrire sur le champ ? Sans doute êtes vous plus normaux. Alors si vous préférez, pensez à un besoin vif et soudain de pisser. C'est du reste la raison pour laquelle -sans doute vous l'ai-je déjà dit- la métaphore majeure de l'écriture, c'est la miction. Plus rarement l'érection. Quoi que...
Enfin, si je suis un peu là pour vous raconter ma vie -ce qui me rapproche éhontément et confusément de « face de bouc » les fotes d'ortograves et les photos à poil, exceptées- c'est d'abord et avant tout une thérapie. Une automédication du tonnerre contre la dépression. Certes j'ai toujours mal au dos, aux bras, mais c'est pour soulager mes maux de tête que ces mots sont chouettes. Ils m'autorisent des rimes riches, des accolades, des coups de griffes, des coups de canif aussi dans certains contrats de dupes. Ils me donnent un tantinet d'importance, la sensation vague mais égocentrique d'exister en tant qu'écrivaillon vaillant.
Mais, j'en viens au fait ! Après les deux seuls et uniques clients du samedi soir précédent -qui démontrent ô combien, qu'un restaurant délectable, équitable et même honnête, peut largement prospérer au cœur de Toulon ! - nous enchaînions sur le fiasco des deux premiers jours de notre semaine. En sorte que je savais déjà que nous travaillerions tout le reste pour compenser ces énormes trous. Que nous travaillerions dur, mais pour rien.
J'écrivais alors des horreurs, je m'appliquais à la caricature du Toulonnais moyen, ce type qui s'est enfoncé un drapeau « Rouge et Noir » dans le cerveau et qui remue la tête comme un pingouin pour le faire flotter. Je plaisantais bien sûr, même si j'y souscris définitivement. Et ces Varois au volant, fanfarons sous le soleil, mutés en zombies sous la pluie. Du pétard au péteux. Il est vrai que le matin j'avais passé une heure et vingt-cinq minutes sur l'autoroute entre Cuers et le parking du Port. Il pleuvait ! Non, mais vous vous rendez pas compte : de la pluie... Et je concluais : faites gaffes, aux avalanches sur le Faron, demain ils annoncent du froid...
Bref, je n'avais pas encore trouvé le titre de ma chronique, lorsque ce matin sagement j'ai tout effacé et repris le cours des écrits pondérés, réfléchis, presque... éthérés. Ah si, ça me revient, je voulais titrer : « Je vous emmerde ! » Pas mal non ?
Je me souviens d'un lointain samedi au siècle dernier où j'avais appelé un second couteau du journal, un clampin de Var Matin qui critiquait l'un de mes articles. Je lui avais simplement répondu - comme en écho à ses réprimandes qui m'étaient destinées mais qu'il avait eu l'élégance de m'adresser via une tierce personne - : je t'emmerde. Manque de bol, le type allait devenir rédacteur en chef, certes l'un des plus médiocres et mielleux de la presse occidentale, mais il allait me le faire bien payer...
Alors du coup, je me suis couché là-dessus, le lendemain je rouvrais mes boites de cassoulet, je décongelais mes rumstecks et mon aligot comme si de rien n'était et cela allait beaucoup mieux. Nous finîmes la semaine en boulet de canon, un peu aussi comme des citrons pressés. Dynamités, ventilés, dispersés façon puzzle, selon la formule anthologique de ces deux derniers siècles. Vacillants mais toujours debout !
Samedi midi, nous avions à table une bonne vingtaine d'anciens du RCT. Chaque année il en disparaît un ou deux, mais il n'en pousse plus, vu que le RCT, vous savez bien, ce n'est plus ce que R... c'était ! Mais Jacky rameute encore tous ces vestiges dont, Jean, le plus précieux n'affiche pas moins de 94 bougies ! Mes cires ! comme on dirait au roi...
Et le soir nous avions autour de Jean-Marc Roman, une vingtaine de Grenoblois venus prendre la leçon, à Mayol par la sélection mondiale des plus grands mercenaires. Ils n'en étaient même pas amers, ces supporters. Résignés, goguenards et en appétit. Dans l' Isére on ne pleure jamais misère, à Grenoble on reste noble. Alors à table ! et que le vin soit gouleyant (synonyme d'abondant). Il y avait, en forte minorité, quelques supporters toulonnais éduqués -ça existe- et quatre journalistes intègres -mais là c'est à vérifier !- dont deux anglophones dont la particularité est d'être les seuls à comprendre ce qui se passe et ce qui se dit à Mayol ! Nous avons ri, chanté, finalement on n 'en aurait presque oublié de manger. Et même de payer... (Chut, là c'est Marie qui va tomber en dépression).
Bref, je me suis levé ce matin à quatre pattes et si je ne m'étais pas retenu, j'aurais titré... je vous aime. D'ailleurs, il n'est pas impossible que je le fasse...
                                                                                     Jaco
Chronique du 27 novembre 2012
Bottier d'Orsay : en verrue et contre tous


Jeudi midi, en guettant, d'un oeil, le client sans avoir l'air d'y toucher, j'observais la rue d'Alger. Et comme souvent à pareille heure je constatais, stupéfait, qu'il pouvait se passer une minute sans que personne … ne passe. En gros, il y a davantage d'animation dans le centre de Rieupeyroux et de passage sur la route de Malbouzon à Nasbinals, qu'au centre de Toulon !
Le plus grave, je crois, c'est que les gens puissent se demander : que pourrais-je bien aller y faire ? Alors que le meilleur restaurant « accueil-qualité-prix- » de la région s'y love d'amour !
Deux mille employés de mairie restent terrés dans leur tour ou sous le trou du centre Mayol qui semble avoir été conçu pour parer à toute éventualité d'alerte nucléaire. Certains même osent le port, où d'évidence tous les travaux ne sont pas achevés après les bombardements. Les commerçants atterrés tirent leur rideau, pour avaler leur gamelle plus ou moins bien réchauffée. Et, de temps à autre, un pékin victime des méfaits du guide patelin, s'égare en rongeant un redoutable pan bagnat, que l'on aurait aussi bien pu baptiser, pain à bougnettes, tant il est impossible -à moins de compter parmi la noble famille des hippopotames-, de croquer dans cette boule sans aussitôt s'asperger d'huile de palme. Au risque de finir sa marche... en canard.
Le regard perdu dans le vide, sidéré, je ne peux m'épargner un regard obsessionnel, une réflexion compulsive, sur cette putain de vitrine. D'ailleurs comment l'éviterais-je, elle barre quasiment toute la place. Vous l'avez deviné, c'est le fameux Bottier d'Orsay. Celui dont tout le monde rigole, en méprisant du regard ces vieilles pompes surannées mais néanmoins nickels, puisque le pauvre hère qui en détient les clés, s'obstine à venir astiquer les bottines, trouve malin de brosser les escarpins et radote en nettoyant les bottes.
Même le magasin de chaussures d'en-face -toujours en activité- semble atteint du syndrome et, par mimétisme, s'assombrit, se dégrade et nous désole.
On trouve toutes les circonstances à ce grand naufragé de l'âge qui, depuis vingt ans -peut-être plus- s'obstine à maintenir cette ignoble vitrine, cette façade dégueulasse sous le seul prétexte qu'il aurait perdu sa mère ici-même un samedi. Et c'est pour cela que, tous les samedis soir, lorsque les rescapés baissent leur rideau, il ouvre le sien dans l'espoir d'y retrouver maman !
Et voilà comment, on peut se laisser emmerder sur terre en tolérant qu'un propriétaire -au nom justement de la sacro-sainte et arrogante propriété- vive dans son monde au détriment du reste -du monde-. Comment on peut dégrader l'image d'un ville, bloquer le développement d'un quartier et finalement l'entraîner dans une chute inexorable. Si j'avais des amis corses ou artificiers, j'aurais pu envisager de régler la question par une nuit sans lune. Et, maladroit comme je le suis, je ne vais pas m'y risquer non plus. Il ne reste plus qu'à attendre donc , fataliste. Soit que le bâtiment s'écroule, insalubre ; soit que ce bon garçon -d'au moins soixante-dix carats- parvienne à faire le deuil de sa maman ; soit – ce qu'à Dieu ne plaise- il finisse par casser sa pipe, ce qui n'est pas gagné non plus vu, qu'à ma connaissance, il ne fume pas !
Comment pourrait-on, alors, recycler cette riante boutique qui évoque, comme ça, les chefs-d'oeuvre de l'architecture roumaine ? Manifestement pas en chausseur, vu que les pompes exposées depuis vingt ans n'ont toujours pas trouvé preneur. Pas en commerce du tout d'ailleurs, puisque quasiment tous les baux de la rue sont à céder. J'ai bien pensé à un musée de la chaussure. Je suis interloqué par le nombre de passants -aussi rares soient-ils- qui jettent un oeil sur cette exposition permanente et parfois même, s'y arrêtent. Mais je me dis que dans cette rue d'Alger, il existe assez de vestiges pour ne pas tourner un peu plus notre regard vers le passé. Ou peut-être une maison psychiatrique puisqu'on en connaît déjà le premier pensionnaire putatif ? Et que nous aurions bien besoin de vérifier, ici-même, l'adage « plus on est de fous plus on rigole »... Ou alors une mosquée ? Même si avec les fous de Dieu (x) on se marre déjà beaucoup moins !
J'ai aussi pensé à un beau magasin de vêtements de mariage spécialement dédié aux gays. Parce que plus on est de folles et plus on rigole aussi. Et si on rigole on est forcément gai. D'ailleurs quand je pense qu'ils étaient cent mille à manifester contre le mariage homosexuel en France, je me dis que les gens doivent bougrement s'emmerder chez eux le samedi après-midi ! Car à part trois coups de klaxon, vers 16 heurs en sortant de la mairie, je ne vois pas ce qu'il peut y avoir de dérangeant à ce que des hommes et des femmes se marient. Du reste on a assez regretté, dans les milieux catholiques et les beaux quartiers, cette perte de valeurs pour ne pas avoir, aujourd'hui, légitimité à dénoncer ce bel acte d'amour, ce beau pacte « pour toujours » ! Que les gays et les curés aspirent -dans un même combat- à se marier ne relève en rien de la modernité, mais contribue, bien au contraire, au rafermissement des traditions. Et un magasin de mariage homo, cela assure le double de vente de robes et de costumes...
Bon et bien finalement -selon les derniers échos-, si un jour la ville peut retrouver voix au chapître, il semblerait que l'on vende ici des tickets de bus et de bateau. Voilà qui n'est pas une si mauvaise nouvelle. A condition qu'il ne faille pas attendre aussi longtemps que pour voir rouler ce tramway nommé désir !
                                                                                                                           Jaco

L'entrecôte d'Aubrac contre la crise de la graisse

J'ai longtemps rêvé d'un restaurant où je pourrais déguster une bonne grosse entrecôte. Tellement que j'ai fini par le faire. Le restaurant !
Aujourd'hui je voudrais vous faire partager cette passion. Car crise ou pas crise, la graisse dans un morceau de viande d'Aubrac, c'est beau, c'est nécessaire. Indispensable. Déjà il y a la bête. Le bœuf élevé sur ce plateau partagé entre Aveyron et Lozère, est un modèle du genre. Quasiment unique. Il ne mange que de l'herbe durant les six mois des belles saisons, puis encore de l'herbe sous forme de fourrage lorsqu'il rentre à l'étable. Sans stress, il rejoint directement l'assiette avec tous les parfums de la montagne et la tendreté des animaux de bonne compagnie.
Une belle entrecôte constitue le morceau le plus noble, le plus accompli et complet. Peut-être pensez-vous que la côte de bœuf est encore supérieure ? Erreur ! Il s'agit tout bonnement de la même chose à ceci près qu'elle se situe, comme son nom le laisse supposer, entre deux os.
Moralité, allégée du poids de cet os, l'entrecôte est également moins chère. Ainsi nous, pour 22 euros, nous proposons le meilleur morceau de la meilleure viande au monde. 300 et quelques grammes de bonheur accompagnés d'une petite sauce « Aubrac » (voir par ailleurs) et d'un aligot à tomber à la renverse ! Pour un rapport qualité-quantité-prix comme vous n'en trouverez nulle part ailleurs .
Me rejoindrez-vous dans le rêve que j'ai réalisé ? Après trois ans de patience, je veux encore l'espérer. Pensez à la réserver avant qu'il n'y en ait plus ou que je me sois lassé d'attendre...


 Chronique du 20 novembre 2012

       Les amis, les emmerdeurs...           


Nous avons fini en apothéose cette semaine avec deux groupes d'amis bien distincts. Restaurant plein -après un vendredi soir digne des sombres heures d'Aubrac sur mer-. Plein de gentillesse, de principes, d'humour et parfois, aller, plein d'amour. Dans le sens évidemment le plus noble, puisque notre honorable établissement ne comprend pas l'hébergement et que notre appartement du dessus est redoutablement inconfortable.
Il y avait l'après-midi même plus d'une centaine de milliers de personnes qui n'avaient rien de mieux à faire, un samedi, que de défiler pour défier l'amour entre gens du même sexe et nous, le soir même, on s'empressait de tous s'aimer. Bon d'accord sans aller jusqu'à envisager le mariage, mais bon il faut voir. Pardonnez la digression, mais finalement, si deux hommes ou deux femmes veulent s'unir cela ne peut que faire remonter les statistiques tant les hétéros hésitent tous à convoler. Si vous y regardez de plus près, il n'y a plus guère que les homos et les curés qui veulent encore se marier. Laissons-les faire, car eux au moins ne commettront pas d'enfants. Et quand on voit comment les parents traditionnels les élèvent...
Bref il y avait les anciens, ceux de Rav Nitam, le seul journal qui traite l'info en verlan. Mon vieux cousin DD et le Lolo du matin, son appareil en bande où Hyères . Caro, Eric, la petite Fanette, mes compagnons de déroute. Sans se concerter, c'est une table de nouveaux amis qui s'était jointe à mes vieux potes. José et Jean-Luc les évadés varois, réfugiés en république ariégeoise -chez ses salauds de socialos qui vont tout nous prendre- déguisés en canards musqués, pour ne plus jamais être emmerdés. Et la magnifique Liliane, qui porte un nom Hyèrois, mais qui n'en descend pas moins de Lozère et vient de s'échapper -encore !- vers le pays Catalan de son Joan-Pere d'amour.
Merveilleux tout ça ! Je me suis même surpris en train de siroter un fond de prune avec mon clone Jean-Luc, alors que, grâce soit rendue à San Pellegrino, je ne bois jamais pendant le service. Nous sommes rentrés at home à trois plombes, la gueule en coin façon Loulé. Et il fallait repartir -à l'aube- « bomber » chez une troisième catégorie d'amis : Martine et Yves -canal gastronomique- accompagnés de Mïckel et Andrew -canal historique-.
Il me fallait bien tout cela, ces bonheurs simples mais intenses, pour me faire oublier, dans la semaine, l'apparition du premier con parmi nos clients. Attention quand je dis con, ce n'est pas un cono ! Vous savez ? Cette quasi généralité de types à laquelle j'appartiens et que donc, forcément, j'aime bien. Non, non, là c'était un con. Le vrai.
Ils sont assez faciles à repérer. Généralement, ils entrent comme s'ils étaient chez eux. Et surtout sans dire bonjour des fois qu'on pourrait avoir un doute. Ils s'assoient sans attendre d'être placés, y compris à une table réservée.
Ensuite ils demandent un apéritif improbable que l'on n'a jamais. Lorsqu'ils passent leur commande, après avoir trouvé qu'il n'y avait pas grand-chose sur la carte, vous pouvez être certains qu'ils choisissent juste ce que l'on n'a plus. Et au moment du dessert, ils veulent un sorbet au gingembre ou à la salsepareille...
Le nôtre, le mien, était magnifique. Lorsque Marie le servit il eut ce cri du coeur : « C'est de l'onglet, çà ! Je vous avais dit que je ne voulais pas d'onglet...» Ah ! répond gênée -et affolée comme d'hab- Marie -qui sait qu'il m'arrive de remplacer des morceaux de boeuf par du chien que je capture la nuit dans l'impasse des Riaux- je vais en parler au chef...
Le chef, c'est moi ! Enfin, elle est quand même gonflée de m'appeler publiquement ainsi, quand on connaît les dessous de l'affaire. Mais enfin, là n'est pas le sujet.
C'est alors qu'assorti de mon meilleur sourire, j'interviens.
- Bonjour Monsieur, qu'est-ce qu'il vous arrive ?
- Ce n'est pas du rumsteck, ça, que me vous m'avez servi ?
- Mais bien sûr que c'est du rumsteck, ça, que je vous ai servi !
- Ah bon mais ça ressemble à de l'onglet.
- Et bien c'est pas de l'onglet.
C'est alors que je me crois tiré d'affaire, tout en me retirant et en me demandant ce que ce type peut bien avoir contre l'onglet. Mais, se ravisant, le con revient à la charge et me héle
- Il ne fait pas 200 grammes !
- Pardon ?
- Vous dites qu'il fait 200 grammes, mais il ne fait pas 20O grammes...
- Vous voulez pas qu'on aille chercher une balance peut-être... Vous m'avez l'air particulièrement casse-pied lui dis-je alors, au bord de l'exaspération mais en ayant réussi la plus belle performance depuis l'ouverture de ce restaurant.
Jamais en effet je n'aurais pensé être capable dans l'élan de ma tirade, de remplacer couilles au pied-levé. Et, voyez-vous, cela ne paraît rien, mais j'en suis fier.
Car de vous à moi, ce n'était pas du tout un casse-pied. C'était vraiment un ignoble casse-couilles.
              Jaco



Chronique du 13 novembre 2012
            Lame de Laguiole               



Il y a de çà quelques semaines, plusieurs de nos visiteurs nous faisaient part de cette abracadabrantesque nouvelle : « Le village de Laguiole n'a plus le droit de porter son nom... ». Il me fallut rapidement vérifier si nous n'étions pas aux alentours du premier avril, ni si la célèbre journée commémorative de la bonne vieille blague n'avait pas été déplacée d'un solstice. Bref si c'était du canular ou … du cochon ! (tiens, elle n'est pas mal celle-là, je te la donne).
  • Tu sais que c'est juste impossible ce que tu me dis-là ?
  • Si, si je t'assure ils l'ont même dit avant-hier à la télé, tu l'as pas vu ?
  • Oh tu sais moi les infos, la télé... Mais bon si c'était passé sur le journal du coin ou à RMC info, je dis pas, mais là, si c'est la télé qui le dit et TF1 par dessus le marché...
  • Oui, oui ils n'ont plus le droit de s'appeler Laguiole à cause des couteaux...
  • Non, mais tu as dû mal comprendre, peut-être voulaient-ils dire qu'il fallait désormais obligatoirement prononcer Layole, puisque dans notre beau dialecte, le yeu remplace le gue... Tu sais moi je suis de Graulhet et il faut prononcer Grauliet et j'interdirais bien à tous les conos (même mes amis conos) de nous traiter de gros laids.
  • Mais je t'assure que tu n'y es pas du tout. C'est sérieux, d'ailleurs ils ont déjà déboulonné toutes les pancartes aux entrées du village.
J'en déduis sans difficulté -mais non sans peine- que mon pauvre visiteur n'était pas fut-fut où bien, au mieux, qu'il n'avait suivi l'affaire que d'une oreille distraite et lointaine.
Ce qui m'ennuie, c'est qu'il ne fut pas le seul à colporter cette fausse histoire de couteau et de village débaptisé. Alors, soit nous avons parmi nos fidèles quelques abrutis ( avec la complicité des trois médias sus-cités), soit le reportage était bougrement et insidieusement mal foutu. Au point que même les plus malins ce sont laissés enfumer.
Car bien évidemment non, on n'interdira pas à Laguiole de garder son nom. Mais ce sont les laguiolais eux-même, leur maire Vincent Alazard en tête, qui démontèrent symboliquement leurs panneaux en guise de protestation. Car, sur fond de guerre économique, la colère de Laguiole perdure en toute légitimité. La dernière provocation émane de la justice elle-même. Elle vient de donner raison à une de ces saletés de businessman (du Val de Marne), qui utilise sans vergogne le nom de Laguiole pour importer un tas de saloperies (couteau, briquet, stylo et même barbecue, bientôt peut-être un vibro ) sous cette appellation. Et pourquoi pas non plus un fromage ? Ah, on me dit dans l'oreillette que c'est déjà fait ! Mais celui-ci ne vient heureusement pas du Pakistan, du Maroc, pas même du Cantal...
Enfin bon cette histoire récurrente -je veux dire en cela qu'elle nous use-, finira-t-elle un jour ? S'ils avaient pris à la tête de l'état des épicuriens plutôt que des polytechniciens ou des énarques -qui riment trop bien avec arnaque-, nous n'en serions pas là. Serait-ce tellement compliqué d'interdire l'appellation laguiole à tout couteau n'étant pas issus de cette industrie fidèle à un seul et unique cahier des charges. Et à défaut d'interdire, d'au moins surtaxer tous ces produits qui envahissent nos marchés, emplissent les magasins à deux balles et ternissent, pour finalement l'étouffer, cet artisanat d'excellence, cette passion créative, cette précision du geste, cette dévotion au produit, qui ont fait notre force et notre estampille nationale.

Mais si l'état s'en balance et si son glaive faiblit comme un phallus de cinquantenaire (non je déconne), il reste encore un fameux allié : vous ! Qui par milliers pouvez, d'un coup d'un seul, ne plus acheter un couteau portant l'abeille (symbole lui aussi totalement galvaudé et détourné de cette marque non déposée) que dans le village éponyme ou dans une coutellerie assermentée (comme la magnifique boutique du bas de la rue d'Alger !).
Voilà et comme vous, qui refusez d'aller manger n'importe quel morceau de contre- viande, en préférant la table d'Aubrac sur mer, il est permis à tout le monde de ne plus baisser son froc pour économiser 100 malheureux euros en offrant six couteaux de merde à des amis que vous jugez... chers ! Si comme moi vous n'en avez plus les moyens, offrez plutôt des fleurs. Mais pas artificielles...
                                           Jaco
Honoré les bien nommés 
 Il y avait les briquets Dupont. Il y a les couteaux Durant !
Et comme vous l'imaginez nos couteaux sortent directement d'un atelier de Laguiole. celui de la maison Honoré Durand pour ne pas la nommer. Là on forge ses propres lames et l'on y défend, avec les fils, Honoré et Christophe, un peu mieux l'âme du couteau, de Laguiole, de l'Aubrac.
C'est ainsi que, outre une superbe boutique que visitent des milliers de touristes chaque année ; un atelier ultra moderne où l'on peut assister à toutes les phases de fabrication - y compris de la fameuse lame an acier damas- les Durand ont eu l'idée de créer un musée qui honore à la fois l'artisanat local et dénonce l'industrie de la contre-façon.
Bref, ce sont des gens comme on les apprécie, avec leur savoir-faire, leur exigence, leur générosité aux service de belles et rares convictions.

 Chronique du 6 novembre
        Manger moins, manger mieux !    


Après la philosophie du Cours Lafayette, c'est sur un autre terrain -par forcément moins navrant, mais où on ne s'ennuie pas d'avantage- que je voudrais vous conduire. Le café du Commerce. J'aurais même la cruauté de m'accouder au zinc de cet établissement -l'un des premiers mondialisés- où l'on dit n'importe quoi, sous l'approbation d'un tavernier hirsute autant qu'inculte, qui oscille sans cesse de la tête, tout en tournant ses verres de bière dan un torchon gris foncé (et parfois défoncé). Mon voisin de droite (forcément) lance, après un long moment de cogitation
- Cette fois, on est foutu !
Le gargotier oscille du chef plus fortement encore lorsque le type qui est accoudé après mon voisin de droite, renchérit
- Surtout qu'avec l'autre clampin qu'ils nous ont mis-là, le flamby, ils vont tout nous prendre pour le donner aux autres...
C'est alors qu'à l'extrémité du bar, toujours plus à ma droite, le plus érudit de tous vient se mêler à la conversation, juste après avoir misé 10 euros sur Blanche-Neige du Ravais à Longchamps,
- De toute façon on ne s'en sortira qu'en les foutant tous dehors, les métèques... éructe-t-il doctement tandis qu'un bout de cacahuète s'échappe -comme pour se sauver- d'entre deux chicots insalubres.
Je l'esquivai tant bien que mal -le missile d'arachide- et pris le même chemin en saluant tous ces braves gens à qui je devais cette grande ouverture d'esprit sur le monde tel qu'il va. Mal, c'est entendu.
Si une envie subite de café, ou de pisser -ou les deux- venait à vous saisir, prenez bien garde où vous entrez. Les effets secondaires de ces bars-philos sont redoutables. Et contagieux. Car je me mis alors à penser, moi aussi, à ce qui serait bon pour la France, étant entendu qu'il est totalement chimérique d'espérer parvenir à la meilleure des solutions : se débarrasser de tous les cafés du Commerce.
En cheminant, je ruminais. Comme ces vaches de petits élevages montagnards que l'on décima parce que le lait ne se vendait plus, depuis que, le matin, nos minots ne se goinfrent plus que de Corn flakes de l'oncle Sam. Et qu'à midi ils s'enfilent des saloperies entre deux couches de ketchup amerloque. Sans parler du soir où il ne faut plus toucher au fromage puisque c'est mauvais pour la santé.
J'entendais encore, le matin même, que le transgénique était dans nos assiettes, vu que le soja déferle par millions de tonnes d'outre-atlantique ! Pourquoi ? Ce qu'un gros paysan débile de l'Arkansas produit, on ne peut pas le produire à sa place ? Alors que nos terres sont en jachère et que nos maires délivrent des permis à outrance en défigurant nos campagnes tout en fantomisant nos villes ?
Je pensais aussi à ma machine à laver en panne et à ce pauvre Greg qui se bat avec son éponge pas si magique que ça. Je ne trouve personne pour me la réparer. Et si je la change, il faudra attendre qu'elle arrive de Singapour, vu que l'on n'est plus aptes, en France, de fabriquer ni une mobylette, ni une moulinette, ni une « majorette ». J'évoque là, ces petites et superbes voitures de collection que nous offrions à nos gosses lorsqu'ils avaient une bonne note ou qu'ils avaient tout simplement été gentils. Désormais c'est la lutte entre la Wii (débilisante) et l'XBox (débilitante).
Faut-il seulement évoquer cet espèce de virus qui affecte quasiment tous les foyers et qui oblige leurs doigts à aller et venir sur un minuscule écran, pour jouer, tchater, photographier et le cas, échéant, téléphoner. Le fameux iPhone qui entame sa cinquième lobotomisation du peuple. Bonne nouvelle son écran s'est un peu agrandi, mais il n'est pas encore aussi volumineux que l'iPad dans sa version mini, tandis que l'iBook nouvelle génération pourrait bientôt se déplier et contenir dans votre sac à main. I, aïe, aïe ! Sans parler de l'ignoble face de Bouc, qui colonise tous les « amis » du monde au nom d'une indécente communication à deux balles ...
Tandis que j'oscillai entre la révolte et l'abattement, je fus soulevé du sol par le souffle du klaxon réprobateur d'un gros Totoya avec ses quatre belles roues de poids lourd. Le type qui aurait pu s'aligner haut-la-main sur le comptoir du café du Commerce, me tança du regard avec ses grandes dents et ses lunettes « Raie bande » fabriquées aux States, cela va de soi. Il faut dire que je marchais négligemment au milieu d'une rue... piétonne !
C'est vous dire avec quel soulagement j'ai regagné mon ambassade, mon île, voire même mon asile de l'Aubrac, place Lambert. J'ai tout fermé en vérifiant -par le fénestron- qu'ils ne m'avaient pas suivi. En concluant que le redressement productif était une sacrée bonne idée. Je n'ai pas dit un bon sujet pour le prochain débat au « caf'com », mais pour un grand dessein national.
Et que l'on ne vienne pas nous expliquer que c'est trop cher de produire français. Car si tel est le cas, il suffit de recentrer ses dépenses. De boire du lait ; de porter des lunettes pour le soleil, non pour frimer ; de regarder la télé sur des écrans plus petits ; d'avoir un téléphone (et pas deux par an !) pour téléphoner ; de rouler dans une petite Renault solide et pas en char d'assaut bourrée de technologie parfaitement superfétatoire... J'en passe et d'aussi satisfaisantes, comme de manger moins, mais de manger mieux, en délaissant les plages et le port, pour le plaisir et le porc...
Je rêve, pensez-vous, qui vous plaignez tous les jours des impôts de solidarité mais qui ne vous privez de rien pour votre petit confort ? Sans compter ceux qui, de peur qu'on le leur prenne, placent tout cet argent qui ne leur servira pas, à droite. Dans ces pays francophones qui nous cernent et, en passant, nous saignent...
Et bien oui, je rêve d'un monde où les campagnes refleuriraient, où les usines manufacturières se rempliraient et où, du même coup, les lieux de culte et les cafés du Commerce se videraient...
Bien sûr je rêve. Y aurait-il mieux à faire ?
Jaco

Greg, pompier-plongeur

Lorsqu'il ne passe pas ses jours et ses nuits à la caserne de Solliès-Pont, notre ami Greg plonge. Oh ! pas bien profond, mais quand même jusqu'au plus bas de l'évier d'où il extrait avec un incomparable brio des tas d'assiettes et de fourchettes. Il fait ça avec tant d'enthousiasme que nous hésitons à reprendre la salle d'à-côté pour augmenter encore son plaisir. Et dire que nous envisagions d'investir dans un nouveau lave-vaisselle...





 Chronique du 30 octobre 2012
            L'apparence du goût           


Nous devisions, avec mes potes Caro, Dominique et Marco sur les limites de l'apparence. Il ne manquait qu'Antoine pour élever le débat ! Vous qui avez sans doute votre bac en poche et avec mention, on vous a sûrement cassé les pieds -dés le premier jour de l'examen- avec ces questions à deux balles. Et bien voyez, on repasse le machin plusieurs fois par semaine attablés au « café de Flore » sur les hauteurs du Cours Lafayette, où comme chacun le sait, les philosophes pullulent et se reproduisent entre deux cageots. Marco se prend pour Kant et moi pour qui ?
Décrétant ainsi qu'une âme vulgaire peut toujours s'habiller chez Joe Allen, elle ne sera jamais aussi distinguée qu'une bonne nature, fût-elle vêtue d'une robe de fermière. J'ai laissé mes éminents partenaires philosophes penser de leur côté et tout en regagnant le restaurant, cela m'a ramené inexorablement à la cuisine.
Je n'évoque pas la gastronomie. Laquelle vous le savez est réservée à une élite à laquelle je me garderai bien d'appartenir. Avec tous ces contrôles d'hygiène, la masturbation n'est pas du meilleur effet, même si j'en conviens on peut toujours se laver les mains sans avoir à toucher au robinet, ni même au savon. Mais quand même, passer un quart d'heure à faire tenir une bille de jambon de parme fourrée au miel, sur une poutre de chabichou du poitou, hou ! hou ! Très peu pour moi... D'autant qu'avec mes serveurs formés chez McDo ou à la cantine des pompiers, la fameuse bille finirait bien sa course dans le décolleté de la sous-préfète.
Je suis probablement dans le faux, mais lorsque je dresse une potée aubracienne ou une entrecôte de 300 grs dorée à la graisse de cochon accompagnée d'un aligot monté à l'huile de coude, il me semble que rien ne peut-être plus beau. Et meilleur ? N'en parlons même pas !!! Encore faut-il pour cela, comprendre la nature et se défier... de l'apparence. Nous y sommes.
Maintenant je suis admiratif. Très admiratif. Et même tiens ! Épaté. Quand je vois que pour faire une sauce « aubrac », quelques crèmes caramel, douze crêpes, un velouté de potimarron, une poêlée de légumes, un plateau de quiches et une casserole d'aligot le tout pour une poignée d'irréductibles clients, il me faut quatre heures, je crie à la magie. Comment font-ils ces gastronomistes pour préparer la bagatelle de vingt entrées, douze plats et quinze desserts ? J'ai bien compris qu'ils ne s'endormaient jamais sur leurs matelas d'étoiles Machelin, mais quand même, ils ont un truc, les salopards ! Quelques beaux fournisseurs en gros, par exemple ? Non je n'oserai pas ! Eux non plus d'ailleurs...
Je ne vous dis pas, non plus, que l'on vous prend pour des ignorants, des innocents, des pigeonneaux (en croute de grenaille, farcis de bonne foi, sur un lit de paille d'or et de jeunes pousses et l'émulsion du roi des forêts), bref je ne dis pas que l'on vous prend pour des couillons. Je pense plutôt que l'on vous y laisse.
Cependant, j'admire ces grands chefs sur lesquels je me garderai bien de jeter l'anathème. Mais j'éviterai, aussi, de protéger ces maîtres de la gastronomie, ces bienfaiteurs de l'humanité au patrimoine de laquelle il sont désormais immortalisés. Ils s'en chargent très bien eux-même, avec la complicité de médias béats et de ceux qui préféreront toujours privilégier leur appétit à toute forme de solidarité.
En résumé, leur repas est plus facile à digérer que l'addition. Mais une fois ingurgitées les babioles enturbannées, vous vous souviendrez plus facilement de la forme que d'un fond dont vous n'aurez peut-être deviné le goût qu'en consultant -discrètement- le bristol placé devant vous. Il ne vous restera plus qu'à raconter. Le frère de Bernard Lapie qui est venu en hélicoptère, la sous-préfète qui portait un petit décolleté de chez Saint-Laurent ; les fauteuils moelleux de satin et les couverts en ivoire ; le défilé de dix-sept plats en musique et en habits folkloriques. Comme lorsque vous partez en voyage au Pérou et que vous engrangez deux mille photos, sans même prendre le soin d'observer et de savourer l'instant présent, ni d'écouter ce que que raconte le guide, vu que c'est vous qui raconterez à ceux qui sont -encore !- vos amis, tout en exhibant une litanie de clichés flous et sans une once d'intérêt.
L'apparence, quelle qu'en soit la teneur, la substance et la finalité, a certes, depuis longtemps livré ces tristes secrets. Mais elle n'a pas fini de se balader dans les rues de Toulon, ses petites fesses en bataille, aux côté de sa copine, la superficialité. 

