Chroniques 2013

A Pierre Bastide, 
Jaco reconnaissant


Forcément, ce blog qui ne tient que sur la saveur du terroir et un humour que je tente de partager avec un nombre forcément limité de lecteurs, n'aura pas aujourd'hui la même légèreté.

C'est que depuis dimanche dernier, il nous manque quelque chose. Pierre Bastide s'en est allé. Et comment vous dire ? "S'en-aller", je ne l'en aurais pas cru capable. Ses enfants non plus. Bernard, l'aîné et maire de Nasbinals, me disait au téléphone : "On a cru qu'il surmonterait son problème de santé et lui aussi le croyait..." Mais non, pas cette fois ! Il n'a pas résisté à une infection pulmonaire qui emporta à la fois le bonhomme, son incroyable résistance, sa légendaire bonne humeur et cette touche confondante et terriblement attachante d'humanité.

Papy laisse autour de lui une immense famille plongée dans la plus totale tristesse, mais aussi des amis et clients de tout le pays, qui ont savouré un demi-siècle durant, la chaleur, la complicité, l'hospitalité de la Route d'Argent. Nous aurions tous voulu l'accompagner, mercredi après-midi, vers sa dernière demeure, tout là-haut dans l'Aubrac lozérien, sur la route du Buron du Born, dans cet interminable cortège s'étirant comme un hommage sans fin, sous un rideau de neige dont on n'imaginait pas qu'il puisse être un autre linceul.

On reconnait les grands hommes à leur simplicité. Pierre Bastide, rentre ici dans mon Panthéon...
Nicole a rejoint Dominique
Moins de deux ans après son cher époux, Dominique, Nicole s'en est allée, la semaine dernière. Ce couple de Toulonnais, quasiment voisin de l'avenue de la République, avait cessé d'être des clients, pour devenir dès nos premiers mois d'activité, des complices, des convives, que nous recevions avec allégresse et considération. Amoureux de l'Aubrac, de Laguiole à Nasbinals en passant par la Chaldette, ils avaient su nous faire entendre sans y mettre les mots, par un sourire, une présence, qu'ils l'étaient un peu devenus aussi de notre restaurant. Désormais veuve, Nicole n'avait cessé de nous rendre visite pratiquement toutes les semaines. Elle était accompagnée alors par ses enfants Franck et Michel, leurs épouse et compagne, mais aussi ses petits-fils et notamment Romain.
Luttant depuis quelques années contre le cancer, il lui arrivait de venir faire son premier repas après sa sortie de l'hôpital. Lorsque je voyais apparaître sa silhouette fragile mais digne, je savais que je pouvais préparer une bavette – aligot. Nous la vîmes une dernière fois à l'automne fortement handicapée, mais fidèle à ce rituel aubracien qui nous donna de connaître la famille Chatain. Nicole et Dominique que nous n'oublierons jamais et grâce auxquels nous ne pouvons regretter de nous être lancés dans cette folle aventure. Ils auront été l'une de nos récompenses, même si pour le coup, elle est bougrement empreinte de tristesse.



Adieu Denis, je t'aimais tant tu sais...
Denis était ce que j'appelle un brave homme. Certes capable de se mettre en rogne, mais le plus souvent plein de sourires et de gentillesse. Il fut l'un de mes principaux compagnons de route, lorsque j'arrivai, jeune journaliste, à Hyères. Il était secrétaire général du Rugby Club Hyèrois et passionné de journaux. Il ne manquait jamais de me rendre visite à Var Matin, avenue des Iles d'Or, le matin à l'heure du café, où je devais déjà parler un peu fort sur sa « bonne » oreille. Nous avions Edmond Jorda et André Véran comme dénominateurs communs et, je dois le confesser, grâce à lui je savais tout ce qui se passait du côté du Pyanet. Lorsque son fils, Philippe s'installa comme dentiste, c'est naturellement lui que je choisis pour soigner mes misères.
C'est ainsi que les deux devinrent quasiment des amis et en tout cas des gens proches et chers. D'ailleurs Philippe me le rendit bien à l'ouverture d'Aubrac sur mer en devenant l'un de nos plus fidèles alliés. Je regrette néanmoins de n'avoir pu recevoir aussi souvent que nous l'aurions souhaité, notre cher Denis. Le 28 décembre il s'est affaissé et s'est brisé les vertèbres dans sa chute. Et même si les êtres chers partent toujours trop tôt, au moins est-il tombé sans souffrance. Comme par hasard c'était avec ses légendaires journaux sous le bras...
Je suis triste et je veux dire à Mme Alberto, à Philippe et Brigitte, à Laure et Clément, toute ma reconnaissance et l'affection que je leur porte...


Jaco









 Chronique du  31 décembre 2013
      Fier et fou de vous   


AU seuil de cette fin 2013, au milieu du gué (gay, guet, gai) de notre cinquième année de souffrance, d'exigence, d'espérance, je ne manquerai pas l'occasion unique, annuelle -et pour rien au monde- de présenter mes voeux à ceux qui aiment lire, rire, manger et vivre... avec nous.
C'est qu'au delà de l'ego et du tiroir-caisse, il est bougrement bon pour le ciboulot, autant dire vital, de se sentir suivi, aidé, approuvé. Eventuellement même aimé, à condition bien sûr de ne jamais perdre de vue que ce qu'on aime d'abord chez un cuisinier, c'est son velouté de potiron, son cassoulet ou son sauté de cochon.

Passons le stade -convenu mais néanmoins convenable- des remerciements, pour en venir directement à cette accroche emprunté à William Sheller. Son oeuvre ne figure pas sur ma table de chevet entre Jérôme Canard et Victor Hugo, mais il y a dans le texte une consistance généreuse bien faite pour agrémenter ce rock tranquillement harmonieux.
Fier et fou de vous, je le suis. Nous le sommes, avec Marie, Awa et Stéphanie, parce que nous apprécions votre présence élégante, discrète et enthousiaste. Et puis parvenir encore à franchir la muraille qui entoure la basse ville et protège, à hauteur de la place Puget, la bonne société de Strasbourg au Mourillon, en passant par le Faron, relève de l'esprit sacrificiel. A tout le moins, de l'acte de bravoure.
Vous me direz qu'il est tout naturel de forcer les poncifs et les fortifs, lorsqu'il s'agit de s'asseoir à la plus belle table (je parle du contenu, vous l'aviez bien interprété ainsi) de la région, dès lors que l'on parle de produit, de leur mitonnage et de leur glorification. Vous vous imaginez sans mérite, parce que vous vous sentez bien chez nous, même dans la jungle d'un Toulon martyrisé, saccagé, humilié mais pas encore libéré. Vous trouvez évident d'aider des gens qui vous aiment bien et vous traitent en amis jusqu'à ce que l'addition (cette putain d'addition) vienne rompre le pacte et nous transformer en taverniers avides et vous en clients expiatoires...
Et bien, non, tout ceci n'est apparemment pas si naturel. Si j'en juge tout du moins par le fait qu'à de rares exceptions près, nos vingt cinq places jamais ne débordent. A tel point que vous constituez quasiment une élite et que nous en sommes d'autant plus flattés que nous pourrions presque tous vous appeler par vos prénoms.
Mais à part quelques fruits verts avec de gros noyaux venus d'Israël ou du Pérou, nous ne voyons jamais la queue de l'hermine d'un avocat. On doit pas être assez bien pour eux ! Il faut dire que pour garer le 4 X 4 ou la BM, à côte de la fontaine, c'est pas commode. Sans compter que le vrai, aussi bien dans l'assiette qu'au palais, n'est pas forcément sa première préoccupation. Et puis cette engeance perd totalement ses bases si, même le temps d'un repas, elle n'aperçoit pas, de loin en loin, le bâtonnier truc ou le juge machin... Bon, ça c'est fait ! et pour un échange de voeu, il n'est pas incongru de souhaiter de n'avoir jamais à faire à cette congrégation.
Remarquez, nous ne sommes pas davantage envahis par les rugbymen ou mes anciens confrères journalistes. Toutefois, il convient-là de nettement nuancer et distancier. Eux, ce ne sont pas tant les états-d'âme, les rancoeurs ou les rencontres qui les animent, qu'une certaine avidité maladive. Et je les excuse d'autant mieux que, pour les avoir longtemps côtoyés, je sais qu'ils sont trop occupés à gagner de l'argent pour pouvoir en dépenser.
Tout ceci demeure bien futile. Un vieux diction provençal, dit a peu près ceci : « si l'on n'est pas plus nombreux l'année prochaine, qu'on ne soit pas moins... » C'est aussi ce que je nous souhaite à tous, histoire de pouvoir encore chanter, boire et rêver à Aubrac sur mer.
Jaco 



 Chronique du  24 décembre 2013
       Quel noc, ce père Noël !          


COMME vous tous, j'imagine, j'aime Noël. Sa veillée, son jour et un peu moins son lendemain, lorsque les bulles vous rappellent au bon souvenir de ce mauvais champagne ingurgité à la santé du petit Jésus. Il rime avec maternel, paternel, fraternel. Essentiel. Et généralement, lorsque cette fête parvient encore à vous prendre aux tripes à 50 berges, c'est que votre enfance n'a pas été trop malheureuse...
On allume la cheminée (tout en prenant soin de l'éteindre bien avant minuit, afin que le « vieux » ne se crame pas la barbe blanche sur le conduit). Comme le souhaitent les confiseurs, qui font leur beurre avec les treize desserts, on respecte la trêve, en laissant de côté tous les sujets qui fâchent.
On s'imagine à Bethléem dans cette humble cahute sur laquelle brille l'étoile du berger, tandis que les brebis boulottent paisiblement la paille du couffin de l'enfant de Marie. On s'égare en Laponie où le vieux sage en habit rouge charge le traineau de mille et un joujoux qu'il va disséminer à travers le monde , avec l'aide de ses rennes empruntant avec une étonnante désinvolture, la voie lactée.
Nous voici transportés dans le monde de l'imaginaire cher à André Malraux ; dans l'univers enchanté de l'enfance perpétuée ; sur les chemins plus ou moins éclairés de la chrétienté. Jusqu'à ce nous retombions brutalement sur le plancher des vaches de la crétinerie et des marchands du temple. Car oui, désormais Noël ne rime plus essentiellement qu'avec Machiavel et machine à sous. Certes, on n'exclut pas fatalement les bons sentiments et les distributions d'oranges, mais dans ce monde inégal, ces valeurs-là sont désormais réservées aux privilégiés du Burkina- Faso, du Guatemala et de la Palestine.
Car ici, dans cet occident où même l'amour se monnaye et où toys' r us , Disney channel et Mac Intoch ont transformé nos doux rêves en dures réalités, nous avons perdu le goût du partage et de la parcimonie. Ce n'est pas tant que nos enfants aient tout, c'est qu'ils en ont beaucoup trop. Des jeux débiles vendus en boucle depuis deux mois sur TF1 , des consoles de jeux qui vont rapidement transformer nos gosses fragiles en automates endurcis. Égocentriques, asociaux, vénaux. Insignifiants. Sans parler de ces téléphones par lesquels ils vont définitivement se déconnecter du monde qui les entoure et qui aurait pourtant bien besoin d'eux.
Ils voulaient tout, alors ils auront encore plus. De la grand-mère gâteuse qui se rassurera en achetant le maximum pour être mieux aimée que les autres, au papi gâteau qui étalera ici toute la puissance de sa carte gold, en passant par le tonton qui posera au pied du sapin tout ce qu'il attendit en vain jusqu'à ses vingt ans, ce seront des amoncellements de paquets bigarrés qui feront briller leurs généreux donateurs.
Dans le tas, combien finiront à la poubelle ou plus sûrement sur Ebay ? Parce que, faut pas déconner ! le quizz du Tour de France ou les crocos gourmands on s'en tape, mais si on peut gratter dix euros dessus... Le petit diable n'aura d'yeux et de gratitude que pour la tablette numérique -dont certaines sont destinées paraît-il aux enfants de trois ans- ! Ainsi nos petiots vont désormais s'exercer tout en apprenant à marcher, au bon usage de l'index effleurant l'écran et déflorant tout ce qui est parfaitement inutile, totalement futile, mais tellement tendance. Donc indispensable...
Ah ! si seulement Noël rimait avec manuel. De science, de géographie, de poésie, de musique. Mais non, il rime avec logiciel. Car il est désormais ridicule d'apprendre à lire et à réfléchir, alors qu'il est tellement plus actuel de briller et de consommer... Commençons par le superficiel et l'apparence, on verra pour le réel et la consistance ! Voilà qui nous prépare quelques belles générations de parvenus et de snoc.
A mon époque me semble-t-il, régnait, autour du 25 décembre, une atmosphère légère de mystère,  des sensations et donc de vraies émotions. Un peu nous suffisait. Trop nous aurait sans doute inspiré une forme de crainte, un soupçon de honte. Nous n'avions pas trois cents chaînes sur le bouquet numérique, dont une demi douzaine d'infos continues, mais nous subodorions -les parents d'abord mais les enfants aussi- qu'il y avait sur la planète des millions de gosses qui se gelaient les couilles et crevaient la dalle. Nous n'avions pas besoin de commander une conscience, nous étions nés avec. Nous respections l'autorité familiale parce qu'il y en avait une et nous nous tenions à carreau devant nos instituteurs, parce lorsque nous arrivions à l'école nous n'avions pas encore l'instruction, mais nous tenions déjà l'éducation...

Ah oui, j'aime toujours Noël ! Mais pas ce que ce vieux noc dans sa robe rouge répand sur notre occident d'égoïsme, de gabegie et de business. En sorte que si vous m'écoutiez, vous feriez comme moi. Vous embrasseriez bien fort vos parents (qui a part peut-être un 4 X 4 Q8 n'ont besoin de rien d'autre que d'amour) et signeriez avec le cœur, un chèque à vos enfants pour leur donner un petit coup de main, aujourd'hui ou plus tard. Le Père Noël pourrait alors aspirer à une légitime retraite, laissant ainsi darty, carrefour et nintendo se démerder avec leur marketing à la noix, sans charger sa hotte de cette coupable et indécente complicité.
Mais pour conclure ce conte -règlement de compte comme il me sied si bien- je ne voudrais pas en finir avec lui sans évoquer les confidences de mon petit-fils de sept ans. Il m'expliquait avec force détails et une assurance certaine, que le père noël savait tout ce que les enfants faisaient durant l'année grâce à des petits lutins, qui se cachaient dans les sapins et que l'on pouvait distinguer, car ils se reflétaient sur les boules. Le plus sûrement du monde, il poursuivait ainsi son éclairante démonstration : « Les rennes peuvent voler dans le ciel car ils marchent sur des plantes qui les maintiennent en l'air » Et encore : « le Père Noël peut apporter des cadeaux à tous les enfants car il a une montre qui avance très lentement... »
Et dire que j'imaginais que les enfants n'y croyaient plus depuis la maternelle ! Le nôtre est en CE1 ! Enfin une bonne nouvelle descendue directement du ciel...
Jaco

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Jean-Paul, en bonne tête de l'art 
 
C'est un type qui me ressemble. Il a l'accent rocailleux et sincère, le regard déterminé et le béret qui a épousé au fil du temps les contours du cap. Débonnaire et même parfois de bonne humeur, il taste l'aligot en connaisseur et estime le tripous à sa juste valeur. Enfin, vous l'aurez compris, Jean-Paul est du pays. Le mien. De Sébazac-Concoures, que rien que le nom fleure bon le marché aux bestiaux et la bouse fraiche. Il n'y a entre lui et moi (Graulhet) pas plus d'une demi heure de distance à vol d'oiseau (prenez déjà tout de même le bel oiseau de course) et nous étions faits pour nous rencontrer.
Ce qui m'épate c'est que cet homme de goût, cet esthète taillé pour la fête (et son épouse) aient tout de même mis plus de quatre ans à nous trouver ! Sans doutes les occupations. Car ce limousinier de profession est également éngagé dans la vie associative (de la Garde au Pradet) et sportive. Champion d'Europe des artisans à vélo, il fit de sa fille une championne de cyclisme sur route aussi bien que sur piste.
Et j'en viens à notre affaire, Jean-Paul taquine aussi la muse. Enfin les muses et s'en amuse. Car question humour et relativité, c'est aussi une sorte de petit Eisntein. Mais au fait qu'est ce qu'un limousinier ? C'est un type qui se casse le bol pour bâtir des maison en pierre d'une manière à la fois esthétique et solide.
Plus légères toutefois, ses passion pour la poésie, le dessin et la peinture qui nous a valu ce remarquable présent. Quatre tableaux que nous nous empresserons de mettre en exergue sur le fond rouge de notre couloir d'entrée. L'un d'eux comporte la dédicace suivante : « A Jaco, utopique d'aujourd'hui, visionnaire de demain » Merci camarade, il suffit qu'il ne soit pas trop tard. Ils sont beaux ces tableaux, Jean-Paul. J'adore le petit, ce décor de neige dans un champ piqueté comme nulle part ailleurs. Ils feront désormais partie de notre paysage, rejoignant aussi les contributions picturales de Christine et Elie.

Chronique du  17 décembre 2013
    Patient mais pas trop ! 


Hier j'avais rendez-vous avec un cardiologue. Oh ! je vous rassure rien de grave. Un peu d'arythmie et quelques pointes bien légitimes en état de stress permanent. Pas tant quand il y a -comme cette semaine- beaucoup de convives à la table d'Aubrac sur mer, que lorsque je tourne comme un bœuf en cage, en attendant des snoc qui sont déjà attablés dans les magnifiques chaînes de resto...congelant pour gogos autour de Grand Var !
De toute façon, n'étant pas encore Président, je ne suis pas soumis à l'obligation de transparence et la publication d'un bulletin médical circonstancié. Peu importe si ma prostate a la patate et si mon foie souffre d'un excédent de gentiane. Ce qui est clair, c'est qu'en mangeant place Gustave Lambert une fois par jour, je ne fais courir à mon colon -contrairement à vous- aucun danger.
Non, si je vous parle de mon rendez-vous à la clinique Saint-Jean, c'est parce que je viens de comprendre enfin pourquoi, malades putatifs et hypocondriaques de tous acabits, le corps médical nous a désignés volontaires sous le générique un peu cynique de patients
En exorde à ce propos que d'aucuns pourraient juger insidieux, je tiens avec la plus ferme énergie à préciser que je ne voue pas à cet établissement hautement respectable -notamment pour avoir remis un nombre certain de doigts sur des mains qui n'en espéraient pas tant- aux gémonies. J'ai même la conviction qu'il n'y a pas plus de 4X4 BMW ou audi ici, que sur les parkings réservés aux docteurs des cliniques Saint-Michel, Sainte-Anne ou Saint-Jacques. Il n'y a guère qu'à la clinique Saint-François (cher Pape, si tu me lis...) que les praticiens font assaut de componction et roulent humblement en petites voitures (on me dit dans l'oreillette que la papamobile est une mercedes, mais je me refuse formellement à le croire...)
Donc, rendez-vous fixé par le secrétariat du cardiologue : 16 h 30. Ce n'est pas le meilleur horaire pour un malheureux tavernier soumis aux aléas d'une clientèle qui se prélasse sur nos moelleuses banquettes, tandis que la vaisselle s'amoncelle. Mais lorsqu'un de ces messieurs vous fait l'honneur d'une réception, qui plus dans le chaleureux décor d'une clinique qui figurerait aisément au Michelin - si Michelin ne répertoriait pas que les établissements qui envoient leurs clients aux dites cliniques- on accepte toutes les propositions sans barguigner.
Avec le précieux concours de notre jeune collègue Stéphanie, nous avons donc passé la sur-multipliée, cassé quelques verres et expédié les traînards sans sommations mais avec tous les égards, dus à leur porte-monnaie, toutefois. Un coup de serpillère pour la forme et hop je sautais dans le premier bus (enfin non, pas n'importe lequel quand même, le 1 pour être précis). En sorte que pour la première fois de ma longue vie de souffrance, je me pointais chez le représentant d'Hippocrate avec une bonne dizaine de minutes d'avance. J'en éprouvais une sorte de vertige mêlée de fierté, certes mal placée, nous l'avons voir tout à l'heure.
Jusqu'ici, je devais être, contre toute attente et mes propos volontiers geignards, un sacré petit veinard. Car de mes généralistes à Solliès puis Cuers, en passant par mon ami dentiste et ce magnifique pneumologue à Hyères, je n'ai jamais eu à souffrir de cet état lamentablement passif, voire craintif, de patient. Au point que lorsque je m'enrhumais, que j'avais mal aux dents ou que je toussotais, je me disais « chic tu ne va pas attendre chez le docteur ! »
Au vrai, je ne comprenais décidément pas pourquoi on s'évertuait à qualifier un type qui souffrait du dos ou du ventre (d'ailleurs) de patient. Généralement ce genre de douleurs provoquent plutôt une certaine impatience. Mais ça y est. Maintenant je sais ! Un patient, c'est un type qui a rendez-vous à 16 h 30. Mais qui à 17 h 15 s'aperçoit qu'il a encore devant lui, le « rendez-vous » de 16 heures et celui de 16 heures 15. Et qu'en somme, d'après un rapide calcul de probabilité, s'il passe avant 19 heures, ils s'en sortira pas si mal !
En salle d'attente (ou de patience, comme vous aimez mieux) on se sent rudement bien. D'abord, c'est bien chauffé. Au moins trente degrés ! L'important c'est de ne plus en sortir, sans quoi le contraste thermique vous foudroie immanquablement. Et puis c'est animé. On voit passer de belles infirmières -et de très vilaines femmes de ménage-. De beaux messieurs -sans doute des toubibs- qui devisent doctement de tout et du golf, en touillant négligemment leur café, le regard clair, le teint hâlé et l'air de revenir de tout. Tiens, j'y pense ! Tant, celui qui me faisait attendre si longtemps venait peut-être de me toiser trois fois sans que je n'y prenne garde...
Non, côté animation, bien ! La salle est pleine. Entre ceux qui auraient dû passer depuis Dieu sait quand et ceux qui arrivent largement en avance par précaution (et correction), ils sont tous là. Il y a toujours une ancienne qui trouve une petite voisine pour lui raconter tout ce que l'autre n'a pas envie d'entendre. Le type qui finit par piquer du nez, en laissant échapper quelques ronflements étourdis. Celui qui se cure le nez, parce qu'il a oublié son journal. La dame un peu sourde que son fils appelle au téléphone pour prendre des nouvelles : « Quoi, comment ? Ah c'est toi ! Non, je ne suis pas encore passée ? Je t'entends mal ! Quoi ? Comment ? Ça passe mal ici … Quoi ? Non, ça ne se passe pas mal ici. Je dis que le téléphone passe mal … Allo ? Bon je te rappelle quand je sors... Si, si , ne t'inquiète pas, je finirai bien par sortir... » Passionnant ! Un quart d'heure après, l'insupportable sonnerie du Nokia tune de Tàrrega, retentit comme une fatalité et le monologue reprend de plus belle. 
 
A côté, un jeune retraité qui a reçu un smartphone de la part de ses collègues trop heureux de s'en débarrasser, découvre qu'il a un jeu tétris. Mais il ne sait pas en revanche qu'on peut baisser le son. Ou mieux encore l'enlever. Alors on se coltine entre deux explosions de boules, la musique synthétique et débile qu'il accompagne en faisant valser ses doigt qui vont et qui … Vienne ! (tiens celle-là elle est potable). Et je ne vous parle pas de tous les passants, les sondés, les perfusés et les désespérés qui s'égarent par-ci et repasseront par-là. Non, décidément, côté attractions, ils ont tout prévu à Saint-Jean...
Toutefois, sans reprendre votre rôle d'éternel râleur, vous vous dites qu'avec les deux heures que votre « sauveur » va vous mettre dans la vue, vous auriez peut-être pu faire autre chose. Le docte en blouse blanche en aura décidé autrement ! Il est vrai que ce type doit gagner, suivant des calculs que j'ai eu tout le loisir de peaufiner et d'étayer, entre cinq et vingt fois ce que je récolte au bout d'une semaine de 70 heures. Vous me direz que lui aussi en fait des heures ! Au vu de ses retards, j'imagine même qu'il n'y en a pas assez dans la journée. Bref avec une telle différence de revenus il faut bien convenir que cela lui donne des droits sur vous et qu'il peut bien disposer de votre temps (et parfois même de votre vie) , vous qui n'êtes même pas foutus de rouler en mercédes ML 350 et de revenir bronzé de vos vacances d'hiver...
Tout ceci est probablement légitime. Mais je me dis que j'ai peut-être eu tort de virer mes derniers patients à 15 heures (eux qui ne sont même pas remboursés à Aubrac sur mer par la sécu). Que j'ai même risqué l'infarctus juste avant mon rendez-vous chez le cardiologue ! Alors que, si j'ai bien compris, on n'était pas à deux ou trois heures près... 
Jaco 

Nicole a rejoint Dominique

Moins de deux ans après son cher époux, Dominique, Nicole s'en est allée, la semaine dernière. Ce couple de Toulonnais, quasiment voisin de l'avenue de la République, avait cessé d'être des clients, pour devenir dès nos premiers mois d'activité, des complices, des convives, que nous recevions avec allégresse et considération. Amoureux de l'Aubrac, de Laguiole à Nasbinals en passant par la Chaldette, ils avaient su nous faire entendre sans y mettre les mots, par un sourire, une présence, qu'ils l'étaient un peu devenus aussi de notre restaurant. Désormais veuve, Nicole n'avait cessé de nous rendre visite pratiquement toutes les semaines. Elle était accompagnée alors par ses enfants Franck et Michel, leurs épouse et compagne, mais aussi ses petits-fils et notamment Romain.
Luttant depuis quelques années contre le cancer, il lui arrivait de venir faire son premier repas après sa sortie de l'hôpital. Lorsque je voyais apparaître sa silhouette fragile mais digne, je savais que je pouvais préparer une bavette – aligot. Nous la vîmes une dernière fois à l'automne fortement handicapée, mais fidèle à ce rituel aubracien qui nous donna de connaître la famille Chatain. Nicole et Dominique que nous n'oublierons jamais et grâce auxquels nous ne pouvons regretter de nous être lancés dans cette folle aventure. Ils auront été l'une de nos récompenses, même si pour le coup, elle est bougrement empreinte de tristesse.

Un petit coup d'Occi-cant

Au terme d'une semaine épuisante, notre pause fut brusquement interrompue par l'intrusion d'Occi-cant dans nos murs. Christian (s), Philippe et Jean-Pierre.
Il y avait aussi Loulette (loula) qui serait rejointe plus tard par Cri. Il était 17 heures et Jaco tombait de sommeil. Tu parles d'un réveil !
A vrai dire, nous avions prévu de proposer à nos amis clients une deuxième soirée de chants par Occi-Cant, cette fois orientés vers Noël. Mais il leur était difficile d'être au complet. Alors, après leur Coupo Santo victorieux à Mayol, ils sont venus, ceux qu'ils étaient, pour nous faire l' aubade, rien que pour nous et les quelques clients qui traînaient par là, ce samedi soir.
A l'heure de la bière d'Aubrac quelques indiens sortis de leur réserve à Exester, collèrent au bar. Plus tard, à l'heure du dîner, il y avait, parmi ceux-là, mon « cousin » André, sa femme Brigitte et leur amis, mon ancien confrère Arnaud, un couple dont lui est de Narbonne, deux dames venues spécialement de Marseille, pour manger de l'Aubrac (quand je pense qu'il y a des Toulonnais qui vont se restaurer à Grand Var !) …
Très vite entre la meilleure charcuterie du monde (avec la vraie Corsu) et la meilleure viande du monde (avec aucune autre), le ton monta et les chants traditionnels transalpins, occitants, aveyronnais et de l'Ile de Beauté, rayonnèrent dans cette petite salle qui est devenue la première des concerts de nos amis d'Occi-Cant.
Et comme convenu, nous vous proposerons de venir partager une soirée dès le début de 2014. Pour ne pas laisser passer une occasion de plus d'être tout simplement heureux.

Eddie comme un lord

Vous le reconnaissez, ce cono, avec son assiette de présentation sur la courge et cette belle blonde qui n'a pas peur de recevoir le contenu du service sur sa veste ? Mais oui, bien sûr c'est le grand, le beau, le génial Eddie. Qui est monté jusqu'au fin fond de l'Angleterre pour recevoir -en soutane SVP- son bachelor d'hôtellerie. Curieusement, c'est là aussi, à Coventry, que notre Benjamin avait reçu la consécration dans une autre discipline. Quelle famille d'érudits... quand même ! Et félicitation aussi au papy Joël, très impressionné par la majesté de l'uniforme...




Chronique du  10 décembre 2013
      L'ode aux rabat-joie
 

On a beau savoir -et à ce titre s'en défier- que la critique systématique de l'Europe est l'apanage des beaufs et des gros snoc qui sont souvent les mêmes, il est malgré tout difficile d'échapper cette fois à un certain scepticisme. Sans emprunter toutefois aux impétrants évoqués plus haut, qui tempêtent contre les fonctionnaires, la commission, le parlement, tout en mélangeant pour mieux les confondre tous ceux qui mènent grande vie et force législation entre Bruxelles et Strasbourg, je dois concéder qu'un doute m'habite.
Alors je lutte. Pour ne pas rejoindre la France profonde du dimanche midi. Lorsque le pinard se met à prendre le contrôle d'esprits déjà diffus et qu'elle nous rejoue les Super Dupont (Aignan), portant la parole de Méluche, Chevènement (si, si ! il existe encore) et de Jean-Marine. Certes notre président les a tous avantageusement remplacés au moment du fromage (Mimolette, c'est ça Gérard ?) lorsqu'il s'agit de se payer sa poire. Mais ça fait rien, l'Europe en prend toujours pour son grade et demeure à l'estime de tous les stratèges politiques qui raisonnent plus en tapant de la fourchette qu'en faisait appel à ce qui leur sert de tête, la cause de tous nos maux.
Mais, disais-je, il faut bien convenir que même en dehors du fameux repas où l'on a un avis sur tout, je suis moi aussi un peu ébranlé par les dernières directives communautaires qui, naguère auraient pu trouver toute leur place à la une des journaux, un matin de 1e avril. Certaines seraient en gestation, d'autres seraient accouchées et déjà en vigueur.
Je passe encore sur cette loi visant à interdire à tout citoyen de craquer une allumette et de mettre le feu. Pas à la voiture allemande de votre voisin, ça l'était déjà -interdit-, ni même à votre cigarette, mais ça, patience, on va bien finir par y arriver. Non, pour l'heure il s'agit de proscrire toute forme de feu dans votre jardin. Ils auraient pu, comme c'était déjà le cas dans nos régions, interdire de brûler quoi que ce soit par grand vent et par forte sécheresse. Mettre un terme à la pratique douteuse, bien que pastorale, de l'écobuage. Mais non, là, même en décembre par moins dix et forte humidité, vous ne vous débarrasserez pas comme ça de votre tas d'herbes sèches et des quatre branches dont vous ne saurez que faire. Il paraît qu'il faut les embarquer et les emmener à la décharge. De laquelle vous avez toutes les « chances » d'être refoulé si elle n'est pas fermée, vu que vous n'avez pas forcément que çà à faire de guetter son heure d'ouverture.
Quant à moi, je me suis promis de me planquer dans un coin de jardin et de m'offrir mon petit feu de bon aloi qui me met aussi furtivement en joie. Avec un peu de chance ça passera, entre chien et loup ou dès potron-minet, inaperçu . A moins que mon voisin, qui ne m'a pas dénoncé depuis longtemps et qui ignore que je cache quatre roms dans mon vide sanitaire, ne donne libre cours à ses dispositions naturelles. Depuis qu'il roule en « panzer » j'imagine que c'est dans ses cordes.
Mais il y a plus loufoque encore. Ma femme me disait, hier encore, (ce début de phrase me rappelle irrépressiblement la fameuse tirade de l'inspecteur Colombo dont j'avoue avoir un peu abusé avant que je ne tourne définitivement le bouton de mon téléviseur), elle me disait donc que les cheminées à foyer ouvert allaient également faire l'objet de la même interdiction. Je luis aurais directement ri au nez, si je n'avais eu d'autres sources que les siennes (puisqu'elle croit encore ce qui est écrit dans VM). Oh mais là ! Fini de rire ! C'est qu'ils y pensent sérieusement, les snoc.
A cause des particules fines qu'ils disent. Et si vous examinez bien la consonance de « particules fines » vous allez inévitablement -même si vous n'êtes pas portés sur la chose- établir la liaison avec partie de cul fine... Non, franchement ? Ça s'en rapproche, non ? Certes étymologiquement il est ardu d'établir le moindre corollaire et moins encore de corrélation, entre une cheminée à foyer ouvert et une partie de jambes en l'air.
Mais cela m'amène à constater qu'elles aussi, les parties fines sont dans le collimateur. Certes vous pourrez toujours vous amuser entre adultes consentants (surtout qu'avec un peu de parfum ça passe), mais vous finirez par en avoir fait le tour et même les plus imaginatifs trouveront ça répétitif. Tandis qu'au douzième étage d'un palace (à Bruxelles, Strasbourg, Lille, New-York et l'on pourrait en rajouter à l'envi sans aller tout de même jusqu'à l'hôtel Bastide à Nasbinals) un bonne injection de sang neuf dans le troupeau redonnerait force virilité même à un boeuf.
C'est triste de voir le plus vieux métier du monde, le plus beau aussi (même si après la cinquantaine…) menacé de disparition parce que quelques centaines de faux culs votent à l'assemblée une loi visant à culpabiliser le type qui plutôt que de piquer la femme de son copain, préfère se rabattre sur un joli tapin. Amis, voisins et vous tous que le devoir appelle loin de chez vous : tremblez ! Ce sont les professionnelles que l'on élimine et nous allons voir émerger une redoutable génération d'amatrices. Quant aux moins hardis, ils se finiront à la main, ce qui n'a certes jamais tué personne, mais qui a -par exemple- ruiné l'économie de Toulon, laquelle n'est pas prête de s'en remettre...
Tout ce qui est en voie d'extinction me rend aujourd'hui morose, nostalgique, neurasthénique. Surtout la cheminée que l'on va désormais recouvrir d'un voile afin que de vilaines particules ne viennent chatouiller les bronches des inconscients qui s'aventuraient à lire le Grillon du foyer ou à regarder les feux de l'amour, confortablement installés près de l'âtre dont les flammes folâtrent et l'âme batifole...
J'ignore a quel lobby répond la tête d'œuf qui nous a pondu cette énormité. Un autrichien peut-être ? Il paraît que les œufs d'Autriche sont plus gros que les autres. Sont-ce les cheminées de mon ami Philippe ou celle de Wanders ou Brisach ? Ou s'agit-il prosaïquement d'une lubie d'un cono qui a voulu se rendre intelligent.
Ah ! Bravo, c'est réussi. Mon pauvre Beetho, l'Europe ce n'est plus l'Ode à la joie, ni celui des feux de joie, ni même des filles de joie, c'est le chant des rabat-joie...
Jaco

L'actu d'Aubrac sur mer
 Match à Mayol, samedi à 14 h 30. N'oubliez pas de réserver pour le déjeuner, service à partir de 11 h 45.
 