                                                                                     Jaco  



D'accord, Monsieur Yvan

L'hygiène est à la restauration, ce que l'impartialité est à la justice et la célérité aux pompiers. Inutile de préciser qu'elle est au cœur de nos préoccupations. Mais l'hygiène, telle qu'elle est imposée dans nos cuisines est une énorme usine à gaz, quasiment impossible à mettre en œuvre et dont la moitié des textes s'apparente plus à de la tracasserie administrative qu'à une réalité de terrain. Mais bon, comme on aime bien ça, contraindre, on nous impose désormais une formation, laquelle fera ensuite évidemment l'objet de contrôles. D'ailleurs lorsque ce contrôle interviendra, je me ferai un plaisir de vous le raconter par le menu.
En attendant voici venu le temps de la rude formation. Et le FAFIH sachant qu'il avait à faire à une forte tête, m'expédia son formateur le plus robuste et donc le plus convaincant. « Quand un type de 120 kg parle à un de 60, c'est celui de 60 qui écoute. » J'ai donc mis des roulettes sous ma boite à patates, collectionné les étiquettes de viande, pris la température de mes frigos, collé des consignes, des origines et même des horaires de lessive tout partout... en espérant qu'il me demandera pas de porter des talons hauts façon Dalida ou des juste-au-corps façon Frères Jacques. Même Eddie, auteur d'un sketch mémorable sur l'hygiène, n'en revient pas de ma docilité : « oui monsieur, bien monsieur... »
Je plaisante bien sûr et mon formateur est le plus sympathique des hommes. Et comme on fini toujours par se retrouver dans la vie, il s'agit d'Yvan Roux. Ce magnifique deuxième ligne qui fit trembler le championnat entre 80 et 95 et dont on se demande comment il ne fut jamais international. Sinon peut-être pour avoir pris la liberté de refaire le plancher orbital du pauvre castrais Swiadeck.
J'avais été sévère mais juste avec ce joueur que j'appréciais, il en fera de même avec moi. Et ce d'autant plus facilement que, contrairement à tous ceux qui parlent si bien de ce qu'ils ne connaissent pas du tout, Yvan occupe depuis vingt ans la fonction de... restaurateur.

 Chronique du 23 octobre 2012
    Mon automne n'est pas monotone       

 Certes, le poids des ans rend la fatigue plus... fatigante. Plus lourde à traîner de Cuers à Toulon, de la cuisine à la terrasse. Mais je n'éprouve aucune lassitude. Aux premières semaines de cette quatrième année, le plaisir demeure intact. Les narines frémissantes, les papilles vigilantes, les neurones aux aguets. Seule -comme dirait ma femme- la testostérone tend à s'éculer...
J'aime ce métier où les mets se cuisinent comme les mots se combinent -ou se débinent, suivant qui les prononce-. De l'harmonie à la fantaisie, de la nuance à l'abondance. J'aime aussi cet automne où les appétits se révèlent lorsque les estomacs se libèrent. Le soleil retrouve pareillement son rayon sympathique. Anesthésiant, émollient dans sa fureur estivale, il caresse de ses strates légères les bougons dans le sens du poil et maintient encore les héliosmanes déconfits.
Alors de la place Lambert, comme des fenêtres perchées des dernières ménagères, s'échappent les effluves capiteuses de civets mitonnés, de sautés étonnants et parfois de mystères. L'oignon roussit sans brûler, le boeuf se colore et la sauce prend corps. Nous roulons nos farces à la force de nos paumes, nous pétrissons nos pâtes du bout des doigts, nous partageons déjà équitablement nos fonctions entre le savoir-faire des uns et le savoir-manger des autres.
Je ne devrais pas le dire -mais ne faut-il jamais conjurer le sort ?- j'hume dans l'air de Toulon comme un parfum de reconnaissance. Celle après laquelle nous investissons depuis déjà trop longtemps et dont nous pouvions craindre que l'absence, finisse par nous lasser. Nous épuiser. Nous éliminer. 
Savez-vous ce qu'il y a de pire, lorsque vous vous levez aux aurores ; que vous passez au marché en courant ; que vous fondez dans une cuisine au bain-marie ; que vous oubliez de boire pour ne pas aller pisser ; que vous renoncez même au café entre amis ? Savez-vous ce qu'il y a de pire, lorsque, à bout de souffle d'un sprint de quatre heures, vous retrouvez, six ou quatre, parfois même deux amis à votre table ? Savez-vous ce qu'il y a de pire, lorsqu'en penchant la tête, on aperçoit des terrasses pleines où des salopards ouvrent les portes de leur micro-ondes sans avoir rien fait d'autre de la matinée que leur courses dans un énorme congélateur ? Savez-vous ce qu'il y a de pire ? Eh bien moi non ! Et pour cause, puisque je n'ai cessé de le vivre. De mal le vivre.
Parfois en mairie, au rugby, on me reproche de ne pas accepter le dédain que les uns -élus et fonctionnaires- et les autres -joueurs de toutes générations- ont poussé jusqu'au boycott. Tous ces gens que j'ai fréquentés, parfois servis et même flattés -sans doute parce qu'ils le méritaient- mais qui n'ont jamais daigné manifester une once de sympathie et de solidarité. C'est à croire qu'un municipal ou un rugbyman aime moins les produits frais, la bonne cuisine et la meilleure viande à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde, que les autres... Sans doute ne sont-ils pas pingres le moins du monde, mais sans doute aussi, les aurais-je davantage séduits en les invitant. Ce que je me serais d'ailleurs fait un plaisir de ne pas faire, si d'aventure j'en avais eu l'aisance.
J'aime l'automne. Celui-ci particulièrement. Parce que le téléphone affable fonctionne enfin. Les gens reviennent. Et même s'ils sont un peu chez eux ici -à la manière d'une table d'hôtes- ils ne déboulent pas en terrain conquis. Ils appellent. Voici ceux que nous aimons. Ceux qui aiment ce que nous faisons. Les quinze premiers jours d'octobre furent marquants, parce que frappés justement du sceau de cette affectueuse fidélité.
J'aime l'automne. Lorsque les haricots gonflent à nouveau avant d'exploser de saveurs dans ma soupe de cochon. Lorsque bouillonne gentiment un jarret de boeuf étouffé dans un coin du four. Lorsque saute le veau, sur des chants de Ferrat, de Brel, le canon de Pachelbel et la cabrette de Peschel. Et maintenant, je sais, enfin non -on recommence- et maintenant, je crois, que tous ces habitués que je ne connaissais pas avant le 1e septembre 2009 et qui ont pris le temps de nous apprécier, ne nous quitteront plus. Davantage d'ailleurs par gourmandise, -qui n'est nullement un péché, puisqu'il ne s'agit rien d'autre que de l'expertise du goût avalisé par la commission des neurones gastriques- que pour garder intacte la morale de notre histoire.
J'aime l'automne, même si vous verrez qu'il y aura encore des gens qui réclameront une table en fin de service sans avoir même pris le soin de réserver. Comme si nous tournions l'aligot à la bétonnière et que nous tirions des kilos d'entrecôtes hongroises de notre congélateur...
Des gens qui n'ont rien compris, en somme !
Jaco.

Des tableaux d'Estades à la table d'Aubrac (5)

L'essentiel selon Loule
Le maître Thierry Loule, est entouré de Nathalie la communicante, Michel le fameux galeriste et Jacques un ancien confrère.  

Dans la famille des artistes, peintres et plasticiens d'Estades, je voudrais le petit dernier : Thierry Loule. Oeil clair, vision décalée. Enfant du Mourillon bien qu'il porte en lui le sang et la flamme portugaise, il a été formé aux beaux-arts de Toulon et influencé, encouragé, peut-être adoubé par le maître catalan -également très attaché à la ville- Blasco Mentor. Un peintre dont le nom inspirait déjà la confiance. Tout comme d'ailleurs la démarche de cet artiste tout en nature : « Je ne peins pas ce que je vois, mais ce que je ressens. Ma peinture est une peinture de l’intérieur de l’âme. J’essaye de faire ressortir l’essentiel des êtres que nous sommes. Les émotions restent les mêmes pour tous à travers toutes les cultures du monde. »
Il s'exprime donc un peu comme nous en cuisine à l'instinct et c'est pour ça que Thierry nous fait l'honneur de goûter nos plats avec délectation. C'est une sorte de partage, même si nous avons tendance à moins déformer les plats. Mais l'abstrait peut aussi avoir ses bons côtés, au même titre que l'art... « défiguratif ». Vous pouvez, vous devez -avant ou après une visite à Aubrac- profiter de l'exposition qui lui est consacrée, du 20 octobre au 24 novembre, galerie Estades, rue Henri Seillon (derrière l'hôtel de ville).

 Chronique du 16 octobre 2012
Ah les vaches ! (deuxième édition)

Bernard, lancé à toute vitesse dans la stratégie et la communication hors normes - après avoir servi une radio énorme - est non seulement un ancien confrère, un nouveau client, un charmant voisin, mais également un ami attentionné qui se plait à nourrir mes chroniques, comme il m'arrive de l'alimenter en bonne viande d'Aubrac.
D'ailleurs, c'est bien le sujet qu'il a déniché, pas rancunier, sur le site de RTL. Il ne me viendrait pas à l'idée de prendre mon -ancien- journal et moins encore de l'ouvrir même avec des pincettes et une épingle à linge sur le pif (trop petite... la pince à linge) ! Et ce dans l'espoir d'y dénicher la moindre idée. D'ailleurs cela fait bien longtemps qu'il n' y en a plus...
Enfin toujours est-il qu'il s'en passe des fameuses, des fumeuses même -comme une bouse fraîche au petit matin d'automne- dans le Lot-et-Garonne. Je savais qu'il y avait autant de conos autour d'Agen qu'ailleurs, mais j'ai l'impression qu'il y en a qui passent, outrepassent la mesure et avec outrecuidance, en prime.
Je vous la fais courte. Monsieur et madame C. habitent en rase campagne. Sur la commune de Saint-Vincent de la Montjoie. A cet endroit-là, quasiment sans surprise, il y a des vaches. Quatre. Car Monsieur D. est un modeste agriculteur. Il dispose néanmoins d'un champ de deux hectares et demi, ce qui offre aux bovins un espace notoire d'investigation.
Mais il advient, bizarrement, que ces animaux aient envie de voir des hommes de plus près, même si ce sont des cons. Car nos braves bêtes n'ont pas sur la race humaine tout l'éclairage, ni le recul nécessaire. Sans quoi, c'est sûr, elles ne se seraient jamais approchées et si par mégarde elles l'avaient fait, pour sûr qu'elles auraient vite reculé.
Bref, un jour, la Marguerite, la Renaude, la Félicie et la Pâquerette se sont retrouvées à la barre. Enfin pas elles, mais leur pauvre propriétaire qui, en rase campagne était accusé de laisser ses vaches s'approcher de leur voisin. Des vaches qui se permettent, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs de la Cour, de meugler à toute heure du jour et de la nuit, de remuer la tête avec leurs clochettes, d'attirer les mouches en déféquant n'importe où sans même se torcher et même, même Monsieur le juge, de se promener les pis à l'air sans soutien gorge...Quel spectacle pour les enfants !
Devant de telles charges accablantes, M et Mme C. qui voulaient vivre à la campagne sans être embêtés par les meuglements, les chants du coq et les vols de bourdons du champ de colza, ont eu dans la plus parfaite équité, gain de cause. M. D. devra payer une amende de 6500 euros et une astreinte de 50 euros par jour tant qu'il n'aura pas éloigné sa clôture de chez ces pauvres gens.
Et le procureur aurait pu s'écrier dans un grand élan lyrique et effet de manche : « que messieurs les éleveurs et leurs vaches aillent faire du bruit à la ville s'ils y tiennent. La campagne c'est fait pour que les cris de gosses qui éructent dans leur piscine ne soient pas dérangés par les états d'âme de stupides bovidés... » C'est dire si la justice est sereine. Les quatre inculpées pour dépôt de bouses dans un champ leur appartenant n'ont pas bien compris. A leur décharge (pas encore électrique mais ça pourrait venir) ce sont des blondes... d'Aquitaine.
Comme je le disais à Bernard en guise de remerciements, c'est le genre de sujet qui me fait mugir de plaisir, mais aussi et surtout rugir de rage. Et qui me donne envie de partir très vite, embêter les vaches en habitant tout près d'elles, avec mes nuisances. Et tant pis si elles portent plainte.
                                            Jaco

 Chronique du 8 octobre
Pas un cono, ni même un ventre- saint-gris 

Pas plus que je ne souffre du syndrome de la casserole vide, je ne suis généralement jamais affecté par celui de la page blanche. Un fléau que beaucoup d'écrivains et pas mal de journalistes connaissent pourtant. Vous imaginez de quoi il s'agit. C'est un type le dimanche matin, qui se lève et s'aperçoit qu'il n'a rien à dire ni, en l'occurrence, à écrire. Si pour des raisons pratiques et infiniment respectables vous ne vous empoisonnez jamais à vouloir écrire, je peux essayer de vous trouver une paire de métaphores.
C'est en fait un peu comme si lorsque vous vous présentez devant la cuvette en vous grattant les fesses et en baillant comme un sourd, vous n'arriviez pas à uriner. C'est d'ailleurs pour cela qu'on dit souvent d'un manieur de plume, d'un forçat du clavier : « qu'est-ce qu'il pisse celui-là ! ». On peut donc -toujours métaphoriquement- appeler ça le syndrome prostatique. Pour les femmes je ne sais pas exactement quelle transposition faire, mais enfin ça doit aussi marcher avec la constipation... Pour les femmes du reste ça doit marcher avec tout, puisqu'elles sont toujours en quête d'un truc qu'elles n'ont pas. Et si à terme, elles ne parviennent pas à leur fin, alors c'est sans doute qu'il s'agissait d'un truc réellement inaccessible. Marcher sur la lune pour les plus riches ou sur la lagune pour les moins privilégiées.
Lorsque l'inspiration vous fait défaut, ce n'est pas toujours parce que l'on a fait le tour de la question ou que le disque dur s'est brusquement ramolli. Il suffit parfois d'une mauvaise nuit, d'une semaine de travail épuisante, d'une prise de bec quelconque, d'un fort mal de tête ou d'un souci gastrique -si vous avez diné à Aubrac /mer par exemple-, pour que les neurones se contractent et que l'on ne puisse plus rien extraire de présentable.
La plupart le combattent avec leurs armes souvent inégales. Dans ce que l'on nomme littérature, mais qu'il conviendrait de rebaptiser maçonnerie, tant certains auteurs se contentent d'enchaîner les pavés, la plupart de ceux qui se vendent le font sur le seul nom qu'ils laissent à la fin. Quant aux journalistes, leur réputation, n'est plus à faire. Ils se divisent en deux catégories bien distinctes. Il y a ceux qui n'ont strictement aucun avis et/ou aucun courage et qui se bornent à ne jamais l'écrire et ceux qui ont des avis sur tout et ont l'audace de signer des trucs qu'un enfant de dix ans n'oserait pas présenter à sa première maîtresse. Dans les deux cas, le rapport qualité-prix est terriblement contestable d'autant qu'en conséquence, les canards ne se lisent plus que lorsqu'ils sont gratuits … et encore. En sorte que la presse écrite part en capilotade, ce qui pourrait sembler bien triste si on n'établissait avec certitude que ce sont les patrons qui ont choisi leurs journalistes, pour manquer à la fois d'idée, de courage et donc de lecteurs.
Je me souviens parfaitement du temps ou je campais dans cette position financièrement confortable, mais déontologiquement inacceptable. Il m'arrivait alors d'avaler à l'abri des regards, une lampée de pétrole (enfin de whisky vous m'avez compris) pour amorcer la flamme. De temps en temps, un supporter me lançait alors : « vous avez bu en écrivant l'article ? » ce qui valait, de sa part, toutes les paroles d'expert.
Voilà, j'en suis quasiment à la fin de la fameuse page blanche, à ceci près qu'une demi-heure après, elle ne l'est plus. Certes ce n'est pas le poids qu'elle pèse, mais vous accepterez l'idée que cela me soulage. Et si vous êtes restés avec moi jusque-là, ceci souligne aussi votre courage. Non, je n'avais rien à dire, mais comme disait-l'autre, je tenais absolument à ce que ça se sache.
Mais je voulais aussi démontrer -notamment à ma maman- que j'étais en mesure quelles que soient les circonstances, y compris les plus périlleuses lorsque l'écriture ne devient plus qu'une vile technique, un pantin désarticulé, que j'étais donc en mesure d'écrire sans la moindre grossièreté. Et je n'évoque pas ici la vulgarité que je laisse à ceux qui ne prononcent jamais le moindre gros mot de crainte d'être démasqués. 
Donc, maman (papa aussi par la même occasion qui fête aujourd'hui ses 87 piges ), je m'apprête à signer une chronique sans avoir une seule fois traité quelqu'un de cono, ni eu envie de dégueuler, ni de rouler dans la merde. Pas même un macarel ou ventre-saint-gris.
Comme quoi on peut être d'une totale vacuité, tout en restant correct. Mais revenez tout de même lundi. D'ici-là, il m'étonnerait que n'ai pas retrouvé deux trois conneries à raconter.
Jaco. 





 Chronique du 2 octobre
 Le mondial de l'auto... destruction

J'ignore qui a inventé la bagnole, mais celui-ci, je ne lui dis pas bravo ! Vous le savez-vous ? Ca m'étonne pas, vous m'avez toujours semblé plus cultivés. Mais ne me le dites pas. Je m'en fous. Je sais juste que c'est un sacré cono ! Il nous a foutu dans un de ces merdiers, le type.
Si vous êtes un tant soit peu économiste, vous aurez bien compris que sans ce tombeau ouvert sur tous les travers de l'humanité, sans ce puits sans fond de prétention, sans cet éternel sujet de convoitise, sans ce faux témoin de la liberté et de l'indépendance, bref … sans la voiture, il n'y aurait jamais eu de crise mondiale.
Enfin si ! Une. Au PSG. Parce qu'il n'y aurait pas le Qatar et sans le Qatar pas d'Abrovimovitsh (ou quiquon atal). Vous parlez d'un drame ! Mais sans ça, je vous signale, on paierait pas le pétrole un bras et un oeil, ou -pour les rares qui en ont encore- la peau des machines. On le paierait même pas du tout, vu que nos chevaux, même avec le progrès et les dérives génétiques, n'échangeraient jamais un picotin d'avoine, même contre deux barils de brut...
Cela n'a l'air de rien, ce que j'avance-là. Au pas, au trop ou au galop. Cela n'a l'air de rien, mais le début de la fin, il remonte ici et pas ailleurs. Certes il y avait déjà des cons -souvent des voisins ou des collègues de bureau- qui avaient un cheval plus gros que le vôtre. Un percheron ou un comtois, mais ils n'avaient jamais les deux (comme l'autre qui hésite le matin entre sa Ferrari et sa Masérati). Et ils n'en changeaient pas lorsque le cendrier était plein...
Bon, pour aller manger un aligot chez Germaine, il fallait prévoir la semaine. Et encore la bonne, parce que la diligence n'avait pas de ligne régulière entre l'Aubrac et Toulon. Nous y allions quand nous pouvions. Et à défaut de pouvoir, nous en rêvions. C'était le temps où nous  n'étions pas forcément obligés de nous rendre le cul en bombe au moyen-orient pour signer de juteux contrats « pétrole contre armement » en se bouchant le nez à cause de ces infects gisements de merde noire, en se voilant les yeux pour faire comme eux et surtout ne pas risquer de tomber sur quelques horreurs, en fermant sa gueule enfin, afin de ne pas chatouiller leurs susceptibilités.
Et pendant ce temps, nous turbinions mon pote. Ou nous faisions turbiner les autres ! Car même sans la voiture, il y avait autant de fainéants chez nous. Faut voir comme les Polonnais, les Portugais et même les Arabes -mais pas les mêmes que ceux du PSG- descendaient joyeusement dans les galeries de plusieurs kilomètres, habilement creusées dans les Ardennes et dont ils ne remontaient après trente ans dans le noir, qu'en crachant du sang, mais sans garantie que ça dure bien longtemps.
Sur le fond, je n'avais rien contre l'automobile. Chacun avait sa bagnole. Le président roulait en DS, le patron en 404, l'ouvrier en 4L et le péquenot en 2 pattes. Il y avait bien une lutte des classes motorisée, mais elle restait mesurée. Là où tout s'est emballé, c'est lorsque pour mieux nous faire dépenser le peu d'argent qu'on nous laissait, l'état -enfin il faut ici globaliser et parler réellement de criminels en bande déjà mondialisée- se mit à élargir nos routes en traçant dans nos champs de luzerne , nos labours et nos vallons, d'interminables rubans de pétrole. Il y eut ensuite les limitations de vitesse, les feux, les interdictions de stationner, la ceinture, le triangle et l'éthilotest. Puis courant immédiatement derrière : les flics, les radars, les jumelles, les timbres amandes, le permis à points...
Ainsi avec le pétrole, les péages, les PV, les assurances -et on va forcément en venir au salon de l'auto-, les machiavels qui nous gouvernent, les têtes d'oeuf, les énarques de l'arnaque, se les sont faites en or ! Pas les machines … car par bonheur ils n'en avaient pas.
Et les voici tous réunis porte de Versailles. Ah ! si on pouvait la fermer -la porte- et jeter par étourderie une allumette dans l'un des trois cents réservoirs de ces derniers modèles ! Quelle belle revanche prendrait l'humanité sur ceux qui ne cessent de la conduire dans le mur de la vanité, de l'ostentation. De la conduire à sa perte.
Nous en finirions avec ces branleurs qui font les importants dans leur nouvelle ligne à 200 000 euros et leurs bécasses qui inondent le siège de leur nouvelle emplette, dès lors qu'il est en cuir. Ceux et celles qui vous serrent en sortant de leur voie parce qu'ils ont tous les droits ; qui démarrent lentement lorsque le feu est vert et n'accélèrent, juste devant vous, que quand ils seront sûrs de vous laisser au rouge ; ceux qui prennent deux places dans les parkings publics bondés et qui en prendraient bien trois si elles y étaient ; ceux qui ne viennent jamais à Aubrac sur mer, parce qu'on est trop mal placé puisqu'on ne peut pas se garer devant.
Ceux-là, voyez-vous, ce sont les plus « beaux », des champions en puissance. Ils n'ont pas compris qu'ils étaient les cibles principales, les pigeons favoris de la « world compagnie », les dindons de la farce, des ânes de haut vol. Ils n'ont pas pigé, non plus, que si nous étions cachés place Lambert, c'était pour ne pas risquer d'en recevoir, ne serait-ce qu'un seul...
Et comme disait Audiard ; « c'est même à ça qu'on les reconnaît... »
                                                                                                                        Jaco
Stéphanie en famille


Notre jeune, jolie et surtout sympathique collègue Stéphanie, n'a pas mis plus de quinze jours à prendre ses marques à Aubrac sur mer. Certes elle n'est peut-être pas prête à traverser le plateau d'Aumont à Laguiole à pied, mais elle a déjà converti ses deux gamins aux beaux produits de l'Aveyron et de la Lozère. C'est d'ailleurs dans son nouveau restaurant que Stef a tenu à célébrer les trois ans de sa petite Léona, pour la plus grande joie de son grand frère Matéo. Ils étaient accompagnés de la marraine Audrey et du « tonton » Jean-Ba.

 

 Chronique du 25 septembre 2012
     L'instinct de l'intestin            


Mon cousin préféré, est un type épatant. Et je n'écris pas ça pour mettre en valeur la famille Cancel que personne ne connaît (à part, certains d'entre-vous peut-être, ma cousine préférée : Dominique) bien que vous y eussiez beaucoup gagné... à la connaître. Lorsqu'il n'est pas en mission auprès des collectivités territoriales, pour lesquelles il s'emploie sans compter ses heures (c'est rare non ?), il savoure tout ce que la nature nous offre de plus solennel dans l'Aubrac. Et ce n'est un secret pour personne que j'ai mis le cap vers lui, en guettant impatiemment le vent favorable. A nous, ensuite, les balades à l'infini et les joutes oratoires auxquelles on ne mettra un terme que dans une immense gerbe de rires et d'accolades. Et j'ai volontairement omis les grandes bouffes arrosées au coin de la cheminée, tant il faut toujours garder le meilleur pour la faim.
Et voilà comment je tiens encore debout, mes amis, en m'offrant de temps à autre, quelques Epicure de rappel. Guy -dont le papa Paul fut un pilier de la faculté de médecine de Montpellier- partage avec lui cette curiosité permanente, cette soif de connaissance, là où d'autres -dont je fais sans doute partie- ne sont en quête que de reconnaissance. 
Lors de notre dernier et bref séminaire familial, chez Marie à Recoules, il me fit partager sa découverte. Pas le sac d'os de Laguiole. Non, celle qu'il doit tout à Bayliss et Starling (pas ceux qui ont inventé le fer à friser et la livre). Deux savants anglais, qui en mettant les mains dans la merde se sont aperçus que l'homme disposait d'un deuxième cerveau. Que nos intestins possédaient plein de neurones. Cent millions !
Enfin au départ. Car j'imagine qu'on doit en perdre quelques uns au gré de nos nombreux passages sur le trône. Bon, certes les deux toubibs ont trouvé ça au 19e siècle et depuis, des centaines de leurs disciples déploient les 400 mètres carrés que nous avons dans le bide, pour en mesurer toute la dimension intellectuelle.
Dès lors, mon regard sur les types qui ont un ventre énorme a beaucoup évolué. Je ne me dis plus « quel porc, il ferait mieux de venir manger à Aubrac/mer », mais : « il doit être rudement intelligent. Il va sûrement venir manger à Aubrac/mer ». 
On aurait quand même pu nous en parler avant. Car, désormais, nous allons pouvoir envisager les êtres et les autres, sous un angle nouveau. Ne serait-ce que lorsque vous entendez votre ventre qui grommelle. Ce n'est en rien un procédé mécanique, non c'est de la métaphysique. Voire des états d'âme. Il vous dit « Et cono ! Ça va pas de m'avoir amené manger des frites dans ce resto ? Je ne vais pas pouvoir me concentrer de la nuit ».
Et quand vous pétez (si c'est le cas), pareil, il s'agit obligatoirement d'un courant de pensée. Vous me direz que tout ce qui sort de là, ça pue et c'est du vent. Ah ! mais là, je dis pardon. Tous ne puent pas pareil et certains s'expriment avec plus ou moins de véhémence, de subtilité, voire de poésie. Parfois, depuis le mois d'août, depuis que Guy a gentiment alimenté ma chronique, lorsque j'entends certains propos je me dis : « Tiens ! lui ce serait mieux qu'il pète. » Surtout lorsqu'en prime, il a l'haleine fétide.
Enfin bon, comme vous pouvez l'imaginer cette révélation me remplit d'aise. Moi qui avais toujours eu peur que les hommes ne réfléchissent qu'avec leurs couilles (je ne parlerai pas de leurs femmes, puisqu'elles laissent à leur miroir le soin de le faire), me voici totalement rassuré. Les neurones n'ont pas élu domicile dans les testicules, mais dans les intestins. Nous comprenons mieux désormais pourquoi il y a moins de monde dans les bars à putes de Chicago qu'à Aubrac/mer et pourquoi, ceux qui viennent une fois, sont ensuite irrépressiblement attirés chez nous.
                                                                                                                        Jaco 

Stéphanie princesse d'Aubrac





La petite toulonnaise prend ses marques en attendant le renfort de Greg notre pompier de service. Lorsqu'elle ne casse pas les coupes à salade de fruit, qu'elle ne livre pas une entrée à de braves gens qui attendent le dessert ou qu'elle ne compte pas une assiette aubracienne à 22 centimes au lieu de 22 euros, tout va bien ! Vous aurez bien compris que nous étions obligés de sévir. Après lui avoir écrasé les pieds et administré quelques coups de cuillère en bois, nous lui avons arraché un ongle. En principe, elle devrait être plus performante cette semaine... Et pour se consoler elle a fait appel à Audrey, son amie qui lui avait judicieusement conseillé de venir travailler chez les Ténardier des temps modernes.


 Chronique du 18 septembre
  Vendanges à Marcillac

Mettez vos bottes, je vous emmène ce matin dans les vignes. Désolé, on n'a pas de 4X4, vu que l'on n'a pas de gosses à aller chercher à l'école, ni de voisins à épater. Mais vous verrez, c'est pas loin. 450 bornes. Entre Rodez et le plateau de l'Aubrac. Attention, ça monte un peu. 400 mètres de dénivelé entre les plus hautes rangées en encorbellement et ce village sans prétention.
Je vais vous parler de vin, sans que j'en aie la compétence, pas même la connaissance. Mais s'il ne fallait s'exprimer qu'à propos de ce que l'on maîtrise, voilà belle lurette qu'il n'y aurait plus de journaliste. Et il se serait installé une chape de silence sur le monde qui n'aurait plus rien à envier à celui qui se pose sur le nord-aveyron.
Je n'y connais rien. Mais qu'est-ce que je l'aime. Déjà, je ne sais pas vous, mais je trouve que les gens qui le produisent sont fréquemment attachants. Je ne parle pas de M. Pétrus, de M. Yquem ou de M. Mumm. Ceux-là ont trop de notoriété pour être honnêtes, trop de sous pour rester purs.
Quand j'étais plus jeune et que je mangeais au Mazuc (chez le papa de Michel Bras) à Laguiole, puis chez Auguy à Aubrac et enfin chez Bastide où je me sens presque chez moi à Nasbinals, je n'avais pour le marcillac qu'un peu d'estime pour ses origines. Mais les papilles, qui ont pourtant de la mémoire, ne remontaient jamais à la surface du verre ballon.
Il aura donc fallu que je me lance dans cette épopée gastronomique, ce peplum astronomique, que je m'installe sur la surface plane du désert culinaire toulonnais, pour que les notes de fruits rouges (vous avez remarqué comme tous les spécialistes mettent en avant les saveurs de cassis et de framboise, comme si c'était une honte que le pinard ait goût de raisin ?). Avec mes amis Thuerry et Valentine de Provence, je voulais donc connoter Aubrac sur mer, d'une touche (et non d'une tâche qui ne part que difficilement), une touche disais-je, de vin de « là-bas ».
Je suis tombé sur le Laurens par un petit coup de hasard que je requalifierai, avec le temps, de chance. Parce que Maryse, la taulière, ne s'endort pas sur la souris. Elle clique sur internet (même au plus profond du trou aveyronnais, c'est dire les ravages de l'engin) et fut la première à m'envoyer tarifs et vin de dégustation. Dans ce métier, il ne sert à rien de la ramener, il faut juste se lever tôt ! Et bien, avec sa belle robe soyeuse et rubiconde, la cuvée de Flars transporta mon palais jusqu'aux portes du ravissement et réveilla en moi les souvenirs que mes papilles avaient enfouis. Bref, depuis nous sommes en ligne avec Michel et Maryse et cela m'étonnerait que ce soit le marcillac qui nous sépare.
Mais si vous venez de Rodez, ne poussez pas jusqu'à Marcillac. Sur la route de Decazeville, tournez au contraire à gauche. Jusqu'à Clairvaux d'Aveyron. Petit village rouge -lui aussi- portant les traces de son histoire et de cette civilisation gallo-romaine où l'on levait le coude d'autant plus volontiers qu'aucune tête d'oeuf n'avait encore pondu l'éthylostest et le permis à points. Bref c'était le temps des amphores et pas des enfoirés. Et vous en trouverez encore pas mal, du côté de Clairvaux... des amphores. D'ailleurs, la passion du vin remonte à la nuit des temps, puisque dès l'antiquité, Socrate rimait richement avec picrate.
Bon, nous y sommes aux vendanges. Jusqu'au cou. Prenez vos sécateurs, votre seau et ne craignez rien pour votre dos, les vignes sont ici hautes sur pattes, en espalier. Et vous voici avec une belle grappe de fer servadou, que l'on appelle aussi le mansois ici (mais qui n'a pas gôut à rillettes, je vous l'assure). Il s'agit du cépage unique et quasiment endémique. C'est lui le bougre qui porte le tanin et offre, une fois pressé, puis apaisé, ce parfum si prononcé de terre et … de fruits rouges si vous y tenez. Voyez, je n'y connais rien. Mais je l'aime dans toute sa simplicité qui n'exclut pas la subtilité. Il est à la mesure du terroir, mais également de ceux qui le peuplent. Tous ensemble, producteurs et produits réunis, ils incarnent tout ce dont la vie devrait être faite, avec le bonheur et l'honneur pour l'accompagner. Et dont nous semblons nous détourner un peu plus tous les jours...
Je n'omettrai évidemment pas la gentiane, que les Laurens tiennent à conserver au plus près de sa racine. Ni moins encore cette « Reine-Claude » et cette « Williams » que j'ai le plaisir d'offrir à mes clients les soirs de fin de semaine. Là encore, on frôle la perfection lorsque la sapidité du fruit résiste imperturbablement à la puissance de l'alcool, au nez, en bouche et en mémoire...
Aller ! assez parlé de  ce que je ne connais pas, mais de ce que je pressens. Une petite visite à Clairvaux s'impose. Y compris en passant par Aubrac sur mer...
Jaco
Des tableaux d'Estades à la table d'Aubrac (4)
Fabiola, au doigt et à l'oeil
Qautrième édition, en tout juste un an, des rencontres entre la sublime galerie du 22 rue Henri Seillon et le restaurant -qui ne l'est pas moins- place Lambert. Cette fois, Michel nous amenait , avec ses amis, la plasticienne Fabiola Govare. Dont l'oeuvre entamée en 1991 s'étoffe de portraits tirés dans un grand éclat de couleurs, aux expressions fortes d'où émerge un caractère qui ne l'est pas moins.
Elle a beaucoup voyagé Fabiola et elle voyage encore à travers une oeuvre où le visage  serré s'ouvre sur d'insondables horizons. De la danse elle a gardé la fantaisie, la gaité. De l'écriture, la rigueur, la gravité. Et donc, cette évasion sur ce quelque chose de libre et de parfaitement maîtrisé. Comme d'autres peignent comme leur pied, c'est du bout des doigts qu'elle façonne le visage de l'homme et sous-tend son âme.
Et comme rien (ou si peu) nous échappe, nous avons noté que Fabiola Govare exposait non seulement dans la plus belle galerie toulonnaise, mais également à l'espace du Mazuc à Laguiole en plein coeur de l'Aubrac. Là où un petit restaurant familial a vu naître « le trois étoiles de la gastronomie » Michel Bras. Faut-il constamment croire au hasard ?