Vendredi complet, ne faites pas trop de projets à Aubrac sur mer, le vendredi 13. C'est complet à midi et le soir ! Mais vous pourrez sûrement vous rattraper

Le journal Métropole-Var de notre ami Olivier est paru. Vous pouvez le trouver dans les kiosques ou vous abonner en ligne http://www.metropolevar.fr

Notre ami Gérard de l'ANACR, nous signale qu'une pièce sera jouée à l'espace Comedia de Toulon le 17 janvier à 20 h 45. Il s'agit de Partisan (dans l'antichambre du Conseil national de la Résistance). Idéal pour revivre de l'intérieur l'une des périodes les plus sombres, puis les plus lumineuses de notre histoire. www.espacecomedia.com







Et pour finir Alain Le Cozannet, le peintre de la main du coeur. Ne manquez pas son exposition et celle de Ségura le sculpteur. Ca se passe au garage 7, 7 avenue Gozza au Mourillon. Vernissage le vendredi 13 à 18 heures, exposition ouverte jusqu'au 15. Entrée libre.




  
Chronique du  3 décembre 2013

       Cuers la garenne     


A part le tripous – aligot et la potée aubracienne, vous l'aurez peut-être remarqué, je ne digère pas grand-chose. Et notoirement pas ce goût de bouchon entre Cuers et Toulon, qui me reste en bouche tout au long de la journée, avant qu'il ne revienne comme un vilain rot, en fin d'après midi entre... Toulon et Cuers. Bon, il y a déjà un progrès j'en ai identifié la cause. Les causes, devrais-je écrire, tant les dénominateurs communs à cet immonde merdier autoroutier sont légion.
Le plus spectaculaire, parce que le plus stupide, est évidemment la présence à l'entrée de la ville-préfecture, porte des Oliviers, d'un feu tricolore. Toulon doit être la seule ville au monde à flanquer des feux sur une autoroute. Et quand je dis « tricolore » je reste mesuré, tant il est vrai qu'il s'agit essentiellement d'un feu rouge. Je n'en revenais pas lorsque j'ai chronométré le temps imparti aux centaines de voitures affluant en jet continu de l'autoroute (35 secondes) pour franchir le feu, tandis que la dizaine de chanceux arrivant du boulevard Léon-Bourgeois (le bien nommé) perpendiculaire, disposaient de près d'une minute. En sorte que, tandis que la queue s'étire sur des kilomètres sur la seule voie réservée aux malheureux qui se donnent encore le mal de venir turbiner dans Toulon, la petite artère transversale est totalement déserte. J'en déduis que l'élu chargé de la circulation, doit plutôt habiter au Cap Brun ou à la Serinette, qu'à La Valette ou Carnoules.
Tous les matins, pour allumer les fours à l'heure, il me faut donc faire mine de prendre le tunnel et de déboiter au dernier moment sur la seule voie conduisant à la ville, en m'aliénant l'ire légitime de ceux qui se sont tapés les deux kilomètres de bouchon en restant patiemment et civilement à leur place dans le serpentin ininterrompu de cocus du petit matin. Donc pour éviter ce qui est largement évitable, il suffirait d'inverser la durée des feux pour que les centaines défilent un peu mieux, sans pour autant nuire à la dizaine adjacente et, il faut bien en convenir, agaçante. Mieux encore, quelques pandores municipaux placés aux endroits stratégiques seraient plus efficaces qu'à battre le pavé à la recherche d'un temps perdu ou siroter leur café bien à l'abri, place Pasteur.
D'autant que, pour se retrouver dans la panade, on n'a pas besoin des feux. Il suffit d'un motard qui perd à la roulette russe -qu'il s'inflige tous les matins en bombant comme un noc entre deux rangées de bagnoles qui racontent leurs vies au téléphone plutôt que de regarder dans le rétro-, pour que le SAMU, la police, la dépanneuse et tout le tintouin, ne nous condamnent à une grosse heure de surplace. Si l'accident a lieu sur la voie d'en-face, la sanction sera diminuée de moitié. Mais il faut quand même que tous ceux qui passent à hauteur, plantent littéralement, pour bien examiner la nature du carambolage. Une calandre défoncée, mieux encore une tache de sang sur la route et le nec plus ultra, une tête qui a roulé sur le bas côté et c'est le succès assuré, pour un récit circonstancié à l'atelier ou au bureau. Je comprends d'ailleurs mieux pourquoi il y a tant de 4X4 Wolswagen ou Audi dans la région. Ce n'est pas forcément par dévotion pour Mme Merkel, mais par un simple esprit pratique, pour mieux voir ce qui se passe de l'autre côté du rail de sécurité lorsqu'il y a un beau carton !
Non, mais tout ça ne nous dit pas pourquoi il y a tant de monde qui veut entrer dans Toulon alors qu'il n'y a presque plus de travail. Bon certes il reste quelques emplois à la mairie ou à l'arsenal ! En réalité, c'est qu'il y a encore moins de gens qui y habitent.
Va-t-en voir pourquoi ils ont tous déserté une si belle ville, avec sa rue d'Alger, son Pont-du-Las et Saint-Jean-du-Var ? Ils sont tous partis à la « campagne ». La Garde, Solliès-Toucas, La Crau, Belgentier ! Ça fait rêver non ? Quand on voit comment ils se comportent sous la pluie ou que l'on mesure leur incapacité à franchir un simple rond point, on est en droit de se demander pourquoi ils sont allés habiter si loin !
Il y a même des snoc qui habitent Cuers ! Ils ont tous un bout de terrain, espace de liberté de 280 mètres, sur lequel ils ont posé une maison de 100 mètres, une piscine de 50 mètres, et 130 mètres de jardin. Enfin, de jardin ! La première année. Parce qu'ensuite ce serait plutôt un genre de friche. Vu qu'à l'heure où ils partent à Toulon et en reviennent, bouchons compris, ils ne leur reste plus de loisir pour tondre et pour bêcher. Ils ne disposent que du temps de manger sur le pouce un cordon-bleu ou des lasagnes de cheval, en regardant TF1 ou -pour les intellectuels- M6 et à tenter de roupiller, sitôt que le couillon d'à-côté aura fini de gueuler dans sa pataugeoire et que le cono de derrière aura baissé sa sono... S'il la baisse avant que les injures ne fusent...
Ah ! On est quand mieux que dans un appartement minable de Toulon. Tenez à Cuers. Village de 5000 habitants il y a un demi-siècle, sa population a doublé depuis et promet d'atteindre les 13 000 sans tarder. C'est beau, non ? Surtout qu'en visitant le centre, on ne peux l'imaginer. A part trois banques et deux agents immobiliers il n'y a plus de commerces, ni force habitants exception faite de quelques pauvres hères. A quoi bon ? Même la maison de la presse a disparu. Il n'y avait plus personne pour acheter des journaux où, du reste, il n'y avait plus rien à lire. Le bourg mort s'est éclairé de feux multicolores (encore !) et s'est hérissé de dos d'âne afin de ralentir une circulation qui, de dix voitures à la minute est passé à cent. Car si on n'habite plus sur les artères maréchales (Foch et Joffre) on est tout de même contraint d'y bouchonner.
En fait, tout autour, on a commis des lotissements à tours de bras. Le dernier en date est emblématique. Il s'appelle le quartier Défens. C'est un peu comme la Défense, mais sans les tours et sans le pognon. Ils ont d'abord bétonné un centre « culturel » qu'ils ont appelé Lidl (tiens encore les Allemands, « arch groB malheur ! ») et qui diffuse une intéressante revue philosophique qui dit a peu près ceci : « pour une boite de nuggets achetée, une deuxième à moitié prix ». C'est ainsi que les nouvelles génération apprennent à lire et à vivre. Ils ont construit autour du « supermarket discount », des centaines de « villas ». J'ai mis villas entre guillemets , parce qu'il s'agit, au vrai, de maisonnettes, enfin quoi, de cages à lapins. On appelle ça cages à lapins, non à cause des grandes oreilles de leurs propriétaires mais de leurs petites couilles qui leur permettent de faire plusieurs minots grâce auxquels ils pourront rembourser leurs traites sur ladite cage...
Ce sont eux qui, dès potron-minet, s'en vont à Toulon dans leur Opel ou Wolkswagen (ach ! encore groB malheur...) pour pointer à pôle emploi (avenue des frères Lumière, ça ne s'invente pas) ou aux allocs à la Rode (jolie Rode, pour contempler tout l’monde, les grands et les petits, se font tout petit ).
Ah ça vous fait marrer ! Si, si, je le vois bien ! Et le noc qui vous parle ferait mieux de la fermer. Parce que plutôt que de construire sa maisonnette dans cet immonde dortoir, il aurait mieux fait de retaper un petit nid douillet -avec ses copains les pigeons- rue de la Glacière . Rien que le nom lui aurait rappelé l'Aubrac. Et je ne vous parle même pas de la comparaison désertique...
Jaco

Yves, sapin et sans reproche

Notre ami Yves, désormais ambassadeur honoraire d'Aubrac sur mer, prépare aussi Noël. Ami des épicéas et autres Nordmanns, il a donc choisi d'utiliser des palettes (elles mêmes issues de pins déjà sacrifiés) pour dresser de magnifiques décors à la fois modernes et fonctionnels. Du coup cette année, c'est promis vous ne retrouverez pas d'épines dans le potage. Et nous aurons l'occasion de vous présenter l'œuvre dans sa totalité et son pot au lait.


Eric, la langue (aussi) bien pendue
Première conférence « Mézières » à Aubrac sur mer, vendredi soir. Eric Lon l'apôtre varois de la méthode a su réunir autour de lui des gens motivés à défaut d'être tous très gais. Il faut convenir que lorsque l'on a mal au dos...
Sans doute aurons nous l'occasion de reproduire cette expérience qui ajoute à ce lieu convivial un petit côté médical qui rassure. Et qui sait si un jour un cataplasme d'aligot sur la zone irritée ne deviendra pas la panacée ou, à tout le moins, le parfait complément de la méthode Mézières.
Plus sérieusement, sachez que notre kiné, Eric Lon, prépare désormais son intervention au congrès international de l'AMIK qui se tiendra le 23 mai 2014 sur la presqu'île de Giens. Il y présentera notamment un diaporama retraçant l'introduction de la Méthode Mézières en Inde et au Népal...

On nous écrits (encore !)

Nouvel avis sur
 

Voici deux  avis inédits, déposés sur Tripadvisor dans la semaine.  Ils ne feront pas évoluer un classement remarquablement maitrisé par la mafia locale avec la complicité du site de voyage, mais ils témoignent de l'attachement de nos clients...
 
"Hemingway à Laguiole"  
                                                                   par joao fransisco b

Nous habitons le bord de mer, plutôt produits de la mer dans les bonnes tables locales donc ; pour nos vacances nous parcourons souvent le Massif Central où nous pouvons déguster des viandes d'une qualité incomparable, qu'on ne trouve pas malheureusement dans le Var. Alors quelle surprise de retrouver le goût de la viande à Toulon, comme si on venait d'acheter son onglet ou son escalope de veau sous la mère à l'éleveur du coin entre Saint Pons de Thomières et Sainte Affrique ou un filet mignon de porc entre Lacaune et Saint Flour
Les viandes sont parfaites, en grillades ou en blanquettes, et pour les nostalgiques du massif central profond il y a des tripoux comme on n'avait pas goûté depuis la descente du Finiels au Bleymard en 1988! Accessoirement c'est un des (très) rares endroits de Toulon où j'ai pu apprécier un vrai Saint Nectaire fermier, pour faire passer le plat de viande à l'aligot (au passage, on n'avait pas mangé d'aligot comme ça depuis Salers en 1994)
Au fait pourquoi Hemingway ? le patron et cuistot est un ancien plumitif d'après match d'un canard local, un peu hypocondriaque dépressif maigrichon mal rasé, qui porte parfois pour venir saluer la clientèle en salle et faire "otentik obrak", ce genre de béret qu'Hemingway mettait pour faire croire qu'il avait été journaliste pendant la guerre d'Espagne ou résistant avant le débarquement de Normandie; bon je lui pardonne, il a bien fait de quitter la feuille de chou locale à la lecture souvent indigeste pour ouvrir une table ô combien digeste
Surtout pour les amateurs d'un vrai goût de viande, je recommande absolument (en plus hemingway sauce rade de Toulon/aubrac offre toujours un petit digestif - sur présentation d'une carte d'identité attestant de vos origines massif centraliennes)
(Excellent écrit le 27 novembre 2013) 

"Le restaurant au coeur de Toulon"  
                                                                   par Nopok
4 5 étoiles
Le restaurant où tout bon varois devrait aller. En effet le palais est à la fête, on se régale des spécialités aveyronnaise (bœuf race aubracienne, aligot, potée...). Ce sont les recettes de grand- mère mijotées avec amour et patience (cassoulet, blanquette, choux farcis) et le tartare au couteau est divin! Seul bémol, la salle qui est mal insonorisée mais qu'importe la fonction première du restaurant et de son acceuil très chaleureux sont grandement satisfaisant. Adresse à conseiller. (Très bon, écrit le 26 novembre 2013)
 
Chronique du 26 novembre 2013
 Nous sommes bien les premiers ! 




Il paraît qu'il n'y avait pas le journal dans les kiosques cette semaine. Cela n'a pas dû beaucoup manquer aux lecteurs qui s'étaient déjà habitués à ce qu'il n'y ait plus de journalisme. Désormais ce sont les gens qui se chargent de faire l'info. Tchat, forum, tweets, face de bouc et même blogs, s'y sont substitués . Ceux qui consommaient la presse jadis, se sont piqués, avec la complicité des patrons de journaux et de radios, de l'animer. Avec toute la pertinence, la compétence et le recul que l'on imagine. Comme le disait fort bien Coluche, avant son ultime dérapage, ils ont : « un avis sur tout et surtout un avis. » C'est même à ça qu'on les reconnaît.
Le sujet de la semaine tenait sur un pied, celui des « bleus » comme ils disent, qui de moins-que-rien sont passés au statut de héros. Avant hier ils leur disaient : merde ; hier c'était : merci ! Merci de quoi ? Nous avions tout pour passer un début d'été tranquilles et voilà qu'on va nous matraquer entre le 12 juin et le 13 juillet à grands coups d'emphases (de philosophie de pelouse) et de superlatifs. De mon point de vue ce sera essentiellement laxatif... Et avec ça, voilà que l'action de TF1 s'envole, alors qu'une bonne élimination pouvait du même coup nous débarrasser du Nonce et de ses disciples.
Côté cuisine, c'est sensiblement la même chose. Terminé les guides « autorisés » pour ne pas dire avisés. Désormais ce sont les consommateurs qui font et défoncent la réputation d'un restaurant. Ce n'est pas tellement que leur avis nous intéresse. Du reste s'ils sont assez nombreux à les écrire, il n'est pas certain qu'ils soient autant à les lire et à leur accorder le moindre crédit. Et pourtant, je le confesse, je ne fus pas le dernier à coller sur la vitrine d'Aubrac sur mer, le logo de Tripadvisor « Etablissement recommandé par les internautes » Il est vrai que seize de nos visiteurs déposèrent sur une durée de quatre ans -c'est quand même bien peu- de très sympathiques messages.
Ce n'est certes pas suffisant pour faire exploser l'ego, mais cela flatte au moins l'aligot. C'est alors que deux petits malins, ont dû trouver que notre cote montait un peu trop. Qui se fendirent alors de messages perfides vouant aux gémonies notre petite entreprise. Ceux qui nous suivent ici se souviennent de Nénédumour, un olibrius qui nous jugeait fort sympathiques, mais considérait notre aligot apathique et nous gratifiait d'un « médiocre ».
Quelques mois plus tard, voici David Z qui prétend pourtant sortir de Saint-Cyr. Alors celui-là, il est d'accord avec le précédent (si ce n'est pas carrément le même). On est toujours très sympathiques ! Remarquez, dans un restaurant de la côte, cela devrait déjà valoir cinq étoiles ! Nos viandes grillées (notez qu'elles sont chez nous poêlées, mais peu importe) seraient gâtées par la médiocrité de leurs accompagnements. Allons bon ! Curieusement, l'aligot aurait donc ses détracteurs... Il est vrai qu'un buisson de frites décongelées, c'est tellement mieux ! Le pauvre garçon s'émeut ensuite du prix élevé de chaque plat et de conclure par ce déchirant cri du coeur : « la promesse du voyage enchanteur laisse place à un amer sentiment... » Diantre !
J'imagine que ceux qui se sont assis à notre table doivent se bidonner et se rouler par terre. Prudence toutefois, ce n'est pas bon pour la digestion. Je passe donc sur la médiocrité des accompagnements, chacun en jugera. Mais si le propos est dérisoire, si les intentions de cet avis « destructor » sont limpides, je veux encore couper court à cet argument spécieux, fallacieux, à cette pénible contre-vérité concernant les prix que nous pratiquons.
Sachant que nous payons un rumsteck de race Aubrac chez notre boucher de Laguiole 22 euros le kilo et que nous le revendons 17 € les 200 grammes, qu'il est accompagné d'aligot qui nous revient à 8 euros le kilo et d'une sauce maison à base de cèpes, d'échalote, de vin, etc... notre marge est très inférieure à trois. Maintenant, nos collègues qui vendent un morceau de barbaque d'origine européenne -acheté 12 euros le kilo (mais parfois beaucoup moins encore) dans des centrales de vente mieux connues pour leur prix que pour leur qualité- au prix de 12 euros, servi avec les fameuses frites (pas médiocres du tout, celles-là !) à 75 cts le kg, margent quant à eux au minimum à cinq !
Et j'arrête-là les comparaisons et la démonstration tant il est connu et reconnu que nous pratiquons le rapport qualité-prix le plus exceptionnel de la région. A tel point aussi que nous ne trouvons plus un expert qui accepte de gérer nos comptes et que nous avons dû recourir à un jeune comptable commis d'office.
Ah ! mon cher Z ! Si encore tu avais trouvé (tu permets qu'on se tutoie maintenant qu'on est intime) que la serveuse était trop vieille, ou que l'autre était trop petite, ou même, que le patron avait un gros nez (que dis-je, une péninsule !) ou un béret de l'Aviron Bayonnais ; si tu avais humé par delà les sublimes effluves de saucisse de Conquet, quelques remugles d'égouts remontant du fond des âges toulonnais, venant perturber le fonctionnement de tes papilles visiblement inspirées ; si tu avais été incommodé par le tumulte d'une salle dont l'insonorisation laisse à désirer... Mais tu n'as pas pris le temps d'approfondir et peut-être n'as-tu même pas pris le soin de venir le constater. Ce qui compte c'est de faire tomber, dans le classement arbitraire de Tripadvisor, la moyenne d'un établissement -sans doute concurrent- qui te dérange.
Je m'étais donc, disais-je, empressé de coller le logo du site de voyage sur notre vitrine. Cela me paraissait chouette, jusqu'à ce que je mesure qu'il suffisait d'un corbeau, par définition malfaisant et jaloux, pour fausser complètement le jeu. Jaloux, d'accord, mais de quoi ? Certes nous avons toujours argué du fait que nous avions ouvert Aubrac sur mer par passion et non pour gagner de l'argent. Et là, exact, c'est une belle réussite. Que dis-je un triomphe... Je n'imagine d'ailleurs pas qu'il y ait à cent lieues à la ronde un restaurateur qui consente à faire ce que l'on fait depuis plus de quatre ans, au seul nom de la passion. Nous ne sommes donc là ni pour le pognon, ni moins encore pour le classement. J'ai toujours éprouvé une sainte horreur de la compétition.
Simplement, notre vingt-huitième place (certes sur 228 établissements) est une injure faite par deux roublards aux seize qui ont pris la peine de rendre hommage à notre démarche. Et à tous ceux qui, grâce au bouche à oreille, nous permettent de subsister, voire même d'encore progresser. A tous ceux, encore, qui, avec de telles assertions assassines, n'auront peut-être pas envie de nous connaître. C'est une insulte à la meilleure race à viande du monde, à l'aligot et à l'Aubrac tout entier. A ce classement-là, pourtant, nous sommes les premiers. Les seuls, certes, mais les premiers.
Dans ces conditions et dans ma logique, je ne voyais d'autre issue que de demander à Tripadvisor de ne plus me référencer. De laisser les chouettes et les corbeaux copuler sans m'emmerder. Eh bien figurez-vous que ce n'est pas possible. Ainsi, demain, si ces courageux anonymes, Néné, Z, le même ou un autre, inventaient un cafard dans mon velouté de potimarron ; du cheval dans mon tartare (ce qui nous ramènerait d'ailleurs aux origines de ce plat) ou une limace dans la salade (voilà un accompagnement peu onéreux qui rendrait notre « ami » moins amer) je n'aurai qu'à reprendre ma plume pour m'en défendre ou défier le noc en duel.
Ah ! Je l'ai peut-être déjà dit, mais si en « quarante » on avait disposé de l'anonymat d'internet et de tripadvisor on aurait pu hâter l'épuration et mieux organiser les rafles. Remarquez au rythme où évoluent la société et les comportements, il ne faut surtout pas désespérer....
Jaco

1) D'autres clients m'avaient déjà conseillé de ne pas répondre à ce genre d'attaques malveillantes afin de ne pas leur donner plus d'importance qu'elles n'en ont. L'un d'entre eux me disait : "Ne parle pas aux cons, ça les instruits !"  C'est aussi notre façon de saluer Georges Lautner, même si là c'est du Michel Audiard. 


On nous écrits

Nouvel avis sur
 

Voici les derniers avis inédits, déposés sur Tripadvisor depuis cet été.

 
La viande est excellente, on y retournera ”
                                                                     par Aniatravel de Toulon
5 5 étoiles
C'est la 2eme fois que je vais dans ce restaurant et je le trouve très bon. La viande est excellente ainsi que l'aligot. (aligot servi pas assez chaud à mon gout, mais aucun problème pour le faire réchauffer). La petite terrasse extérieure est très sympa et calme. Les produits sont frais, c'est vraiment du fait maison. On adore et on y retournera. (Excellent - Octobre 2013)

Toujours autant de plaisir à manger là-bas"
                                                                                                       par Florian G de Toulon
Restaurant fort sympathique du centre ville de Toulon. Patrons et serveuses très accueillants et efficaces ! La petite terrasse est charmante. C'est très agréable de déjeuner au soleil à côté de la fontaine. Cuisine de produits frais. Cela fait plaisir de ne pas forcément devoir manger des moules pour manger frais ! Devenu client habitué, j'éprouve toujours autant de plaisir à manger là-bas !
Nous ne nous dirons pas au revoir demain !
(Excellent - Octobre 2013)

On y prend vite goût et on y revient”
                                                                                                    par Lecimco de Toulon
4 5 étoiles
Passé le coin de la place Raimu et sa célèbre reconstitution de la partie de cartes, c'est la nom moins célèbre cuisine de l'Aveyron d "Aubrac sur mer", ça ne s'invente pas ! place Lambert. Ce jour là une gentiane d'Aubrac olives saucisson pour l'apéritif puis la trilogie des entrées un velouté de potiron, feuilleté au fromage de Laguiole et une petite salade de mer balsamique saumon bouquets. la boisson ce sera une bière vivante d'Aubrac. Je salive rien d'en écrire le souvenir!
puis ce sera une entrecôte viande d'Aubrac .accompagnée d'aligo, à la perfection.
figues confites de Solliès glace vanille. café, et le temps de régler Marie, Jaco vous proposera probablement une petite prune poire ou limoncello et vous glissera un bon mot.
(Très bon - Octobre 2013)

La gentillesse du service ne suffit pas à faire passer la note.”
                                                                                                     par David Z de Saint-Cyr

Malheureusement la qualité de la viande et la gentillesse du service ne couvre pas la médiocrité de certains accompagnements et le prix élevé de chaque plat. La promesse du voyage enchanteur laisse place à un amer sentiment. (Moyen - Octobre 2013)

La meilleure viande de l'aire toulonnaise”
                                                                                                        par Cissoudelagarde
4 5 étoiles
A Aubrac-sur-Mer, vous pouvez manger les yeux fermés. Ou commander les yeux fermés. On ne peut jamais se tromper. Tous est délicieux et délicat. Sentez la charcuterie avant de la manger et vous aurez tout compris. La viande d'Aubrac est excellentissime. Le cuistot l'a met en valeur.
Et tous ces autres produits aussi. foie gras, salades, aligot, légumes mijotés... accueil sympa, franc parlé, bons vins... bon appétit quoi !
(Très bon - Septembre 2013)

Aubrac une fois, Aubrac à vie !”
                                                                                                  par Julien J de Six-Fours
4 5 étoiles
Que dire ? si ce n'est que mes papilles gustatives en redemandent, vraiment un très bon endroit où l'on mange bien, très bien même, n'ayons pas peur des mots. Je ressors toujours avec un sourire et mon estomac me remerciant et me poussant à y retourner. Je le conseille vivement pour qui sait apprécier les très bonnes choses et les plaisirs de la table. Un resto à Toulon ? Aubrac sur Mer ! allez y, vous ne serez pas déçu. Et je n'oublie pas l'accueil et la convivialité que l'on y trouve, simple, agréable, toujours le sourire, bref un régal. vivement que j'y retourne !
Merci de pouvoir nous donner la possibilité de manger sainement de bons produits.
(Très bon - Juillet 2013)




Chronique du 19 novembre 2013
  Ce qu'il faudrait, c'est un bon typhon  

Ne comptez pas sur moi pour parler politique dans cette chronique. J'ai horreur de ça . Surtout à l'heure du repas. Lorsque vous dégustez une dinde aux marrons, par exemple, on finit toujours par focaliser sur les marrons. Alors que la dinde, avec ses gros bonnets -même rouges- pourrait être un sujet parfaitement con...sensuel. Dans un restaurant il y a tellement d'autres points de ralliement. Un cassoulet mitonné à la manière de grand-mère ; une belle viande sortie de la cuisse d'une vache qui ne fume que de l'herbe d'Aubrac et qui finit à l'abattoir la fleur aux dents ; et même un tripous patiemment ficelé avec toute la réflexion que justifie une panse de jeune veau...
Il faudrait être fou pour s'engager dans des considérations oiseuses qui auraient pour seul effet de rompre le fil onctueux du meilleur d'entre-nous : l'aligot. Voilà pourquoi je ne parle jamais « politique » même avec mes amis. Dont je ne vous dévoilerai pas l'étiquette, vu que cela ne vous regarde pas. D'autant que, dès lors que l'on touche à leur pognon, il n'y a plus guère de gens de gauche.
Tout ce qui catalyse le mécontentement, dans notre bon vieux pays, c'est l'impôt. L'idée en elle même ne révulse personne. A condition évidemment qu'il ne touche que les autres. Tenez, moi par exemple. Et au hasard. Vous ne pouvez même pas imaginer ce que j'aimerais pouvoir payer l'impôt. J'offrirais même sûrement ma tournée...
Il y a, bien sûr, le type qui vit de tout ce qu'il a pu ramasser, souvent sur le dos des autres ou mieux encore de ce qu'il a trouvé, le jour de sa naissance, sans avoir même à s'empoisonner avec cette mauvaise conscience qui perturbe l'existence de ceux qui l'ont volé pour lui. Le malheureux, outre les comptes offshores, les blanchiments et le « black », a eu l'imprudence de bourrer ses assurances-vie jusqu'à la gueule. Et voilà qu'aujourd'hui on veut taxer le fruit de tout cet argent qu'il n'a même pas gagné ! Vous trouvez ça juste, vous ? Et puis celui qui double ses fins de mois avec les allocations familiales. Lui qui a forniqué cinq fois pour doper la natalité en France . Voilà que l'on veut aussi ponctionner une partie de ce fric dont il pourrait certes se passer, mais sans lequel il devrait choisir entre le snowboard à Courchevel et le golf à Anglet. 


Non, vous avez beau croire, c'est un véritable supplice que d'avoir à participer à l'effort collectif dans un pays où l'on est convaincu que le voisin est toujours mieux loti... Où l'on parvient à ignorer, par un comble d'indécence, que les trois quarts de la planète manquent du minimum vital... Je ne vois, pour apaiser tous ces torturés de l'impôt, ces « sacrifiés » du petit commerce et ces « bonnets rouges » à qui l'on voudrait interdire de continuer à saloper la Bretagne, qu'un bon petit stage. Eux qui sont, généralement, de grands voyageurs, devraient être conviés à un séjour à bas coût aux Philippines. Je verrais bien Ryanair affréter quelques vols low cost vers Tacloban où le typhon Hayian a tout balayé, un peu à l'image de la taxe à 75 % sur les milliardaires ou la TVA à 10 % chez les artisans... Ainsi pourrait-on disposer de quelques éléments de comparaison !
La politique c'est vraiment nul. Surtout à table. Mais un bon sujet de société, en revanche, cela peut même vous ouvrir l'appétit. A condition d'exclure de la conversation : la vache folle, la grippe porcine et le cabillaud (le saumon, le flétan, la dorade et leurs semblables) devenus quasiment immangeables tant ils constituent des poissons violents. 
On peut gloser à l'envi et par exemple de ce chiffre réjouissant, distillé par les médias cette semaine avec une discrétion qui ne leur ressemble pas.  La croissance est négative de 0,1 %. Autant dire que la décroissance est en marche. Certes avec 0,1 % on n'ira pas loin dans le démantèlement de ce qui a rendu fous tous les imposés de France et de Navarre. Mais il s'agit bien de l'esquisse d'une tendance. Ainsi nourrit-on quelque espoir pour le 4e trimestre.
Certes les perspectives pour Noël demeurent encore pessimistes, pour ne pas dire sombres. On devrait encore bourrer les pompes de nos merdeux de monticules de cadeaux qui ne leur serviront que le temps de les déballer. Il est quasiment joué d'avance qu'ils finiront l'année à se débiliser un peu plus avec une Wii ; à s'abrutir sur une tablette ou à connaître leur première orgasme en caressant le tout dernier smartphone. Leurs parents ont de forts risques de partir encore en Thaïlande (plutôt qu'à Manille) et les Champions s'offriront le dernier modèle de bagnole allemande, pour mieux encore collaborer à l'effondrement de leur propre pays...