De droite à gauche : Eddy (le plus jeune), Pierre, Diane, Michel, Fabiola, Michelle, Carl, Brigitte, Agnés et Jean-François.

 Chronique du 10 septembre 2012
 L'éloge de la fidélité  

Ce matin, calme, légèrement brumeux mais moineau (oui, je dis moineau car il n'y a pas de serin dans le jardin), j'ai envie de vous parler de fidélité... Déjà fait ? Certes, il y a un an ! C'était à propos d'un client des premiers jours, un type présent deux à trois fois par semaine. La banquette, où il prenait place pour déguster le plat du jour, avait épousé la forme de ses fesses.
Je me dis -mais qu'est-ce que je ne me dis pas ?- que ça ne peut pas faire de mal d'évoquer, à rythme régulier mais raisonnable, la morale. D'autant que les cours que nous dispensait gracieusement Marianne dans nos écoles de la République, sont un peu datés. Et le comportement des salopiots qui nous entourent, me donne à craindre qu'elle les a même dommageablement abandonnés sur l'autel du consumérisme libéral.
Prenez la fidélité. Respecter ses engagements, tenir parole. Voilà qui ne coûte quasiment rien. A condition que ce soit partagé. Si demain je sers de la laitière hollandaise et des frites décongelées à Gérard ou Stéphane et que l'un et l'autre ne viennent plus, ce sont eux qui pourront dire : il n'a pas été fidèle... La fidélité ce n'est pas tant une vertu qu'une commodité. Une vieille amie à qui -je tiens à le préciser- je ne faisais pas d'avances, m'offrit une démonstration convaincante : « Oh moi ! Je suis trop paresseuse et mal organisée pour être infidèle. Tu te rends compte ce que ça demande comme énergie de tromper quelqu'un ? »
Je m'aperçus alors que j'étais franchement bête, car je n'avais pas réalisé que c'était la paresse et l'inorganisation qui m'avaient condamné à la fidélité. Ben oui, quand même, je n'ai pas prétendu disposer de toutes les qualités. Lesquelles ne me demandent aucun effort.
L'honnêteté c'est pareil. Quoi que ça aille souvent de pair. Je ne suis pas honnête -maladivement- pour m'en vanter, je le suis parce qu'incapable de faire autrement. Mentir à tout bout de champ, toujours tenter d'extorquer et donc d'escroquer, ne pas pouvoir fixer l'autre dans le fond des yeux -à moins d'être un grand génie du mal- cela doit être d'un compliqué !
Mais le pire je crois, c'est la troisième. La vénalité. Vivre pour le pognon. Remarquez on peut difficilement être vénal et rester fidèle et honnête. C'est d'ailleurs en cela que je vous recommande de ne pas sombrer dans la troisième, afin de ne pas vous découvrir d'autres sombres penchants qui, à défaut d'être irréversibles, ne sont pas du meilleur effet sur votre conscience. A moins que vous n'en ayez pas, ce qui ferait alors de vous un sacré privilégié. Et peut-être même l'heureux propriétaire d'un Cherokee, d'un Q6, d'un X5 ou d'un 4X4 !
Je crois qu'après les gamins autour d'une piscine à qui les parents ont appris à gueuler avant même de nager, il n'y a rien qui m'énerve plus que de savoir que derrière des vitres fumées quelques poignées de privilégiés se moquent de la misère environnante. Et des fois, je comprends que nous n'ayons pas grand monde au restaurant. Il suffit d'en croiser un, avenue de la République, dans sa forteresse noire, pour avoir plus envie de vomir que de manger.
Bref la fidélité, c'est commode à condition de la posséder génétiquement. Car, comme le courage, ça ne s'invente guère. Je repense à notre ami Claude, l'habitué du mardi, du jeudi et parfois du samedi qui, en plein coeur de juin, nous a abandonnés. Après trois ans -ou peu s'en fallait- cela fait un choc et un creux. Bon il n'était pas tout jeune, notre prof de techno en retraite, mais quand même ! J'aimerais qu'il ne lui soit rien arrivé -et surtout pas un empoisonnement !!!- mais les craintes s'accumulent. A tel point que si vous le croisez...
Et puis il y a Jo. Le serveur que nous avions intégré dans la famille de l'Aubrac, il y a pile deux ans. Il n'avait aucune qualité pour l'être -serveur-, mais il me semblait les avoir toutes pour s'accrocher dans la vie et décrocher de belles choses toutes simples. Ni pour l'argent ni pour l'ego, mais pour simplement éclairer son chemin. Jo a choisi de « rebondir » et c'est louable. Nous lui souhaitons de tout coeur que ce ne soit pas dans tous les sens...
                                                                                                                         Jaco


Qu'ont-il fait de notre rugby ?
C'est le titre d'un livre paru il y a dix ans, pour beaucoup prémonitoire, qu'écrivait mon excellent confrère Jean-Paul Rey -passé d'ailleurs par Var Matin- avant d'échouer à Midi-Olympique.
M'interdisant pour l'heure d'évoquer le club de rugby toulonnais, mais pas de parler du sport que j'ai aimé, je vais quand même la pousser, ma gueulante. Etant entendu que je serai toujours du côté de Dédé Boniface qui, même en noir et blanc, pratiquait un vrai sport, au talent et à l'eau claire (éventuellement teintée de pastis).
Je suis tombé par inadvertance (c'est le mot car j'aurais préféré ne pas la voir) sur une feuille de match du Top 14. Et même s'ils sont moins argentés et arrogants, ces deux-là participent au reniement de tout ce qui a fait leur force et la valeur du rugby.
Les Catalans amenés par Taumololo, Vahaamahina, Watchou, Strokoch, Léo, Narraway, Hook, Batle, Mafi, Hume, Tofifenua, Haugthon et Piukala ont donc battu les Basques de Manukula, Tialata, Linde, Chisolm, Haare, Phillips, Fuster, Lovoballe a...vous, Ahotaeiloa, Gerber (y a de quoi !!!), Spedding... Et encore il en manque des deux côtés.
Bon, ces derniers présentent l'avantage d'être entraînés par mon ami Alex et par Christophe et Christian qui sont des gens que j'aime.
Mais quand même, bravo MM Blanco, Moga, Revol , Lapasset et consorts ! En vingt ans vous avez fait un sacré boulot pour confisquer le rugby de haut niveau à nos gamins et remplir votre tiroir-caisse.

Domi plonge pour nous

Et un grand, un très grand merci à ma cousine Dominique. Nous sachant en difficulté de personnel, elle n'a pas hésité malgré quelques soucis physiques (je ne parle pas de la taille !!!) à venir nous aider en dépit de mon refus initial et de ma réprobation finale.
Il faut dire qu'elle avait choisi l'un des postes les plus agréables de la restauration : la plonge ! Enfin bon, ma vieille cousine compte parmi ceux grâce auxquels on a encore envie de se battre. D'autant qu'elle en est convaincue, Aubrac sur mer est un repaire de bons goûts, comme c'est écrit sur les tee shirts qu'elle nous a offerts...
 Chronique du 3 septembre
          Pluvieux... de trois ans

Je m'étais promis, s'il devait pleuvoir un jour, de danser nu sous les nuées... Certes le Meije-pan, mon joli ruisseau cuersois, ne s'est pas remis en branle pour autant, épongeant avidement ces humides subsides sans pour cela étancher sa soif. Mais, après trois mois sans la moindre goutte, cela s'arrose non ? J'imaginais alors une sorte d'allégresse spontanée, un déferlement de concitoyens plongeant dans l'eau bénite et l'Aubrac sur mer.
Il me fallait toutefois y renoncer car, danser nu sous la pluie ne pouvait se concevoir. Bien que l'on en ait vu d'autres -et des pas mûres- autour de la fontaine Lambert, je devais rester digne et présentable. Car en ce samedi d'orage, nous n'avions pas encore touché au désespoir. Donc, on travaillait. Enfin c'est ce que l'on envisageait raisonnablement.
D'autant qu'en ce soir de premier septembre, Marie et moi, fêtions l'anniversaire de notre restaurant. Bien au-dessus des vacations ordinaires entre cuisine, salle et terrasse ; par delà les soucis, les coupures, les brûlures, les brouilles, les pannes et les peines, il s'agissait de célébrer la réalisation d'un projet -une vocation (?)- qui me hantait depuis des lustres. D'une belle aventure humaine située à notre intime échelle. De rencontres attachantes, surprenantes et surtout prenantes. En foi de quoi, nous nous sentions encore exister. Presque libres ! Les cimetières sont emplis de gens qui se sont interdits leurs rêves, refrénés par des peurs judicieuses ou inutiles, par trop d'humilité ou de timidité. Nous au moins, nous nous serions mouillés ! En somme, par ce temps d'averses, on se sentait pluvieux... de trois ans.
Léa, ma vieille copine, ma complice de toujours -même par intermittence –, désormais réfugiée en terre neutre, fut du reste la seule à nous envoyer un petit mot pour célébrer cet infime événement. Oui, mais quand même ! Elle qui avait été là, le premier septembre 2009, sa petite attention commémorative, ce « je ne vous oublie pas » me toucha au plus haut point. Ce ne furent que quelques furtifs instants de réconfort. Car après un service de midi, où Patricia et Pierre, Nicole, Romain, Michel et sa compagne, ainsi que Roman et ses parents, nourrissaient encore notre illusion d'exister en même temps que leurs estomacs, nous ne présagions rien du suprême affront !
18 heures pas une réservation. 20 heures pas un chaland à l'horizon. 22 heures, je rabattais les deux lourds volets verts après avoir avalé un fond de salade et ravalé mes illusions.
Je me retourne alors et je découvre un gouffre d'incompréhension. Un labeur acharné, un sillon quotidiennement creusé, un trésor de patience, un océan de passion. De la gentillesse, de la qualité, de l'honnêteté. Nous offrions bien plus qu'un café ou qu'une belle eau de vie de Marcillac à nos visiteurs, nous leur tendions nos coeurs. Pour en arriver là : zéro !
J'ai remonté fébrilement le temps à travers nos trois agendas et je n'ai pu retrouver trace du vide sidéral d'un samedi soir. J'avoue qu'à la place de tous ceux qui ce sont esclaffés à l'annonce de mon projet ; à la place de tous ceux que j'ai laissé à la médiocrité d'un journal qui pouvait enfin rivaliser avec les meilleurs torchons publiés par R.H. et ses affiliés ; à la place de ceux qui, en outre, n'attendaient que ça, je me serais peut-être, moi aussi, bien marré.
A cet instant, je mesurais impeccablement le sens que l'on peut donner au mot nausée, lorsqu'il est provoqué par autre chose qu'un plat avarié. Je pensais aussi à nos amis, ceux du « top 50 » publié dernièrement, dont la fidélité et l'enthousiasme n'auront pas été communicatifs. Et je voulais à tout prix leur dire que si nous ouvririons mardi matin, ce serait grâce à eux. Et que, même si nous n'avons pas d'autre choix, ce serait un peu pour eux aussi...
En attendant des jours meilleurs et la prochaine sécheresse !
                                                                              Jaco 

Nos amis varois de Prinsuéjols dans l'Aubrac, nous ont transmis ces deux vidéos que nous ne résistons pas de mettre en ligne à notre tour, afin de vous faire partager nos passions communes pour le plateau aveyronnais-lozérien et … Jean Ferrat ! http://www.youtube.com/watch?v=PXd6xTMLvpw et  
 
 Chronique du 28 août 2012
La lune et le vélo en deuil

Armstrong est mort deux fois cette semaine. Et s'il n'y a que peu de chance que Neil revienne un jour, il n'y a quasiment aucun risque que Lance ressuscite. L'un avait marché sur la lune, l'autre écrasa le tour de France. Le premier s'était contenté d'apparaitre une fois en bibendum bondissant sur le petit satellite de la terre, le second s'adjugeait sept victoires dans la grande boucle sans le moindre égard pour ses seconds. Celui de l'Ohio avançait à 10 000 à l'heure, le Texan ne dépassait pas les 20 dans le Galibier.
L'extra-terrestre n'est pas celui que l'on croyait. Le géant Neil Armstrong figurait parmi les humbles, discret, prudent au contour de tous ses propos. Fuyant caméra et micro dès lors qu'il n'avait plus rien à dire, il n'avait pas davantage sombré dans le grand cirque politico-médiatique. On ose à peine imaginer si Bernard-Henri Lévy avait marché sur la lune... et on panique !
On peut toutefois trouver une autre explication à ce mutisme qui vient d'atteindre son paroxysme ce 25 août. Le pionnier lunaire jugeait probablement aussi qu'il en avait assez dit -de conneries- pour ne plus en rajouter alors qu'il n'avait plus que des occasions de se taire. Parce que pardon : « Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité... » en voilà une de belle ! Je sais pas si vous avez la moindre idée de ce en quoi l'humanité a progressé depuis le 21 juillet 1969, mais si c'est le cas, ne soyez pas vache, faites le moi partager.
Tout ce que je sais, c'est que j'avais onze ans et que je roulais dans la nuit entre Aix-les-bains et Graulhet à l'arrière d'une R8. J'observais la lune en écoutant les commentaires sur France Inter. Car c'était l'époque -qui dura chez mes parents jusqu'à la malédiction de la Coupe du monde de foot 1970- où l'on pouvait regarder le poste et nourrir son imagination, en évitant la grande machination de l'image et de la télé qui allaient coloniser les esprits -surtout les faibles- et faire pour le coup, un grand mal à l'humanité.
Avec notamment les retransmissions du Tour de France et la glorification de tricheurs invétérés et souvent invertébrés. Car ce qui me choque, outre le culot inouï de cet Armstrong-là qui s'offrait le luxe d'être en prime éminemment antipathique, c'est l'assourdissant silence qui accompagna sa grande carrière de tricheur. Que ses équipiers, qui béquetaient sur son EPO, se soient tus, passe encore ; mais que tous ceux dans le genre Virenque, Pantani et je ne sais combien d'autres -qui ont plongé dans l'opprobre- l'aient bouclé, là, cela m'échappe ! Il s'agit sans doute de l'un de ces grands numéro de lâcheté dont notre société semble désormais se repaître à satiété.
Un tribunal américain l'a destitué de ses sept victoires, se substituant au passage à l'UCI qui n'a jamais eu l'honnêteté de le faire. Seuls quelques croyants intégristes de la petite reine peuvent dés lors imaginer que l'image sainte du champion bidon sera un jour distribuée à l'entrée de la grotte du Tourmalet. Le vélo, dites-le vous bien, c'est fini. Et c'est une bonne nouvelle. On peut même raisonnablement envisager qu'il n'entraîne tous les sports de compétition et de pognon dans sa chute.
Un jour je vous exposerai mes propres croyances en l'occurrence. Comment récupérer beaucoup d'argent en mettant tous ces sportifs à courir, pédaler et ramer afin de produire de l'électricité. Propre et pas chère puisqu'ils se contenteront -comme vous et moi- de 2000 euros. Ce qui est déjà bien beau pour le peu d'expertise que cela demande. On branchera aussi les commentateurs télé sur des accumulateurs, car avec toute l'énergie qu'ils produisent à gueuler pour du vent dans leur micro, je ne doute pas qu'ils rivalisent avec les éoliennes. Fini ces types qui, avant de courir 100 malheureux mètres, font les singes devant des caméras complices et idiotes. Fini ces Experts qui, parce qu'ils sont champions du monde d'un sport qu'ils sont les seuls à pratiquer avec l'Islande et la Moldavie, se permettent de mettre à sac un plateau TV. Fini ces présidents mégalos-paranos qui, parce qu'ils ont un peu de fric à perdre, se permettent de diffamer et d'humilier les arbitres, les vieux, les journalistes qui leur résistent...
Car quel exemple donnent tous ces gens que l'on paie des fortunes pour abrutir le peuple, aux enfants de ce peuple, justement ? Quels repères, quelles valeurs, quelle intelligence ?
Alors oui, fini le cyclisme, l'athlétisme, le hand, le rugby. A moins que tout au contraire, ces sports ne renaissent. Et que l'on retrouve un peu de plaisir à courir et jouer. Sans argent, ni caméra... Finalement je ne te dis pas merci Lance, mais le coeur y est...
Jaco
 
 Chronique du 21aout
                 Le top 50 de nos fidèles                      



Ça y est, on arrive ! On ouvre les lourds volets verts, Jo installe la terrasse au pas de course -ce qui est bon signe !-, Marie dresse les couverts et les verres sauvages. Dans la cuisine, les frigos réduits au silence depuis un mois reprennent leurs ronrons et le four monte froidement en chaleur. Le parfum des crèmes caramels flotte sur la cambuse. Romuald ne va pas tarder à pousser la porte avec trois énormes colis et sa bonne humeur. Nous en extrairons les merveilles de Conquet : entrecôtes géantes, rumstecks fondants, saucisses et tripous irrésistibles. Il ne manquera plus alors que le facteur qui nous amènera une lettre du RSI nous demandant des ronds.
Bientôt ce sera le train-train. Enfin pas exactement. Le train-train, c'est jeter des frites congelées dans une cuve d'huile saturée. C'est tenter d'ouvrir de vieilles moules épuisées. C'est tirer et fermer à tout bout de champ et pour n'importe quoi, la porte du congélateur, puis immédiatement après, celle du micro-onde.
Mais, faire et refaire l'aligot tous les jours en l'écoutant filer sur la cuillère comme la corde d'un violon sous l'archet ; chercher le bon équilibre pour sortir le meilleur gaspacho ; marier le cèpe, l'échalote et le thym pour faire exploser les saveurs de la sauce Aubrac ; tourner des crêpes en pleine canicule ; poêler une belle pièce de bœuf dans le crépitement piquant du saindoux et de l'huile d'olive... il n'y a là point de routine. Le bonheur est ici renouvelé, les sensations différentes : le geste, les murmures, les coups de gueule, les effluves, les saveurs.
Voici tant de valeurs et de mots ajoutés, presque un bréviaire dont on jurerait qu'il est devenu obsolète. Tant et si bien qu'il nous plonge dans une manière de solitude qui, si elle n'était pas faite pour me déplaire initialement, commence à me taper sur le système. Il arrive un moment ou l'ivresse de la solitude se mue en vertige de l'isolement.
Lorsque par extraordinaire il passe quelqu'un place Lambert il lit : « Pour votre santé, restaurant garantie sans frite ! » et il poursuit son chemin en riant. Remarquez c'est déjà beau de rire de sa connerie. Il y aussi ceux qui se prétendaient mes « amis » - sans doute de la même grande famille d'encre-usée de Face d'Bouc- et qui se disent entre-eux, péremptoires : « l'aligot en juillet, pas question !». Et puis tous ceux qui bouffent des graines et broutent de l'herbe toute l'année en se mâtant le cul dans leur miroir de princesse ou en s'admirant le nombril chaque fois que le coq chante...
Lorsque nous avons porté Aubrac sur mer sur les fonts baptismaux nous connaissions bien cette émergente engeance et son redoutable pouvoir de nuisance sur le bon goût et l'intelligence. On ne la soupçonnait pas, néanmoins, à ce point majoritaire. Et ne parlons pas de ceux qui, au cœur de Toulon, nous trouvent « trop loin » et qui à 500 mètres de tous les parkings, redoutent de ne pouvoir se garer. A tel point qu'il nous arrive parfois d'imaginer que nos seuls clients potentiels sont tous handicapés.
Enfin bref. Nous sommes hyper heureux de nous être levés le cul et de bonne heure pour rétablir un semblant d'intégrité et d'allégresse à la « bouffe » toulonnaise. Hyper heureux parce que vous êtes-là, mes amis, mes frères, mes sœurs, mes saints d'esprit, mes fines gueules. Vous pour qui le bœuf, le veau, le cochon et mêmes les couvées d'Aubrac ne sont pas morts pour rien. Sur nos trois premières années d'exercice, j'ai établi un classement dans l'ordre de cette fidélité, à laquelle je suis tellement attaché. Non seulement parce qu'elle honore l'humanité, mais aussi parce qu'en l'occurrence, elle nous permet de vivre. J'aurais pu en mettre cent et même au-delà. Mais cinquante ce n'est pas si mal (et tellement difficile à caser sur une seule photo !) et j'espère bien vous y voir dans le futur palmarès de nos joyeux convives...
Comme chaque année nous attaquons ce quatrième tour avec l'espoir que ce ne sera pas le dernier et qu'au contraire grâce à vous, à ce blog que vous diffuserez au centuple, à notre cuisine que vous apprécierez toujours plus, à notre générosité que l'on ne vante que parce qu'elle est naturelle, nous serons enfin payés en retour.
Adiou et mantsas pla...
                                                                                                                                                          Jaco 


 
 

« Aligot ...! go...! go...! » selon Christian 
Nous avons reçu ce cri de ralliement de notre ami Christian, tellement provençal et pourtant passionné d'Aveyron comme nous. Et quand il ne chante pas -avec le groupe Occi'cant- la Coupo Santo sur la pelouse de Mayol, il chante le terroir, la gastronomie, l'amitié. Voici sa carte postale à lui que l'on aurait pu rebaptiser Coupo d'aligot :
« Aligot... ! go... ! go...!
Cri de raliement bien connu des adictes de la pommade rouergate.
Moi, c'est pas compliqué : en 5 jours (trop courts) passés aux confins tarno-aveyronnais, du 1 au 5/08, je m'en suis enfilé, goulument, résolument, avidement, incontestablement, incontournablement, volontairement, passionnément -m'avez compris- :  aligot/saucisses le 1 au soir à Sauveterre de Rouergue,  aligot/jarret de porc le 2 au soir à Monesties , itou entrecôte, si... si... même lieu le 3 au soir, à midi avec une andouillette -woueï !,  le 4 à Najac, -Et le 5 ? RELACHE.
Ceci étant proclamé, revendiqué, affirmé, que dis-je ?, bu et approuvé avec des Gaillac blancs, éventuellement "perlés",  je suis déjà z'en manque.
Tu vois, nous on a l'ailhet, p... ça me plait, mais après, c'est bien connu, faut faire un pénéqué et  surtout pas aller carigner, que la belle elle va pas le supporter. Tandis que l'aligot, ça glisse, ça onctue,  ça satine, ça adoucit, ç'est moelleux, paisible, compréhensif, tolérant.
Une fois digéré tu peux t'y recoller, ça prête pas à conséquence.
Que du bonheur.
Bon, Saints Nasbinals, Chély, Urcize et Enimie que votre aligot soit sanctifié et, si ce n'est déjà fait,  inscrit au patrimoine de l'humanité. »
Crestian; lo geolog occicantesque.


 Post-scriptum


Les vacances continuent et elles ne sont pas de tout repos. De notre base tarnaise évoquée ci-dessus, nous avons dérivé vers l'Ariège. Nous sommes allés faire le plein de générosité, d'enthousiasme et de gaité, chez les nouveaux amis qu'on a : les p'tits canards de Durban/Arize. J'ai prénommé : José et Jean-Luc.
Les lecteurs assidus -et même plus- ont déjà lu la chronique que je leur ai consacré il y a six mois, lorsque nous les avions découverts. Deux « titis » toulonnais qui ont craqué et qui ont tout lâché de leur vie insipide et superficielle, pour s'installer au milieu de plus rien et communier avec ce qu'il en reste. Sur l'anso de Marichott (l'enco de Thérèze et Rosalie si vous aimez mieux), José et Jean-Luc gavent leurs canards à tour de bras et reçoivent de bon coeur. Y compris quelques vieux souvenirs varois, tels que Barbara , Bernard (et Orane) du Pradet, avec lesquels nous nous sommes retrouvés sur la « ligne verte » pour une soirée de folie, à défaut d'une matinée sur Rosalie. Et avant que d'évoquer furtivement la soirée, nous devons tous passer un très amical coucou à Liliane, sans laquelle tout cela n'aurait pas existé.
Nos « P'tits canards » ont installés, sur l'aire du Ségalas à Durban entre Foix et Saint-Girons-, une superbe guinguette où les tartines de jambon, les kebabs de canards et les frites maison à la graisse de coin-coin, partent comme des petits pains -avec un peu de foie gras dessus-. Et à l'occasion nos aventuriers-poètes de la bonne chère et pour la bonne cause, donnent aussi dans le spectacle. Chouette ! Ce vendredi-là, il y avait spectacle. Nous avons vu panteler jusqu'à l'anse, un véhicule « utilitaire » dont l'utilité pouvait, de prime abord, nous échapper. Deux hurluberlus en descendirent. Des extra-terrestres comme l'Ariège en réserve encore quelques spécimen conservés dans les torrents de montagne et l'eau de vie... Anne-Sophie (Soan pour les intimes) toute calme et timide et Rémi un peu paumé se transformèrent alors en Tzigales. En lions. Un guitare, un chapeau en canard, deux couettes, un accordéon, une voix. Et en avant. De « J'y vas t'y » à « La femme du Chasseur » en passant par la « Comédie » , de la « Piscine » aux « Spermatozoïdes » je ne sais ce que j'ai le plus aimé de ces arrangements ou -plus exactement- de ces dérangements. Je ne sais si ce sont des parodies de Gainsbourg, Barrier, de Paolo Conté, Boris Vian et des Frères Jacques, mais j'étais au paradis. J'en conclus qu'il s'agissait de sublimation de chansons sensuelles et grinçantes. De géniales métamorphoses. La « Déambulation » délirante et « l'Indifférence » totale m'ont laissé sans voix. 
J'y vas t'y, j'y vas ? Givrés...
Allez y aussi. Trouvez leur CD, allez les voir sur http://www.myspace.com/lestzigales/music/songs/ harcelez masson.annesophie@voila.fr et nous ferons ce qu'il faudra pour que ces deux-là viennent jusqu'à nous, au Pradet et Place Lambert.
N'est-ce pas Bernard et Jean-Luc ?

 Chronique du 7 août 2012
Le pouvoir des fleurs


Au trentième cocorico poussé sur les ondes médiatiques par Gérard Coqltz je me suis échappé. Je n'ai rien contre les manifestations de joie, j'accepte les effusions avec parcimonie (si elle s'est lavé les dents) mais il m'est nécessaire d'en palper le fondement. Tandis que là, le type, à la télévision, qui s'étouffe durant 9 secondes et 63 centièmes parce que Bolt a battu Blake de 8 dixièmes, là, vous pourrez vous lever aussi bonne-heure que vous voudrez, vous ne me l'expliquerez jamais.
Après, qu'il y ait des demeurés, y compris à la télévision, je n'en doute pas. Qu'on les recase aux sports, j'en connais... Mais pas à une heure de grande écoute, pas devant des millions d'enfants. Parce que si on commence à se piquer à l'extasie en apercevant huit types courir côte à côte, que se passera t-il lorsqu'on découvrira des milliers de fleurs nouvelles tapissant un horizon de joie ?
Depuis que le monde est monde, on a donné de l'argent à une poignée de riches pour qu'ils puissent s'amuser et des jeux à des milliards de pauvres pour qu'ils se contentent d'en rêver. Ni Désmoulins, ni Cambacérès, ni Saint-Just, ni Besancenot ne sont parvenus à perturber le cours de cette sale histoire...
Je suis donc sorti, avec mon bâton et ma femme -je n'ai pas de chien !- pour rallier Bastide à Bastide. De la Route d'Argent -au coeur de Nasbinals- au buron de Born -au milieu de plus rien-. Au premier regard jeté sur l'immensité, les bords de sentiers s'éclairent comme une piste d 'atterrissage dans la nuit. Ce sont les brassées de digitales et centaurées qui ondulent au loin comme une vague qui vous appelle. L'oeillet de séguier et la frêle aspérule vous courent, téméraires, sous le pied, jouant de bleus et violets avec la jaune gagée ou le petit pavot.
Et il n'y a jamais d'herbe assez. Ni d'herbacée. De la petite violette lutéa, au grand genêt poilu, la nature soupire de grands bonheurs tranquilles. Mais l'ancolie des montagnes nous ramène à la réalité, jusqu'à ce que la gentiane, le thé d'aubrac et la ligulaire vous entraînent dans un tourbillon où s'enroulent déjà, sauterelles et papillons. Le bourdon dandine son gros dard à l'air tandis qu'il farfouille au plus profond d'un coeur de chardon. Là-bas l'orchis disparaît dans l'herbe folle...
Mais où sont donc les caméras de télévision ?
Et rendez-vous compte, si au lieu de sa voiture, l'homme avait choisi la nature. Si plutôt qu'à moteur il avait pris la mer à la mâture. Si plutôt que le Nebraska, la Thaïlande et les Seychelles, le touriste avait découvert l'Aubrac, la Drôme et le Comminges ! Combien d'économies aurions-nous pu réaliser pour que les riches puissent s'amuser. Une balade sur un sentier de Lozère, contre un jeu vidéo, une tablette, un I-pet ! Vous imaginez, d'un coup, l'économie de petits cons en puissance ? Oui je sais, c'est vertigineux. Et utopique. On me dit, dans l'oreillette, que mon voisin préférera toujours l'odeur du kérozène brûlé à une bouse fraiche livrée le matin même avec les croissants chauds. Qu'il privilégiera aussi sa séance photo et sa projection vidéo des vacances au Kenya -deux heures aux bas maux- en famille, à l'évocation furtive d'un bien-être à partager et à découvrir. Qu'il s'appuiera systématiquement et à jamais sur les roues de sa bagnole plutôt que sur un bâton de randonnée...
En somme ce n'est pas pour une fleur de montagne, un concert de clarines sautant de vallons en forêts, un petit air de liberté, un grand bol d'oxygène que l'homme va risquer de marcher dans la merde.
Il préfère, y rester !
Jaco

 Chronique du 31 juillet 2012
Pur jus olympique

Bouhhhhh, excusez-moi, je suis encore en retard. Cette fois ce n'est pas la faute à la voisine. Je l'ai expédiée à cinq cents bornes, elle peut toujours tousser et sa gamine s'égosiller. Non, cependant il y avait de la colle dans le lit ce matin. Quel alcool ? Non ce n'est pas l'alcool, je viens de vous dire de la COLLE dans le lit.
Rapport à l'heure à laquelle je me suis couché cette nuit. Depuis qu'ils sont partis, depuis que le « Gode save ze couine » s'est érigé dans le ciel irisé de London, je suis à fond dedans. De l'aube au crépuscule et, si je suis avec vous pour ce petit moment de chronique extatique, c'est que je vous aime. Pas tant qu'Elise Bussaglia la football-woman ou Franck Dumoulin le tireur à la carabine 50 mètres rifle trois positions (certes loin du kamasutra), mais quand même je suis heureux d'être avec vous.
D'ailleurs je me dois de vous faire un aveu. Si je suis parti en vacances, si nous avons fermé à cette époque où nos concurrents accueillent, à bras ouverts et un grand sourire, les touristes à la pelle, c'est exclusivement pour ne rien manquer des aventures de Kevin Sireau ou de Sandie Clair, ces athlètes bien de chez nous dont Var Mat a décrété sur cinq colonnes à la « une » que nous étions tous avec eux. Je ne connais pas personnellement le rédacteur en chef du journal en question, mais il doit y avoir du Pierre Lazareff en lui !!!
Mais une telle ferveur a un prix. Je suis épuisé. Depuis la cérémonie d'ouverture, je n'arrête plus. Les sites sont certes homogènes, les directs bien enchaînés et les piles de ma télécommande sont neuves, mais on finit par avoir des crampes à la patte d'oie et des fourmillements aux orteils.
Vous avez vu si c'était somptueux cette inauguration, là. Vous avez vu la reine descendre en parachute dans les bras de James Bond. Et le sous-marin jaune et le beau Beckam et prince Harry... Qu'est-ce qu'ils sont fortishes ces britishes. Il faut bien le reconnaître, avec un tel humour on comprend mieux qu'ils aient séduit le Comité International Olympique.
L'humour et pas le fric parce que vous le savez, grâce au Baron de Coubertin, l'argent est totalement banni, voire même honni des monts d'Olympe. Et encore heureux. Il manquerait plus que ça qu'on verse des pots de vins au Bhoutan ou à l'Albanie pour qu'ils votent en faveur des uns ou des autres. Il manquerait plus que ça que l'on paie un joueur de basket américain ou un perchiste français. Il manquerait plus que ça que des multinationales s'approprient ce symbole du patrimoine universel, pur, laïque et totalement désintéressé. Il manquerait plus que ça que le pognon coule à flot entre les bouées des piscines et les lacs artificiels et que l'on transforme un site olympique en parc d'attractions Mickeyland, où l'on peut décrocher le jackpot à chaque sourire d'enfant, à chaque émotion athlétique.
Parce que je sais pas vous, mais voir ce filin se tendre au bout de l'arc, ce doigt se contracter sur la gâchette, ce type qui court depuis quarante bornes au bord de l'effondrement, ces deux corps enlacés depuis des plombes sur un tatami en gréco-romaine, ces gracieuses demoiselles taper dans un ballon -ou parfois même à côté-, ces aller-retours dans un bassin pour une chaîne ininterrompue de brasses et de papillons d'une semaine dont on sort des médailles à foison comme des poissons d'argent -pour ceux arrivés seconds-, ces petits bateaux, ces petits vélos, ces gros dadas et tous ces fadas qui commentent à la TV comme si leur vie en dépendait. Tout cela me remplit d'allégresse et me regonfle le moral comme après un service gagnant (vingt-cinq couverts minimum).
Et puis, vous savez ce que c'est. En vacances on n'aime pas bien être dérangé avec les cataclysmes en Amérique du sud, les génocides en Syrie et les licenciements en série. Chacun son merdier en somme. Même les brasiers du sud-est dont la télé fait son beurre estival, se semble plus faire frissonner l'imaginaire.
A la place vous prenez un Lacourt, vous lui pendez une breloque autour du cou et vous avez la moitié de la France (féminine) en orgasme, l'autre moitié ramassant le pactole. Car au fond, rêver de ce qu'elles n'auront jamais et compter les médailles, voilà un résumé exhaustif de l'hexagone . Aux Jeux Olympiques et à la Caisse d'Epargne. Et comme dirait l'autre cono avec sa voix de fausset, sa coupe en brosse et son petit vélo : « vive le sport à la télé» !
                                                                                                                                                       Jaco

Chronique du 24 juillet
                      Salauds de pauvres !