Mais qui sait ? le Père Noël passera peut-être avec sa hotte bourrée de conscience. Et demain, demain, s'ouvrira le grand puits de lumière vers lequel nous plongerons -tôt ou tard- pour expier toutes nos conneries et retrouver le goût du vrai. De ce que l'on fait et non de ce dont on rêve. Hier, tandis que je me faisais manger sur l'autoroute pas la horde des barbares en Audi, BMW et Wolkswagen, je dépassais une sublime ami 8, lancée à 92 à l'heure, je vous jure que c'est vrai. Et que c'était bon ! Le type ne téléphonait pas et ne roulait pas sur la voie de gauche. Il avait presque l'air normal. Peut-être était-il même plus heureux que l'autre noc qui le toisait depuis son Tiguan en le serrant autant que faire se peut... Il était sans doute fier aussi de ne pas être tombé dans l'énorme panneau manichéiste, symbole du libéralisme arrogant et triomphant : l'obsolescence programmée. Car elle roule toujours sa "deux pattes"... 
C'est là que je me suis dit que si moi, je l'avais remarqué, le type à l'ami 8, les autres l'auraient sûrement fait aussi. Et que dès demain matin, on revendrait les vilaines teutonnes sur EBay ; que l'on abandonnerait le projet d'aéroport à Notre-Dame des Landes ;  que l'on foutrait nos phones aux ordures et que l'on s'habillerait pour trente euros dans un bon pantalon en coton et pourquoi pas une marinière. Rien que pour épater son voisin. Et en plus il nous resterait assez de sous pour payer nos impôts et aller manger des choses authentiques chez ce sacré Jaco. Qui lui aussi, peut-être, finirait par payer des impôts...
Elle serait pas belle ma décroissance ?
Jaco 
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Tiens, il est très rare, quasiment unique que j'utilise et répercute les textes et photos déversés par myriades sur mon ordinateur. D'autant que la plupart ne sont guère convenables. Je fais donc une entorse en empruntant à l'un des nombreux contributeurs anonymes et probablement lui aussi fortement tenté par la décroissance....
« Les mères et grand-mères portaient un tablier par-dessus leurs vêtements pour les protéger car elles avaient peu de robes de rechange. En fait, il était beaucoup plus facile de laver un tablier habituellement en coton qu'une robe, une blouse ou une jupe, faites d'autres tissus. Le principal usage du tablier de grand-mère était donc de protéger la robe, mais en plus de cela :
Il servait de gant pour retirer un plat brûlant du fourneau, bien avant l'invention des « mitaines à fourneau ». Il était merveilleux pour essuyer les larmes des enfants et, à certaines occasions, pour nettoyer les frimousses salies. Depuis le poulailler, le tablier servait à transporter les oeufs, les poussins à réanimer, et parfois les oeufs à moitié éclos, que maman déposait dans un fourneau tiède afin de faciliter leur éclosion. Quand il y avait de la visite, le tablier servait d'abri aux enfants timides d'où l'expression :
«Se cacher dans les jupons de sa mère». Par temps frais, maman le relevait pour s'y emmitoufler les bras et les épaules. Par temps chaud, alors qu'elle cuisinait devant le poêle à bois, elle y épongeait la sueur de son front. Ce bon vieux tablier faisait aussi office de soufflet, alors qu'elle l'agitait au dessus du feu de bois pour le ranimer. C'est lui qui servait à transbahuter pommes de terre et bois sec jusque dans la cuisine. Depuis le potager, il servait de panier pour de nombreux légumes ; après que les petits pois aient été récoltés, venait le tour des choux. En fin de saison, il était utilisé pour ramasser les pommes tombées de l'arbre. Quand des visiteurs arrivaient à l'improviste, c'était surprenant de voir avec quelle rapidité ce vieux tablier pouvait faire la poussière. A l'heure du repas, grand-mère allait sur le perron agiter son tablier, c'était signe que le dîner était prêt, et les hommes aux champs savaient qu'ils devaient passer à table. Grand-mère l'utilisait aussi pour sortir la tarte aux pommes du four et la poser sur le rebord de la fenêtre, afin qu'elle refroidisse ; de nos jours sa petite fille l'y pose aussi, mais pour la décongeler... Autres temps, autres moeurs ! Il faudra de bien longues années, avant que quelqu'un invente un vêtement, qui puisse rivaliser avec ce bon vieux tablier utile à tant de choses.Aujourd'hui les services d'hygiène trouveraient cela dangereux et nous traiteraient de fous en dénonçant la quantité de microbes qui pourraient s'accumuler sur ce tablier en une seule journée.
En réalité
, la seule chose que les enfants de l'époque aient attrapé au contact du tablier de maman ou de grand-maman, c'est de l'amour ! "



Chronique du 12 novembre 2013 
 Quand Toulon bouge... vers La Valette 




J'ai, je ne m'en cache pas -et nombre d'entre-vous le savent- une certaine affection pour Hubert. Cela n'a, en outre rien d'exceptionnel. L'homme est élégant, altier et, malgré des dessous déterminés, voire autoritaires, débonnaire et attachant. Vous me direz qu'il s'agit-là du fond de commerce de tout politique assuré -ou peu s'en faut- de « repasser » à chaque fois que l'on remet le couvert électoral. Bref, « cousin Hub ' », comme l'ont baptisé ceux qui comme moi ont accroché avec le personnage, suscite -suivant le vocable en vogue - une réelle empathie. La même que celle que j'attache à son lointain rival Robert -qui mériterait bien mieux que ses scores piteux- ou Lorenzo, mais aussi le plus jeune Joël -le voisin gardéen- , mes camarades Gérard et même le « grand Satan » Dominique... Sans parler de ma grande copine cantonnière.
Tout ceci posé pour bien exprimer que cette chronique n'est nullement en liaison avec les échéances prochaines qui, je l'espère, ne viendront pas un peu plus brouiller les ondes d'une ville suffisamment déchirée et bien plus encore déchirante...
Je me range résolument et depuis toujours du côté des utopistes -çà n'est pas un scoop non plus- qui considèrent que la gestion municipale devrait totalement échapper aux sempiternels et délétères clivages partisans. Les grands projets urbanistiques, l'anticipation, la volonté et ce que l'on regroupe autour de cette autre terminologie à la mode : la vision, échappent pour l'essentiel aux arrière-pensées des boutiquiers de tous bords.
Or donc, pour avoir passé plus de trente ans dans cette ville ou ses abords, je n'avais jamais mesuré à quel point son coeur, son poumon, son âme que devrait constituer l'hyper-centre (ou centre ancien, ou basse-ville) connaissait, de la sorte, la détresse puis la désertification.
C'est même à se demander si la dénomination de « basse ville » préférée à «coeur de ville» ne justifie pas qu'elle ait été totalement négligée, délaissée, méprisée... Nous sommes là, pourtant, tout près de l'hôtel de ville qui devrait en être sa fierté et d'un port, certes voué à la guerre plutôt qu'à l'amour, mais dont le Génie de la navigation indique fièrement la voie. L'ennui étant qu'il lui tourne ostensiblement le cul.



Il est de notoriété publique que l'avenue de la République est l'une des plus hideuses de l'univers, même s'il ne faut pas dédaigner certaines artères concurrentes à Naples, Valence (Espagne), Bucarest, Medellin, Tananarive et Sarcelles... Ce qui n'empêche pourtant pas le dernier (et magnifique) fanzine de TPM de pavoiser en désignant Toulon comme un nouvel eldorado...
Entre la rue d'Alger défoncée où il ne passe plus une âme -alors qu'on se piétinait allègrement à l'âge d'or du Bottier d'Orsay (tiens ! encore lui !!!)-, où tous les rideaux tombent les uns après les autres et ses rues perpendiculaires -et pour le moins agaçantes- où l'on se pince le nez pour traverser, en apnée, des zones rendues irrespirables par la pisse féline, la merde canine et souvent -dans les deux cas- humaines, qui pourrait gober cela ?
Ce n'est ni le maire, ni ses adjoints qui se rendent coupables de tant d'incivilités. Pas fous, aucun d'entre-eux ne fréquente pareils endroits. On peut facilement s'en rendre compte en consultant quelques chiffres de l'INSEE. Qui nous apprennent par exemple que dans cette zone urbaine sensible qui s'étend grosso modo entre le théâtre et le port du nord au sud ; l'arsenal et Franklin Roosevelt d'ouest en est, vivent moins de 10 000 habitants. Vous allez tomber des nues, mais sachez tout de même que plus de la moitié des logements sont inoccupés, soit parce qu'ils sont délabrés, soit parce qu'ils ne trouvent pas preneurs. Quant aux « preneurs » en question les voici : leur revenu médian annuel atteint la somme folle de 6400 euros (autant dire qu'aucun rugbyman n'habite rue Emile Zola) alors que la moyenne se situe à Toulon à 14 701 euros, chiffre déjà extrêmement modeste par rapport aux villes équivalentes.
D'ailleurs nos clients nous le disent. On vient ici parce que c'est vous, mais jamais on aurait pensé remettre les pieds ici. D'où sont-ils ? De Nice, Cannes, Hyères, Saint-Cyr ? Non, non, ils sont de Siblas ou du Mourillon... Même propos « réconfortants » de la part d'éventuels acquéreurs qui nous ont fait l'honneur de visiter notre restaurant à vendre : « Il faudrait être fou pour investir dans le centre de Toulon ! » Ah bon !!!
Un tel constat pourrait apparaître consternant aux yeux des édiles et donc alarmant. Mais foin du tout. Car, contrairement à toutes les autres agglomérations françaises qui ont investi dans la revitalisation de leurs centres -où elles ne sont pourtant pas forcément toutes caressées par la grande bleue et l'astre blond en permanence-, Toulon s'est carapaté, via TPM, à l'extérieur. A Grand Var les cinoches, les grandes chaînes et les « super » restos. A la Valette les pépètes, à La Garde l'université et les garages. Peu importe, même si c'est moche, ça va toujours... dans la même poche.
Là où on se marre, c'est que tous les requins et les hippopotames qui jouaient des coudes pour ouvrir leurs gueules sur les milliers de moutons se précipitant dans le Pathé, se retrouvent Gros-jean comme devant depuis que de fins stratèges ont décidé de refaire un super « Grand Var » à Barnéoud. Mais n'ayons crainte. Les monstres ne se bouffent pas entre eux et les voilà qui rachètent à tour de bras du côté de Babou... mais pas pour des bouts de ficelle... La surface commerciale de La Valette qui se morfondait sur 24 000 pauvres mètres carrés, sera portée à 36 000 ! Et les restaurants qui étouffaient sur leurs malheureux 2000 m2, passeront à 5000 ! Ouf, on respire...
Et voilà comment, malgré son mini-pole universitaire et ses quelques travaux de réhabilitation d'un centre ancien qui avait seulement besoin d'air et d'aires de parking, Toulon vacille entre légende et cauchemar, suivant que la lune est rousse ou que la pluie fait des claquettes...
Jaco
NDLR - Merci Michel de m'avoir transmis cette magnifique carte postale de la Place Lambert et d'avoir un peu plus remué le couteau dans la plaie...   




Chicag'Hôtel un souffle de jeunesse



C'est un peu d'eau dans le désert, une étoile dans un ciel lugubre, une étincelle dans la nuit... Installé contre toute attente et à contre-courant dans la rue des Bonnetières - où régnaient l'incivilité et le vacarme-, un jeune couple a ouvert là un hôtel sur un concept proche des auberges de jeunesse. Ce sont donc essentiellement de jeunes gens qui parcourent le monde, curieux, cultivés, souvent artistes mais suffisamment discrets, qui fréquentent ce lieu à trente pas de chez nous. On y discute « in english » toute la nuit, on y joue du piano et du ukulélé... C'est presque trop beau et l'on se dit tous les matins : pourvu que ce ne soit pas une étoile … filante.


    
Chronique du 5 novembre 2013
  Et si on arrêtait le foot !    
Il faut tout de même l'admettre, il y a beaucoup de déçus du hollandisme. Ceux-là se recrutent , il est vrai, essentiellement parmi ceux qui n'ont pas voté Hollande. Étonnant, non ? Mais là, cette fois-ci au moins, ils doivent être rassurés. Le président n'a pas cédé face aux grosses caisses du ballon rond. Certes, nous n'en sommes pas encore à l'éradication salutaire -que dis-je ?- salvatrice, du football -et du démantèlement total du sport professionnel- mais le tacle est sévère. Sévère mais juste. En rêvant un peu -un peu seulement !- on peut espérer que la grève des clubs, le 30 novembre, soit reconduite définitivement... Ce qui aurait pour effet de nous débarrasser collatéralement de RMC, Canal + et de beIN
Il ne s'agit pourtant pas encore de supprimer le salaire de ces sportifs dits de « haut-niveau » dont le quotient intellectuel ne dépasse généralement pas la hauteur du pied, ce qui les rapprocherait plutôt du... caniveau. L'objectif -on parlera ici plus pertinemment de but- est d'empêcher les clubs de verser plus d'un million d'euro à de jeunes gens qui, si le sport n'avait trahi l'esprit de Coubertin, s'amuseraient le dimanche à cultiver un corps sain dans un esprit sain. La majorité d'entre-eux seraient alors en contrat d'apprentissage ou chômeurs en fin de droits.
Certes le secteur économique en souffrirait un tantinet. Notamment l'automobile. Un coup tout de même plus rude pour Porsche et Maserati, que pour Renault et Citroën. Pour la confection aussi, notamment Dior, Smalto et Versace, mais pas forcément pour Armand Thiery ou Cyrillus. Pour la prostitution aussi, d'autant qu'il ne reste plus que les footballeurs et certains hommes politiques pour y recourir. J'apprends d'ailleurs avec stupéfaction que 75 % des français sont contre la prostitution. Il n'y aurait donc plus qu'un français sur quatre qui irait aux putes. Tout se perd en notre bon vieux pays !
On prétend même, enfin surtout les futurs taxés, que cette taxation entraînerait la baisse du fameux niveau de nos clubs. Ah bon ! Parce qu'il est haut ? Et que les meilleurs s'en iraient en Allemagne. Ce modèle économique où il n'y a aucune limite salariale, surtout pour les plus bas. Qu'ils y aillent, ça nous fera des économies. Et si nous ne sommes pas capables d'apprendre à nos gamins à taper dans un ballon pour le plaisir, eh bien on fera pas la Coupe du monde ! No problem ! Vous croyez que ça leur manque, aux Indiens, aux Australiens et même aux Suisses de n'entendre parler que de ballon ?
Malgré cette exécrable réputation, je n'ai rien contre le foot. Il s'agit d'une occupation comme une autre. Moi-même, lorsque j'étais gamin, je m'y rendais de temps à autre. Pas chez les péripatéticiennes -vous êtes priés de suivre-, j'étais bien trop timide. Non, au stade de Crins. Lorsque le Sporting Club Graulhétois se déplaçait à Toulon ou Cognac, j'allais voir les footeux affronter Blaye les Mines ou Lacaune en Ligue régionale. Je me souviens de Quinta, Montels et Nègre. Ils devaient bien prendre un billet de mille (francs anciens) lorsqu'ils gagnaient et ils roulaient un peu des mécaniques. Mais gentiment. En dauphine ou en 204.
Mon père fût l'ardent chantre de ce sport toujours un peu à la marge dans le Tarn. J'eus même un oncle, Camille, qui tripotait pas mal de la balle. Quant à mon frangin, il taclait fort le bougre, à condition d'atteindre les pieds de l'attaquant d'en-face... Je dois même confesser, qu'après avoir abandonné la pratique du rugby et du tennis, le dernier sport qu'il m'arrivât de commettre une fois par semaine, sur le stabilisé du Mourillon, hé ben c'était le football ! Christophe et Lilian m'avaient baptisé « El goleador ». Comme Onnis. Ben oui ? Je vois pas ce qu'il y a de drôle ? Sauf peut-être pour ce pauvre Delio, qui aurait bien aimé, lui aussi, payer 75 % d'impôts au delà du million d'euro.

Non, franchement, je honnis le football tel que ce milieu l'a rendu et l'a voulu. Cela ne date pas d'hier. Plutôt de toujours. Je l'exècre encore davantage depuis qu'il a gangrené toutes les autres pratiques sportives. Certes le golf, le base ball et la formule 1 semblaient assez grands pour se gaver de pognon sur le dos de ces millions de snoc qui, à travers le monde, les alimentent plutôt que de filer à bouffer à leur marmots. Mais chez nous, en France, de Bordeaux à Lyon, citadelles du rugby, c'est ce sport qui est désormais touché-coulé. Pourri. Il est facile d'en faire la démonstration à Toulon où l'on a la caricature facile. Mais sans parler de ces clubs pratiquant la gonflette sud-africaine, je constate que même au Boucau ou à Echirolles tu ne peux plus espérer pointer en Fédérale si tu n'es pas blindé côté trésorerie.
Dans un pays de brutes où le salaire moyen annuel est de 27 000 euros nets, mais où 70 % touchent moins ; où un enseignant atteint péniblement cette somme au terme d'une carrière où il aura tout donné nerveusement ; où une aide soignante aura consacré sa vie aux tâches les plus ingrates et les plus utiles à la fois ; où un ouvrier n'aura que quelques années pour « profiter » d'une retraite déplorable, on apprend que 67 % sont favorables à la taxation des clubs versant plus d'un million d'euros par mois à un joueur. Un million, c'est -pour rappel- ce que le pauvre bougre gagnera dans sa vie !!!
Pourtant, voyez-vous, il y a peut-être pire. Un truc qui me taraude et me mine... Il y aurait donc 33 % de Français qui s'y opposent. 33 % qui estiment que 10 millions d'euros pour un type qui joue toute la sainte journée avec un ballon (même correctement, ce qui reste à démontrer), c'est normal ! 33 % c'est largement trop pour espérer que l'air de ce pays redevienne un jour respirable.
A moins que notre gouvernement ne prenne la bonne décision : taxer aussi ces 33 % de snoc à... 75 % !
                                                                                    Jaco 

 

Chronique du 29 octobre 2013

                  Du RSI au RSA...               
 
Bon, à propos, je me demandais avec qui je ne m'étais pas encore fâché ? Les sportifs et leurs supporters de ô niveau de eirennoc, c'était fait avant même que j'écrive la première ligne du blog. Les dirigeants du groupe Hersantrique de Nice Matin qui m'ont laissé m'envoler comme une vieille chaussette, c'est fait (mais ce sera à refaire, à chaque occasion). Les conducteurs de 4X4 et de voitures étrangères, c'est fait. Les parents qui laissent leurs enfants saloper nos forêts et se croient tout permis dans leurs piscines, c'est fait. Les moutons qui bêlent de concert à Grand Var le dimanche -et en semaine-, c'est fait et même bien fait. Les ahuris qui font caguer leur chien devant le restaurant, c'est fait. Les snoc qui trouvent qu'Aubrac sur mer c'est trop cher, alors que nous pratiquons les plus petites marges bénéficiaires de Menton à Cerbère, c'est fait. Les nantis qui se torchent avec leur pognon mais trouvent injuste de payer des impôts, c'est fait.

Il ne me reste plus guère qu'à me mettre les fonctionnaires socialo-communistes à dos et je serai complet ! Je vous préviens toutefois, certaines catégories seront épargnées. A commencer par l'éducation nationale. N'en déplaise à ceux qui envisageraient que je sois un peu étroit de la tolérance, cela relève de la pure générosité, quand je pense à la scolarité chaotique qui m'a conduit à me heurter à 90 % du corps en saignant. Un corps à corps dont je suis évidemment sorti... exsangue. Pour tout dire il y a tant de gens que j'aime parmi cette redoutable engeance que je n'ai ni le goût, ni le cœur à risquer d'en perdre, ne serait-ce qu'un seul, en route. Ils forment aussi le gros du bataillon de nos clients et même si c'est moins altruiste, cela compte forcément !
Ne comptez pas sur moi non plus pour m'aliéner l'ire et le courroux des facteurs. Contrairement à tous les clébards de la création, je n'éprouve aucune jouissance à leur gueuler dessus. Et puis, comme je m'en suis déjà vanté, j'appartiens à leur confrérie, au moins à titre honoraire. Je peux me targuer en effet d'avoir satisfait -et dans les premiers s'il-vous-plaît ! - à l'important concours de préposé. Il est magistral, fondamental, phénoménal. Il est -sans fausse modestie- l'égal du concours général du bœuf gras de Pâques à Laguiole...
Je n'arrive même pas à tenir rigueur aux employés de mairie de Toulon de préférer une mauvaise salade à un bon aligot, parce qu'à mon sens le fait d'être dépourvu de palais et donc de goût, ne relève pas de la malfaisance. Tout juste s'agit-il d'une tare rédhibitoire qui m'inspire plus de compassion que de ressentiment. Et comme ceux de la SNCF ne m'ont jamais trop importuné -vu que je ne prends jamais le train-, pas plus que ceux des douanes puisque je ne voyage pas ; que ceux des impôts ne m'ont pas encore trouvé (oui je sais, ça viendra !) et que j'attends ceux de l'hygiène avec sérénité, il ne me reste plus grand monde à qui m'en prendre.

Enfin, si ! Fin du suspense, j'ai trouvé. Le RSI, vous connaissez ? Régime social des indépendants. C'est drastique comme régime. C'est un peu comme pour vous, fonctionnaires, employés de Grand Var ou salariés de Nice Matin avec votre sécurité sociale. A quelques nuances près tout de même. Du genre que quand nous n'avons pas de recette, on nous prend tout autant. Que quand nous sommes malades on ne nous paie pas de « congés » et que si l'on veut partir en vacances, on continue à payer. Je ne vous parle même pas du chômage (rien !) et de la retraite (pas grand chose !).
Au RSI c'est simple, ils estiment que vous gagnez tant. Donc ils vous en piquent la moitié. Bon, certes il y a une marge d'erreur. D'environ 100 % ! Elle peut d'ailleurs vous conduire directement du RSI au... RSA.
Un pote qui bosse dans le giron, m'a mis tout de suite à l'aise. Quand tu reçois un appel à cotisation, surtout ne paie rien. Conteste-le. De toute façon, il est faux ! C'est alors que tu mouilles du bout de la langue ton crayon pour demander, de ta plus belle écriture, un réexamen de ton dossier. Pas de problème ! Un ponte de Nice te répond qu'il a bien voulu prendre en considération ta requête et compte-tenu d'un trop perçu de tant, il ramène ta cotisation à tant.
Tu te dis chouette ! Mais ça fait encore trop, vu que quand on te redresse de 6 000 pour le semestre tu ne les as même pas pour te payer toi. Alors tu demandes un échelonnement de paiement. Mais voilà déjà que ce noc de facteur -oh pardon, j'avais promis...- t'apporte un courrier comminatoire de Toulon, qui te file une pénalité pour un retard de règlement. Tu réécris pour expliquer que la somme due à l'origine a été recalculée et que tu viens de demander à payer en plusieurs fois. Oui, c'est bien beau mais tu l'envoies où ta lettre ? A Nice ou à Toulon ? A Monsieur le directeur Truc qui t'a accordé le « rabais » ou à Madame Machin qui s'impatiente ?
C'est ainsi que pour le seul troisième trimestre il m'a fallu écrire cinq fois. Et si j'ai bien reçu cinq réponses, quatre ne l'étaient pas de la même main. Mon épouse a fini par craquer et à se rendre sur place. Au RSI Toulon. D'abord comme ce n'est pas elle la gérante, ils ont failli la refouler. C'est tout juste s'ils ne lui ont pas demandé, avec leur sourire avenant et leur langage hautement diplomatique : « Il fait quoi, votre mari ? » Ben... il travaille, aurait répondu Marie. Parce que pour eux, il est évident qu'un commerçant ou un artisan n'a que ça à faire de venir poireauter aux heures ouvrables d'un organisme fermé la moitié de la journée et une bonne partie de l'année.
Car tout de suite après, l'employé s'étant vaguement radouci, lui expliqua qu'il ne servait à rien d'écrire, qu'il fallait se déplacer. Remarquez, l'idée n'est pas absurde. Je pense aussi qu'ils devraient se déplacer !
A leur décharge, ils doivent quand même être sacrément débordés. J'ignore par quoi, mais ils le sont forcément pour avoir transformé un organisme de recouvrement apparemment sans grande difficulté en pétaudière dont on ressort hirsute et dépenaillé. Le comble, je l'ai gardé pour la bonne bouche, c'est que l'un de ces « Môssieur », sans doute bien comme il faut et endimanché, me reprocha -dernièrement et par courrier- d'user d'un ton quelque peu... cavalier. En voilà un qui ne manque pas d'humour. A moins qu'il ne s'agisse de pur cynisme avec lequel, certains ronds de cuir investis de missions divines, ont tendance à confondre.
En résumé, les tristes sires du RSI viennent en quelques mois de me transformer en Poujadiste, nostalgique du CIDUNATI et de Gérard Nicoud. Pour un gaulliste de naissance et gauchiste de cœur, ça la fiche plutôt mal, non ? Allez, il est vraiment temps que j'entame mon ermitage dans l'Aubrac... 
Jaco 

Chronique du 22 octobre 2013

  Les dimanches en faillite 

Il s'agit, tout de même, d'une étrange lubie que de vouloir à tout prix (et en euro essentiellement) ouvrir les magasins le dimanche. Ce sacro-saint jour de fête hebdomadaire, sanctuarisé jusqu'à il n'y a pas si longtemps -les années soixante tout de même !- où l'on se réservait le droit et plus encore le plaisir de retrouver la famille et de faire sauter sa progéniture, enfant, petits-enfants et même arrière petits-enfants -pour les veinards épargnés par l'arthrose- sur ses genoux. Je ne pense pas directement à la messe dominicale quoi que matinale, qui semble avoir pris un léger retard sur la grasse matinée (vous pouvez aussi l'écrire grâce mâtinée) d'athéisme forcené. Je dois bien constater et admettre, pour en être un fervent pourfendeur, que l'office religieux a pris du plomb dans l'aile et pas seulement le jour de l'ouverture de la chasse. Dans ce pays où nos valeurs vont à vau l'eau, le port de la croix est devenu bien plus rare que celui du voile, que l'on appelait du reste dans nos campagnes, le fichu (et n'y voyez-là aucun caractère allusif... quoi que !)
Le dimanche, naguère, on roupillait donc un peu plus que de raison. On bouffait aussi allègrement que ce qu'on picolait. Le poulet onctueux supplanta d'abord la bonne vieille poule au pot dont la résistance à la fourchette garantissait tout risque de perversité. Je me souviens, non sans un soupir d'émotion, du rituel selon lequel mon père après avoir aiguisé le couteau en le croisant sur un autre, découpait de mains fermes le poulet qui n'était pas Dou (qui le sait ?) mais bien de chez nous. Ma mère faisait alors couler sur le blanc ferme et franc, une belle cuillère de jus épais et gouteux. Il y avait bien souvent pour l'accompagner un buisson de frites, taillées à la main dans de vieilles patates répondant au nom, une fois, de Bintje.
Nous jouions aux cartes les après-midi de pluie ou profitions d'un rayon de soleil pour nous ébattre dans la prairie voisine, à la recherche de quelques fleurs sauvages ou d'un but judicieusement marqué de l'extérieur du pied. A Graulhet, nous options le plus souvent pour le stade où nous ne nous lassions jamais de bagarres épiques qui inauguraient, quand elles ne les concluaient pas aussi, les matches de rugby. Je vous parle là d'une discipline qui se pratiquait entre sportifs faits uniquement de chair et d'os, entretenus au pastis et non aux hormones de croissance, mais qui possédaient essentiellement une âme. Et qui parlaient le français, le cas échéant le patois, pour la bonne compréhension du jeu...
Certes la visite chez les amis, ou la vieille tante, lorsque le crépuscule se liguait à une certaine lassitude, ne constituait que rarement une partie de plaisir, y compris lorsqu'il s'agissait d'une partie de belote ou de rami. D'autant qu'une prune, même à l'eau de vie, à cinq heures du soir et à douze ans, avait du mal à passer... On préférait encore se coltiner un Maigret en noir et blanc, voire même un Raymond Marcillac ou -peut-être- un Michel Drucker passant déjà, comme un grand, sa brosse à reluire. Mais les effluves de soupe, le soir, envahissaient notre petit espace et la nuit s'avançait avec son cortège de rêves d'émancipation... Même lorsqu'il était chiche, il y avait du confort et une forme indicible de rassurance.
Changement de décor. Nous sommes au XXIe siècle. En pleine modernité et il faut vivre avec son temps. Pour quelques heures supplémentaires, les employés - esclaves de Bricomachin et de Monsieur Trucolage, sont prêts à sacrifier l'office, le poulet craquant et la promenade en famille. Et des milliers de snoc abondent dans le sens de ces ogres du commerce qui après avoir bouffé les petits boutiquiers du centre ville, font les poches à tous ces abrutis qui reprennent leurs bagnoles pour s' agglutiner au rayon tapisserie ou jardinage. Ce serait bien le diable si leur ennoc, non content de les avoir traînés à l'autre bout de la ville, ne dégotait pas une quelconque potiche... Ah ! passer son dimanche à mâter les débroussailleuses et les clés de 12, quelle existence exaltante !
Bon, finalement, lorsque le lundi matin, je m'en vais au bois (entre Gonfaron et la Môle -non, BO, la gentiane n'y est pour rien cette fois !-) je me dis que finalement, ce serait bien mieux si les derniers promeneurs du dimanche, pouvaient rejoindre leurs semblables à Grand Var. Parce que la forêt, bonjour ! Faut voir comment ils me la laissent ! Le lendemain, c'est la désolation. Plus un chant d' oiseau, pas un battement d'aile de perdrix, plus de ruade de lièvre, ni de grognement de sanglier. Ils se sont tous barrés sur l'autre versant de la colline, encore tremblants, le souffle court et le coeur lourd.
C'est que le dimanche, justement, a débarqué la famille, avec ses trois marmots. Les parents les ont lâchés persuadés que, puisqu'ils étaient dans la nature, ils pouvaient en disposer entièrement. De hurlement en piétinement, ils ont ravagé la forêt, bien mieux que n'aurait pu le réaliser une escouade de marcassins. Attila, à côté du Toulonnais en balade, c'est même pas l'équivalent de l'un de ces enfants. Y a plus une seule châtaigne ! Ça tombe bien, on en voulait pas, vu que c'est interdit de les ramasser, sauf pour ces petits diablotins, les pauvres ! Les dernières chanterelles sont réduites en purée et ne verront jamais la Toussaint. Le sous-bois est ratissé, labouré, crevassé... Mais il serait désobligeant, de mauvaise foi même, de prétendre qu'ils n'ont rien laissé. En échange, les bons petits ont éparpillé les boites de nuggets McDo en polystyrène (revoilà notre bon vieux poulet !!!), les cornets de fausses frites et les papiers de barres chocolatées. Les plus généreux ont même casé entre un genêt et une racine d'arbousier une canette de soda. Dans cet obscur décor sylvestre, y a pas à dire, ça égaie !
Du coup, ce doute m'assaille ! Et si finalement la famille « en forêt » allait rejoindre la multitude d'ahuris dans les bois valettois d'Ikéa, serait-ce finalement plus mal ? Le saumon, même d'élevage, c'est plutôt salvateur pour la ligne de ces petits gueulards et de ces futurs gros lards !  
Vous me direz y a pas que le dimanche que les actionnaires tiennent à tout prix à tondre les quelques millions de moutons qui sautent autour de nous. La nuit aussi ils veulent les tondre. Et je ne parle pas du commerce agréable de la rue Saint-Denis ou de Pigalle. Ce sont les grandes enseignes de luxe, de frusques, de parfums, de nescafé et tout ce dont vous avez impérativement besoin à minuit, qui se battent pour votre bonheur.
Il me semble néanmoins qu'à cette heure-là, vous seriez bien mieux au pieu. A renifler les fragrances de votre mec ; à effeuiller les soieries de votre gonzesse. Mais, avec mon anti-consumérisme suranné et mon obsession de décroissance, suis-je sans doute horriblement ringard. Comme le poulet de ferme que découpaient nos anciens...
Jaco

Des tableaux d'Estades à la table d'Aubrac (5)


Jean Sardi et la lumière fut !
On a cru un moment qu'il nous snobait ! Qu'on n'était plus assez bien pour lui. Et qu'en bon Toulonnais il lui fallait des nappes blanches et des ronds de jambe. Enfin quand je dis on a cru, c'est façon de parler, parce que Michel, expert en oeuvres d'art nous a depuis longtemps authentifiés. Bref il était très occupé, à courir le monde à la recherche du tableau providentiel et Lyon où il a refait entièrement sa galerie. Pour l'instant il a choisi cette option, plutôt que d'en installer une sur l'Aubrac... mais patience !
Mais le comble c'est que pour le vernissage de sa galerie toulonnaise, consacrée jusqu'au 23 novembre à l'enfant du pays, Jean Sardi, nous n'avons pas été capables de le recevoir avec ses amis. Le restaurant était retenu de longue date par Nicole et Lucien... Pas rancunier, Michel nous a tout de même rendu visite le lendemain en plus petit comité, accompagné par un jeune peintre-graffeur toulousain et son épouse.
Que cela ne vous empêche pas d'aller saluer et savourer l'oeuvre de Jean Sardi fidèle à sa ville où il expose depuis 1985 et à la galerie Estades où il accrocha ses tableaux lumineux dès 1992.



Chronique du 15 octobre 2013

     Consommation ou collaboration ?       