Ah ! pour me gâcher les vacances, les « socialos » -comme on dit parfois dans mon entourage-, ils s'y entendent. Car c'est toujours sur les mêmes que l'on tape. Voilà que l'on veut imposer à 75 % les revenus au delà d'un million d'euros. Sans parler de l'impôt exceptionnel de solidarité à tous ceux dont le patrimoine dépasse 1,3 million d'euros. C'est tellement révoltant que je suis même étonné, qu'à l'instar de l'Espagne, il n'y ait pas encore eu des mouvements de foules d' indignés à Neuilly, Megève et Mougins.
Moi, je le savais qu'on serait emmerdé avec ces types. C'est comme s'ils avaient quelque chose contre le pognon. A tel point qu'ils ont décidé d'en rendre. Tenez, le Hollande, là, il refile un tiers de ce que son prédécesseur s'était octroyé à la sueur de son immense front. Pareil pour les ministres ! Ah ! ils feront moins les malins lorsqu'ils verront les prix de la dernière BMW X5 ou d'un jet privé de type Gulfstream. Parce que tout augmente, monsieur, même les produits de première nécessité !
Alors non seulement ils ne travaillent pas ; non seulement ils ont les traits tirés d'avoir écouté, tard le soir, les prévisions boursières de Jean-Pierre Gaillard ; non seulement ils ne savent pas si la façade de leur chalet de Megève sera repeinte avant leur arrivée et si le palais de Mougins ne sera pas menacé par ses trois-cent-cinquante hectares de pinède ; non seulement le licenciement de huit cents ouvriers dans leur boite de la Mayenne est contesté par les syndicats et le gouvernement - alors que pourtant ils ont fait l'effort d'en embaucher 5 000 en Moldavie l'hiver dernier- ; non seulement tout ça, mais on voudrait encore leur prendre tout ce qui dépasse un million d'euros !
Comprenez la panique, que voulez-vous qu'ils fassent avec un malheureux million d'euros de revenus annuel. D'ailleurs, plutôt que de rire bêtement devant votre écran, vous devriez vous remettre en question en vous interrogeant sur ce que vous feriez avec un million d'euros ! Moi ça y est, j'ai trouvé. J'ai eu du mal, mais j'ai trouvé. La première année pas de problème... mais c'est les suivantes ! Quand tu as tout ce dont tu as envie et que c'est tout neuf, l'année d'après tu te demandes un peu ce que tu vas foutre de tout ce qui dépasse le million de revenus. Mais ça ,c'est mesquin de ma part, parce que eux, ces victimes du collectivisme, ils savent faire...
Dans ces conditions Zlatan Ibrahimovic a un mérite extraordinaire. Si vous êtes comme moi, vous n'en aviez jamais entendu parler. Et pourtant les Kowétiens (ou Qataris, j'en sais plus rien, mais ce sont des fous enturbannés) lui ont filé 14 millions pour aller taper dans son ballon au PSG.
14 M€ pas pour les trois ans de contrat, non 14 ... chaque année ! Vous vous rendez compte ce qu'il va devoir redonner à l'état français en trois ans ? 37 millions ! Ce type, à lui seul, va renflouer les caisses de la sécurité sociale. A condition toutefois qu'il ne se blesse pas ! Car à ce moment-là, c'est la sécu qui va devoir le payer... Alors que s'il avait été à Monaco, c'était tout pour lui. Bon mais il faut l'excuser ; c'est vrai qu'il a l'air très con... il a tout du footballeur !
Et j'ai maintenant un aveu à vous faire. Il taraude ma conscience. Erode mon sommeil. Cette année -malgré les « socialos »- je ne paierai pas d'impôts sur la fortune. Ni même sur le revenu (il faut dire que je ne suis jamais parti très loin...). Bien sûr que j'ai honte de ne pas, moi aussi, contribuer à la construction d'un nouvel aéroport ou d'un cuirassé à propulsion nucléaire, j'ai honte et ça me mine jusqu'au plus profond de mes nuits.
Tous les matins, vers 7 heures je me lève sur la pointe des pieds. Discrètement, j'ouvre les volets de mon restaurant. Sans le dire à personne mon épouse vient me rejoindre. On bosse comme des dingues, pas trop mal -enfin on fait ce qu'on peut- et on rentre épuisé après 60 heures par semaine. L'astuce pour ne rien payer, c'est de ne rien gagner. Ça fait trois ans qu'on fait ça super-bien. A part quelques mois en « R » on arrive même à en perdre un peu. Et surtout pour ne pas risquer d'avoir à participer à l'effort collectif de redressement national, on s'arrête un gros mois... Et on se permet de narguer ces malheureux riches : à notre tour on ne fait rien. Mais la différence c'est qu'on le fait, encore, gratuitement !
Allez, on vous a fait ces confidences, chers clients, parce qu'on vous aime, mais ne le répétez pas. On pourrait bien finir par avoir des ennuis et être contraints de s'exiler au Bengla...dèche.
Jaco
Chronique du 17 juillet

Halte aux artifices

Ce dimanche matin, impossible d'écrire ma chronique. Trop de vent ! Je n'étais certes pas en équilibre sur mon vieux noyer, mais il y avait les voisines. La gamine de cinq ans dont les piaillements augurent bien de sa carrière de future blonde et la vieille qui la garde. Celle qui tousse d'une seule toux pendant dix minutes avant de reprendre son souffle pour encourager la gamine à travailler ses aigüs. Elle est à cent mètres, mais pile dans l'axe de ma fenêtre si bien que sa douce voix rauqe and folle vient me taquiner l'occiput chaque fois que le mistral me la porte sur un plateau. Au début je me suis dit qu'avec ses deux paquets de clopes elle allait bien finir par le choper le crabe. Je ne lui donnais pas plus de vingt quatre mois à la cheminée. Eh bien croyez-moi ou pas, elle siffle toujours... et pas que de l'eau.
Et je ne veux pas la mort de tous les gros fumeurs. J'en compte pas mal parmi mes amis. Quand je dis mes amis, ce sont mes fidèles clients, car désormais foin de vie privée et de sentiments profonds, mes amis, les vrais, c'est vous. Ceux que je vois toutes les semaines ou presque place Lambert et qui supportent de lire, sans broncher -ou presque- toutes les conneries que je débite à longueur de blog. Vous me direz que pendant ce temps je ne dis pas de mal du voisin ou de la voisine. Enfin, sauf aujourd'hui ! Non, qu'elle fume soit, tant que c'est pas dans mon salon ! Qu'elle tousse, passe encore... Mais qu'elle m'empêche d'écrire le dimanche matin en m'expédiant ce qui lui reste de cordes vocales par le premier mistral, là c'est non !
Que voulez-vous, quand on pullule de la gueule, le plus souvent pour ne rien dire, je n'arrive plus à me concentrer et je bloque. C'est comme quand je vais aux vécés, si je devine quelqu'un derrière la porte, pareil... Pourtant je ne suis pas du tout constipé -on se croirait égaré dans une discussion sur Facebook !-, mais même pour faire pipi, ça me gêne, si vous êtes derrière la porte.
Enfin bon, y a du vent. C'est couillon parce que du coup, hier soir, il nous ont sucré le feu d'artifice. C'est pas que je sois accro  à la  belle bleue  et aux bouquets finauds mais toujours pareil, c'est pour le biseness. Je me suis dit que la mairie trouvait que les restaurants marchaient trop bien cet an-ci et qu'on pouvait donc leur faire sauter la soirée du 14 juillet. Mais heureusement avec quelques heures de retard certes, ce mistral s'est levé venant valider la sage décision de faire halte au feu. Et pour une fois qu'à Toulon, on range les artifices, je ne vais pas m'en plaindre.
Cela va faire des économies pour la ville. Et puis la Révolution ici ! Merci bien, les citoyens... Ils nous ont débaptisés pour qu'on devienne Port-la-Montagne. Tout ça parce qu'on avait fortement fricoté avec l'Anglais (un peu comme de nos jours du côté de Mayol, comme quoi, on ne se refait pas !!!). Mais il faut bien l'admettre, avec le calendrier républicain ce fut l'un des actes fondateurs et symboliques de cette belle idée d'abolition des privilèges, dont il ne reste hélas guère plus de traces, si ce n'est, évidemment, les privilégiés...
Et comme nos clients sont des gens qui ont tendance à aborder les festivités sous le même angle, nous n'avons pas perdu un pélaud dans l'affaire. Mes nouveaux amis que j'ai -nos clients donc, pour ceux qui ne parviendraient plus à suivre- préfèrent nettement avoir le nez dans l'assiette aubracienne que dans le ciel constellé de chimères.
Mais au départ, je le concède, j'ai cru que cette annulation consistait en un élan de solidarité avec nos amis du nord, de l'Atlantique et de partout ailleurs où les pétards étaient mouillés depuis six mois. Attention, à Arcachon aussi il a fait 35° comme chez nous depuis un mois. Mais c'était en trois jours : 12° le jeudi, 10° le vendredi et 13° le samedi !
Quand je dis à ma famille que nous vivons dans le Var sur une autre planète atmosphérique, l'hiver, la nuit, mais en l'occurrence au plein coeur de juillet aussi, ils semblent ne pas vouloir me croire. Comme si ça les embêtait. Et pourtant, croyez-moi, s'il y a bien un domaine pour lequel il n'existe à mes yeux aucune manière de fierté, c'est bien le temps qu'il fait. Généralement on n'y est strictement pour rien, contrairement au temps qui passe et que l'on peut à loisir et presque à l'envi, façonner, embellir, légitimer.
Voilà, je sais bien qu'il y a encore des amis qui me diront qu'ils n'ont pas saisi grand-chose de cette chronique et, préventivement je tiens à les rassurer en leur assurant que l'important, dans tout ça, c'est d'avoir des étoiles plein la tête.
Jaco 

La croisière ne nous amuse pas

Non ce n'est pas une nouvelle barre construite sur le port dans la semaine. C'est le Norvegian Spirit, l'un de ces immeubles flottants (jusqu'à quand ? ) qui envahissent les ports de la Méditerrannée. Il était intéressant de tester les retombées touristiques pour Toulon et notamment pour la restauration. 3000 croisiéristes qui débarquent sur un quai minable, où les bateaux de pêche évoquent clairement un pays sous-développé et qui puent abominablement du filet. Et lorsque cette odeur s'estompe enfin, c'est celle de la pisse qui prend vaillamment le relais.
Voilà pour la première impression ! Inutile de préciser que ce sera la dernière pour ces touristes d'un jour qui, pour l'essentiel, préfèrent rentrer à bord et respirer le bon air aseptisé de leur cabine. Quant aux retombées pour le commerce local, vous l'aurez deviné elles sont parfaitement nulles. Ainsi ce jour-là, à part un prostatique qui nous mendia les toilettes et une dame qui ne se sentait pas bien -et se reposa deux minutes sur la terrasse- nous ne vîmes pas un seul client.
En sorte que « Toulon ville de croisière » cela ne sert, une nouvelle fois, que  les apparences. C'est à dire l'essentiel.
 

 Chronique du 9 juillet

La porte Lambert à l'UNESCO 



Ça y est nous sommes célèbres ! Mercredi, il y avait plus de journalistes que de pigeons ou de maghrébins sur la place Lambert. Et je ne parle même pas de clients à notre restaurant !!! Au départ, j'ai cru qu'ils venaient pour moi. Je me suis avancé vers eux, les bras ouverts... ils passèrent sans même m'apercevoir fondant sur la fameuse porte d'à-côté.
C'est alors que je me suis réveillé : non je n'avais pas mon troisième gland au guide « Miche à l'air » ; oui « ils » venaient de se regrouper autour de la même porte, l'observant sous toutes ses moulures, désignant du doigt à l'attention de la caméra, la grâce singulière d'un tag, l'audace d'un coup de canif dans le contour, la finesse des traces de chaussures qui heurtent le regard jusqu'à la poignée. Tout l'art de la décrépitude, la tendance à l'abandon où Toulon est passé maître, est synthétisé à travers ce travail, que dis-je, cette œuvre grandiose.
Une fois encore j'étais hors du coup. Il ne se passait pas un jour sans que je ne m'indigne, ignare que j'étais, de l'état parfaitement abject de l'huis. Comment une ville, un propriétaire ou son syndic pouvaient-ils cautionner sans honte une telle horreur ? Bon je l'admets, je n'y étais pas ! Cette porte est sur le point d'entrer dans l'histoire au même titre que celle de Brandebourg ou d'Amsterdam -glorifiée par Brel : A la porte d'Amsterdam, y a des marins qui frappent... -... Toute la question est évidemment de savoir si elle sera rapidement classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Avouez que ça vous en boucherait un coin ! Nous aussi d'ailleurs, car j'ai bien peur qu'il nous faille embaucher. Et quand vous connaissez les difficultés à trouver un serveur muet et un cuisinier avec des ongles propres... Marie, quant à elle, s'occupera du magasin de souvenirs que nous ouvrirons, rue de la Glacière.
Enfin ! nous n'y sommes pas tout à fait. Nous avons même décidé de ne pas répercuter cette soudaine notoriété sur notre carte. Vous pourrez donc continuer à manger dans le restaurant le plus honnête de la Côte d'Azur pour 21 euros tout compris. Il va évidemment de soi que cela ne durera pas, mais notre décision est prise : même si la porte de Lambert entre dans le giron de l'humanité, l'assiette aubracienne (je précise pour les incultes : rumsteck – saucisse – tripous- ) ne dépassera jamais les 50 euros. Question d'éthique.
Il y avait même TF1. La télé de référence des bons français, le nec plus ultra de l'info rigoureuse et déontologique. Il faut admettre que pour abonder dans le sens des psychoses, des vieux clichés et des replis identitaires, la chaîne reste de la loin... la première ! Depuis plusieurs mois donc, l'un de ces illuminés qui font croitre le Front Marine plutôt que la paix sur terre, créchait à vingt mètres de chez nous sans éveiller le moindre soupçon. Il était près de neuf heures, le vendredi 29 juin, lorsqu'un commando du GIPN, armé jusqu'aux amygdales, portant cagales et pare-boules, ressortit avec deux acrobates du djihad , dûment menottés.
Ce n'est que quelques jours plus tard que nous apprîmes l'identité de ce pseudo fou de Dieu. Inutile de préciser que je n'avais aucun soupçon sur lui, ni sur rien. Ne faisant pas parti -je m'en excuse- des quasi-unanimes que la haine anime d'ailleurs -je crois- plus que la crainte. Il avait toujours la barbe bien taillée et la djellaba, ma foi -enfin plutôt la sienne- tirée à quatre épingles. Que le grand Belzébuth me damne, depuis Victor H., je n'ai rien contre les barbus – ce qui démontre à Daniel H. ma grandeur d'âme-. Et celui-là avait toujours un petit geste de la main, un gentil sourire et un brin de classe. En clair, il était bien plus sympa que l'autre voisin, certes blond et qui doit bien manger du cochon breton, mais jamais chez moi.
Dans cette guerre sainte, il me plait d'ailleurs à lever le drapeau blanc. Car je dois admettre qu'en trois ans je n'ai trouvé autour de moi, pas plus d' impolis et de malintentionnés qu'ailleurs. Même que ces gens nous ont très bien acceptés dans leur quartier. Certains allant jusqu'à s'excuser de ne pas manger des bêtes endormies avant leur exécution, sans quoi ils auraient eu plaisir à venir chez nous. Je n'évoque même pas, mes frères du monde athées, se moquant du tiers comme du quart de ces préceptes de tous bords qui, au nom de l'amour et de leur morale, font battre le monde depuis des siècles. Même que ce n'est peut-être pas fini...
J'en profite d'ailleurs, pour suggérer à mes lecteurs, amis et concitoyens de faire montre d'un peu plus d'indulgence à l'égard des uns et d'un peu plus de courage à l'égard des autres. En ne manquant jamais de respect à personne, mais en ne laissant personne vous en manquer non plus.
Un gamin qui gueule dans la rue comme si on allait l'étrangler ; un homme qui pisse dans un coin ; une mamie dont le chien dépose une belle merde sous vos pas ; une moto qui déboule à 750 décibels ; un serveur qui vous bouscule ; un cuisinier qui vous sert un plat congelé et « mijoté » au micro-ondes ; un journaliste qui vous fait passer une porte pourrie pour un monument historique... Ce n'est pas une question de race ni de conviction. Il faut dire non aux cons d'égoïstes qui nous empoisonnent l'existence.
Si chacun osait cette forme de vigilance, sûr que les autres en prendraient moins à leur aises. Nous occuperions tous notre place. Que notre place. Mais toute notre place. Et sur la Place Lambert comme sur toutes les places du monde, les petits merdeux et les grands manipulateurs se sentiraient moins à l'aise. Il ne s'agit pas d'avoir la tête haute, ce dont on se fout radicalement -surtout lorsque cela suggère une estime démesurée de sa personne-. Il suffit seulement d'avoir le regard droit... Comme sa conduite. Et pour la énième fois je vous réciterai ces vers qui ne doivent rien au Coran, ni à la Bible : « N'ayant pas d'idéal sacro-saint, je me borne à ne pas trop emmerder mon voisin. » Ou en encore : « Plutôt que de combattre ton ennemi, mieux vaut le changer en ami... »
Mon Dieu, c'est lui : Georges Brassens.
Jaco



La porte Lambert à l'UNESCO 



Ça y est nous sommes célèbres ! Mercredi, il y avait plus de journalistes que de pigeons ou de maghrébins sur la place Lambert. Et je ne parle même pas de clients à notre restaurant !!! Au départ, j'ai cru qu'ils venaient pour moi. Je me suis avancé vers eux, les bras ouverts... ils passèrent sans même m'apercevoir fondant sur la fameuse porte d'à-côté.
C'est alors que je me suis réveillé : non je n'avais pas mon troisième gland au guide « Miche à l'air » ; oui « ils » venaient de se regrouper autour de la même porte, l'observant sous toutes ses moulures, désignant du doigt à l'attention de la caméra, la grâce singulière d'un tag, l'audace d'un coup de canif dans le contour, la finesse des traces de chaussures qui heurtent le regard jusqu'à la poignée. Tout l'art de la décrépitude, la tendance à l'abandon où Toulon est passé maître, est synthétisé à travers ce travail, que dis-je, cette œuvre grandiose.
Une fois encore j'étais hors du coup. Il ne se passait pas un jour sans que je ne m'indigne, ignare que j'étais, de l'état parfaitement abject de l'huis. Comment une ville, un propriétaire ou son syndic pouvaient-ils cautionner sans honte une telle horreur ? Bon je l'admets, je n'y étais pas ! Cette porte est sur le point d'entrer dans l'histoire au même titre que celle de Brandebourg ou d'Amsterdam -glorifiée par Brel : A la porte d'Amsterdam, y a des marins qui frappent... -... Toute la question est évidemment de savoir si elle sera rapidement classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Avouez que ça vous en boucherait un coin ! Nous aussi d'ailleurs, car j'ai bien peur qu'il nous faille embaucher. Et quand vous connaissez les difficultés à trouver un serveur muet et un cuisinier avec des ongles propres... Marie, quant à elle, s'occupera du magasin de souvenirs que nous ouvrirons, rue de la Glacière.
Enfin ! nous n'y sommes pas tout à fait. Nous avons même décidé de ne pas répercuter cette soudaine notoriété sur notre carte. Vous pourrez donc continuer à manger dans le restaurant le plus honnête de la Côte d'Azur pour 21 euros tout compris. Il va évidemment de soi que cela ne durera pas, mais notre décision est prise : même si la porte de Lambert entre dans le giron de l'humanité, l'assiette aubracienne (je précise pour les incultes : rumsteck – saucisse – tripous- ) ne dépassera jamais les 50 euros. Question d'éthique.
Il y avait même TF1. La télé de référence des bons français, le nec plus ultra de l'info rigoureuse et déontologique. Il faut admettre que pour abonder dans le sens des psychoses, des vieux clichés et des replis identitaires, la chaîne reste de la loin... la première ! Depuis plusieurs mois donc, l'un de ces illuminés qui font croitre le Front Marine plutôt que la paix sur terre, créchait à vingt mètres de chez nous sans éveiller le moindre soupçon. Il était près de neuf heures, le vendredi 29 juin, lorsqu'un commando du GIPN, armé jusqu'aux amygdales, portant cagales et pare-boules, ressortit avec deux acrobates du djihad , dûment menottés.
Ce n'est que quelques jours plus tard que nous apprîmes l'identité de ce pseudo fou de Dieu. Inutile de préciser que je n'avais aucun soupçon sur lui, ni sur rien. Ne faisant pas parti -je m'en excuse- des quasi-unanimes que la haine anime d'ailleurs -je crois- plus que la crainte. Il avait toujours la barbe bien taillée et la djellaba, ma foi -enfin plutôt la sienne- tirée à quatre épingles. Que le grand Belzébuth me damne, depuis Victor H., je n'ai rien contre les barbus – ce qui démontre à Daniel H. ma grandeur d'âme-. Et celui-là avait toujours un petit geste de la main, un gentil sourire et un brin de classe. En clair, il était bien plus sympa que l'autre voisin, certes blond et qui doit bien manger du cochon breton, mais jamais chez moi.
Dans cette guerre sainte, il me plait d'ailleurs à lever le drapeau blanc. Car je dois admettre qu'en trois ans je n'ai trouvé autour de moi, pas plus d' impolis et de malintentionnés qu'ailleurs. Même que ces gens nous ont très bien acceptés dans leur quartier. Certains allant jusqu'à s'excuser de ne pas manger des bêtes endormies avant leur exécution, sans quoi ils auraient eu plaisir à venir chez nous. Je n'évoque même pas, mes frères du monde athées, se moquant du tiers comme du quart de ces préceptes de tous bords qui, au nom de l'amour et de leur morale, font battre le monde depuis des siècles. Même que ce n'est peut-être pas fini...
J'en profite d'ailleurs, pour suggérer à mes lecteurs, amis et concitoyens de faire montre d'un peu plus d'indulgence à l'égard des uns et d'un peu plus de courage à l'égard des autres. En ne manquant jamais de respect à personne, mais en ne laissant personne vous en manquer non plus.
Un gamin qui gueule dans la rue comme si on allait l'étrangler ; un homme qui pisse dans un coin ; une mamie dont le chien dépose une belle merde sous vos pas ; une moto qui déboule à 750 décibels ; un serveur qui vous bouscule ; un cuisinier qui vous sert un plat congelé et « mijoté » au micro-ondes ; un journaliste qui vous fait passer une porte pourrie pour un monument historique... Ce n'est pas une question de race ni de conviction. Il faut dire non aux cons d'égoïstes qui nous empoisonnent l'existence.
Si chacun osait cette forme de vigilance, sûr que les autres en prendraient moins à leur aises. Nous occuperions tous notre place. Que notre place. Mais toute notre place. Et sur la Place Lambert comme sur toutes les places du monde, les petits merdeux et les grands manipulateurs se sentiraient moins à l'aise. Il ne s'agit pas d'avoir la tête haute, ce dont on se fout radicalement -surtout lorsque cela suggère une estime démesurée de sa personne-. Il suffit seulement d'avoir le regard droit... Comme sa conduite. Et pour la énième fois je vous réciterai ces vers qui ne doivent rien au Coran, ni à la Bible : « N'ayant pas d'idéal sacro-saint, je me borne à ne pas trop emmerder mon voisin. » Ou en encore : « Plutôt que de combattre ton ennemi, mieux vaut le changer en ami... »
Mon Dieu, c'est lui : Georges Brassens.
Jaco


 Chronique du 2 juillet

Quelque chose en nous de Poulidor


Ça y est ! Ils sont partis. Et ça me démange toujours d'accompagner le peloton de mes petits commentaires perfides autant qu'admiratifs. Plus jeune, je rêvais de devenir Blondin. Non pas un brun décoloré, mais un Toine de la plus belle écriture. Un peu comme Hugo convoitant la succession de Châteaubriant. Il ne faut donc pas désespérer, même si le vieux Victor avait déjà dû atteindre et pulvériser son objectif.
Je suis donc en rade sur mon petit vélo à roulettes et je rame pour rejoindre les échappés... Il n'empêche, je reviendrai d'ici les Alpes ou les Pyrénées pour partager avec mes quelques lecteurs inféodés, ces folles chevauchées sous corticoïdes et/ou auto-transfusions. A ce point de l'ironie il convient de m'interroger sur les déraisons profondes qui m'ont admis sur les bords de routes de juillet, entre suceurs de roues et débiles à casquette.
Jamais je n'aurais pu supporter le Tour, moins encore m'y appesantir, le coude sur le comptoir, sans Raymond Poulidor. J'ai aussi beaucoup aimé Armonstrong, mais surtout lorsqu'il jouait de la trompette. Un peu moins lorsqu'il alla déranger les habitants de la lune qui ne l'avaient pas appelé. Et plus du tout lorsqu'il volait sur la terre cycliste, comme au coin d'un bois.
« Poupou », pour les plus jeunes, c'était ce type à l'accent à couper au couteau comme une bonne grosse miche de pain que l'on prend sous le bras, en surveillant d'un oeil le morceau de saucisse (voyez le type d'accent ?!?), qui était cent fois plus fort que les autres mais totalement infoutu de gagner le Tour, pas même un seul instant de porter le maillot jaune. En fait il ne gagnait que le Tour de Romandie et la Flèche Wallone parce que même le plus anonyme des grégorios d'Anquetil ou de Merckx n'en voulait.
Raymond c'était le pauvre type qui pédalait comme un damné, disposait des meilleures jambes et de cette âme paysanne admirable, mais qui ignorait qu'il fallait s' alimenter autrement qu'avec du jus d'orange et de la viande rouge pour franchir l'Isoard en tête. A un rival et néanmoins voisin de selle, mon Poupou demanda un jour « Mais comment fais-tu pour monter si vite en juillet, alors qu'en juin je suis obligé de t'attendre ? » Son compatriote, sérieux comme un commissaire de course lui répondit : «  Ne le répète pas, je mets un quart de rouge dans mon bidon avec un peu de sucre. »
Et voilà comment, tandis que les champions cyclistes s'envolaient avec moultes piqûres dans le cul -en rigolant comme des damnés-, le Limousin terminait l'étape à moitié ivre.
Cette histoire reste à étayer, mais quel qu'en soit son degré de véracité, elle a du sens. Raymond affiche, rayonnant, plus de soixante-dix ans et pète la santé... Quant à ceux qui se moquaient cruellement de lui, ils ne rigolent plus du tout. A moins que l'on puisse se marrer en enfer !!!
Poupou, c'était, c'est toujours l'humilité, le bon sens paysan, l'odeur du terroir, l'honneur de la terre.
Ce sont ces valeurs, las pas tellement universelles, qui nous ont conduit à imaginer cette toute petite enclave d'Aubrac dans ce coin de France maritime qui a tant à apprendre de la vraie vie. J'ai bien peur qu'à l'instar de mon idole de l'enfance nous ne parvenions pas davantage -et pour des raisons parfaitement symétriques- à porter un jour le maillot jaune.
Sans dopage, sans artifice, nous proposons des produits sobres et magnifiques. Et, poursuivant jusqu'au bout la métaphore, nous sommes dans l'Aubrac, plus proches des Bastide à Nasbinals que des Bras à Laguiole. Plus faiseurs que diseurs. Plus copieux que copieurs. Plus goûts que couleurs... Encore que, si j'ai beaucoup de mal avec la communication ampoulée et la poudre de perlimpinpin, je n 'en reste pas moins respectueux -presque envieux- de l'institution culinaire que sont devenus les descendants du Mazuc. Certes le repas est plus facile à digérer que l'addition. Mais, malgré leurs herbes folles et leurs assiettes en trompe-l'oeil, ils n'ont volé leurs trois étoiles à personne. Ils les ont même suées en famille. Et c'est attendrissant (à l'occasion, voyez le sublime documentaire « Entre les Bras »). Enfin un conseil, si vous voulez simplement bien (voire beaucoup) manger, profiter de l'atmosphère d'un vieux restaurant de village montagnard, ne vous trompez pas, c'est Route d'Argent à Nasbinals, Lozère.
Samedi à midi, avec une poignée de clients, que la passion des choses simples et sensées rassemblaient autour de nous, place Lambert, il me semblait que nous pouvions gagner l'étape. Mais sans doute s'agissait-il d'une course sans importance...
Jaco 
 Chronique du 26 juin 2012



 



Il me faut, en priorité, 
rassurer mon ami d'enfance Nico - de http://rugbyclub.wordpress.com -je ne vais pas m'en prendre à Roger Coude en l'air. Il appartient à ce passé que je ne peux -ni ne veux- renier, même si, vous me pardonnerez, je n'ai pas atteint le stade de la résilience. Roger avait cette façon de transcender les patriotes et de faire se dresser les supporters, que je jugeais -déjà- ... insupportable. Mais il y avait dans l'intonation, dans le sourire et le regard quelque chose qui trahissait une humanité qui veut que le pays, la couleur du maillot et du drapeau importent peu et se mesurent mieux à l'aune du comportement, dès lors qu'il est généreux ou, à tout le moins, honorable.
C'est en 1982, me semble-t-il, que j'éprouvai l'immense plaisir de partager un banquet avec ce brave Roger. Je faisais partie de ces papillons de nuit qui virevoltaient autour de la lumière qu'il incarnait avec son acolyte des combats épiques de l'ORTF, Pierre Balla. Et, que personne n'en prenne ombrage, Pierrot fut le type du rugby -et le type tout court- que j'ai le plus admiré. Car, té, en terme de classe, personne, dans ce milieu au moins, n'arrive à la cheville de celui-là. Bref pour en finir, Nico, Coude en l'air et Balla se levèrent à la fin du banquet et en titubant, repus de vin et de mets divers et divins, quittèrent, augustes, la salle en s'appuyant l'un à l'autre. Ils se complétaient si bien que lorsqu'ils étaient ivres – à chaque banquet donc- ils ne penchaient pas du même côté et pouvaient ainsi se maintenir droits.
Non, c'est de Marc D. que je voulais vous entretenir. Marco du Mourillon, vous connaissez pas ?
Ah d'accord ! vous n'êtes pas de Toulon ? Ou alors vous n'avez jamais fait le P'ti Ru ?
Je ne réponds, moi non plus, à aucun de ces critères fondamentaux et pourtant je le connais mon Marco et je l'aime. Il faut dire que cela fait quasiment vingt ans que je me le tape. Enfin bon l'expression n'est peut-être pas la mieux adaptée, je voulais dire que je le subis. Que nous nous subissons.
C'est évidemment en ma qualité de journaliste que je l'ai d'abord connu, tant il a toujours été impliqué dans le jeu et qu'il eut l'idée sublime de lancer ce rugby de plage à toucher.
Et quand je dis en ma qualité de journaliste, je ne prétends pas que ce soit beaucoup mieux que d'être comptable ou cadre de banque, ne vous méprenez pas. Encore qu'il y ait pire ! Avocat peut-être ? Non je plaisante. Je le pense, mais je plaisante. Il faut dire que je n'en ai quasiment jamais reçu un dans mon établissement certes modeste, mais qui ne triche jamais. Il peut d'ailleurs y avoir un léger rapport de causalité...
Son P'ti ru est fantastique. Parce qu'il catalyse toutes les énergies. Positives. Celles qui meuvent et émeuvent un individu anonyme, le minime de Draguignan ou l'ailier de 52 kilos de Mar-Vivo, qui se mesure sans jamais l'avoir rêvé à Mignoni, Hueber, Delaigue, Dridi, Umaga, Lovobalavu...
Le rugby -dont il fut un grand éducateur, mais également le père de Damien un joueur et un homme d'une totale exemplarité-, le rugby n'est plus « l'école de la vie ». Dites-le vous, cette phrase qui emplit en son temps, les écoles de Basile, Nano et tant d'autres éducateurs avec un grand E et une éternelle reconnaissance, n'est plus qu'une vue de l'esprit. L'esprit se situant désormais à la hauteur du portefeuille. Du fantasme du papa (et/ou de la maman) qui voient tous les matins dans leur rejeton pousser un Wilkinson ou (pour les plus malchanceux) un Hayman, mais qui abandonneront le rugby dès qu'il s'agira d'y jouer à Tarbes, Vannes ou La Seyne. Et de l'ego de ce gamin qui ne grandira qu'à travers ces chimères et dont toutes les valeurs s'étioleront au fil de ses désillusions. Ne ne lui restera plus alors... que l'ego et de sacrés dégâts !!!
Son P'ti Ru, à Marco, est remarquable. Parce que le joueur raciste est rejeté. Celui qui s'en prend à un arbitre sodomite est exclu. Celui qui prétend que les dirigeants de rugby sont des vieux du sud-ouest qui se pissent dessus, sont définitivement éliminés. Ceci dit, il n'y a quasiment que des gens bien élevés et culturellement aguerris aux règles du rugby et de la courtoisie. En sorte que sur la plage du Mourillon, il n'y a jamais un grain de sable dans les rouages de ce rugby qui se revendique petit et entend le rester.
Et je n'écris pas tout ça sous la menace ou le coup de l'émotion, parce que Marco nous avait choisis pour réunir son association, vendredi soir, à Aubrac sur mer. Je n'écris pas cela, parce que malgré nos caractères de cochons, on ne s'est jamais disputés une seule fois. Je n'écris pas cela parce que ce type passe son temps au service des autres, alors que je n'ai jamais été capable d'aider un seul instant mon prochain. Je n'écris pas cela parce que certains de mes amis proches ne l'aiment pas tant que ça. Je n'écris pas cela parce qu'il a fait partie des éducateurs intègres qui ont fait joliment pousser mes gosses grâce à ce sport merveilleux.
J'écris cela , parce que le P'ti Ru fait la grande rivière et que ça me vient bien ainsi...
Jaco





Malgré des notes très moyennes en vidage de poulpes, en nettoyage de poubelles, en tournage de farçous et en pêchage de rouquier, Eddie, notre érudit à nous, a décroché son BTS d'hôtellerie (14 de moyenne). Oui, vous aussi vous vous demandez comment ? Et bien parce qu'il a eu 19/20 au rapport de stage, qu'il effectua -faut-il le rappeler- à Aubrac sur mer trois mois et demi durant, entre mars et juin 2011
Mais tout le mérite lui revient. Car il lui a fallu expliquer comment on pouvait encore à Toulon, faire de la restauration en restant honnête ; être sérieux sans se prendre au sérieux ; et plus encore maintenir un établissement ouvert durant trois ans … sans client !
Et ben mon gars chapeau ! Marie, ta cousine du « grand nord », Jo, ton DRH distingué, ainsi que ton humble serviteur et néanmoins camarade, te félicitent et t'embrassent.