Jusque-là, je me lamentais qu'il n'existât point de téléphone made in France. Mais avant hier, je captais, en 4G, la bonne nouvelle : il y avait bien un portable portant fièrement nos couleurs, C'était un Alcatel -hélas passablement squatté par Lucent-. C'est le fameux « One touch star » . Il portait même un bon vieux nom d'étoile à l'anglaise, pour que tous les inféodés à la langue et la pensée uniques, ne se sentent pas violemment dépaysés.
Bon ce n'est pas très étonnant que je sois passé à côté de cette info nettement revigorante pour l'industrie nationale. Car si je n'avais pas quelques clients -qui n'ont rien compris au charme délicieux d'un restaurant implanté en pleine zone commerciale de La Garde ou La Valette et tiennent absolument à réserver à Aubrac sur mer- je me garderais bien de tenir en ma possession ce bidule dont les ondes maléfiques vous triturent les cellules et vous phagocytent les neurones. Tout au plus je me baladerais encore avec le vieux bigophone noir dont on tournait le clavier sans jamais être certain d'arriver au bout.
Jusqu'ici disais-je, il me semblait bien que le monde de la téléphonie assouvissait sa perversité, en doigtant le point G de son tout petit écran, exclusivement sur des portables finnois, coréen, américain ou canadien. Las, si les Nokia, Samsung et Apple se dealent à travers la planète comme des petits pains -façon de parler lorsqu'on sait que les deux tiers de celle-ci n'ont rien à bouffer-, il paraît que le BlackBerry se retrouve dans la panade avec des ventes faméliques. On s'en fout puisque, contrairement à son petit nom trompeur, il n'est nullement fabriqué à Châteauroux, mais dans une noire silicone vallée de l'Ontario.
J'allais presque me réjouir lorsque patatras, j'apprenais que notre bel Alcatel avait aussi du plomb dans l'aile. Et que partout en France nos dernières usines de fabrication de téléphone cellulaire étaient menacées de black out. Ainsi à peine venais-je d'apprendre qu'elles existaient, qu'elles n'existaient déjà plus. Je me disais aussi...
Bon alors on en vient à la principale question. Au demeurant la seule qui vaille ! Puisque l'on était capable de relier deux fils et d'insérer une carte SIM et de pondre un écran tactile sur lequel on pouvait balader nos doigts graisseux, comment se faisait-il que l'on soit infoutus de les refiler à nos mioches, avec leurs têtes de pioche constamment vissées sur ces saloperies ? Saloperies, certes et de toute évidence, addictives, réductrices, futiles, individualistes, abêtissantes, impolies, incultes, provocantes et -je l'espère- périlleuses, mais de fabrication française.
Pourquoi n' y arrive-t-on pas ? Mais allons donc ! Vous êtes débiles ou quoi ? Vous n'avez pas compris que l'OTS en question ne présentait pas les mêmes vertus ergonomiques, concédait du retard dans les applications, qu'il était moins ludique et convivial ? Mais vous n'y connaissez rien ou quoi ?
Lorsque vous vous levez avec un téléphone portable dans une main et une biscotte dans l'autre, que vous vous rasez avec l'iPhone et que vous tirez un coup tout en consultant vos mails, il en faut quand même de la convivialité et ça, en France on a du retard avec notre Alcatel. Les chintoks et les amerloques eux, ils vous chiadent un truc où vous pouvez manger le sushi bien installé sur la cuvette des WC tout en pianotant sur le cours de vos bourses.
Bon d'accord, pour le téléphone, apparemment c'est cuit. Mais ce qui m'inquiète c'est la bagnole. La bagnole, çà, on savait faire. Oui ou non ? Eh bien l'autre jour, dans un bouchon où je rêvassais à la sortie de Toulon -il y a toujours autant de monde pour se barrer de Toulon, à croire qu'ils ont tous perdu la raison ; mais pas de panique ils vont voir et se montrer au centre Commercial TPM-.
Tout d'un coup, un cauchemar. J'ai cru que je dormais. A côte de ma Clio, défilaient les Golf, Audi, Astra, BM, Fiat, Hunday, Toyota... Pas une seule française pour chanter du Renault avec moi ! C'est pas l'homme qui prend la mercédès, c'est la mercédès qui prend l'homme...

Et encore, le type qui a une Merco, ou une BM, ou même une Audi... On peut toujours envisager qu'il ne cherche pas directement à nous ruiner et à annexer directement la France à l' Allemagne. Non, il y a de fortes chances, s'il est immatriculé 83, qu'il cherche à péter seulement plus haut que son cul . Ici, ça court les autoroutes et même les chemins vicinaux. La blonde qui se gare avec son gros 4X4 de la Panzer division, devant l'école, vous la connaissez tous. Elle est partout. Elle est abominablement ennoc, mais ses enfants sont bien protégés dans leur char d'assaut...
Mais alors ! que dire du type qui roule en Wolkswagen ou en Opel ? Non seulement il a l'air minable dans sa petite Bertha à quatre roues, mais en plus il nous fout l'économie à Payolle. C'est de la provocation pure et dure. De la kol-la-bo-ra-tion. Un coup à finir rasé par des arrières-petits-fils de FFI ! Et bien joli si ce n'est pas lui, le petit sournois qui, faisant tourner l'industrie teutonne à plein régime avec ses malheureux ouvriers payés au lance-pierre et sans la moindre protection sociale, bien joli si ce n'est pas lui, le noc, qui fustige notre gouvernement incapable de relancer l'économie, de générer de l'emploi, tout juste bon à créer de nouveaux impôts !
Bref, si vous avez un voisin aussi hideux que celui qui gare son Touran à cheval sur le trottoir et la route tout en téléphonant avec son iPhone, n'hésitez plus : crevez-lui les roues. Et si vous avez la chance de vivre en Corse : faites-le donc sauter !
Jaco 

 
Chronique du 8 octobre 2013
                 En vente... libre !                  

Je vous préviens -afin de vous éviter tout risque de catalepsie- je vais me servir de ce blog à des fins mercantiles. Certains penseront pourtant que c'est déjà fait et que ces pages longuement noircies à la sueur de mes doigts -éventuellement des méninges- n'ont d'autre effet que de vous attirer dans les mailles de mes cornichons qui agrémentent la charcuterie de l'Aubrac. Pourtant mon papa, qui n'est jamais trop prudent, pense exactement le contraire. Persuadé que ces chroniques ont pour effet de me faire faire perdre plus de clients que ce que je n'en gagne.
Je n'ai, sur ce point précis, aucune certitude. Si ce n'est qu'elles ont pu me mettre effectivement, ponctuellement, à l'abri de la présence à notre table de quelques gros snoc dont on se passe finalement volontiers. Et qu'à contrario, cela nous vaut la visite de quelques amis et partisans, suffisamment fins pour aimer lire, rire et manger...

Du reste c'est le but que je poursuivrai, avec peut-être plus de convictions et d'opiniâtreté encore, lorsque je serai parvenu à l'accomplissement d'un rêve, dont je dois bien convenir qu'il tourne à l'obsession. Même si pour l'heure, il tourne surtout... en rond. Ce Graal, vous le connaissez, c'est la construction d'un buron en pleins monts d'Aubrac à 1200 mètres d'altitude, au milieu des vaches, du silence, des fleurs, de la froidure et de la gastronomie, dépouillée, authentique, unique... Mais pour plonger un regard définitif sur les mamelons de Lozère et l'église de Nasbinals, restent quelques formalités à accomplir.
La première annonce concerne donc la vente d'un sublime restaurant dans l'hypercentre de la neuvième agglomération française (juste après Toulouse, Bordeaux et Nantes, mais avant Montpellier et Grenoble). Sa position est idéale et je pèse mes mots, idyllique conviendrait peut-être mieux. A 100 mètres de l'important vivier de clients que représente la mairie, ainsi que de son extraordinaire port – où dans six ans peut-être on se battra pour la Tall Ship's- ; à peine plus loin du Stade Mayol qui en a fait la première ville d'Europe ; elle dispose de deux trésors inestimables : l'or bleu avec 18 kilomètres de littoral maritime pour la seule commune éponyme et l'or jaune avec un record de France d'ensoleillement et de chaleur.
Le restaurant à lui seul constitue l'une de ces pépites, situé sur la plus belle placette de Toulon, rafraichie et arrosée par la plus ancienne fontaine de la ville. Que ce soit en terrasse ou à l'intérieur, on s'y sent bien et ce n'est pas un hasard si les murs restent la propriété de la ville qui n'a surtout pas souhaité abandonner l'un de ses chefs-d'oeuvre patrimoniaux. Et je n'oublierai pas de stipuler, au futur et heureux acquéreur, que le potentiel de développement économique et culturel de cette ville est sans équivalent, vu qu'actuellement, il ne s'y passe strictement rien !
Ce petit bijou pour 160 OOO euros seulement. Allons, allons, messieurs, 160 000 petits euros c'est pas beaucoup, du rêve pour pas cher, comme le chantait feu notre compatriote Gilbert Bécaud dans sa délicieuse vente aux enchères. Car c'est aussi le montant de notre chiffre d'affaire annuel, ce qui n'est certes pas énorme mais reste considérable, puisqu'en quatre ans, nous sommes passés de rien du tout à tout çà !

Le deuxième vient en corollaire de la première si, par extraordinaire, nous ne trouvions d'ici quelques semaines un heureux repreneur. Comme il est hors de question que nous prolongions le plaisir plus longtemps, parce que nous ne voudrions pas abuser des bonnes choses et que dans la vie il faut savoir partager, j'envisage alors d'en appeler au mécénat.
J'avais bien pensé au Jacothon. Vu ce que l'autre pélandron a récolté en quelques semaines (onze millions), il ne me faudrait sans doute pas plus d'un quart d'heure pour réunir la somme. Toutefois je ne vous garantis pas que j'aurais pu faire entrer votre fiston à la mairie... Et l'idée de faire la manche me dérange au plus haut point.
Voilà pourquoi j'opte pour le mécénat. Parce que c'est beau un type qui ne se plaint pas de payer beaucoup d'impôts et choisit de défiscaliser. Je suis sûr qu'il y a quelque part en France, peut-être même dans votre entourage, un mec bien qui se dit : « Tiens ! je vais aider le Jaco à construire ses fondations » C'est fait pour çà la fondation de France non ? 160 000 euros c'est quoi ? Pas même le prix d'une Bentley « et j'en ai déjà deux... comme papa !  Et puis 60 % d'impôts en moins sur cette somme, ça soulage ! Té, en plus je devrai lui dire merci au Jaco ! »
Ceci étant, je ne suis pas chien. Si le type souhaite venir passer quelques semaines dans l'une de mes chambres d'hôtes, je ne lui demanderai pas s'il vote Marine (ben oui, je vous avais prévenu que j'étais à vendre !!!), s'il se bourre la gueule avec Depardieu, ou s'il a planqué de l'argent en Biélorussie. Il fait ce qu'il veut. Il aura le spa rien que pour lui et des murs de pierre bien épais dès fois qu'il ronflerait ou qu'il lui viendrait l'envie de péter.
Remarquez, si c'est un sponsor, je ne le récuserai pas systématiquement. Là, vous vous demandez bien ce que pourrait venir foutre un sponsor sur un plateau désert, dans le département le moins peuplé de France ? Et bien moi ça ne m'étonnerait pas tant que vous ! Regardez les bateaux. Il y en a qui engouffrent des millions dans des trimarans où l'on est même pas assurés de rigoler tant que ça. Ils sont au milieu d'océans où personne ne les voit. Alors ils ont beau écrire en gros sur leurs voiles « Fleuri nichon » ( une marque de soutien-gorges en couleur sans doute) ils passent inaperçu, si ce n'est auprès de quelques phoques qui, par définition, n'en portent quasiment jamais. Et si c'est le vent qui leur manque, pas de soucis. A Nasbinals on a tout ce qu'il faut. De la bise qui vous mord jusqu'au sang (en été), au blizzard qui vous étreint jusqu'au coma (en hiver) vous ne regretterez pas la traversée...
Non, je vous le dis en toute objectivité sponsoriser un nouveau buron dans l'Aubrac, là où ils sont en voie de disparition, c'est ça le bon filon. D'autant que nous sommes aussi en plein sur le chemin de Compostelle. Pour racheter son âme, c'est comac. Un business-plan d'enfer que je vous dis... Et s'il faut graver dans la pierre, votre nom, même en gros, je n'hésiterai pas à me muer en compagnon du devoir à grands coups de burin.
La troisième découle pareillement des deux premières. Certes vous allez me manquer, surtout vous qui passez devant ma carte en trouvant que c'est trop cher (alors que je fais deux fois moins de marge que tous les autres), ou qu'il n'y a pas de frite, ou que la mer est trop loin, ou le soleil trop haut ou la pluie trop froide. Vous allez me manquer les sympathiques voisins -toujours une histoire de voile- qui remplissez la poubelle jusqu'à créer de véritables oeuvres d'art avec des télés de l'époque Zitrone, des frigos truffés de salmonellose et des matelas souillés de souvenirs en rut mineur, sans négliger ceux qui baladent leur chien et déposent leur merde entre deux tables. Vous allez me manquer vous du RSI, des impôts, vous les comptables, les contrôles d'hygiène, d'Urssaf et de sécurité. Vous allez me manquer, vous mes chers employés qui m'aimez et qui dévorez mes crêpes et mes bons sentiments, mais qui commencez à souffrir du dos (ou de la tête) au bout d'un an, dés lors que vous pouvez retourner tranquillement buller chez vous et percevoir votre chômedu. 
Vous allez tous beaucoup me manquer, ainsi qu'accessoirement mes amis (les vrais) qui sont devenus des clients et mes clients (les bons) qui sont devenus mes amis. Là et je serai sérieux -une fois au moins- au fil de cette chronique, vous m'aurez rendu tout ce que je n'ai pas su percevoir en espèce et en tiroir caisse.
Mais c'est marrant, ma femme qui est pourtant une grande poétesse, me semble moins sensible aux charmes - pourtant délicatement désuets- de la misère.
Alors du coup ça y est, je me remets sur le marché du travail en attendant d'inaugurer la plus belle maison d'hôtes du monde le 31 mai 2015. J'invite les restaurateurs à ne me faire aucune proposition, pour le reste je suis ouvert à tout (sauf au niveau du tuyau d'échappement).
Si l'une de mes trois offres vous intéresse, vous pouvez me laisser un message ci-après. Toutefois, si vous êtes preneurs des trois, je préfère que vous attendiez un peu avant de m'en faire part. Histoire de m'éviter de tomber en catalepsie...
Jaco
Chronique du 1 octobre 2013
   Quand Toulon retrouve sa mer 


Ce lundi matin, les rives varoises devaient être majestueuses, nimbées de leurs voiles de la Mediterannean Tall Ships' Regatta. La flotte des vieux gréements se faisait la belle, pour rejoindre et envahir La Spezia.
Je dis « devaient » parce que ce matin, moi, je dormais. Trois jours de voile, fût-elle de légende, ça vous file sur les genoux. Et lorsque j'évoque l'envahissement, on est à peine dans la métaphore, tant l'expression revêt tout son sens. A l'exception majeure et fondamentale que ces navires-écoles, qui convergeaient de l'univers maritime, n'eurent pas à tirer, ici, un seul boulet. Les détonations que vous aurez peut-être perçues en fin de soirée émanaient du feu d'artifice tiré dimanche, comme un adieu, sur le port.
On nous avait prévenus, l'évènement serait gigantesque. Au moins un million de visiteurs ! Je ne les ai pas comptés, j'ignore d'où ils venaient, mais ils étaient nombreux, les bougres. Sans contexte, je n'avais jamais vu autant de monde dans les rues de Toulon et je ne dois pas être le seul. Je n'avais assisté à un semblant d'agitation dans cette ville déserte, qu'en 1992, la dernière fois que les Rouge et Noir ont été Champions de France. Ça remonte et c'était loin de cette espèce de flot continu ! Le père Jaube, qui avait pris le risque de venir s'attabler à Aubrac sur mer samedi, confirmait d'ailleurs qu'il n'avait plus vu la rue d'Alger dans cet état depuis au moins trente ans. Juste avant que la ville ne se saborde sous les assauts répétés de la corruption, du clientélisme et de l'incompétence. Sans même parler de la marginalisation cruelle mais durable de 1995...
Bref, Toulon a revécu et c'était émouvant. Certes, il paraît que çà a coûté bonbon, ct' affaire ! Je ne gloserai pas à cet égard puisque je n'en sais fichtre rien. Mais ce que je sais, c'est ce qu'elle engouffre depuis un demi-siècle dans son club de rugby. Je pense qu'en rassemblant tout ce pognon, on aurait pu faire une chic ville, jeune et ouverte sur le vaste monde méditerranéen et qui ne serait pas la risée et le vilain petit canard du jeu ovale.
Et à travers cette réussite populaire dans le sens le plus festif et joyeux du terme, mais tellement ponctuelle, il me semble que les élus locaux pourraient en retirer autre chose qu'une banale gloriole qui a pour caractéristique de ne flatter que leur ego et de laisser tous les autres parfaitement indifférents.
Non, si j'étais décideur, j'envisagerais de rapprocher un tantinet ces événements . Car il faut bien reconnaître que tous les six ans et demi c'est un peu maigre pour la fidélisation à une ville. On ne cesse de dire que les gens ne viennent pas à Toulon. Mais c'est faux ! Ils en rêvent au contraire. Mettez leur une douzaine de vieux morceaux de bois en érection dans la rade, quelques tenues de corsaire et un peu de zizique de la flotte dans le pastis et en avant, çà marche au pas et dans l'allégresse encore.
Bon, ce n'est pas encore Montpellier, Brest, Rennes ou Limoges, mais Toulon entre deux mâts, s'est hissé au rang des villes dynamiques et même pour un week-end, ça fait plaisir ! Nous revoici ville fantôme sans doute pour un long et rigoureux hiver sociétal, mais désormais nous vivrons de souvenirs et d'espoir.
« Et les affaires alors ? » allez-vous nous demander. Eh bien que voulez-vous, elles furent bonnes, excellentes même puisque, à la demande de la ville et des associations de commerçants, nous avons ouvert le dimanche. Non, bien ! On a fait le plein. Mais à la manière d'Aubrac sur mer : 25. Si bien qu'en trois jours on a fait … 150 couverts !
C'est, au grand minimun, le chiffre que les grandes brasseries du port ont dû réaliser par service ! Elles refoulaient les clients qui, du coup, se risquaient dans les rues adjacentes et inquiétantes de la basse-ville. Et tandis qu'ils n'avaient pu s'installer à la table de ces usines à touristes, ils s'étonnaient que l'un des seuls restaurants à faire encore à manger, sans congélateur, ni tricher, puisse leur refuser l'accès à l'une de ses douze tables ? Lorsque nous avions le temps, nous leur expliquions cela.
Que nous ne faisions pas ce métier pour recevoir les visiteurs de bateau ou les supporters de rugby, mais par la passion pour les produits, le goût, la convivialité et qu'il valait mieux réserver. Mais ils étaient déjà partis un peu plus haut en espérant s'assoir et manger... n'importe quoi. Ventre affamé...
Nous avons évidemment une suggestion à faire aux Toulonnais et avoisinants que nous n'avons pu accueillir ce week-end : venez nous voir dans les six prochaines années où il ne se passera plus rien à Toulon et où, en conséquence vous pourrez marcher sans stress et profiter de la ville. Le but de votre sortie sera d'aller manger dans un restaurant où toutes les valeurs sont respectées. Ce qui peut constituer en soi, sans vernis et artifice, un joli spectacle...
Jaco
Je dédie aussi cette chronique à notre ami Gérard Estragon, qui vient de perdre sa maman Jacqueline.