Merci Patrick

Chers Jacques et Olivier,

Je viens d'apprendre la disparition de Patrick. Je voudrais m'associer, autant que faire se peut, à votre douleur et celle des vôtres.
Dans ma difficile carrière aux côtés du RCT, je ne me suis que très rarement senti aussi bien qu'avec Patrick. J'avais pour lui une affection, une complicité, une admiration. J'aimais sa franchise, sa générosité, sa solidité en amitié... Et ses excès, dont j'ai tellement
entendu parler avec exaspération, sublimaient d'une certaine manière ce personnage tout entier.
Mon plus grand regret -si ce n'est ma faute- est d'avoir cessé de communiquer avec ce type qui ne m'a jamais apporté que de la bonne humeur, de l'apaisement et une sorte de force. Celle de croire en la nature humaine. Je crois et en tout cas j'espère qu'il connaissait mon attachement.
Je me permets de publier dans mon blog ces condoléances, car même si il y a toujours une sorte d'atteinte à la pudeur d'ainsi se dévoiler, il me semble plus important encore de témoigner du respect et de l'amitié que l'on accorde à ceux qui le méritent. 

Je vous embrasse                                                                                                                                           Jacques   
 Chronique du 19 juin 2012
La philosofoot perd gros


Thierry Râlant est mort. C'est triste pour sa famille. Et son chien s'il en avait un. Je ne parle pas de la famille Le Pen dont il exprimait -avec cette élégance primesautière qui permet de repérer aux premières intonations le bon journaliste sportif-, tout le raffinement des idées. Depuis hier, je m'interroge et je ne vois toujours pas comment l'humanité va s'en remettre. Ni l'Euro d'ailleurs qui vacillait déjà de l'audience et pourrait bien désormais s'effondrer.
Car depuis samedi et comme toujours dans ces cas là, les meilleures tranches d'info sont consacrées à la disparition du grand homme. Comme le chantait Brassens : « Les morts sont tous des braves types... ». C'est autrement plus emblématique que la disparition d'un prix nobel de science ou d'un peintre contemporain (ouais je sais, s'il disparaît aujourd'hui, il est forcément contemporain, le peintre).
Encore que, s'agissant de Thierry Rotant, il se situait davantage dans l'intemporel. Magnifiant, toujours avec ce sourire délicat et de subtiles intonations, l'aile de pigeon, le coup du sombrero, les salauds d'arbitres, lorsqu'il n'étaient pas -circonstances insupportables- tunisiens !
Non moi, il m'aurait bien fait marrer si je l'avais une seule fois écouté plus de cinq minutes. Car je dois vous le concéder à présent, je n'ai jamais pu regarder un match de football à la télévision. C'est comme ça, c'est au-dessus de mes forces. Je sais, c'est pas bien, mais avec le foie de veau et la tarte aux concombres (dans laquelle je mettrai à la places des olives, deux anciens collègues de Var matin, un directeur de rédaction -pas toi Patrick- et un ancien éditeur) le ballon est la chose que j'exècre le plus au monde.
Il est porteur de toutes les véroles de l'esprit. Dont il est au demeurant -et au demeuré- totalement dépourvu. Voilà donc un sport consistant dans les grandes lignes -je résume pour ceux qui comme moi n'auraient jamais gaspillé une once de leur précieuse attention, au visionnage de cette absurdité télévisée en boucle- à se passer le ballon, jusqu'à ce que le mieux placé tape de toute ses forces dans un filet. Si le gardien est battu c'est un point, si le filet est transpercé, c'est deux points. Sur ce dernier point, néanmoins, veuillez vérifier auprès de plus ample informé, car un doute m'habite.
Alors, finalement, que le dimanche, plutôt que de passer l'après-midi avec sa grand-mère qui radote, avec sa femme qui ronchonne, ou avec son nourrisson qui vagit, le type préfère rejoindre les copains sur le pré pour lever les bras au ciel parce que le collègue ne lui a pas fait la passe alors qu'il était superbement démarqué, pourquoi pas ?
Las, ne vous méprenez pas, ce n'est pas ainsi que ça marche. Figurez-vous que l'on déverse des tombereaux de dollars, d'euro -et qui sait, bientôt de drachmes- à des pingouins -ou des manchots c'est pareil- qui ont une relative disposition à réfléchir plus vite avec leurs pieds, que la moyenne. Et lorsque je parle de tombereaux, ne vous méprenez pas, ce sont des containers de billets ! J'ignore quel est l'ignoble, le sinistre con qui a eu l'idée de vouloir payer mon voisin -qui s'emmerde chez lui- pour jouer au ballon, mais c'est vraiment, un ignoble, un sinistre con. Parce qu'il a généré en série, des monstres que l'on ne parvient plus à éradiquer. Des types qui ont tant d'argent qu'ils ne veulent même plus payer leurs impôts tant ils auraient à en rendre !!! Des gars tellement blindés que lorsqu'ils vous parlent vous ne comprenez pas un traitre mot de ce qu'ils vous racontent. Des gaziers qui se sapent en frusques au « Tout à cent mille euros » et roulent en « Audieux 4X4 ». Des gonzes qui fatigués de se faire les putes qu'ils ont toutes essayées, préfèrent en chopper une bonne de temps en temps à son corps défendant. Essayez, vous aussi, c'est tellement plus fun !
Voilà donc comment une planète peut se mettre à tourner en bourrique autour d'un ballon d'une circonférence de 69 cm. Avec une poignée de corniauds qui tapent dedans et, autour, des millions qui claquent des dents avec une canette de bière dans la main gauche et la main droite bien au chaud dans le caleçon. Et j'élude sciemment aujourd'hui les profiteurs de tous poils (ou épilés d'ailleurs) qui se sont rués sur la gonfle : les agents, les élus, les sponsors, les VIP, les présidents, les journalistes. Et le plus grand d'entre-eux : Thierry Eructant...
La prochaine fois, faites moi penser à vous entretenir des choses du rugby. Et de Roger Coude en l'air...
Jaco
Deux violons sous les toits
 

Il eut été fort étonnant que la météo fût avec nous. Un petit air frisquet vint caresser l'échine des mélomanes de la place Lambert. 24 personnes (selon les organisateurs) qui manifestèrent -parfois trop bruyamment- leur intérêt pour le restaurant Aubrac sur mer et certainement plus encore pour la musique. Deux beaux violons de l'opéra, deux belles femmes, délivrèrent à travers l'archet un message de paix, d'esprit et de sérénité sur une place et au coeur d'une ville qui en ont bien besoin. Nous aurons au passage pu découvrir que l'acoustique était quasiment parfaite et qu'ainsi l'exceptionnelle sonorité de l'instrument pénétrait l'âme directement, sans folâtrer dans l'air saturé.
Est-ce que cela influencera en quoi que ce soit le sort d'Aubrac/mer ? J'en doute. Ce qui ne devrait pas nous empêcher de récidiver dès que possible...
L'Orchestre de Chambre de Toulon-Var se produira ce mardi 19 juin dans la salle de spectacles du nouveau Centre Social et Culturel Nelson Mandela à La Seyne (Tarifs: 3 et 5 €) Renseignements au CSC Nelson Mandela: 04 94 94 77 45
 Chronique du 12 juin



De quoi voulez vous qu'on parle ? De politique ? Sûrement pas. Nous ne serions pas d'accord. Quand je dis nous, je fais comme le Roi. Jacques et Larrue. Jaco et Aubrac. Le légaliste et l'anarchiste. L'intègre et le commerçant. L'athée et le mystique. Le bouddhiste et le boudeur. Et puis d'abord, je vous rappelle en ce lundi après-midi, que sur ma planète nous sommes gentiment dimanche matin.
De rugby ? Encore moins ! Bien qu'on en connaisse le résultat. Je ne suis, cette fois, sur la même longueur d'onde qu'avec un tiers des toulonnais et j'ai besoin des deux autres pour travailler, même si je n'en vois qu'un dixième au restaurant. Et le dixième des deux tiers, croyez-moi ça fait déjà pas bézef ! En outre, je déteste me moquer... quand c'est facile. Enfin et surtout, je n'ai pas ma liberté de parole envers ceux qui m'ont défait et défont le rugby... Mais, même si ce n'est pas mon fort, je saurai être patient...
Et la musique ? Qu'est ce vous en dites de la musique ? Allons-y, non ? Envoyez...
Outre qu'elle correspond, pour quelques-uns d'entre-nous, à une émotion, un rêve, à tout le moins un éveil, elle fédère comme rien d'autre. Enfin quand je parle de musique vous m'avez compris. Il ne s'agit en rien des chutes de casseroles, des concertos pour bidons, des roucoulements d'un vieux-beau ou des vagissements d'un jeune con.
Je ne sais pas vous, mais je n'ai jamais vu deux types en venir aux mains parce qu'ils préféraient Ravel à Debussy. Pas même une petite bagarre générale entre partisans de Maazel ou von Karajan dans l'interprétation du Requiem en ré mineur. Et les dîners, même en famille -ce qui est souvent pire qu'entre les meilleurs ennemis- ne dégénère que rarement sur le thème de Carmen ou de Rigoletto. Même les plus opulents pratiquants du violoncelle ne se montrent jamais agressifs envers le bel hautbois... dormant (et la caravane passe).
Je vais vous filer un scoop, si j'excepte mon premier cercle familial, rien ne me rend plus heureux que le classique. Je n'ai rien trouvé de mieux pour porter l'âme, supporter le pénible et surmonter les épreuves. La musique, lorsqu'elle émane de Bach et ricoche sur les cordes d'un Rostropovitch solidement campé devant le mur de Berlin s'effondrant ou lorsqu'elle s'échappe des trompettes de Radetzky ou d'Aïda, la musique n'est plus seulement un refuge, c'est une destination en soi.
Elle s'assimile tant qu'elle parvient à me faire sourire et plus souvent pleurer. Encore que depuis que je sais que ce « brave » Adolph versait de chaudes larmes sur le Crépuscule des dieux (qui n'est pas un fromage à pâte molle mais l'une des dernières oeuvre de Wagner) je m'envoie des baffes lorsque l'émotion me transporte au-delà du frisson.   
Je n'aurais pas forcément aimé être soliste, mais qu'est-ce que j'aurais été heureux de vibrer avec les cordes de mon violon, au coeur d'un orchestre de cent instruments. Une sensation que je ne cesse d'imaginer et ne vivrai jamais. Je me console en écoutant bouillonner mon cassoulet pour trois saucisses et crépiter mon entrecôte en sol majeur. Mais quand même !
Aussi, voilà bien longtemps que nous manigancions avec Sylvie de l'Opéra, une petite intrusion du violon sur la place Lambert. Ce sera donc fait mercredi 13 juin où nous fêterons la musique à notre manière. C'est-à dire, en toute indépendance et dans la plus totale simplicité...
                                                                                                                                                           Jaco

 Désolé pour les mélomanes-gastronomes retardataires. Nous sommes complets ! Mais quelque chose me dit que cette expérience ne sera pas la dernière ! 
 Chronique du 5 juin

               Coup de pompes                                                                              

« Deviens ce que tu es ». «Ne laisse pas la crainte détruire tes rêves ». « Si c'est ton coeur qui te guide, c'est forcément le bon chemin ». « Va, ne te retourne pas, fais ta vie et crois en toi... »
Ah ça ! On m'en a dit des conneries pour me convaincre d'aller aux casseroles. Enfin, au casse-pipe !
Il n'y a guère que ma maman -et Michèle- qui tentèrent de m'en dissuader. Remarquez, maman c'est normal. Elle envisage toujours le pire. Enfin, surtout la mienne !!! Déjà à 15 ans elle rêvait que je devienne fonctionnaire. Pour la sécurité. Oh ! pas un grand comique de l'état. Il eut été difficile d'accéder à la haute administration sans le certificat d'étude. Mais la Police ! Ah ! la Police, voilà un beau métier. Et puis sûr avec ça. Pas sûr de se faire tirer dessus, mais sûr de passer pour un con ! Ou alors la Poste. Et oui madame, j'ai bien failli entrer à la poste. En 1977. Vous en connaissez beaucoup, vous, des types qui ont brillamment réussi l'examen de facteur. Et bien me voici (dis-je en gonflant subrepticement le torse). Ca vous en bouche un coin, vous, Robert, Jean-Jacques, Olivier ?
Bon, là je viens de dégueuler, ça va beaucoup mieux. Parce que des dimanche matin comme ça ... Merci ! Hier soir, samedi 2 juin, pas de match à la télé, terrasse sublime, 24 degrés à 20 heures, pas un souffle de vent. Samedi soir 20 heures, le service de la semaine : 4 clients. Des pékins tombés d'on ne sait où ! Pas de Toulon ni de ses environs en tout cas...
Attendez, je vais dégueuler encore un coup et je reviens.
Bien sûr ce n'est pas vous qui faisiez défaut hier soir. Vous ne pouvez pas venir tous les jours pour nous faire manger (ou le contraire !). Ce n'est pas toi Philippe qui atterrit de Hyères, avec ton fils et ta bonne humeur, la veille, pour nous tenir en éveil. Ni toi, de Solliès qui réalise le doublé vendredi soir - samedi midi. Ni vous Patricia et Pierre, « les a beaux nez du cas Lambert ». Ni, G, Jey, Stef et les co-co, les copains. C'est la faute à personne. Et c'est là que ça craint. Personne !
Notez bien toutefois que si j'ai illustré ma chronique avec cette superbe pompe, ce n'est pas que l'on en soit à marcher déchaussés. Vous savez on se débrouillera toujours en dealant des doses de saucisse sous le manteau pour des toxicomanes du barbecue. On peut vous en refourguer de la bonne, vers deux heures du mat, dans la Glacière !!!
Non, si mes chaussures sont dans cet état, c'est que j'attends depuis bientôt trois ans. Ça commence à faire long, trois ans ! J'attends quoi me demandez-vous ? Et bien qu'il ouvre, pardi, le Bottier d'Orsay. Les plus pessimistes m'assurent que je risque d'attendre encore, vu que ça fait vingt-cinq ans qu'il ne l'a pas ouverte, sa boutique. Ah ! Monsieur Muraire, vous êtes bien de Toulon. Un ex-a-gé-ra-teur.
D'ailleurs je l'ai vu, moi, le bottier d'Orsay ! Vers deux heures du mat ! Non, il ne cherchait pas à se fournir en saucisse. Il cherchait ses clés. Il farfouillait dans le fatras de l'un de ses nombreux sacs qui emplissent généreusement sa voiture. Dont on jurerait qu'elle date aussi de vingt-cinq ans. Comme si, pour le Bottier, tout s'était arrêté il y a vingt-cinq ans. Sauf son coup de chiffon. Toujours alerte du chiffon, le bougre. Si bien que les mocassins Henry 4, les talons de la Maintenon et les bottes de l'Empire illuminent toujours la rue d'Alger. La grande artère de Toulon, fière de ses boutiques -et de ses restaurants, n'est-ce pas ?- Dans le même style resplendissant, nous avons aussi l'armurerie. A la différence près qu'elle est belle et bien ouverte, tandis que l'on jurerait qu'elle est fermée !
Enfin c'est pas tout ça, il est quand même temps qu'il revienne de ses courses, mon voisin. Car je veux bien faire travailler mes collègues du centre-ville moi, mais je ne voudrais pas que la chaussure gauche se retrouve dans le même état que la droite ! Sans quoi je vais devoir aller à Grand Var ! Là où vous trouverez tous les cons qui ne viennent jamais manger chez nous !
Bon, et bien j'en reviens -de dégueuler-. Et ça fait du bien.
Bon appétit...
Jaco 
Ne vous méprenez pas, il ne s'agit ni de Sarajevo il y a vingt ans, ni d'Athènes maintenant. Mais une belle préfiguration tout de même de ce qui attend Toulon demain ! 
Chronique du 29 mai

Mets d'enfer dans un Gantié de velours


 Je n'ai pas encore en main la mouture 2012 du Gantié. Je sais juste que nous sommes dedans. Et que l'ami Jacques, avant de se livrer à une critique avisée et un hommage appuyé à la franchise du collier -ce qui est la seule « flatterie » à laquelle je reste sensible-, associe étroitement Aubrac/mer au rugby. Comment m'en défendre ? C'est le genre de ballon, qui, lorsqu'il vous rentre dans la peau, n'en ressort plus, même avec une bonne colique.
J'ai dû vous le dire, il est d'Agen...  le pauvre ! Et même si c'est Nice   qui l'a sauvé, le guide n'en garde pas moins un épiderme lot-et-garonnais et rugbyphile. Un peu comme moi qui resterai imprégné, voire possédé, par mes origines de Graulhet et tout ce que cela sous-tend d'émotions d'enfance, de stade et de sens : olfactives, auditives et visuelles. Quant au toucher, en dehors de celui des récréations et des jeudis après-midi, il resta à mon goût, largement insuffisant. 
Nous partageons, du fait de nos expatriations respectives, beaucoup de recul avec les enragés qui forment les bataillons de supporters beuglant dans les stades auquel, du reste, ils doivent se saigner aux quatre veines, pour en pénétrer, désormais, l'enceinte. Nous aimons le rugby pour ce qui lui reste de sobre, de courtois. De noble.
Et nous sommes donc, disais-je dans le Gantié. Sans doute pour les mêmes idées défendues bec et ongles : sobriété, courtoisie. Noblesse. Oh ! non, pas dans le sens où vous l'entendez peut-être. Nous sommes de tous petits roturiers, ne possédant ni armoiries, ni chasses, ni particule. J'ouvre une parenthèse (une de plus, sauf que cette fois je vous en informe) pour vous concéder que j'aurais tellement préféré l'avoir. La particule. Jacques Delarrue ! Vous vous rendez compte ? Et au lieu de me morfondre avec quelques minables au journal du coin, j'aurais pu, qui sait, enquiller à TF1, créer ma boite de prod et emmerder tout le monde, avant toutefois et c'est le risque, de plonger -in fine- les deux mains  dans une montagne de « coco ». Mais que voulez-vous, mes ancêtres étaient des incapables. Des maçons -très francs certes mais jamais introduits- et des mégissiers. Des vilains en somme !
Enfin ouf ! nous y sommes. Au nom de la noblesse des sentiments peut-être, des produits obligatoirement. Et maintenant je vais vous faire une confidence. Je suis infiniment reconnaissant, pour de bon et définitivement au Gantié de m'avoir hébergé dés le premier jour dans son magnifique guide, lequel n'abrite quasiment que de grandes et/ou belles tables. Mais je suis stupéfait que trois ans après notre ouverture, il était le seul à nous repérer et à nous faire un peu sortir du lot. Le seul ? Non, car je vous ai souvent parlé du « Bouche à Oreille » -journal et site dont la démarche consiste à donner un coup de pouce à ceux qui font l'effort et un coup de scie à ceux qui vous prennent pour des cons-.
Mais les autres là ! Vert, rouge et d'autres couleurs. Ils sont où ? Ils vivent sur quelle planète pour ne pas s'être aperçu qu'il y avait à Toulon, trois fous qui se battaient tous les jours (sauf les dimanche et lundi) pour que le restaurant redevienne un lieu de plaisir, d'excellence, de partage et que le payeur ne soit pas forcément traité comme le cochon qu'il vient de déguster ? L'un d'entre-eux -et non des moindres- m'a même envoyé un formulaire à remplir pour figurer en bonne place, avec une adresse pour joindre le chèque ! Vous devinez sur quels critères repose sa « réflexion » pour déterminer le restaurant qui mérite des étoiles, macarons ou même -comme ce serait notre cas- la seule citation. Il semblerait qu'un inspecteur futé ait enfin réussi à nous dénicher au milieu de ce nulle part qu'est le centre de Toulon et qu'ainsi nous ayons une troisième fois « droit de cité ». Mais ne vous méprenez pas ! Nous pourrions être dans le « Bibendom » et dans « le Rodez et Millau », que nous n'en modifierions d'un iota, ni notre investissement moral, ni le tarif de notre carte. Nous ne vendrons jamais un plat du jour 10 euros, comme l'osent sans rougir certaines gargotes  qui déversent sur les pauvres gens des nourritures indignes. Mais nous ne présenterons pas à 40 euros un produit qui en vaut la moitié.
En foi de quoi (et de canard !) les guides peuvent nous reconnaître et leurs lecteurs les suivre, les yeux fermés et les papilles en confiance...
                                                                                                                                                         Jaco


 Des tableaux d'Estade à la table d'Aubrac (3)

Jouenne en mai 
 Jean et Mad Sardi, Michel Estade, Michele et Simone Jouenne, Jean-Pierre Maltése, Monsieur et madame Christian. Accroupis : Jeanine Maltése et Olivier Nuzzo

C'est devenu une coutume -et une riche idée-. Les vernissages d'expositions prestigieuses à la galerie Estade (rue Henri Seillon, derrière la mairie de Toulon) se terminent toujours à Aubrac
sur mer. Rien à voir sans doute avec le fait que Michel est accro à l'agneau aux artichauts, au foie gras de la Droséra ou au saucisson de Conquet... Quoi que ! Enfin bref, nous on se régale. Parce que non seulement cela nous fait un peu travailler, mais ce mélange culturel entre palette et blanquette, entre vache et chevalet, pinceau et aligot, nous encourage dans l'idée que même à Toulon, on peut encore partager des goûts et des couleurs. 
Après l'hommage à Baboulène et l'expo Maltése, voici venu le temps de Jouenne. Encore frais pour la saison, mais qui devrait exploser de chaleur et de lumière à l'approche de cet oeuvre magnifique et maritime. Car depuis 1991, ce civil bon teint n'en est pas moins « peintre officiel de la marine ». Et il mérite.
 Parce que ces toiles pour autant que puisse en juger un profane de ma pointure sont tout à la gloire de la peinture, éventuellement de la marine. Et à Toulon, sa capitale, il ne peut être mieux placé ! Ce qui devrait assurer à la galerie -qui est ouverte du mardi au samedi, comme Aubrac/mer- une belle fréquentation.                                         
                 
   Ci-contre : Michel animateur d'un soir chez les VIP à Cannes  en  compagnie de Michele Rodriguez dont il vient d'acquérir un dessein. Dans la vie il y a ceux qui s'embêtent et les autres !
 Communiqué spécial
 Il ne faut jamais écrire sous le coup de la colère. C'est pourquoi je me suis abstenu d'envoyer le résumé de mon blog à nos « chers abonnés » la semaine dernière. D'autant que la plupart sont des fidèles et ne peuvent faire l'objet de nos ressentiments. En revanche je me demandais depuis longtemps ce qu'il faudrait faire pour que ce restaurant fonctionne « normalement » ?
Nous y servons la meilleure viande du monde, un aligot de rêve, de la gentillesse et de la bonne humeur. Nos marges sont les plus étroites de la région afin de permettre au plus grand nombre d'accéder à nos produits d'exception. Et si nous ne sommes pas sur la plus belle place de Toulon, nous tentons de nous en convaincre. Outre le sourire et la qualité, nous offrons le café aux fidèles et même souvent, le soir, une eau de vie de Marcillac, parmi les plus raffinées de la création. Rien qui n'appartienne aux usages et bonnes manières de la région...
Pour nous sauver je ne voyais rien d'autre ! Je menaçais alors de me mettre une plume dans le cul en dernier ressort. Voilà qui est fait !
Chronique  du 22 mai
« Tu auras un mélanome, mon fils ! »

Ah ! Enfin un peu de pluie ! Vous me direz que ce n'est pas bon pour notre commerce. Je vous répondrais que nous ne tenons pas un commerce, mais que nous nous obstinons à essayer de partager un minimum de bon goût et d'honnêteté gastronomique avec un petit nombre d'entre-vous. Je l'admets, toutefois, commerce, c'est plus court ! Et ça doit mieux marcher...
Non, avec l'hiver qu'il vient de faire, sec comme un coup de trique -ou comme la trésorerie d'Aubrac sur mer-, il fallait bien qu'il pleuve. Certes ce ne fut pas le déluge escompté, mais il paraît que ce n'est pas fini. Ici -sur ma planète-, nous sommes le dimanche matin 20 mai et le pluviomètre reste figé sur cinq millimètres. De quoi juste étancher la soif d'un rouge-gorge !
Et puis d'ailleurs même quand il fait soleil, ça ne marche pas. Dans ce cas, les gens se précipitent sur tous les endroits stratégiques de la ville. Là où, sous l'astre blond, ils vont pouvoir se mirer à travers les lunettes de soleil de leur vis à vis, se prélasser en tâchant d'être vus et admirés par leurs voisins et se revêtir en un temps record de ce teint hâlé qui complètera à merveille leur exceptionnelle supériorité -j'allais écrire leur extraordinaire superficialité- !
Vous en connaissez sûrement, nous on ne connaît que çà ! Car il faut voir comme, en mai -parfois même bien avant- ils fuient le centre pour se dorer la pilule on ne sait où ? Et lorsqu'il y en un qui s'égare par chez nous, n'allez pas croire qu'il s'enquiert de ce que bouffent nos vaches -on pourrait même lui dire qu'elles fument de l'herbe, qu'il ne nous entendrait pas-. Non, ce qu'il veut, c'est connaître l'heure d'arrivée du soleil et celle de son éventuel départ. Comme à la gare centrale !
Peu importe aussi, si le vent emportera son verre, son set de table, voire son « bifsteack »... Ce qui compte c'est lui là-haut, le boss, celui qui décide et écrase tout. Cela peut, éventuellement expliquer aussi l'exception du vote régional. Car avec des lunettes noires s'il n'est pas aisé de bien manger, l'évolution dans l'isoloir n'est guère plus évidente. Il est tellement facile de vous faire avaler un produit congelé de chez Petro ou Promomatch, ou un discours identitaire à deux balles !
Malgré les apparences, je n'ai rien contre le soleil. C'est plutôt ceux qui sont dessous qui m'inquiètent. Car à se laisser, du premier au dernier rayon, bouillir la cervelle, six mois durant, je crains qu'il finisse par ne plus rester grand chose de solide dans le crâne. D'où l'expression pérenne : « travailler du chapeau... »
Le plus gênant au fond n'est pas tellement que la plupart de nos commensaux ne disposent plus que d'une théière pour réfléchir, mais qu'ils promettent leurs propres gosses -qui ne leur ont rien fait-, au même destin ensoleillé. D'ailleurs à les entendre hurler dès le plus jeune âge, contrariant ainsi la nature et l'éducation naturelle, on peut s'interroger : est-ce déjà les premiers effets radiants ou bien est-ce carrément congénital ?
En tout cas, paraphrasant Kipling, ces grands illuminés passeront affectueusement leur bras sur les épaules de leurs rejetons et déclameront fièrement : « tu auras un mélanome, mon fils !»
                                                                                                                                                        Jaco
 Chronique du 15 mai 2012
Il n'y a plus rien à dire !

Ils boudent ? Moi aussi ! Je n'enverrai pas ma « nouvelle lettre » à nos quelque mille abonnés. Je ne vois pas pourquoi je me « casserais le blog » pour des gens qui me boycottent ouvertement. Ce qui ne m'empêche pas de manifester notre gratitude aux Marie-Claire, Pepe, Alex, Bernard, Cédric, Claude, Christian, Doudou, Gérard (3), Julien, Pierre, Vincent (2), leurs conjoints ou amis, et j'en oublie évidemment, présents à nos côtés cette semaine, la pire de tous les temps. Ainsi qu'à ceux, venus la semaine dernière ou qui viendront la prochaine et qui ne nous ont et ne nous laisseront jamais tombés...
 Chronique du 11 mai 2012
 Dix anglais voulaient pisser !

D'accoutumée, je ne vous interpelle en milieu de semaine que lorsque tout va à vau l'eau dans le meilleur de l'immonde -celle-là, il faut déjà être en colère pour oser la faire !-  Et, je vous rassure,  c'est le cas...
Nous étions treize pour le tripoux du mardi ; déjà plus que huit hier -mercredi- et carrément trois -aujourd'hui jeudi- ! 24 couverts en trois jours, ce qui correspond grosso modo à un seul service normal. Si bien que, vous pourriez bien venir normalement durant les quatre prochains repas, que nous ne couvririons même pas nos frais de la semaine !
Je ne sais pas si elle vous fait plaisir, l'élection de Hollande (?), mais nous, elle nous fait du mal ! Peut-être aurions-nous dû servir des rollmops et des tulipes farcies mais, pour ne rien renier de nos convictions, nous proposions obstinément nos produits d'Aubrac, le meilleur tartare, le meilleur veau, le meilleur agneau accompagnés du meilleur aligot au monde ! Sans parler de nos petits pois 
 Jo refuse de se transformer en 
dame pipi ! -ça lui irait pourtant 
drôlement bien-.

frais du marché à la saucisse de Conquet. Une tuerie...
C'est à croire que les résultats des élections ont coupé l'appétit de nos compatriotes toulonnais (étonnant, non !) , d'autant que nos trois clients du jours venaient de Marseille et d'Avignon ! Il est également probable que la rue d'Alger ait été en dérangement, puisque personne n'a semblé en mesure de l'emprunter. A l'exception de quelques intrépides anglais, tous frais débarqués du paquebot de croisière en escale obligatoire à Toulon le jeudi. Nous aurions pu certes en accueillir une bonne dizaine qui nous supplièrent de les laisser entrer à Aubrac sur mer pour... pisser ou même pire !!! Mais, avec son mauvais esprit habituel, Jo refuse de se transformer en dame pipi ! -ça lui irait pourtant drôlement bien-. Personne rue d'Alger à l'exception -notable- de quelques élus et « amis » qui avaient tous -en passant à la hauteur de la place Lambert- la caractéristique de tourner obstinément la tête de l'autre côté, comme si, subitement, ils envisageaient d'acquérir une paire de mocassins au … Bottier d'Orsay !!!
Avouons que ce n'est pas drôle. La perspective de voir les chars russes pénétrer chez nous par La Valette ; de nous voir contraints d'abandonner définitivement la consommation du cochon ; de faire nos ablutions du vendredi en lieu et place du déjeuner, perturbe forcément nos fragiles appétits. Mais il me vient à l'idée que nous pourrions nous hâter d'en profiter, avant que la voix soviétique portée par M. Mélenchon et la loi coranique introduite par Mme Aubry, ne soient effectivement imposés par décrets.
A moins que, prudemment, vous ne préfériez d'ores et déjà bourrer vos matelas de billets et vous barricader dans vos camps retranchés, avec quelques rations de survie. En sorte que si vous ne répondez pas à mon appel... le cul vous pelle !
Jaco
 Chronique du 6 mai 2012
 
Bataves et Sarkophages

« Regarde : Quelque chose a changé. L'air semble plus léger. C'est indéfinissable.
Regarde : Sous ce ciel déchiré, Tout s'est ensoleillé. C'est indéfinissable.
Un homme, Une rose à la main, A ouvert le chemin Vers un autre demain.
Seul, Il est devenu des milliers Qui marchent, émerveillés Dans la lumière éclatée.
Regarde : On a envie de se parler, De s'aimer, de se toucher Et de tout recommencer.
Regarde : Au ciel de notre histoire, Une rose, à nos mémoires, Dessine le mot Espoir... »
Mais non je ne suis pas devenu fou. Ni poète. C'est du Barbara. L'immense. la Divine. La seule.
Oui, je suis amoureux d'elle ! Mon épouse m'en fait assez grief. Sous-jacent et permanent.
Mais après tout, est-ce que je lui reproche, moi, de jeter son regard concupiscent dans celui de Dany Brillant, ou de mouiller ses yeux en regardant le maraîcher Clint Eastwood, réalisateur d'un nouveau légume, hybride du concombre et du navet ? Si ? Je le lui reproche ? Bon d'accord, mais concédez-moi que là, j'ai raison !!!
Ce matin, je ne pouvais m'empêcher, avec ces paroles qui datent de 31 ans, de vous dire que je vous aime. Tous. Même toi, Marcel Dupont qui a passé trois mois à tirer sur les « socialos-communistes », les « bolchéviques », les arabes « qui vont tous nous niquer » et tout ce genre de propos délicats qui relèvent de la plus fine analyse. A tel point que mon ordinateur a fini par en dégueuler … Attention, je n'ai rien contre les gens de droite. Encore heureux, car je suis cerné. Mes amis, ma famille... breuhhh ! S'il ne s'agissait pas d'eux, je ne me sentirais pas en sécurité, tant ils sont nombreux, les bougres. Même si sur ce coup -et pour pas longtemps, je les rassure- ils ne l'étaient pas assez !
Je n'ai rien contre les gens de droite. Il en faut, enfin je veux dire : il y en a... Et même si ça me dépasse, il faut reconnaître que le fait de vouloir gagner un maximum de pognon, non pour le partager mais pour posséder une plus grosse voiture, une plus belle maison et un tas de choses très brillantes, très modernes, dont on pourrait parfaitement se dispenser, est devenu banal. Voire normal. Moi, je me sentirais minable de vivre pour l'oseille, alors que vivre pour exister est tellement satisfaisant...
Enfin prêcher le partage, la générosité, c'est très facile, finalement, quand on n'a pas un rond, m'objecterait mon voisin de droite. Lequel s'apprête, en bon citoyen, à filer en Suisse. Tant pis pour lui, moi c'est aux Pays-Bas que j'aurais demandé asile (mais pourquoi les Pays Bas ? Je vous le demande...).
Bref, les gens de droite j'ai rien contre. D'autant qu'à moins d'être frappé du même mal que mon pote Jaco (l'ex-président), je ne peux nier que j'en fus. Enfin, de droite ? faut voir ! Pour moi c'était De Gaulle. Et Malraux. De la hauteur, du courage et de l'intelligence. En fait le contraire de cette ostensible pantalonnade, dont nous sortons tous terriblement marqués. La droite, je peux la comprendre, sauf lorsqu'au milieu d'un large panel de présidentiables, elle opte pour sa caricature. Car que diable, si elle préfère le blé blond au sarrasin, la droite peut être, cependant, honnête, respectueuse et cultivée. Et avec des valeurs... non ? 


"Je vous propose donc de vous réconcilier tous devant une belle paire de tripoux."

Enfin moi, je ne vous dis pas de quel bord je suis. Ne m'en voulez pas, j'ai un commerce, vous comprenez ? Ce que je sais c'est qu'après le pénible passage par Neuilly, c'est la Corrèze qui triomphe. Belle revanche pour le tripoux ! Vous allez enfin pouvoir vous remettre à table. Et à bien y réfléchir, la France finit toujours par voter au centre. Si l'on exclut De Gaulle qui, à l'instar de Moulin, Jaurès, Hugo et Voltaire, est de partout, les autres sont de chez nous : Pompon (Cantal), Valéry (Puy de Dôme), Mimi (Nièvre), Chichi (Corrèze) et Chamallow (Re-Corrèze ). Quel talent !
Et arrêtez de me torturer, non je ne vous dirai pas de quel bord je suis. D'autant que cela n'a plus d'intérêt. Nous sommes désormais en pleine mer. Nous voici sur le même pédalo. On en connaît encore mal le capitaine, mais on se doute que s'il n'est pas bien plus doué que l'autre pour la navigation tempétueuse, il arrivera au moins aux pédales. Et que lorsqu'il s'exprimera à la tribune de l'ONU ou au fin fond de la Bretagne, il nous fera moins honte...
Quant à moi, je sais bien -comme me le serinent ma famille et mes amis- que le petit nouveau ne va pas tarder à me serrer le quiqui. En me remontant notamment la TVA à 19,6 et en me rangeant du côté des patrons -moi qui ne gagne pas toujours le SMIC- ! Mais souffrir pour les autres, n'est-ce pas la plus belle valeur de partage ?
Et puis, quelques soient nos appétences l'important c'est que nous retrouvions vite l'appétit. Pour les bonnes et saines choses. A Aubrac sur mer, par exemple. Je vous propose donc de vous réconcilier tous devant une belle paire de tripoux. Afin que je suis puisse rapidement payer quelques impôts, voire même... partager !
Jaco




Le stade fait le plein











Il est quand même beaucoup plus économique de manger à Aubrac sur mer que de s'emmerder à Mayol (bien que ce ne fut pas le cas cette fois, paraît-il !). C'est ce qu'ont enfin compris nos amis qui, pour affronter la terrible épreuve de Mayol, ont choisi de venir se réconforter sur la place Lambert.

Table 1 : Vous reconnaîtrez sans doute le meilleur trois-quart centre des années quatre-vingt, Fanfan qui a mal tourné, puisqu'il est devenu expert- comptable. Il est entouré de ses collègues de travail et de dirigeants carqueirannais, sans oublier sa compagne...
Table 2 : Nous retrouvons les charmants Christine et Pascal, devenus des habitués du restaurant. Ils sont accompagnés de Chantal (acharnée du RCT comme rarement), Nicolas, et François .
Table 3 : Voilà encore un type charmant. Claude (en rouge) fut un secrétaire général dans l'âme. Du RRCNice au temps de sa splendeur - il avait suivi André Herrero -, du RCT -bien sûr- et plus longtemps encore du Comité du Littoral, devenu Côte d'Azur. Il est accompagné d'un ami.
Table 4 : Là il y a du lourd. De grands journalistes niçois dont Marc (au fond à droite), mon pote de l'USJSF qui avant de devenir le grand spécialiste de l'auto à Nice Matin, fut un excellent footballeur professionnel. A ses côtés Jean-Pierre et Jean-Jacques deux passionnés de voile et de sport en général. Au premier plan à gauche, c'est l'aîné de la fratrie la plus célèbre du rugby niçois. Il fut mon chef au service des sports, efficace et juste, ce qui demeure relativement rare. Et au fond, vous l'aurez reconnu, c'est Stéphane l'ancien responsable photo du journal, désormais retraité mais qui trouve encore les moyens de nous offrir ce genre de rencontre. Avec toute notre reconnaissance.









Les sept principes d'Aubrac sur mer


                                 Toutes les semaines, Romuald de la société TFE nous livre 
                                 la viande, la charcuterie de la maison Conquet et les fromages
                                 de la coopérative Jeune montagne à Laguiole. Ici c'est 100 %
                                 Aubrac, 100 % frais,
mais surtout 100 % ... VRAI !!! 

Mon comptable qui se préoccupe beaucoup plus de mes comptes -comme ma femme d'ailleurs et j'espère qu'il s'agit-là de leur seul point commun !!!- me demandait récemment si j'avais assez bien communiqué sur l'authenticité de notre restaurant. Je dois reconnaître que lorsque, par temps de pluie -ou de soleil- nous sommes quasiment vides, il y a vraiment de quoi se poser quelques questions. Ne communiquerais-je donc point assez, où les gens du coin seraient-ils à ce point obtus ?
A mon estime, la désertification dont nous sommes l'objet tient beaucoup plus au fait que les Toulonnais ne savent pas plus manger par temps de pluie, que ce qu'ils ne savent conduire...
L'ennui, c'est que lorsqu'il fait soleil, ils recherchent aussi la terrasse couverte plutôt que l'endroit où ils pourraient trouver un quelconque plaisir à table, sans que l'on se foute plus ou moins ouvertement de leur gueule -gueule étant ici employé dans le sens de bouche- !
Donc, sous leur pression, je me vois contraint d'énumérer quelques principes qui, à mes yeux tombaient sous le sens, mais qui, selon lui, -ma femme- et quelques amis, méritent d'être ressassés :

  1. 1. Nos produits -viandes, fromages, charcuterie- proviennent exclusivement du plateau de l'Aubrac -livraison hebdomadaire minimum-. La salade, les blettes, les courges et tout ce qui est végétal sont estampillés « Lafayette »
  2. Rien de ce que nous proposons dans notre restaurant ne sort du congélateur, à part quelques cèpes et Saint Jacques -hors saison-, les glaces et les glaçons.
  3. Nos plats cuisinés, nos sauces, entrées, desserts, sont faits sur place et rien -à part l'huile et le vinaigre-ne provient de ces centrales d'achats où l'on peut trouver de l'entrecôte à 10 € 95 !
  4. L'aligot est fait tous les jours.
  5. Nous évitons à nos clients de s'intoxiquer avec des moules et de s'engraisser avec des frites.
  6. Nous ne sommes pas là pour gagner de l'argent, mais pour survivre en faisant plaisir à nos visiteurs.

  7. Nous crèverons fièrement si les Toulonnais se moquent totalement des six principes précédents.
 Adissias et mantsas pla.
Jaco
Charcuterie et pleure


Je ne sais à qui je dois en vouloir le plus. A la médecine ou à l'industrie agroalimentaire ?
A ceux qui nous expliquent depuis quelques décennies maintenant que la charcuterie est terrible pour notre santé. Ceux-là même qui diabolisent le cochon en lui prêtant tous les maux de la création . L'hypertension à cause du sel, l'obésité à cause du lard, le cancer à cause de ce qu'il bouffe. D'un jour à l'autre, ils vont bien trouver le SIDA sous prétexte que quelques porcs se la font entre eux...
Les mêmes encore qui condamnent l'alcool qui ruinerait le foie dès la première fois, le bœuf qui en pétant détruirait la planète, la pintade qui a la grippe et le cheval qui hennit et donc, mal y pense. Seul le mouton qui suit toutes les directives, les modes et les principes, échappe à l'opprobre de la faculté, ainsi que le coq qui chante encore les deux pieds dans la merde, ou encore le dindon... de la farce.
Nos bons vieux restaurants traditionnels se vident désormais au profit des salons diététiques, des salles de remise en forme, des thalasso et autres thérapies de groupe où l'on cause tout en matant son cul dans ces salles de glaces qui n 'ont rien à envier au palais de Versailles. On avale vite un sandwich, histoire de reprendre en cinq minutes ce que l'on vient de perdre et hop au boulot.
Elle est pas plus belle la vie ?
Je ne peux malheureusement même pas en rire, moi qui m'efforce tous les jours de préparer du bonheur au fond de la marmite ! Mais qu'est-ce qu'ils doivent se marrer pour moi les vieux de quatre-vingt-dix berges, qui n'ont jamais fait d'autre exercice que de marcher et de couper du bois, et qui avalaient des kilomètres de saucisse, des tonnes de jambons et de terrine. Le tout arrosé , évidemment, d'une rubiconde et généreuse rasade.
Quant aux industriels de la bouffe, les "Olibeurk" et autres "Hercaca" qui ont transformé le « cul noir de Corrèze » en monstre de batteries bretonnes et hongroises, ils ont rendu la charcuterie tellement infâme que les adeptes des salles de remise en forme ne les mangent plus qu'entre deux tranches de pain.
Enfin bref, c'est à pleurer, à hurler. Parce que dans l'Aubrac nous produisons la meilleure charcuterie du monde (avec celle du Tarn et de certaines contrées de Corse). Parce que nous avons fait l'effort de la faire venir jusqu'à Toulon. Parce que, malgré ce, le vendredi soir, nous guettons le client, alors que partout ailleurs nous afficherions complet. Parce que, enfin, si le chaland nous fait l'honneur de s'arrêter, il nous demandera sûrement de la salade ou des frites !
Nous continuerons de penser que le bien être vaut beaucoup mieux que le paraître. Et qu'il faut savoir profiter de tout et n'abuser de rien...
Jaco
 Chronique du 24 avril
Ah les vaches !

Cela fait un « brave moment » - comme disent les Varois de souche - que je ne vous ai pas entretenu de l'un de mes sujets de prédilection : la viande. Il faut dire que lorsque quelques fiers et fins analystes de la diététique entreprennent de culpabiliser ses consommateurs, j'ai l'impression de recevoir le fameux coup de pied de l'âne, qui fait aussi bien mal au cul qu'à l'âme d'un restaurant … de viande. La diabolisation de l'usage carné est presque aussi vieille que l'ouverture des salles de remise en forme et des régimes dissociés. Lesquels ont en commun de rendre les cons plus tristes qu'ils ne l'étaient déjà congénitalement.
Parmi les porte-flambeaux de la sottise journalistico-médicale, le terrible magazine Télé qui accompagne ce canard que, par grâce, plus grand monde ne feuillette et que plus personne n'achète. Journal TV distribué gratuitement -c'est dire l'estime que ses concepteurs se portent d'ailleurs- et qui n'a pour autre « avantage » - me semble-t-il - que d'avoir fini par crever les vrais journaux spécialisés, dont le géant « Télé poche » de mon ami Nico.
Cet ersatz, autrement nommé « succès damné » entame son « article » de l'édition du 15 avril -en page 63- tout en nuance : « Manger 100 grs de viande par jour, ferait augmenter le risque de décès, et ce dans une proportion pouvant aller jusqu'à 20 %.... » Mazette ! Accidenti ! Macarel... Et le mag, de prendre référence, non dans une ferme modèle de Nasbinals, mais à la Harvard School of public Health de Boston. C'est dire si ces types en connaissent un rayon !
Selon les mêmes chercheurs il suffirait pour réduire le risque de cancer et autres joyeusetés cardio-vasculaires, de remplacer la bidoche incriminée par -je cite et je vous jure que je n'invente rien- : « des noix, des grains entiers, de la volaille, des légumes... » Le nec plus ultra étant d'accompagner « du maïs avec des haricots et du riz avec des lentilles ». En sorte que vous allez beaucoup péter... la santé ! Et vivre en vous emmerdant ferme sans doute, mais jusqu'à 120 ans.
Quant à mon père qui a déchiqueté des troupeaux de taureaux entiers -ou presque-, qui se nourrit exclusivement de chair animale et je le reconnais de quelques violets pas frais, c'est un véritable miraculé. Nous-même à Aubrac/mer, qui en engloutissons des kilos tous les mois, pour liquider les stocks que le magazine TV en étroite collaboration avec les gonzes de la schools de Boston, nous empêche de vendre, sommes d'inconscients kamikases, des «malades qui s'ignorent » selon la formule pérenne du docteur Louis Jouvet. .
Franchement, mes amis, je vous comprends. Si 100 grs de viande rouge limitent votre espérance de vie de 20 %, lorsque vous venez manger une entrecôte de 300 grs toutes les semaines place Lambert, au bout d'un mois c'est vous qui devez 20 % à la mort et vous êtes, comme mon papa, un mutant, un extraterrestre défiant toutes les lois de la gravité carnivore. A tel point que je crains que nous ne soyons rapidement inculpés pour « mise en danger de la vie d'autrui sans -ou avec d'ailleurs pourquoi pas, tant que nous y sommes ? - l'intention de la donner.
Voilà un article qui mériterait le prix Nobel de médecine et le Pulitzer réunis. Ce n'est pas comme si son auteur s'était attaqué aux pauvres multinationales et à leurs champs de maïs transgéniques -les fameuses graines qui sauvent la vie- aux traitement sur des milliers d'hectares de fongicides, pesticides, herbicides et autres engrais qui bousillent nos abeilles, nos coccinelles, nos rivières et nos océans. Ni à la fameuse volaille elle aussi mirifique -toujours selon ce pertinent papier du magazine TV distribué le samedi encarté dans le fantôme de « République »-. Cette volaille m'étouffais-je, qui grandit gavée d'hormones, d'antibiotiques et de farines pourries, serrée dans ces geôles de métal par dizaines de milliers et qui n'aura vu le jour qu'entre ces hangars titanesques et les gondoles des hypermarchés. Tout ça, madame, c'est du pipi de chat par rapport à cette maudite viande. Cette bavette taillée dans ces bêtes sataniques qui paissent tranquillement sur le plateau d'Aubrac au sein de cheptels qui n'excèdent que rarement la centaine de têtes.
Bon moi j'ai frôlé le cancer ou l'embolie en lisant de pareilles insanités. Pourtant je suis issu de cette filière qui prend les lecteurs de canard du bon Dieu pour des enfants sauvages. Mais vous, mes amis, faites attention , vous courez un réel danger si vous gobez de telles inepties. Vous risquez de devenir réellement débiles. Et c'est exactement le but recherché par ce journal qui a la particularité d'être extraordinairement médiocre pour juger la télé et même en présenter les programmes, mais qui s'enrichit à nos dépens en publiant des centaines de publicités qui lui rapportent des centaines de milliers d'euros.
Mangez de la viande, surtout si elle vient d'Aubrac et abonnez vous à  Télérama ou Télé poche. C'est une question de vie ou … de mort de vos méninges !
Jaco


 Chronique du 17 avril
Le Cours, Jeanine et ses salades




Il m'arrive d'essuyer la vindicte de vieux camarades ou de sinistres indifférents. Ils me reprochent de ne pas aimer Toulon. Et se retiennent sans doute de prononcer cette sentence, cet aphorisme fameux du grand philosophe présidentiel : « Cette ville ou tu l'aimes, ou tu la quittes ». Mouvement sec de l'épaule vers le cou à l'appui.
C'est d'ailleurs la consigne qu'ont dû suivre tous ses habitants, puisque depuis belle lurette il ne s'agit plus que d'une ville fantôme. Habitée de regrets. Et de quelques remords. Livrée à une population triée sur le volet bancal et décati ; sans mixité, paupérisée, martyrisée... Bidonville ou ville-bidon ? Qu'importe l'ordre. Et le désordre...
Et pourtant si ! je l'aime encore. Autant que mes juges qui se sont éloignés de cette pauvre rue d'Alger aux vitrines sordides et aux rideaux baissés et tagués. La preuve : j'y cours, j'y bosse, je persiste … et saigne ! Et ce n'est pas d'hier. J'habitais à Brunet dès 1983, je passais mon temps à Sainte-Musse et Mayol, à glorifier les chevaliers servant de la cause toulonnaise, lorsqu'ils préservaient encore un peu de crédibilité, parce qu'ils s'appelaient : Herrero, Ballatore, Doucet, Périé, Delaigue ou Cottin...
Et le cours Lafayette ! Qu'est ce que je l'aimais aussi, le cours Lafayette ! Mon petit café, place Louis Blanc, lorsque l'aube projetait tout à coup et comme nulle part, ses lumières douces par vent d'est ou éclatantes au mistral. De République à Strasbourg, un long défilé de charettes lasses et de tirades enflammées se heurtaient aux chalands patelins, mais toujours sur leurs gardes.
La fenêtre de Var Matin tendait directement son oreille sur le cours. Et lorsque je ne voulais pas écrire un mot de travers, pour ne pas offenser mon ami Dany, l'entraîneur du RCT qui me poursuivait de ses assiduités, il me fallait la fermer – la fenêtre-.
Car, juste en dessous, la voix stridente de Jeanine rendait impossible chez moi, pauvre journaleux fragile, toute stimulation de neurones. Elle me cassait les esgourdes, elle me mangeait le cervelet, mais elle me révélait aussi le sens profond de la gaité naturelle, de la fantaisie et d'une forme certaine de bonté. Le cours c'était le fruit et la fraicheur, les salades tendres et vinaigrées.
Jeanine, dont nous vous offrons tous les jours quelques feuilles d'amour -rougette, feuille de chêne et batavia- c'est la star mondiale des marchés de Provence. Et si Bécaud ne l'a pas connue, il l'a inventée. Elle a un avis sur tout, Jeanine, et surtout un avis, comme le disait Coluche, cet insupportable génie des maux tournés en dérision. A tel point que le journal local qui a perdu tous ses repères -et ses lecteurs- en a même fait sa plus sûre éditorialiste, le fil rouge de sa ligne éditoriale.
Jeanine je ne suis d'accord avec elle sur rien. Pas plus sur la politique dont je m'interdis toute illusion, que sur le rugby dont je m'autorise quelque allusion. Elle qui, pure toulonnaise, vénère tous ceux qu'elle maudissait, pour si peu qu'ils vêtissent le maillot « Rouge et Noir », avant de les vomir le jour où ils le quitteront derechef. Ce n'est plus une caricature, c'est une ambassadrice universelle du supporter « rouge et noir ».
Bien sûr certains prétendront que je persifle. Alors que non, pas du tout, Jeanine incarne la vie. C'est ça, entre bonté et délire. Avec sa collègue Solange, Marcel le portefaix, Jackie et le reste de la troupe, elle incarne l'âme d'une ville, qui ne tiendra plus hélas que par le fil ténu de ses nostalgies.
Alors, sans doute quitterai-je aussi un jour le coeur de Toulon, parce que le mien finira par ne plus en pouvoir. Mais d'ici-là, j'attends place Lambert, tous ceux qui croient encore que la meilleure façon de défendre une cause, ce n'est pas de s'aplatir ou de discourir. Et qu'en toute chose il vaut nettement mieux se battre et agir...
Jaco 


 Té ! Il revient le Parisien. Après avoir fait la Cigale tous les hivers à la capitale, le revoici, le Yves en fourmi varoise, arpentant les plages et les places provençales. Et Pujol redevient « Aïoli » pour le plus grand bonheur de trois générations qui, depuis 1992, suivent fidèlement cet humoriste qui, sans avoir l'air d'y toucher, est devenu avec le RCT et Saint-Tropez, l'un des rares fleurons de ce département en perdition d'image.
J'en fus l'un des principaux supporters à Var Matin lorsque aucun de mes collègues ne souhaitaient se compromettre à promouvoir un groupe jugé vulgaire, ringard et je ne sais quelle snoberie encore.
Envoyé spécial du journal, je suis même monté avec eux à Paris lorsqu'ils firent l'Olympia en 1999 et remportèrent un succès -avec standing ovation- bien supérieur aux Chevaliers du fiel dont ils assuraient pourtant la première partie. J'ai passé avec Yves des soirées de rire et de délire mais en toute humanité et humilité. Voilà pourquoi, même si je trouve qu'Aïoli ne mange pas assez d'aligot, je présente cette affiche sur mon blog avec enthousiasme.
Le 16 juin, je serais dans l'impossibilité de souffler avec Yves et son groupe reconstitué, les vingt bougies. Mais je sais que vous serez nombreux à porter ce fantaisiste de talent et ses amis... au Zénith !
Rendez-vous sur leur site : www.groupeaioli.com
Chronique du 10 avril

Gentils petits canards toulonnais

Lorsque les gazouillis s'échappent à l'aube de mon téléphone, qu'est-ce qui me fait encore me lever ?
Sept plombes, ce n'est certes pas inhumain, pas même matin, mais c'est encore tôt pour moi, surtout à l'heure d'été. Qu'est-ce qui me fait sortir du pieu ? Alors qu'il va s'agir de se lever le cul comme personne, pour à peine gagner sa vie... Ou pas !
Ce sont elles, ces belles rencontres qui se succèdent , se multiplient parce que notre restaurant est décidément voué à recevoir des gens épatants, étonnants, magnifiques. Et c'est exactement pour cette raison, que nous avons si peu de... monde ! Ainsi ce vendredi soir s'annonçait comme l'un des plus sinistres de l'histoire de la restauration mondiale. Entre ceux qui décrètent qu'ils ne mangent pas ce jour-là et ceux qui croient encore en ce rugby, il y avait comme une grande parenthèse ouverte sur les abysses de l'humanité. Encore qu'il lui reste, Dieu garde, quelques surprenantes réserves.
Liliane, ma Lozérienne préférée -avec les Bastide, Marinette et Anne-Lise évidemment- avait réservé pour trois. Et comme dans une mise en scène à la Bergman, ils arrivèrent au compte goutte. Liliane d'abord, puis José abandonnant son compagnon à la dérive dans un Toulon occupé par les disciples de Brennus et de ce fait, incapable de trouver le moindre espace de stationnement pour son Boxer épuisé. Impossible d'avoir de ses nouvelles non plus, puisque le couple, comme tant d'autres futilités, se garde bien de détenir le moindre téléphone portable. Abandonnant de guerre lasse son utilitaire dans l'enchevêtrement anarchique de l'avenue Roosevelt, Jean-Luc poussa enfin la porte d'Aubrac/mer, le béret de travers, le souffle court et la soif en conséquence.
Mon vieux confrère et néanmoins concurrent à Nice Matin, Raymond Bonavita, écrivait souvent sans en penser un mot -je l'espère !- : "Ches si levo de Touloun, se levo de la raisoun"..
José est née à Besagne on ne peut guère faire mieux en l'espèce et Jean-Luc est Seynois ce qui revient a peu près au même. A tel point qu'ils devraient ressembler aux leurs, aux Toulonnais, les vrais de vrais, enracinés depuis plusieurs générations. Si tant est qu'il en survive un seul !
Nos visiteurs providentiels, ceux qui m'aideront encore à me lever demain matin, se sont installés loin de la rade, j'allais dire aussi loin que possible, dans un bled entre Foix et Saint-Girons. En Ariège quoi. J'aime ce département, parce qu'il ressemble à celui où je finirai mes jours, la Lozère. Il doit y avoir plus de vaches et de canards au mètre carré que d'êtres humains. Et l'homo erectus qui résiste au climat et à la solitude est d'une espèce désormais unique, où si l'argent compte pour beaucoup, la parole donnée lui est encore bien supérieure. On y parle très peu, mais ce que l'on dit a du sens.
Et nos titis toulonnais élèvent des canards. Un petit millier par an. Des mulards ou des barbaries, ou un croisement, je ne sais plus. Des musquets peut-être ? Mais ça fait un foie gras d'enfer. Je ne l'ai pas encore goûté, pourtant je le sais. Et pour le coup ces deux-là ne se lèvent pas le matin à sept heures. Mais à cinq, parfois après avoir bossé jusqu'à une heure. Gavage, conditionnement, commerce -ils vendent des kebabs et des paninis de canard en clignant de l'oeil dans leur guinguette de bord de route : c'est l'Enso de Marichott . Entre foires et salons -dont celui du Pradet-, ils ne s'arrêtent pas. Et ils ne ratent pourtant jamais un film, une info ou un beau programme, puisqu'ils n'ont pas non plus... la télévision.
Nous nous sommes donc tous quatre engagés, ce vendredi saint, sur le chemin illusoire, mais avec la même fermeté de conviction, de la décroissance. En dégustant une assiette aubracienne ou un tartare composé de produits naturels, exceptionnels -comme leurs canards nourris exclusivement au maïs bio- dont plus personne ne semble se soucier. Tant la tenue dans laquelle on va paraître, la piscine où l'on va plonger et l'auto dans laquelle on va se rengorger ont tellement plus d'importance...
Et bien non, ils ne ressemblent en rien à ce que sont les gens restés ici, nos « petits carnards » de Toulon. Et pas seulement parce qu'ils ont mis de la rocaille dans l'accent, de la bonhomie dans le sourire, de la franchise dans le regard. Comme quoi c'est peut être la terre que l'on foule, l'air qu'on respire et ceux que l'on fréquente, qui vous forgent un tempérament, un esprit, une éthique.
Jaco


Retrouvez José (a droite) et Jean-Luc (à gauche) à Durban sur Arize à l'Enco de Thérèse et Rosalie et à  l'Enso de Marichott sur l'aire du Ségalas entre Foix et Saint-Girons. 
Et retrouvez Liliane la Lozérienne (au centre), chez nous de temps à autres...







Poisson d'avril 2012

Un 4 X 4 pour la pêche au gros

Les bonnes nouvelles se partagent avec les amis. Donc voilà, mes potes, je l'ai accompli mon rêve. J'ai mon 4 X 4 ! Oh ! je sais me diront les jaloux, les esthètes et bien d'autres, ce n'est pas un gros engin. Pas même neuf. Oui je le concède, le confesse même, ce n'est qu'un « Totoyota », à peine plus présentable qu'un tacot, mais comme dirait Annie Cordy c'est déjà mieux qu'un « Tata Yoyo ».
Et puis surtout ce n'est qu'un début. Avec les résultats d'Aubrac sur mer, au troisième printemps, même en raclant le fond de la caisse, nous n'avons pu rassembler qu'un peu de monnaie. J'ai même demandé à Jo de m'avancer quelques un de ses pourboires -qui se font, soit dit en passant, de plus en plus rares eux aussi !- Grâce à quoi, voici donc la merveille de mes rêves les plus fous. Ce n'est qu'un début écrivais-je car, dès que les Toulonnais auront retrouvé l'appétit et -miraculeusement- leurs papilles, je vais même pouvoir envisager l'acquisition d'un gros « C-Hyènes » vous savez ces engins rutilants avec les vitres fumées qui vous toisent en vous pétant sous le nez et déboulent de gauche, mais surtout de droite, sans prendre même la peine de mettre le clignotant.
Ah ! comme je les envie ces types, généralement tout petits et qui en même temps qu'ils montent dans la société, grimpent à l'échelle de leur tour roulante. Là ils dominent le monde et comme ils n'ont aucune vision sur l'avenir, pas plus d'ailleurs que sur les autres, il leur faut bien ça pour y voir un peu mieux. Là dedans, mon vieux, le roi n'est pas leur cousin. Ils déboulent dans nos rues un peu comme dans un « panzer » faisant trembler le bitume et la population alentour. Serrez-vous et vos enfants avec, dont un pourrait bien se retrouver dans la rainure centrale d'un pneu de deux mètres de diamètre. Mais la plus grosse surprise, lorsqu'il se gare juste devant l'entrée de l'école, empêchant au passage les poussettes étranges, voire étrangères, de même se faufiler entre le mur et la portière qui peut à tout moment les aplatir, c'est de voir qui en descend. Il s'agit d'une blonde, un talon après l'autre, s'exposant de manière héroïque à toutes les foulures, entorses, luxations et autre fractures de la création, vu quand même qu'il faut bien retomber sur terre à un moment ou un autre. Elle y remontera aussitôt, au besoin en tendant son cul aux minots médusés. Puis c'est encore elle, le dernier tube d'une chanteuse à la noix et à fond, le téléphone à la main, qui démarrera au dernier moment du feu vert, vous laissant profiter du rouge pour trois minutes de plus...
Un 4X4 qui déblaie le chemin, une blonde qui ne réfléchit que devant sa glace, deux marmots impolis qui braillent du matin au soir, si ça c'est pas de l'ascension sociale, si ce n'est pas l'exacte définition du bonheur, ben là alors c'est que j'y comprends plus rien.
Donc, en attendant de rejoindre l'Aubrac où les chevreuils m'attendent déjà avec une boule au fond de la gorge, je vais aller m'exercer sur les sentiers des Maures. Entre la Môle et les Mayons, y a de quoi faire. Des pistes tranquilles où l'on peut faire ce qu'on veut et même effarer un troupeau d'écolos avec leurs shorts beiges ridicules et leurs sacs à dos pourris. Je pourrais aussi me familiariser avec le GPS embarqué, le correcteur d'assiette et le blocage individuel des roues. Passer à travers champs, transpercer les forêts, escalader les pires côtes et tout çà sans même faire trois pas ! Voici mon Graal bientôt atteint. A l'époque des champignons, pareil ! Dès l'aube et en quelques minutes je serai sur le coup. Et les conos qui monteront à pinces l'auront dans le baba. Et qu'ils s'estiment heureux si j'en aplatis pas un, pour l'exemple.
Mais en attendant la première poussée de cèpes, je vais aller en ce bel après-midi de premier avril, à la pêche du côté de Giens. Ce serait bien le diable si je ne parvenais pas à ramener un gros poisson qui rentre à peine dans le coffre de mon « Toto »...
Jaco 

Internet et précis

Vous êtes désormais plus de 6500 par mois à cliquer sur le blog d'Aubrac sur mer. Sans compter nos presque 1000 « abonnés » à la «nouvelle lettre » diffusée tous les lundis, cela commence à faire !
Par passion, plus que de raison, je consacre une grande partie de mes loisirs à vous raconter notre aventure, à vous faire rêver de nourriture saine, de prix équitables et d'intégrité morale...Je ne suis donc pas si mécontent que vous soyez si nombreux à me suivre sur les sentiers et drailles de l'Aubrac.




 
Andrau...mac d'Estragon
Ce n'est plus tout à fait - plus du tout même- un écrivain en herbe. Mais cet Andrau le Mac ne doit pour autant rien à Racine. Gérard Estragon me pardonnera, peut-être cette présentation au galop, c'est à dire un peu cavalière. C'est en tout cas, une passionnante descente dans la « basse », dont les limites commencent justement à la Place Lambert, que l'auteur toulonnais nous propose. J'ai beaucoup aimé cet amalgame, entre la lourdeur de l'atmosphère et la légèreté du style. Un truc d'auteur, de vrai. Alors si vous éprouvez l'envie de connaître la basse-ville de Toulon, qu'il faut parfois confondre avec ses bas-fonds, et bien n'hésitez pas : foncez acheter ce bouquin à Géhess éditions, non loin de chez nous ou rendez-vous sur leur site dont vous trouverez l'adresse mail non loin d'ici, sur la gauche. Et prochainement, nous évoquerons le dernier roman de Gérard : « Le corbeau de Saint-Yriex » où le dentiste-romancier «un peu rouge » se prend pour Le Marcheix. Un lieutenant. 
 Gabrielle, Gérard, Marjolaine, Gérard et Marianne


Chronique du 26 mars 2012


Apollon mieux que Bacchus

Ça va vous ? Tant mieux, tant mieux ! Parce que « moi personnellement » - comme cela se dit à tour de bras dans le grand charabia des médias et jusqu'aux conversations de rue et de bureau – c'est quand même pas terrible. Le printemps je le sais, ça vous botte. Enfin non, les bottes vous les rangez. En fait, ça vous excite ! Bon, rue d'Alger ce n'est pas très sensible -rien n'est plus jamais sensible rue d'Alger !- mais alors pas plus loin que le port, c'est fou ce qu'il peut y avoir de lunettes de soleil attablées, rangées un peu comme dans la vitrine de Caroline, mais pas beaucoup mieux inspirées -il faut bien l'admettre- qu'un troupeau de moutons devant l'abreuvoir.
A partir de maintenant, le souci de Toulon et des environs, ce n'est plus ce qui nourrit, mais ce qui brille. On ne dira plus « qu'est-ce qu'on mange ?  » ou encore moins "qu'est-ce-qu'on lit ?", mais « où est le soleil ? ». J'en connais qui vont se faire un plaisir de fourguer n'importe quoi dans les gamelles pourvu que ce soit en contre-jour. Il y a, de par le monde, de beaux endroits où l'amour rend aveugle, chez nous, que voulez-vous, c'est le soleil.
Si bien d'ailleurs qu'il y a vingt ans, le docteur Laurent Jérôme s'est égaré en choisissant de célébrer Bacchus. Bien que porté un peu trop sur la bouteille, se jouant même des lignes de la luxure, le romain incarnait la joie et peut-être même le savoir-vivre. Il me semble qu'un salon Apollon aurait bien mieux convenu à l'idée que l'on se fait ici de nous-même et une grande fête du soleil, chaque année place d'Armes aurait eu de l'allure : chapeaux de kékou, lunettes multicolores, shorts moulants, parasols transparents, maillots du RCT, motos de collection et 4 X 4 décapotables...
Tandis que là ! Franchement ! Du pinard et du salsiflar, des fromages improbables, des arts de la table...On a dû se gourer de chapiteau... Et puis vous avez vu -enfin senti- comment ça pu quand on entre ? Ah c'est pas comme chez nos amis de McDo où que quand on pénètre, ça embaume l'eau de javel...Sans compter qu'organiser un truc pareil, en avril quasiment, au moment où l'on doit à tous prix enfiler son slim  36, sortir les petites fesses et rentrer le bide, c'est quasiment de la provocation.
D'ailleurs il se prend pour qui ce Bacchus à venir camper sur l'une de nos plus belles places avec une tente que même Kadhafi il n'avait pas la même au Trocadéro ? Il se croit sorti de la cuisse de Jupiter ou quoi ?
Et oui je suis en colère, mais admettez qu'il y a matière. Ce qui me dérange dans le printemps, outre le soleil et les cons qui vont dessous, c'est l'heure. La nouvelle. Celle qui vient de me piquer soixante minutes de somme comme au coin d'un bois. Et que le samedi soir, je bosse monsieur ! Pour vous. Qui vous prélassez sur mes banquettes moelleuses en dégustant un Thuerry ou un Flars tout en me racontant votre vie qui ne m'intéresse, mais alors qui ne m'intéresse pas le moins du monde... « Ouais c'est ça que je me dis, patati – patata et c'est toi qui va la passer la serpillère, toute à l'heure, cono... » Des fois, ils doivent l'entendre parce que dans la fraction de seconde, ils se lèvent et nous libèrent. Enfin tout ça c'est entre nous, évidemment. C'est un peu comme si j'écrivais dans un blog que les clients me font c...
Je suis crevé et cela pourrait bien durer. Parce qu'avec le collègue à Laurent Jérôme -et Yves Masia d'ailleurs – comment c'est déjà ? Bacchus, c'est ça... Avec leur Bacchus là, vous allez voir que nous allons encore avoir du monde ! Des types qui vont chercher à savoir comment on fabrique l'aligot, d'où sort la tomme et avec quel vin on peut accommoder un tripous. Je t'en pose des questions moi ?
Franchement docteur j'eusse préféré que nous vénérions Apollon. Avec lui c'est : soit beau et tais-toi... Et vous, personnellement, qu'est ce que vous en pensez ? 

Jaco

Le salon Bacchus fête son 20e anniversaire de jeudi 29 à samedi 31 mars 2012, place d'Armes à Toulon. Pour tout savoir rendez-vous sur le site 
http://www.bacchus-fete.com/





Tout est bon dans le Thuerry

On ne pouvait pas laisser Bacchus fêter ses 20 ans dans l'ignorance du Thuerry. Notre Thuerry celui que nous avons adopté, à moins que ce ne soit le contraire. Partenaire du salon cher à Laurent Jérôme et Yves Masia, Aubrac sur mer était donc très concerné, motivé même par l'apparition de son cru major, déniché là-haut au détour de Tourtour, Flayosc et Villecroze.
Coïncidence, Château Thuerry célébrait sa propre fête du millésime 2011, il y a tout juste quinze jours et c'était comme à l'accoutumée, grandiose. Il y avait même, aux côté de Monica, Jean-Louis, Serge,  quelques guest stars, comme les maires des trois communes sur lesquelles courent les vignes de Croquet et le député du coin déjà en campagne. Mais la vedette incontestée, l'exception de la journée était le millésime. Vainqueur à nos coeurs dans les trois couleurs et les trois appellations. Un record !


Maltése, une sacrée tête de l'art

Maltése – Estades, Estades-Maltése. La complicité de ces deux esthètes, virtuoses du pinceau ou de la galerie, les a emmenés suffisamment loin sur les chemins de la notoriété. Performance notoire pour le peintre qui jouit de son vivant de tous les avantages de la reconnaissance. Après Baboulène et les peintres provençaux, voici donc pour deux mois Maltése exposé à la galerie Estades, 22 rue Henri Seillon à Toulon (derrière la mairie). Estades, un galeriste de classe internationale qu'il faudra songer à décorer pour avoir été l'un des rares à valoriser Toulon autrement qu'avec un ballon ovale. 
Vous découvrirez à travers une trentaine de tableaux, un univers étrange mais apaisant ; rouge de rage ou bleu horizon. Maltése est aussi de Toulon ; ses bateaux dansent sous le Coudon et les lavandes colorent des natures pas si mortes...
Bref si vous n'avez pas le temps, passez quand même chez Estades et profitez-en pour venir goutter l'aligot et taquiner le tripous...

 Chronique du printemps 2012

Moun païs, ô Laporte !

Lorsque ce long échalas apparut dans l'encoignure de ma cuisine, je n'en fus pas surpris. Henri et Aubin m'avaient déjà menacé de « me l'emmener » et Benji m'avait également prévenu de son imminence. Bref j'étais prêt et c'est Tom qui l'a fait. Sauf qu'évidemment ils n'avaient pas réservé et que, forcément, ce jour-là, nous étions assiégés. Mais comment refuser l'entraîneur le plus charismatique de France, dont les circonstances aggravantes sont d'avoir été sous-ministre des sports certes , mais de la République ? Bref, il a fallu virer deux roturiers pour faire place à nos seigneurs du jour. Sans tapis rouge toutefois, puisque depuis que nous avions reçu Marc, nous l'avions mis au pressing.
Blague à part, je ne sais pas si vous croyez, comme moi, qu'il n'y a pas que du hasard dans la vie , mais la nôtre est parfois étrange. Voilà deux ans et demi que je peste parce qu'Aubrac sur mer avait vocation à devenir un formidable lieu de rencontre rugbystique et un lien générationnel magnifique et qu'à l'arrivée, ils ne sont qu'une dizaine à nous rendre visite occasionnellement. Sans compter mes amis, les vieux, qui appartiennent à un autre monde. Le mien. Et le même jour, on retrouve sur 10 m2 : Bernard (donc), Tom (l'anglais le plus sympa et que j'aimais tant avant qu'il ne fasse un peu de mal à un mon cher Edmond), Manu (le plus rude et le plus noble des piliers de sa génération), mes amis Alex (un préparateur physique à son meilleur niveau depuis plus de trente ans) et Edmond donc (plusieurs fois entraîneur du RCT mais jamais sassez longtemps à mon goût). Lequel me rappelait pour l'occasion que seules les montagnes ne se rencontrent jamais. Et qu'il n'y a donc effectivement pas de hasard !
Je vais, maintenant en surprendre plus d'un si je prétends que j'aime bien Bernard. « Bernie le dingue » comme l'avait irrévérencieusement -mais affectueusement aussi- baptisé mon confrère et maître, Pierre-Michel de l'Equipe. Je le prétends donc et l'assume, non parce qu'il a daigné pousser la porte de mon antre, mais parce que c'est comme ça ! En m'empressant d'ajouter toutefois que ce sentiment ne tient absolument que sur le personnage, sa forme, son peps, sa disponibilité, ses origine et son originalité.  J'ai décidé -seul, mais à l'unanimité- que le reste  ne me regardait pas !!!
J'aime le souvenir de ce type au cou de coq déplumée comme il en caquète à profusion dans les fermes aux confins du Tarn et de l'Aveyron. Qui piquait de son bec tranchants tous ceux qui hantaient sa basse-cour, mais qui le faisait souvent avec humour. Et qui, sur les plages requines de Bondy à Sydney, avertissait les journalistes qu'il n'entrerait pas contre les anglais avec la « paille au cul » et que ce serait « à la fin de la foire qu'on compterait les bouses ».
Il me souvient aussi, il me souvient encore de ces matches héroïques de Bègles où il entraînait ses amis Moscato, Simon et Gimbert par le maillot pour les conduire sur un tapis volant où l'on ne sait de quelle folie ils étaient piqués. A l'époque on me taxait de complaisance à son égard, on me vouait même aux gémonies, lorsque j'écrivais dans Var Matin que la connerie était, sur le coup, bien partagée. Les mêmes qui se prosternent aujourd'hui devant le nouveau maître du jeu toulonnais.
Si je n'accusais pas six lourdes années de plus, j'aurais même pu me percer la main par un raffut sur son nez inspiré en Assu lorsque je rencontrais le collège de Gaillac. Nous avons grandis à 16 kilomètres de distance et ces liens en valent bien d'autres. D'autant que bien plus tard, lorsque nous nous croiserons derechef -lui à la crête et moi à la plume-, ce sera par le truchement d'amis commun, Christophe et Henri, pour ne pas les compromettre....
Je ne suis pas pour autant idolâtre. D'ailleurs le reste nous sépare. Notoirement cette part active prise par Bernard à transformer les poules de 10 du championnat en poule aux oeufs d'or du Top 14, générant quelques monstres et de terribles méfaits pour mon rugby...
Je n'ai rien d'autre à échanger que ces souvenirs-là. Mais ils tiennent bien au coeur. Gaillac c'est tout prés de Graulhet, Rodez -où il naquit- c'est au pied de l'Aubrac et cette terre sur laquelle il garda les vaches dans la ferme familiale, c'est la nôtre. La même.
Jaco
 

 Bernard est à droite. A ses côtés Manu. Puis Fanfan, Alex, Tom, Edmond, Jean-Paul et Gérard.
Je tiens à les remercier tous d'avoir accepté aussi gentiment, spontanément, de participer à cette photo.

Xavier et son
Golden Zéro

Nous recevons aussi des génies à notre table. Nous avons déjà évoqué Eddie, mais il y a aussi Xavier. Nous le retrouvons ici à notre table en compagnie de Stéphanie au premier plan. En face c'est Christine et à côté d'elle c'est encore Stéphanie.
Il vient en effet de créer un jeu de cartes, un truc de fou ! Alors moi qui sait à peine jouer à « bataille » je préfère qu'il vous explique lui même en quoi ça consiste. Ensuite il vous suffira de vous le procurer sur son site. Écoutons donc Xavier répondre à nos questions
D'où sort votre Golden Zéro et quelle est son originalité ?
Le Golden Zéro. C'est une histoire qui remonte à plusieurs années maintenant. Je cherchais un nouveau jeu de cartes avec lequel les joueurs pourraient bluffer et miser, comme au poker, sans que ce soit du poker. A force de chercher, j'ai fini par trouver l'idée qui deviendra le principe de base du Golden Zéro : atteindre une cible comprise entre 15 et 24 sans la dépasser.
Comment devient-on créateur de jeu de cartes
 Étant créateur de jeux de société durant mes loisirs, j'ai sans cesse l'esprit en ébullition et le Golden Zéro est le premier jeu qui sera édité. J'espère qu'il sera le premier d'une longue série !
Quels sont les gens qui sont ciblés par ce jeu ?
C'est un jeu qui s'adresse à tout le monde. Les hommes et les femmes de 9 à 99 ans.
A toutes celles et ceux qui aiment se faire peur en prenant des risques et/ou faire chuter leurs adversaires autour d'une table. Attention tout de même : ce jeu étant à la base un jeu d'argent, les mineurs de moins de 18 ans ne sont pas autorisés à jouer des parties incluant la mise d'argent.

Comment se procurer Golden Zéro ?
Pour le moment, les jeux ne sont pas encore disponibles à la vente. On peut participer à des parties uniquement dans les lieux qui en sont pourvus comme les associations ou clubs.
Toutefois, il est prévu qu'une quantité limitée de jeux soit prochainement mise en vente (par correspondance uniquement) via le site www.golden-zero.com.

 Chronique du 13 mars 2012

L'esclave dit toujours oui !




Merde ! Ce matin il y a un SDF devant le restaurant. Quel con ! Je peux même pas ouvrir mes volets. Plusieurs options se proposent à moi grâce au génie inventif qui m'habite. Soit je lui tire un « pointu » dans les côtes, soit je fous le feu à ses couvertures... Ou alors je le secoue délicatement en lui demandant si la nuit a été douce et s'il prendra du thé ou un saucisson beurre pour son petit- déjeuner ? Finalement, nous lui demandâmes, l'âme en carafe, de bien vouloir se lever afin que nous installions notre terrasse. Rien de bien glorieux non plus.
Mais cela dut lui plaire, puisqu'il y revint le malheureux. Le vendredi soir alors que les clients défilaient, il gisait là, vivant mais jusqu'à quel point ? Le lendemain, il fallut donc monter les enchères à défaut de montrer les dents. Marie lui avait tendu un bout de pain et de saucisse, Jo lui offrit une poignée de spéculos. Grand seigneur...
S D F (sûrement des fainéants) comme le pensent la plupart des cons. Avant on appelait ça les « clodos », encore avant les « cloches ». Il y a bien longtemps : les mendiants et en des temps immémoriaux : les manants. Lesquels se trainaient au pied des seigneurs féodaux, des nobles à particules, des bourgeois à portefeuilles...
D'ailleurs je me suis demandé qu'est-ce ce pauvre bougre venait faire devant le seul restaurant qui ne gagne pas d'argent ! Peut-être le bouche à oreille ? Il aurait pu rêver de nuits plus confortables au bord de l'eau, là où les poubelles sont pleines de produits pas tous totalement décongelés. Et puis c'est surtout qu'il y en a plein de types qui mériteraient de retrouver quelques SDF couchés sous les quatre roues maudites de leur « Audieux Q7 », ou sous l'abri de leur piscine donnant sur la mer. Histoire peut-être d'éveiller leur conscience, à condition tout de même qu'ils en possèdent un exemplaire. Même plus réduite que le cul de leurs bagnoles.
Ah ! brave gens, tout ça nous ferait bien dégueuler même si, à 17 euros le tripous-aligot ça fait dommage ! Je sais que ça me fait du mal mais je ne peux m'empêcher de ruminer que la faculté du plus grand nombre d'entre-nous à nous indigner demeure très insuffisante, voire superficielle. Je n'ai pas dis superflue. Et je pense à cette brêle de Séguéla qui expliquait - certes provocateur mais quand même ! - qu'à cinquante ans, si tu n'avais pas une montre sertie de diamants, c'est que tu avais raté ta vie. Je n'en connais qu'un qui a ce genre d'ustensile, je sais qu'une partie de la rade le bade, mais il est le plus abject qu'il m'ait été donné de rencontrer en cinquante trois ans... Je pense aussi à cet ancien Président qui n'avait d'autre objectif, après son mandat, que de gagner de l'argent. Bravo, mec, bel état d'esprit !!!
D'une manière générale, les conos qui n'ont que cette obsession : la réussite (c'est à dire se gaver sur le dos de ceux qui n'auront jamais rien) me paraissent le plus souvent démunis de profondeur, de culture et de classe. Un peu comme si, pour gagner la compétition, il fallait à l'instar de la Formule 1 s'alléger de la moitié de son carburant, ici nous parlons de matière grise et d'humanité.
Avoir réussi sa vie mes collègues - j'ai même une cousine qui à douze ans m'a déclaré sa flamme : « plus tard je veux être riche ! » - ce n'est pas forcément mener une vie dépouillée, monastique, austère. C'est au bilan, avoir vécu suffisamment longtemps et pouvoir compter plus de moments de joie que de périodes sombres. C'est avoir eu beaucoup de rêves et en avoir accompli au moins un. C'est se lever en bonne santé et, comme Janine ce week-end à Carrefour, Marc et ses potes à Evenos, consacrer une journée ou deux à collecter des aliments, y compris pour « mon » clodo qui me barrait l'accès au resto cette semaine. Je n'ai même pas besoin d'ajouter qu'avoir réussi sa vie, c'est pouvoir s'offrir une entrecôte d'Aubrac et un aligot, une fois de temps en temps. Ne serait-ce que pour réussir la mienne.
C'est aussi savoir dire « non » quand il faut. Pas toujours, mais le plus souvent quand même. Je repense à cette tirade de mon idole historique André Malraux prononçant, les maigres cheveux aux quatre vents du plateau des Glières éclatant sous la neige, le plus beau discours de tous les temps : « Toutes les hautes figures spirituelles de l'humanité ont dit "NON" ... maquisard obscur collé à la terre pour sa première nuit de mort suffit à faire de ce pauvre gars le compagnon de Jeanne et d'Antigone... L'esclave dit toujours "Oui"." ..
Certains trouveront peut-être ces propos commercialement incorrects. Faut voir et telle n'est pas la question. J'ai toujours revendiqué mon appartenance au peuple de l'écriture et non à celui de la cuisine qui demeurera, même lorsque j'aurai décroché ma troisième étoile, une affaire intime et familiale.
Mais dormez en paix ! Quand j'aurais ma troisième étoile, mon SDF aura racheté le RCT...
Jaco


Au Japonnais présent

Il ne manquait que lui. Et ce fut une bonne surprise. En fait c'est notre premier client venu du continent asiatique. Et pas de n'importe où : du Japon, oui madame ! Et pas n'importe qui : un chercheur, oui monsieur ! Le docteur Sin-iti travaillerait sur le projet Iter pour l'agence de l'énergie atomique du Japon. C'est vous dire si le type est sur un sujet sensible ! Pierre, notre espion du samedi, qui se planque en terrasse avec Patricia, l'avait pris pour un Chinois. Mais à part ça, il releva que ce chercheur sans doute émérite n'avait pas trouvé le bon usage de la trilogie. Il trempa les farçous dans le bol de velouté de potiron, puis en fit de même avec les crevettes. Puis c'est à la fourchette qu'il tenta d'attraper la soupe. Sans doute que Jo avait négligé de lui apporter une cuillère. Jugeant qu'un type capable d'attraper du riz avec deux baguettes pouvait faire des prodiges avec une fourchette. Enfin bon, toujours est-il que pour le cassoulet, le japonnais n'a pas été absent du tout. Jusqu'au dernier fayot !
Bravo maître et envoyez-nous vos compatriotes lorsqu'ils passeront dans le coin.

Chronique du 6 mars 2012
C'est dans les vieux potes...

Vous le savez peut-être, avant de tenter de vivre de ma passion pour la cuisine, j'ai exercé un vrai métier. Avec passion. J'étais journaliste, je ne m'en cache pas, même si je devrais peut-être m'en excuser ! Et durant presque trente ans, enfin au moins depuis sa première finale post-moderne, en 1985, je n'ai plus lâché le RCT jusqu'en 2009. J'y ai tissé des liens sensément indéfectibles qui aurait dû m'assurer une clientèle, au restaurant, pour le restant de mes jours. Car ce ne sont pas les solides inimitiés -dont je suis le plus fier !- qui peuvent nuire à mon commerce, puisqu'elles comptent pour si peu.
Il me reste bien une solution pour revoir les potes des deux générations croisées sur ma longue route rugbystique : les inviter en permanence. Je me promets un succès garanti, un raz de marée. On risque même de refuser du monde ! Toutefois, je pense raisonnable d'en parler, auparavant, à ma femme et mon comptable ! Non, j'exagère, je dois connaître cinq cents rugbymen, mais il y en au moins... dix qui viennent régulièrement à Aubrac/mer ! Et je ne parle évidemment pas de ceux qui sont passés par obligation, il y a fort longtemps, me couvrant de compliments... mais que je n'ai jamais revu. A part Edmond J, Jean-Claude B, Gilbert D, Patrice B, Michel T, Robert T et André V -ce dernier à titre posthume- je n'ai guère de rugbymen toulonnais à décorer de la grand' croix de l'Aubrac.
Et ne pouvant non plus teindre mon aligot en noir, ce qui, avec la viande rouge aurait pu donner une couleur locale et identitaire, je ne peux attirer non plus tous ceux qui nous ont remplacés à Mayol. Ceux qui, il y a dix ans, dévastaient nos forêts le dimanche après-midi ou aboyaient dans les stades de foot -beurkkk !- à l'heure où pourtant, Marc de Rougemont envoyait Teisseire à l'essai après une double cabriole entre les pattes de Merle. Seuls sont restés fidèles à Mayol, quelques demeurés. Ne vous méprenez pas, j'entends par là, ceux qui demeurent dans les environs immédiats...
Enfin, il faut être juste. Ils ne viennent pas me voir et cela tombe plutôt bien parce que je n'y tiens pas non plus. C'est quand même mieux, même pour quelques heures, lorsqu'on a des valeurs à partager avec le pain et le sel. Que voulez-vous ! A force de faire de nos rugbymen des enfants gâtés, puis des enfants gavés, on en a fait un sport pourri, gouverné par des zombies prêts à tout sacrifier sur l'autel du profit. Il n'émerge plus de nos stades, où flottaient naguère les parfums d'anisette, de pistaches et de chouchous, que des relents fétides de fric (re-beurkkk!).

Sur ces entrefaites, voilà-t'y-pas que me débarquent, un samedi pour déjeuner, une trentaine de vieux soldats du sport roi, celui qui se pratiquait -noblement- à grands coups de poing dans le pif et les grands jours de foire d'empoigne, quelques « pointus » dans les côtes. C'est pas compliqué, à part les morts -Marcel Bodréro en dernier- et quelques malades de la dernière heure (nous étions en pleine épidémie de grippe), ils étaient tous là, ceux de l'amicale des anciens du RCT. A l'époque, ils auraient bien tout cassé dans le bar, mais là ils manquaient un peu de force et d'entrain. Il faut dire que désormais ils carburent davantage à la pastille qu'au pastis !
Non, je plaisante bien sûr et je suis tellement heureux, honoré quelque part, que Jacky Calvet, Roland Deu (qui resta néanmoins au lit), Francis Michel et Jacques Parcellier aient pensé à Aubrac sur mer pour se remplir la panse. Comme le disait Jacky avec son accent catalan auquel il n'a pas renoncé même au bout d'un demi-siècle : « Si on se rrrrrégalait pas chez toi, on ne rrrrrrreviendrait pas, qu'est-ce que tu crrrrrrrrrrois, mon petit ? » Histoire de garder un brin de virilité et de ne pas me dire que, lorsque j'étais en fonction à « République », je devais bien être le seul journaliste -avec Raymond Bonavita- à considérer avec respect et affection, l'amicale des Anciens.
Mais ceux qui ne les respectent pas du tout, ce sont les mêmes. Ceux des générations plus récentes qui au lieu de venir renforcer et étayer cette association -qui est sur le point de disparaître avec les derniers poilus-, ne serait-ce que pour perpétuer une tradition et ne pas cracher aussi ostensiblement à la gueule du passé -de leur passé- préfèrent se recroqueviller dans leur petit confort, en couvrant délicatement d'une couverture leur immense ego.
Ils n'étaient finalement pas tout à fait une trentaine, mais j'ai vu des gens heureux. Plein d'élégance et de gentillesse. Tous n'avaient pas la dimension d'un Herrero, ni l'aura d'un Gallion, certains même doivent avoir bien peu de temps de jeu au RCT, mais à leur façon de liquider un cassoulet de cinq cents grammes, je me suis dit que les anciens de Toulon n'avaient pas seulement un estomac, ils avaient au moins une âme !
Jaco.
 
Nourriture spirituelle.- Je tiens à saluer le beau geste de Christian et Martine. Sans doute les seuls à avoir lu ma dernière chronique, ou à y avoir prêté attention, et à en avoir tenu compte. Car ces amis m'ont effectivement commandé le recueil de Patrick Lorenzini «  Petites fêtes rustiques entrecoupées d'averses ». Et tandis que je leur proposais de l'acheter plutôt que de déjeuner à Aubrac sur mer, ils choisirent les deux : lire et manger... C'est dire si ceux-là se nourrissent comme il faut !
Au paradis des originaux

Dans la rubrique : « Ils sont venus, ils ne reviendront pas » figure désormais, aux côtés d'André Véran et Paul Chambras, Dominique Chatain. Je ne voudrais pas transformer ce blog en nécrologie. Même si l'on continue à vous faire croire, que manger est devenu très dangereux -comme boire, fumer, conduire, niquer, etc-.- Il n'y a plus guère que la connerie et la malhonnêteté qui conservent, c'est vous dire à quel point on va se faire vieux !
Enfin voilà, Dominique Chatain nous a quittés. Certes, il avait l'âge pour ce faire. Mais on meurt toujours trop tôt au regard des gens qui vous aiment. Et nous, on l'aimait « notre » M. Chatain. Nous en connaissons des pince-sans-rire, des pinces qui méritent l'appellation « Monseigneur » et lui, en l'occurrence, il se posait un peu là. Un peu las aussi, hélas, lorsque son coeur commença à se désolidariser de l'âme. Nicole son épouse, à son tour malade, le fit un peu plus basculer vers cette manière de lassitude de la vie, contre laquelle, un certain âge atteint, on ne peut plus grand chose.
Il y avait dans ses blagues toutes en sous-entendu, son sourire entendu et ses perfidies en flux tendus, quelque chose de fort. De fort agréable. Et de réconfortant. Au moment de la grippe H1N1, où les gouvernants tentèrent de constituer un troupeau de soixante millions de vaccinés, il se baladait avec un carton dans la petite poche du veston, à la manière d'un arbitre. Et lorsque vous lui tendiez la main pour le saluer, il sortait le bristol sur lequel il avait écrit : « La grippe H1N1, ne passera pas par moi ! »
Ce n'est pas tant le client fidèle depuis le 1e septembre 2009 qui nous manque. Celui qui était venu nous tester dès les premiers jours et que l'on n'aurait pu abuser, tant il connaissait bien l'Aubrac, Laguiole et Conquet. Celui qui nous ramenait même parfois les dernières affiches de l'office du tourisme que nous lui demandions.  Celui qui nous a marqués et nous manquera, c'est le personnage entier, massif, sincère qui fera désormais défaut. Et comme nous l'aimions, nous lui dédions sa propre anecdote : Une semaine avant sa disparition, il mangeait encore, chez nous, une omelette aux cèpes... Comme quoi il faut toujours prendre garde aux champignons !
Nous vous saluons, Madame, qui semblez avoir formé avec Monsieur Chatain, un vrai, un beau couple. A l'ancienne, comme on n'en fera plus beaucoup désormais...

Je m'aperçois que je n'ai pas remercié l'équipe rédactionnelle du magazine "Le Bouche à Oreille". Certes je ne les connais pas -c'est le principe-, certes ils font leur boulot, mais j'ai apprécié leur critique. Equilibrée et juste (à mon sens, mais aussi heureusement à celui de la plupart de nos visiteurs).
Ce n'est pas tant à l'ego que cela fait du bien qu'au moral. Parce que dans cette société, les gens intègres, simplement intègres, ne sont pas ceux que l'on gratifie. Alors on le prend, bien volontiers.
Alors oui, le dab vous remercie !


Les Bonnes Tables, les Mauvaises et celles à éviter.

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Aubrac Sur Mer
37 rue de la glacière
Place Gustave Lambert
83000 - Toulon
Tel : 04.94.05.49.76 et 06.74.16.97.02
Site : www.aubracsurmer.blogspot.com/
GPS : Lat=43.1214734 Long=5.9318667 (plan)
Très Bonne Table
On marche sur la tête. Faudrait songer à ce que la Sécu rembourse les repas bons pour le moral et la santé. Si vous faites partie des gens ayant perdu toutes illusions en la nature humaine, venez donc tremper le museau chez Jacques Larrue. Ôôôôh bien sûr que le personnage vaut le détour. Mais sa boutique le déplacement. Et sa cuisine je vous dis pas! Si? Bon d'accord. Midi en semaine menu complet à 21 € décliné en formule. La totale pour moi avec la "Trilogie d'entrées" petite salade verte avec une belle crevette et saumon fumé, farçous (galette souple de l'Aveyron) et velouté de potiron. 14,5/20. Mes cocos, je me suis enfilé avec un plaisir rare une "bavette de l'Aubrac à l'échalote". Un grand moment je vous assure, où on se sent bizarrement plus intelligent en mâchant. Tout commentaire supplémentaire et cirage de pompe du chef est inutile, c'est le boucher qu'il faut embrasser sur la bouche. Bon allez: un bisou chacun! Le cuistot et le louchébem ! Et un de plus si le chef est rasé pour la truffade qui accompagne, pomme de terre poêlée avec fromage, oignons... 15/20. "Assiette de fromages" pour conclure, Saint-Nectaire, Laguiole et Roquefort. Ils sont parfaits, sentent la cave, le vieux placard et la prairie grasse. Service un peu trop au trot, mais rigolo. A intervalles réguliers, le dab sort de la cuisine et vient en salle serrer les paluches des connaissances ou pas, droit dans les yeux et conscient que ses pieds touchent le sol. Deux trop courtes phrases échangées suffisent à piger pourquoi il préfère les chemins de traverse aux rails dans l'axe. Un moment de conviction rare et fameux sous la fourchette: deux bonnes nourritures valent mieux qu'une.




Accueil : 14/20
Service : 14/20
Qualité/Prix : 15,5/20
Cadre : 13/20
Pain : 15/20
Café : 14,5/20
Toilettes : 16/20
Chef : Jacques Larrue
Spécialités : Aligot préparé à la tome fraiche tous les matins. Tripous. Bœuf fermier Label Rouge de l'Aubrac. Potée aubracienne. Choux farcis. Fromage AOC. Charcuterie.
Menus : Formule à 18 €. Menu à 21 €, 25 € et 31 €. Carte.
Fermeture : Ouvert du mardi au samedi à midi, et vendredi et samedi soirs. Réservation conseillée..
Terrasse devant la fontaine.
Il a inauguré la terrasse



Nous n'avons convoqué ni le maire, ni la fanfare des équipages de la Flotte (on a eu assez de pluie à l'automne), mais la terrasse d'Aubrac sur mer a été inaugurée mardi dernier par Bernard. Cet ancien journaliste de RTL tient il est vrai le siège de sa boite « Communication et stratégie » à deux pas chez nous. Mais il aurait pu faire comme tous les gogos et risquer sa vie au bord de l'eau à cent mètres de là. Et bien non, c'est notre soleil à nous qu'il a choisi. Celui de l'Aubrac. Et avec des bourriols dans l'assiette, il ne fait jamais froid...

 Chronique du 28 février 2012

Quand il est pas mort, le poète....



Aujourd'hui, cela va me changer des tripous, je vais vous vendre un livre. Une idée que vous jugerez, peut-être aussi sotte que grenue. Mais ici, je fais ce que je veux. Et c'est parfois bon de n'en faire qu'à son texte, de s'ébattre dans la littérature, nu … comme un vers ! C'est beau d'être libre, tout simplement, même un instant. Tous les hommes mariés, les salariés, les journalistes... saisissent le propos.
Grand pourfendeur du consumérisme, je vais donc tenter de vous soutirer 25 euros. Pas pour moi non, mais le temps viendra peut-être où je me verrai contraint de vous soumettre mes écrits, lorsque le rumsteck sera définitivement frit et les carottes, cuites.
Il s'agit du bouquin d'un pote. Et quand je dis bouquin c'est pour rire. Les Lévy, Meyer, Musso font des bouquins, Ruffo, Chabal, Bouvard aussi... Pour entretenir leur égo et prendre quelques sous aux gogos. Là, c'est un recueil. J'allais y mettre un R majuscule. Parce qu'il y a la dimension de recul, celui que l'on prend en toute chose sur les mots, les êtres et les morts. Et le recueillement, pardi, qu'il impose.
Son auteur, qui le connaît ? Pourtant il est Toulonnais. Enfin il me semble bien. Ce n'est pas un ami, un proche. Plutôt un modèle. La seule distance que je prendrais avec lui, c'est que tous ceux qui le connaissent, l'aiment. Même les cons. Enfin, mes cons. Parce nous avons chacun les nôtres. Et je crains de l'être moi-même pour d'autres.
Té, peut-être qu'à l'instant, Patrick s'écrie : mais quel con ! Enfin non, je ne crois pas. Ce n'est pas le type à ça. Nous avons bossé presque trente ans ensemble. Parfois tout près. En face. Mais jamais on ne s'est appelé pour seulement aller boire un café. Et, par tous les brésiliens, on en buvait pourtant plus qu'à notre tour ! Lorsqu'on attendait notre jus planté derrière la machine, comme deux cons alignés aux latrines la main droite en soutien, nous n'évoquions guère plus qu'une émotion commune fondée sur quelques mots. Le langage n'étant pas notre fort. Ni pas mépris, ni par vertu, mais par nécessité. Sans doute sommes nous aussi frustrés de n'avoir rien à dire d'inintéressant que ceux qui causent à tous égards. On pourrait faire de cette dualité une fable : le mutique et la logorrhée (le moustique et le loup garou).
Lui, ce serait plutôt à un hérisson qu'il me ferait penser. Avec sa coiffure que l'on pourrait aussi comparer à un porc épique, son dos légèrement vouté et cette démarche discrète, qui trahit déjà tous les traits d'une infinie délicatesse.
Vous me direz encore que je parle beaucoup du passé, mais la force du passé c'est qu'on en connait la fin. Et puis Patrick n'est pas mort. Il a failli certes, d'un coup de coeur pour va-t-en voir quoi ? Mais l'horloge est repartie et ça rime toujours dans la cervelle de ce poète que j'élève dorénavant et de toute façon au rang d'immortel. Et ce n'est pas simple, parce qu'à l'origine, le poète, c'était moi. A 16 ans, cono, moi aussi je l'avais le petit carnet à spirale dans lequel je donnais du pied à mes alexandrins et du foin à mes ovins. Je gardais les brebis à Massals entre Tarn et Aveyron ; berger et poète maudit. Maudit je le suis resté, quant au reste j'ai mis un peu d'orgeat dans mon berger blanc, mais toujours avec modération. Et le poète, c'est toi. Disciple du vieux Léon -Vérane- (comme moi de Véran avec le béret), tu as dépassé le maître, mon salaud. Sans avoir à le tuer, puisque ça, c'était fait.
Non bravo ! T'as beau appeler ça des « poésies mineures » (ça mange pas de pain), tes « petites fêtes rustiques entrecoupées d'averses » sont colossales. Rien à voir, pour sûr, avec ces grands parcs d'attractions où l'on extrait de nos gamins, le peu qu'il leur reste de cervelle. Mais la musique est fine comme un ourlet délicatement posé sur un horizon vespéral et l'on danserait bien avec les mots jusqu'à l'aube. C'est un voyage à travers la planète, une découverte jubilatoire de tes petits bouts du monde. Madras, Ouarzazate, Colombo, Chaukhtykyi, Chalon-sur-Saône... Rien encore sur le chemin de Stevenson, dont la seule maladresse est d'arriver au Puy, en négligeant l'Aubrac, le laissant tout entier aux adorateurs de  Saint-Jacques.
Le cortège de ces petites fêtes s'ébranle en cahotant de Toulon, pardi et des Chansons en rade :
« Viens-tu encore dans les cafés
du vieux Toulon quand l'aube saigne
voir comment la vie se défait
comme une aile arrachée aux fées
comme une lente fin de règne ?
Viens-tu reprendre au vieux comptoir
l'anisette de quelle ivresse
et tournant le dos au miroir
de crainte d'y apercevoir
le squelette de ta jeunesse. »
C'est ainsi que les hommes riment. 25 euros, c'est le prix d'un menu du jour avec un quart de rouge. Exceptionnellement je ne vous en voudrai pas si vous allez les craquer au libraire du coin, au Carré des mots, à la FNAC ou Charlemagne.
Jaco
Géhess Editions. 17 rue de la Clacière - Toulon. http://www.gehess.fr/
Chronique du 21 février

La belette, le blaireau et la moulinette
Je m'étais promis de la laisser hors de mes propos. De l'ignorer. De lui faire, stricto sensu, le coup du mépris. Tous les jours je tournais désabusement son bouton sans passion, ni respect. Un peu, si vous voulez, comme si j'allumais la télévision. 
Enfin, dans ma cuisine il se tenait tranquille, il ne se risquait pas à cette détestable attitude bien de chez nous consistant à se prendre pour un autre. Je lui filait du fromage, il broyait du fromage. Je luis versais des morceaux de potiron dans le bol et il me les transformait en soupe. Et basta. Je ne l'aimais pas, mais je lui reconnaissais le mérite de ne point tourner mal.
Je ne l'aimais pas et je vais vous expliquer pourquoi. En m'excusant par avance auprès de mes femmes (la famille, les clientes, les admiratrices... non la je rêve, je n'en connais pas une !!!). Et à commencer, ne vous en déplaise, par la mienne. Car c'est quand même elle, la coupable. 
Ceux qui la connaissent bien, savent qu'elle n'appartient pourtant pas au plus grand troupeau du monde : les dispendieuses. Elle n'est même pas dépensière. Mais, voilà, pour célébrer mon demi-siècle, elle a craqué. Non, elle ne m'a pas offert une « brételine » parce qu'à cinquante ans, elle était la mieux placée pour savoir que je n'avais pas réussi ma vie. Ni une WMB, en sachant que j'ai horreur des bolides et des cons qui, tout en se prenant pour d'autres, sont loin d'être tous toulonnais. Ici on serait plutôt du genre à acheter le logo de la firme automobile de nos envahisseurs préférés et de le poser pour dissimuler celui de notre pauvre C3.
Non, la folle, elle m'offrit une moulinette. Ca me rappelait la fête des pères, où nos chères épouses nous tendent un joli noeud avec dessous une belle perceuse ou une ponceuse, suivant qu'elle ont envie que l'on fasse des trous, ou qu'on les bouche. Et puis ça dégénère, car dans ce cas, on lui offre l'année suivante, un aspirateur (si elle a un  peu de surcharge) ou une planche à repasser (si elle n'a pas trop de seins).
Attention, ce n'était pas de la moulinette qui se finit par EB ou en EX, non là c'était du futur. Du dur. Ce n'est pas une bagnole mais, quand même, de la formule one. Bon, je brûle de vous donner la marque, mais ils seraient bien foutus de me faire un procès, comme dirait mon papa. Parce qu'une entreprise d'escroquerie de cette ampleur, à mon avis, ce n'est ni de trésorerie, ni d'avocats que cela manque, mais d'humour. Enfin cela commence par un V et se termine par un prix totalement exorbitant. 1000 euros ! voui Monsieur vous avez bien lu. C'est en euro dont on fête d'ailleurs les dix ans de forfaitures. Il ne s'agit pas des 1000 balles du bon vieux temps, même s'il va sans dire que le V... ne les vaut même pas.
Alors comment font-elles les ambassadrices de cette moulinette allemande pour vendre à nos pauvres françaises ce truc qui, en des temps reculés ou la raison l'emportait et de loin sur le pognon, n'aurait même pas franchi la ligne imaginaire de nos chères grands-mères. En tortillant du cul, ces hôtesses expertes, expliquent à nos pauvres oies blanches, qu'avec le V... on peut tout faire. Et même de la cuisine. Du jus de fruit. De la boulangerie. Des glaçons pilés. Elles sortent de là ébahies. Envoutées et les voici entrées dans la secte de la « Moulinette qui hache, qui chauffe et que oui-je-vous-assure-ça-cuisine-super-bien... » L'une a fait un marbré aux deux chocolats, l'autre un coq au vin et c'est vrai que c'est pas facile à moudre. Et cela me rappelle confusément et de loin en loin, la fameuse cafetière vendue par un beau clown... né, qui fait couler plus de cyprine que de pur arabica. Je ne sais pas s'il existe un féminin à blaireau, mais qu'elles fassent gaffe, nos belettes, de ne pas devenir aussi pathétiques qu'un homme dans un stade ou à bord de son 4 X 4.
Et, comme je les aime bien quand même -par les allemands de V... mais nos françaises- je m'étais résigné à la fermer. Et ne même pas tenter de remettre en service leur cerveau, leur rappelant que pour cuisiner il suffit d'une plaque de cuisson, d'une casserole, une cuillère, de l'instinct et du goût. Mais patatras. Le couteau de cette moulinette à 1000 euros s'est cassé. Pour la deuxième fois ! La première c'était il y a … six mois. Ne pouvant hacher mon fromage, j'étais fort embêté. Mais je me doutais bien qu'un couteau de ce prix, HS au bout de quelques tours -et donc forcément défectueux à la fabrication-, me serait remplacé gracieusement, ventre à terre et tête baissée. Mais que nenni : « Monsieur le couteau est un consommable et il n'est pas garanti... »
Consommable j'adore ce mot, qui préfigure si bien de ce consumérisme que je vomis. Je suis resté poli, en la remerciant chaleureusement et en évitant de lui suggérer de se le mettre là où je pense, tant cela doit être douloureux ! Le couteau ne valait pas moins de 90 euros. Alors je me suis payé, pour bien moins que ça -la moitié-, un autre moulinette. Entière et française. Et je rendrai cet extraordinaire V... à ma chère épouse, avant de lui offrir ce couteau en or pour... la fête des mères ! Elle l'a bien mérité non ?
Jaco 

 Chronique du 14 février 2012

Chez nous, ce sera sans Valentin !


On ne cesse de nous harceler : est-ce que vous ouvrez le soir de la Saint-Valentin ? 
Ben non ! Et pourquoi ? Parce que cela tombe une mardi, mon chéri ! 
Remarquez, nous ne pouvons qu'être sensible au fait que l'on pense à nous. 
Et puis, surtout, on n'a rien contre les amoureux. Il en faut. Pour remplacer ceux qui ont trouvé dans la lassitude le refuge à leurs vielles certitudes.
L'amour c'est un peu comme la mort, ça s'en va et puis ça recommence. La romance et la sentence. Ce qu'il y a de bien, c'est que l'on vit de plus en vieux (enfin ces temps-ci j'ai du mal à le croire !) 
et comme on recule sans cesse nos limites, et bien on repousse de plus en plus loin le temps de l'abstinence. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce sont les pilules qui nous maintiennent en vie et ce sont toujours elles qui nous maintiennent le vier... madame Olivier. 
Bref, que vous ayez suivis les quelques subtilités sulfureuses précédentes ou pas, retenez qu'il vaut mieux un lit d'amour qu'un lit de mort.
Alors non, nous ne serons pas ouverts le soir de la Saint Valentin, mesdames et messieurs, pour l'excellente raisons que nous sommes fermés le mardi soir ! Bien sûr, nous aurions pu faire comme tous ceux qui, en attendant de pourchasser les grands vols de touristes l'été, s'emploient à choper quelques pigeons, trop occupés à roucouler pour s'apercevoir qu'ils se font rouler.
Ne vous faites pas de soucis, vous allez en trouver des « restaus » ouverts et des menus de la Saint-Valentin, avec des des coussinets roses en forme de coeurs. Car dans le coin,  on est quand même plus à l'aise lorsqu'il s'agit de mettre un joli noeud autour, que lorsqu'il faut mettre quelque chose dans le paquet.
Bon j'évoque les restaurants parce que j'aime bien parler de ce que je connais, mais les journaux c'est pareil ! Ceux-là aussi, ils vous en balancent des coeurs, « cher lecteurs » comme ils disent. Des bonnes nouvelles, le club qui gagne, le candidat -qui va peut-être perdre- mais qui est l'ami de l'actionnaire et sans lequel, il n'y aurait plus de publicités, donc plus rien, puisque cela fait longtemps que les « chers lecteurs » ne le lisent plus.
Au temps où nous espérions encore être libres, j'avais dans ce pauvre journal une chronique hebdomadaire qui s'appelait modestement « L'humeur de la rue ». Ouha le jeu de mot ! J'y pourfendais, avec la même assiduité -certains parleraient d'acidité- les opportunistes de tous poils. Ceux qui hélas envahissent le marché quitte à s'échouer sur les côtes encore préservées de l'humanité. J'avais appelé ça « Cupides et cupidon » ! J'étais assez fier de moi et heureusement, car je ne croulais pas sous les éloges. D'ailleurs quelques semaines plus tard on me supprimait cet espace d'expression, sans même que j'en sois surpris, ni que quiconque autour de moi ne s'en indigne. Je laissais alors la place à Philippe Bouvard, dont j'ose espérer que s'il signe ces petits bidules à la « une », il ne les écrit pas !!! Enfin les cupides sont partout et seulement -mais sévèrement- concurrencés par les... stupides.
Non, nous se sont les amoureux de la viande que l'on reçoit avec passion, à commencer par le mardi midi, sans compter les vendredi et samedi soirs. C'est dire si les occasions de tailler un bavette, de vérifier son entrecôtes, d'avaler la saucisse et de tâter le tripous tout en comptant fleurette, sont nombreuses. Mais peut-être que je m'égare...
En résumé, il faut que tout le monde vive. Les fleuristes, les marchands de chocolat -et de bonnes nouvelles- de colifichets et de fétichisme. Mais eux c'est pour la Saint-Valentin, nous, c'est pour tous les autres jours !
Et l'on a rien, mais vraiment rien contres les amoureux -ni leur fête commerciale-, d'ailleurs on les recevra volontiers pour un diner aux chandelles, lorsque la Saint Valentin daignera tomber un vendredi ou un samedi. En attendant, restez chez vous malheureux ! Une douzaine d'huitres de Tamaris, un foie gras de Laguiole, une bouteille de Château Thuerry et hop ! Au lit (ou sur le canapé pour les accrobates).
Jaco
 Chronique du 7 février
Qu'importe le flocon
(2e édition, version Toulon)


Elle est tombée. A pic.  Je veux dire à point. En février et sur la place Lambert, les flocons voletant et parfois s'imposant, voraces, devant l'enseigne Aubrac sur mer, jamais aussi bien nommée. Bon l'ouverture d'une station à Super-Faron n'est pas encore d'actualité, d'autant qu'il y a tant à faire dans cette pauvre ville ! Mais par ces temps de réchauffement qui courent après toutes les peurs, ce petit coup de froid ne me paraît pas de si mauvais aloi.
Y compris pour le commerce. Je veux dire le nôtre... D'ailleurs dans ce décor digne de Laguiole ou de Nasbinals -les deux mégapoles de l'Aubrac- je m'étais dit que nous aurions vendredi et samedi, tous nos amis. Ceux que nous imaginions -pas plus tard qu'il y a trois ans- proches, et qui viendraient se réchauffer à la cheminée de l'affection, celle qui chauffe si bien les âmes. Bien mieux qu'une économie de pas ou de parking.
Il y en eu, certes, et des classiques. D'essentiels. Momond et Michel, Alex et Dany, ainsi qu'une belle famille resserrée dans la détresse du deuil de Paul - leur père et leur mari-. Mais foin des grandes tablées complices sur lesquelles j'avais fondé mon aventure. Si bien que nos vrais amis, dans la crise, ce sont tous ces gens que nous connaissons pas. Mais qui nous aiment. Pas par devoir, par économie ou intérêt, mais pour ce que nous faisons et éventuellement ce que nous sommes. Il ne faut rien regretter, ne rien traiter dans l'amertume, les choses, les êtres sont ainsi bâtis. Parfois abattus. Les pauvres. Pour les autres l'essentiel étant de rester debout. Le regard droit et la conscience claire...
J'écris tout cela parce que comme dans toute aventure humaine on bénéficie d'enseignements, fondés plus ou moins consciemment, sur une étude de moeurs, de comportement, une manière d'ethnologie à l'échelle de Lambert. Et si c'est parfois décevant, c'est formidablement enrichissant aussi... Or, vous le savez, mieux connaître les hommes, percer leurs mystères, leur face cachée, partager leur meilleure tranche, cela ma passionne. Ce qui compte dans un restaurant tel que le nôtre, fondé sur la générosité et l'intégrité, c'est l'authenticité. Tout le contraire en somme de ce qui pèse de superficiel sur ce pays.
Et quel symbole que ces quelques flocons ! La neige, la blancheur de la virginité. La Vraie. Pas celle du cul qui ne regarde que vous, mais du coeur qui peut concerner tout le monde et principalement son prochain. La neige, ce n'est pas du Courrèges (ou Dior) mais du courage ; ce n'est pas la frime (à part à Courchevel) mais les frimas... Ce sont des gamins de vingt piges qui sortent de table pour batailler autour de la fontaine avec la première boule de ces dix vingt-cinq dernières années. Ce sont des gosses de cinquante carats, scotchés derrière la vitre comme une mouche en transit, les calots plein de rêves. D'amour et d'évasion.
Vendredi soir, l'émotion dans ce restaurant a franchi son mur du son. Entre éclat de voix, de rire et de teint. Le visage rubicond, nos aventuriers dévorèrent la meilleure viande du monde accompagnée d'aligot avec un appétit de yéti. Et ce n'est que lorsque nous annonçâmes des flocons de 500 grammes que beaucoup se levèrent pour applaudir l'événement. Car, pour une fois, nous méritions cette ovation. Organiser une soirée à Toulon avec de la neige au dessert, café et digestif compris, ce n'est plus du prestige, c'est de la magie.
Et cela méritait bien une salle comblée, comme toujours, mais aussi comble, comme on l'aimerait plus souvent. Il va donc falloir faire neiger …. Mais rien ne nous fait peur.
Jaco


Laury et Simon  deux jeunes clients sortis en cours de repas pour une bataille de neige, vendredi soir



Chronique du 31 janvier 2012

J'y crois ! merci Paul...


C'est le dimanche matin à l'aube -vers 10 heures !- que je me réunis, devant ma tasse de thé à la bergamote. Notez bien que le parfum du thé ne revêt pas un caractère déterminent sur la suite du propos, mais je trouve ce mot ouvert à tous les délires, donc à pas mal de délices. Bergamote ! cela sonne comme une charge de maréchal d'empire, se caresse comme une fleur sauvage, se hume comme l'effluve d'un agrume. Vous vous dites, il n'était pas bien inspiré, le type, ce matin-là. 
Non, si je tourne un peu en rond il est vrai, en évitant les bancs de sable toutefois, c'est que j'ai changé le thème de ce bavardage dominical, par un coup de barre extraordinaire, in extremis allais-je dire. Vous l'avez deviné il ne s'agit pas du naufrage du Concorde sur le Giglio. Je voulais vous conseiller -une nouvelle fois- de manger de la viande, de la bonne ! Car je suis effaré par votre alimentation et totalement stupéfait de la désaffection des consommateurs toulonnais pour la plus belle conquête gastronomique de l'homme -avec le foie gras et les ris de veau, on est bien d'accord - ! 
Enfin, tout ça, c'est la faute à Paul ! Chambras. Vous connaissez pas ? C'est mon pote, un des derniers à Var Matin avec lesquels j'arrivais encore à franchement me marrer. 
Toute la semaine j'avais écarté l'éventualité de remuer de vieux souvenirs et même de raviver des émotions encore brûlantes -je n'étais pas à Aubagne, mais Paul avait souhaité y être incinéré-. Je me disais que la plupart de mes possibles lecteurs, c'est-à-dire quasiment tous des carnassiers, ne connaissaient pas ce type et qu'ils préféraient donc que je rentre dans le lard de tous ces bouffeurs de graines, de salade et de poisson d'élevage et/ou à forte teneur en mercure. 
D'autant que sur ma boite personnelle je lui avais déjà envoyé un salut à partager entre collègues. Enfin, je me suis dit qu'une leçon d'humanité, même défunte, ne ferait de mal à personne ! 
Évoquant notre ami disparu, rigolard et facétieux en diable, toujours prêt à quelques grosses blagues, l'écrivain Bernard Oustrières, l'une des fines plumes de l'époque où Var Matin existait, y répondait délicieusement : « Il ne faisait pas son âge, il n'avait pas son âge, un air d'enfance errait souvent sur son visage et il avait des sautes d'humeur adolescentes... Blagueur, gentiment ironique, chahuteur : un vrai potache. Et nous étions tous ensemble, avec lui, dans cette espèce de tendre lycée Papillon que fut le Var Matin d'hier. » Et notre ami de conclure : « Mais non, ce n'était pas hier. C'était jadis. »
On s'appelait de nos bureaux respectifs et au lieu de se demander si l'on allait prendre un café, on aurait pu dire, on va se marrer. Même l'hiver, on était dehors avec nos gobelets et ma clope. Car lorsqu'il arrêtait de fumer, Paul avait un cigarillo. Je lui disais que c'était un peu comme le type qui avait décidé brutalement de ne plus faire l'amour, mais qui pratiquait la sodomie... L'essentiel consistant, vous l'aurez compris, à rester digne et correct !
Les histoires de cul, les diatribes politiques -on ne savait pas pour qui  votait l'autre, mais on savait pour qui on ne votait pas-, nos collègues journalistes têtes de Turc... tout y passait ! Si bien que l'on rentrait en toussant et avec un bonne demi-heure de retard à rattraper. Jamais en revanche, lui qui corrigeait nos coquilles et qui tentait de remettre en français quelques phrases tarabiscotées par d'incertains détenteurs de cartes de presse, ne se mettait en avant. Il parlait peu des missions humanitaires qu'il avait mené, longtemps, auprès de jeunes roumains et albanais, ni de cette formidable sollicitude accordée aux peuples opprimés, ni évidemment de ses amis arabes à qui il avait appris notre langue,  lui le pied-noir sorti du noyau dur de l'Algérie française.
Alors, voyez-vous, finalement, comme le prétendait un homme d'état qui, pour n'avoir pas plus de parole que les autres, n'en était pas moins un maître des mots et un géant de la syntaxe : « Je crois aux forces de l'esprit... » Et il me semble que lui, Paul, s'était arrimé à cet étrange lien, entre les vivants et la mort, depuis fort longtemps. On s' y rejoint, ses potes du journal, Nicole, Isabelle, Bernard, Yves, Loïc, Patrick, José et bien d'autres, avec finalement autant d'intérêt que de curiosité.
Et cette force, je l'ai retrouvée, plus puissamment encore, dans les expressions, les mots et les regards de ses enfants, Sandra et Lilian. Pleins de classe et de grâce. A leur façon délicate mais résolue d'évoquer la vie, l'amour, et les ultimes souffrances de leur père. De railler ses travers pour mieux en valoriser sa personnalité. Magnifiques gosses. Pareil pour Arlette, son épouse, superbe de dignité et presque protectrice envers des visiteurs embarrassés.
Tout prés de là, il était allongé avec ses lunettes comme s'il s'apprêtait à ouvrir son Canard Enchainé. Je n'ai pas voulu m'approcher, mais je le pistais du coin de l'œil. Et bien, il ne l'a pas ouvert ! Mais je suis ressorti de cette maison funéraire de La Seyne, plein d'amour, de force et de raison. Bravo Paul. Je crois aux forces de l'esprit.
Et que cela ne nous empêche pas de manger de la viande. De la bonne...
 
Jaco

Consultez l'hommage rendu par ses amis marocains de Figuig : http://figuignews.com/?p=2393
 Chronique du 23 janvier 2012


Je me suis souvent demandé pourquoi nous n'habitions pas en ville ! Avec quand même dans l'idée que c'était fait pour ça, une ville !! Le cas de Toulon est, en cela, totalement exemplaire. Le matin, des milliers de petits soldats roulent au pas, enfument le Coudon puis le Faron et les types dans leurs bagnoles font des tronches de six pieds de long. 10, parfois 20 bornes de bouchon tout ça parce qu'à l'entrée de la ville, directement sur l'autoroute, des ingénieurs -sans doute venus de Lyon- ont réduit l'accès à une seule voie, puis -au cas où ça ne suffirait pas !- placé quelques feux rouges, dès fois que ce serait trop commode d'entrer en roulant normalement.

Et le soir, dans l'autre sens y a plus les feux, mais toujours cette interminable noria de voitures, ce chapelets sur lequel on prie en égrenant le temps pour que tout cela s'arrête ou, en l'occurrence redémarre. Quand on rajoute aux heures de sommeil perdues pour arriver à l'heure, au stress que génère ces situations quotidiennes, à la facture de pétrole, à ce que coute ce tas de ferraille à volant -même neuf-... Et je n'évoque pas la « qualité de vie » dans les grands lotissements où l'on vous parque, à Solliès ou Pierrefeu, lorsqu'il faut encore sortir la voiture pour aller chercher le pain. Je ne vous parle pas non plus de la tondeuse du voisin le dimanche matin, du chien neurasthénique qui gémit une partie de nuit et hurle au seul envol d'une libellule ; de ces abominables minots qui vocalisent tous l'été en plongeant dans leur piscine de trois mètres carrés et à qui il ne faut surtout rien dire « car-ce-ne-sont-que-des-enfants-peuchère ». Certes des petits, mais tout de même de grands cons en puissance.
Enfin bon, quand vous avez fait le tour de la question -et vous avez le temps vu que vous passez au moins deux heures dans votre habitacle préféré -parfois même en poussant le raffinement de la torture jusqu'à écouter RMC- vous êtes obligés, -même avec un cerveau ramolli qui vous invite justement à vous brancher sur cette onde maléfique- de vous poser la même question que moi : « mais qu' est-ce que je fous là ? »
Et voici la réponse. Cela fera trois ans en septembre que nous nous sommes installés -en toute innocence- au centre ville. A l'hyper-centre même. A côté de la rude d'Alger dont on ne sait d'ailleurs a quel oracle on doit de l'avoir baptisé ainsi avec quelques siècles d'avance. Côté sommeil, certes, le réveil sonne un peu plus tard, mais on ne l'entend plus, vu qu'on vient de s'endormir il y a tout juste deux heures lorsque le grand « live » de rap et de raï organisé « at home » dans l'immeuble d'en-face, vient à peine de s'interrompre.
Le réveil est d'ailleurs parfaitement inutile, puisqu'on trouve toujours une bonne âme pour balancer dans un grand tonnerre, des palettes, des vielles télévisions, des bouteilles et va-t-en voir quoi encore, sur la plate-forme des poubelles, ou l'on est censé déposer dans des sacs fermés de 50 litres maximum, ses seules ordures ménagères.
Après, vous pouvez allez chercher le pain. Bon pas chez un vrai boulanger-pâtissier. Celui-là est parti à Solliès ou Pierrefeu -là où y a du monde quoi !- Mais en allant acheter votre baguette dont la pâte vient d'être délicatement décongelée puis cuite dans un four industriel, regardez où vous mettez les pieds. Car les braves propriétaires de toutous viennent également -juste avant vous- de faire leur sortie quotidienne. Sans même chipoter en évoquant les jets de pisse systématique qui finissent par attaquer les murs d'habitations, vous vous exposez à une manière d'enlisement. Car ce ne sont pas des « chie ouha ouha » qu'ils baladent nos voisins du quatrième, ce sont des molosses, de véritables machines à déféquer. Des monticules, que dis-je, des promontoires ! A tel point que si l'on trouvait dans la matière, le moindre usage -énergétique par exemple- leurs proprios se transformeraient illico en roi du pétrole. Et nos places et venelles retrouveraient leurs allures débonnaires, car fini le caca matinal sur nos artères, tout dans le baril...
Il ne reste donc plus ici, qu'à réinventer le centre ville. Et par la même occasion le civisme. Il ne reste plus qu'à rêver que « les gens » avant même que de respecter l'environnement ou le voisinage, se respectent eux-mêmes !
Ceci est déjà une trop vieille antienne. Avec une population normale, des magasins dignes de leur enseigne, un port qui donne envie, de la lumière et des parkings -pour mieux circuler à pieds-. Et un petit restaurant où l'on mangerait encore des produit frais, une cuisine vraie...
A moins que ça, ce ne soit déjà fait ! Après tout, il faut bien commencer par quelque chose...
Jaco

 Greg, 15 jours pour convaincre !

Ce que nous aimons le plus dans cette activité, ce sont les rencontres. Et même si l'une d'elle est désagréable, elle est immédiatement couvertes par de biens meilleures et abondantes. Cette fois ce ne fut pas un client, mais un employé. De passage, puisqu'il ne nous a rejoints que pour pallier à l'absence provisoire de Jo.

Greg à 20 ans, de beaux projets plein la tête. Mais il est capable d'accepter un simple remplacement de quinze jours dans un métier qu'il ne connaît pas. Il sert, prend le ballai, fait la plonge, avec une aisance et une gentillesse sidérante. Greg à 20 ans, il est honnête, gentil, bien élevé. Et comme si cela ne suffisait pas, il amena à notre table ses collègues pompiers de Solliès, ses copains guitaristes et l'ensemble de sa famille. Greg à 20 ans et tout à coup, on se prend à espérer que ce monde n'est pas tout à fait foutu...
Toute nos félicitations aussi à sa maman Rosanna et à Toni. 
 La famille à Greg de gauche à droite : Alex, Toni, Rosanna, Greg,  Ideal, Clelia,Michelle, Léandre et Marine.

Chronique du 9 janvier
2012 : on va tenter d'en rire !


Par ces temps de grand vent qui claque nos portes et tape sur nos systèmes, je mes dis que ce n'est pas plus mal d'écrire. Les écrits restent, les paroles s'envolent... Ce qui ne m'empêche pas de compatir à la souffrance de mon olivier, qui ne sait ni lire, ni écrire, mais qui se ploie sous la tempête, tandis que ses feuilles... s'envolent.
Allons-nous ployer, nous aussi et peut-être plier, balayés par la tornade financière initiée, fomentée même, par ce que le pauvre Jojo appelait le « grand capital » ? Ah ! il s'en serait donné à coeur joie 1e secrétaire général du PC à la sortie de cette banque où l'on vient de refuser un prêt à ce vieux qui voulait juste changer sa paire de chaussures. Il ne lui reste plus qu'à vendre l'alliance que lui avait légué sa maman, dans l'une de ces boutiques où l'on vous rachète l'or à vil prix, mais... pour votre bien. En période de glaciation -atmosphérique ou économique- c'est fou comme les chacals prospèrent.
Enfin bon, pour obtenir un prêt bancaire, il ne vous reste plus qu'à attendre de devenir riches ou que les prêteurs en aient besoin et vous ponctionnent de très gros intérêts.
Tout ça n'est pas très normal, ni moral. Et pour le rendre supportable je crois qu'il ne nous reste plus que l'humour. J'ai bien écrit l'humour et non l'amour, ce dernier étant le seul que vous puissiez partager avec votre femme. Oups ! je crois que je viens d'écrire une bêtise. Le gros avantage avec l'écrit c'est que vous pouvez aussitôt l'effacer. Alors qu'une parole, quand vous l'avez dite...
Non mais si... C'est très important l'humour. Cela met de la distance avec les tristes réalités, les clivages et avec tous ceux qui se prennent trop au sérieux. Cela provoque parfois des rires. Lesquels provoquent de l'endorphine. Substance générée par l'organisme qui n'a pas pour effet de provoquer le sommeil, mais bien au contraire de vous montrer le soleil. C'est ainsi que l'on peut ressentir, parfois, plus de plaisir avec une bonne dose d'humour, qu'après une grosse heure d'amour... Et le tout sans avoir à beaucoup forcer, sinon pour lever le coude par petits coups réguliers...
Et voilà pourquoi les religions sont rétives à toute manière de rires. Car si les pauvres se mettent à croire au clown, ils se retrouveront plus souvent sous les chapiteaux de cirques que sous les voutes célestes. En France, nous sommes sur le point de régler la crise de la sorte. Les numéros de Sarko sont proprement hilarants, Hollande qui singe Mitterrand, Marine légère comme un cuirassée mais qui voudrait se faire passer pour une gondole... Tout ceci est désopilant....Quelque chose me dit que la poilante n'en est qu'à ses tressautements.
D'ailleurs nous, plutôt que de la viande, on vend des vannes. Et depuis, franchement, on s'en tire plutôt mieux. Avec mon nez rouge et un béret d'origine indéterminée, Marie avec sa langue de belle-mère et Jo -quand il est là !- avec des allures de ouistiti sortant du bain, nous formons une troupe en devenir. Et c'est ainsi que nous pouvons nous targuer d'accueillir, à ces déjeuners-spectacles, les représentants de toutes les sensibilités politiques. Si l'on m'avait dit que je recevrais un jour à ma table les émissaires locaux de tel ou tel courants de pensées, je ne l'aurais évidemment pas accepté.
Comme quoi, le commerce mène à tout et surtout au compromis. Je m'arrête là pour ne pas aller jusqu'à la compromission. Il n'empêche qu'en levant haut le coude, en humant une belle soupe de cochon (potée) ou en se débattant avec un fil d'aligot, on peut passer un bon moment avec n'importe qui. A condition évidemment qu'il puise son goût pour le cassoulet au plus profond de l'humanisme (je suis né en son berceau, tout près de Jaurès) . A condition aussi qu'il sache rire de tout … et surtout de lui-même !
Adissias et mantsas pla...

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