Salut André
Il y a juste une semaine , le papa de notre ami André -que les pérégrinations familiales nous ont donné à connaître et à apprécier- s'en est allé à l'âge de 90 ans. C'est à Aubrac sur mer qu'il l'avait fêté en famille, comme les précédents...
Et c'est avec une nostalgie anticipée mais certaine, que nous envisageons de ne plus accueillir ce type éminemment sympathique avec sa petite bouille ronde et toujours une histoire à raconter.
Ce n'est évidemment pas un client fidèle que nous perdons, mais un homme de coeur, qui nous avait si gentiment et spontanément adopté. Alors il nous revient en mémoire, ce dernier air d'harmonica, en mai dernier... 

 
Chronique du 23 septembre 2013

    Inquiétude chez les poissonniers :   
    Var matin pourrait disparaître       

Ce soir c'est pleine lune et il me viendrait presque l'envie d'aboyer avec les loups. Mais je ne suis pas un vilain toutou. Du reste, je ne suis pas un toutou... du tout. Je me demande en contemplant l'astre en plein soleil s'il existe, là-haut aussi, des Hippopo-infamus et des Buffalo-tristes pour les gogos ? Mais le bon Armstrong -avant de tomber dans la dope par homonymie- nous affirma, en son temps, qu'il n'existait point de moutons lunatiques ni de centre commercial, façon Grand Var et j'incline à croire -pour une fois- un ricain, fût-il cosmonaute. Allons tant mieux !
Je sens que je vais être un peu longuet ce matin -nous avons changé de plage horaire, la lune est dégonflée, mais je ne vais pas vous expliquer les méandres orgiaques et orgasmiques de mon écriture-. Et encore, vous vous en tirerez bien car, vu la vastitude du sujet et de mes états d'âmes, je pourrais être intarissable. Non c'est du terrible destin de Var matin et à travers lui, de la presse écrite toute entière, dont je voudrais vous entretenir.
Voir un canard plumé, courir dans tous les sens et sans tête, cela ne peut qu'amuser les ceux qui scrutent votre doigt lorsque vous leur montrez le cul de la voisine.
Moi j'ai pleuré deux fois dans ma vie professionnelle. Jamais à Var matin où je connus quand même les plus longs moments de ma vie journalistique. Parfois j'en eus envie, sans jamais prendre les larmes. J'éprouvai de Hyères à Ollioules en passant -longuement- par Toulon, plus de ressentiments que d'émotions.
J'ai pleuré deux fois : en octobre 1982 lorsque j'ai vu rouler sur les presses de Laborie, rue Fieu, le numéro 1 de Toulouse matin pour lequel je m'étais investi nuit et jour et auquel j'avais livré ma jeune âme et ma tendre chair. Je voyais la vie en rose (comme la ville) ; l'aboutissement d'un rêve -et d'une farouche détermination- d'enfance. Et quelques mois après, lorsque, littéralement broyé par la machine infernale -et déloyale- de La Dépêche du midi, ce journal -mon journal- connut un méchant coup de Baylet. J'en garderai d'irréversibles séquelles -quelques poils tarn-et-garonnais venant encore chatouiller mes vieilles et belles narines-
Depuis lors, trente ans coulèrent sans qu'à peine je m'en aperçoive. Jusqu'à la colère. Et ma disparition pour solde de tout compte de ce métier, que j'avais chevillé au corps. C'était au temps où nos vieux lecteurs, pour la plupart et désormais réunis là où on n'a plus besoin de ses lunettes, persistaient encore et non sans regrets -déjà éternels- à désigner notre journal sous l'étendard de : République. Mais avant que de se déshonorer en trébuchant tout récemment dans le Tapie, pour aller inexorablement vers la déchéance - peut-être même le dépôt de bilan - il en commit des bourdes, des reniements, des sacrilèges, des autodafés.
Or un journal, çà brûle beaucoup mieux qu'une boite de conserve. Sauf qu'on le traita comme telle. Le vieux Defferre et la belle Anne-Marie -qui eurent l'inspiration de m'embaucher en 1983 sur les conseils éclairé de Robert-, n'en purent mais. Lagardère, sur son canasson pur-sang vint à nous pour « sauver » un canard qui, pourtant, n'avait encore rien de boiteux.
Acte I de la tragédie, le journal de famille(s) devint le jouet d'une entreprise du Cac 40. Mais dans l'empire Lagardère, c'était encore le meilleur : Jean-Luc. Le père et non le fils à papa. Ce type-là, nonobstant son incompréhensible passion pour le fotbal et le tiercé, irradiait de sa classe et d'une probable humanité. De probité ? Qui sait ? Il avait autour de lui des sommités de la profession et je pense-là notamment à Roger Théron, l'homme à la barbe jaune que j'eus le loisir d'approcher et avec lequel je me serais alors volontiers « copier-coller ».
Mais fini de rire, car c'est le morpion -oh ! Pardon, je voulais dire le rejeton, mais vous aviez rectifié de vous même- qui s'en mêla. Qui s'emmêla... A tel point que cet héritage, brusquement tombé d'une salle d'opération inanimée, l'embarrassa -et pour une fois je reste poli !- au plus haut point. Après un mariage de raison (et de pognon) avec Nice Matin, ce fut l'hallali, là là là et Lagardère... « Junior » ne rêvait que de plateaux télé, de tennisman et de talisman... Au Diable les varices d'une vieille presse écrite perdant les bas. Et ce fut, comme en quarante, le retour d'Hersant.
C'est là aussi que je me remets en selle. Car c'est là que s'interrompent, d'autant plus brutalement que je ne l'avais pas vu venir, mes douces errances journalistiques. Il y eut, à la botte du trop fameux patronyme papivore, l'un de ces collaborateurs dont son histoire est truffée. Une espèce de pantin dont la sarkomania se devinait même jusqu'au tressautement d'épaule, au rictus impatient et au rasoir égocentr...électrique. Mêmes tics pour un type en toc.
Il se trouvait qu'au même moment, non loin de Nice et même la porte à côté, boulevard de Strasbourg à Toulon, une autre engeance, gavée d'oseille et d'Umaga...lomanie, venait de me désigner comme l'homme à abattre de la presse locale. Ce fut un grand honneur, triste sire, auquel je ne pouvais me soustraire. Et c'est ainsi que poussa, en lieu et place de mon stylo, une curieuse casserole remplie d'aligot...
Je vous ai résumé cette histoire dont seuls les affranchis auront su décortiquer la carcasse sans oublier d'en sucer la moelle. Je serai encore plus bref, s'agissant d'évoquer mon ressenti à l'égard de ces jeunes confrères qui s'aperçoivent aujourd'hui que leur métier est en danger. Mais non, mes pôvres, il est déjà mort.
Il l'était lorsque les Oustrières, Lenzini, Estrade, Lorenzini s'en allaient sans qu'on leur implora seulement de demeurer au service de ce qui ressemblait encore à une institution.
Il l'était davantage encore lorsque Nice Matin avala le « petit varois républicain » sans que personne ne souffle mot, mais qu'on souffre désormais d'un manque cruel parce qu'essentiel, de pluralité.
Il l'était dès lors que l'on bâtissait son projet rédactionnel et sa stratégie de développement sur... les supporters du rugby local !
Il l'était enfin, lorsque les conseils général et régional, l'agglo TPM et la ville de Toulon subventionnèrent à eux seuls l'équivalent de la masse salariale des journalistes...
Vous la voyez où et surtout comment, votre indépendance ???
Et sans m'être jamais pris pour Albert Londres, pas même pour Jaco London, sa raideur m'apparut mortifère lorsqu'un Monsieur Jourdain du rugby, trois écrivaillons sans talent ni scrupule et un bidonneur en chef, ouvrirent en grand les portes de ma liberté. Le 9 janvier 2009, en franchissant une dernière fois le seuil, je me suis retourné avec ma petite boite contenant ma gomme, mon crayon, mes souvenirs, mon amertume. Il n'y avait personne pour me retenir. Pas même me soutenir. Et surtout pas mes jeunes confrères...
Depuis lors, je n'ai jamais autant travaillé, autant souffert ; je n'ai jamais été aussi pauvre, mais qu'est ce que je me sens léger et soulagé ! Tenez, je le suis tellement qu'il m'arrive parfois d'éprouver de la compassion pour ceux qui sortent du panier de crabes, subito, en s'étouffant de ces in-ad-mis-si-bles atteintes à la-liberté-de-la-presse...
Tout en me demandant -quand même- s'ils nous prennent pour des snoc où s'ils le sont vraiment tant que ça !!!
                                                                                 Jaco
             

Chronique du 17 septembre 2013

Bonal, mal an...  

Eh bien sûr, je suis amer ! Comme un verre de gentiane. Pas du temps morose de ce dimanche matin qui a une belle gueule d'automne -n'en déplaise aux autochtones qui ne trouve leur salut que dans leur p... de soleil- ; pas de la semaine que nous venons de vivre, parce qu'elle est conforme à un scénario parfaitement rodé depuis quatre ans ; pas même de constater que le monde est désormais dominé par un duo de dictateurs -El Assad et Poutine-, dont il me reste à savoir apprécier l'humour très second degré ; pas même des résultats du Top 14 dont je me fous désormais autant que ceux de la Ligue 1 ou des inter-régionaux de curling... Bon si ! ça m'emmerde pour mon pote bayonnais Alex, mais depuis trente ans qu'il gagne, qu'il perd ou qu'il fait match nul, il commence à bien connaître la musique. A la fin, y a plus que le chèque qui compte. Et encore, pour lui, c'est à la fin. Mais désormais, Monsieur, dans ce sport-là, c'est aussi au milieu et même au début... Enfin c'est tout le temps et y a plus que ça qui compte. Alors vous qui parvenez encore à vous passionner, bravo ! Continuez à les engraisser (enfin je veux dire à les muscler...)
Non, ce qui me déçoit et me taraude, c'est qu'à cause de mon frère, Bernard, l'albigeois, (contre la retraite à soixante ans, mais qui a pris la retraite à soixante ans... ce cono) je viens de m'apercevoir qu'il n'existait peut-être aucun lien entre Hippolyte Bonal et Marius Bonal. Un véritable drame...
Comment ? Qui sont ces Bonal ? Vous voulez me foutre vraiment en colère ou quoi ? D'après vous, elle vient d'où la gentiane que vous sirotez, hiver comme été, dans sa jolie robe jaune et ses vertus apéritives, digestives et, certains le prétendent, érectiles. Sur ce dernier point, il y a débat, j'en connais même qui professent l'inverse. Mais à votre place je ferais davantage confiance à la poudre de corne de rhinocéros ou à une consultation chez Patrick, mon ami magnétiseur des Arcs et qui lui aussi, est d'Albi...
Mais non, le Bonal ne vient pas d'Albi. Vous m'énervez quand vous ne suivez pas . C'est mon frère. Le Bonal lui, je n'en sais plus rien. Lorsque nous étions gamins, surtout moi, car Bernard a toujours été moins gamin que moi, nous vacancions en famille sur les bords du lac du Bourget à Aix les bains. « Oh temps suspends ton vol et vous heures propices... » vous connaissez vos classiques... Je ne pense que ce soit la Martine, le prénom de la mère Bugnard... Mais accoudée à la rambarde de son premier étage ouvrant un panorama gigantesque de scintillement d'ondes profondes et de reflets sombres sur le mont du chat et sa fameuse dent dévorant le ciel, elle en sifflait quelques verres dans une manière de cérémonial quasi religieux.
Peut-être parce que c'est justement le fameux Hippolyte, un moine sans doute déjà nanti d'une constitution de cheval, qui en jeta les bases dans un grand tonneau de vin. Quinquina, plantes de montagne, zeste d'orange et naturellement gentiane macéraient le temps qu'il fallait pour offrir la quintessence de ce breuvage diabolique sortant en 1865, de la maison de Dieu. J'en étais resté là et à toute la mythologie créée autour du personnage de la mère Bugnard que mon père « refaisait » à l'envi : « Ben, vous connaissez pas l'Bonal ? » l'avait-elle tancé la première fois. Du coup mon père -et ma mère d'ailleurs- se sentirent forcés de goûter à cet apéro typé et l'adoptèrent sans peine. C'est d'ailleurs l'une des raisons majeures pour laquelle ils traversent les décennies avec toujours le même entrain et prétendent à juste titre rejoindre la confrérie des centenaires qui n'ont-pas-bu-que-de-l'eau. Et si comme j'en suis persuadé l'alcool conserve, je crains que mon frère ne franchisse quant à lui les deux siècles, tant il semble vivre dans un bocal dont il aurait extirpé les prunes. Et quand je dis je crains, vous l'aurez bien compris, je le lui souhaite...
Mais le drame -le mot est proportionné- c'est que Marius n'aurait aucun lien avec Hypollite. Au vrai, j'avais espéré que le moine défroqué eut reconnu quelques marmots eux-mêmes guidés par les effluves de ces subtiles et capiteuses macérations. Las, ce n'est pas en Savoie que renaît le Bonal en 1938, mais à Onet le château, chez nous dans l'Aveyron. Trop beau pour être Onet ? Et là encore, on nous explique que le Ieu en question s'est fait connaître à travers l'élaboration et la diffusion d'un apéritif à base de vin et de gentiane à qui il donnera son nom.
Ce qui sous-tendrait que l'un n'est nullement l'héritier de l'autre, mais qu'il aurait profité de son homonymie pour profiter largement de la pub faite depuis 70 ans sur tous les murs de France. Ça sent le plagiat à plein nez. J'imagine que ceux qui ont plus de cinquante piges se souviennent de ces murs entiers, à l'entrée des villes et villages où étaient peintes quelques fresques majeures de l'art de picoler français. Bonal se tirait alors la bourre avec l'irrésistible Dubonnet et le catalan Bhyrr qui fut longtemps mon préféré.
Au nom de mes racines -de gentiane- et de l'histoire -de pochard- lorsqu'il me fallut choisir entre les marques de ce sublime breuvage je n'ai donc pas hésité d'autant que celle de Bonal se revendique d'Aubrac. Et qu'elle est nettement la meilleure et la plus naturelle. Alors finalement, que la Savoie et l'Aveyron se tirent un peu la bourre quant à l'origine d'un quinquina ce n'est pas si grave. L'important c'est qu'on finisse tous bourrés... de bons sentiments.
Santé...
                                                                                       Jaco 
Dernières nouvelles : 
* On refait le boudin ! Mesdames et messieurs dans quelques jours vous pourrez de nouveau savourer nos merveilleux cassoulets, potées, choux farcis, bourriols, etc. Mais d'ores et déja on fait le boudin... noir de Conquet sur un lit d'aligot. Les sautés de veau et cochon à l'ancienne et aux olives, les escalopes à la crème forestière. Bref on va se régaler...Chronique du 10 septembre 2013

      La scie rit... et le petit bois        

En ce dimanche matin de déluge où le trop plein d'une sécheresse complète de trois mois s'est déversé en quelques heures sur nos pelouses jaunies, où je perçois le bouillonnement triomphant du Meige Pan, hier encore exsangue, je ne suis pourtant pas d'humeur badine. Même cette excellente semaine à Aubrac sur mer, ne chasse plus mes ressentiments à l'égard d'une ville, d'une région qui semblent avoir choisi de ne pas sortir manger où bien alors de se fourvoyer. Mais la question n'est plus là.
Ce que j'ai surtout en travers de la gorge, c'est la Syrie. Non pas les copeaux, mais les planches entières. Hou-là-là ! allez vous penser -certains iront même jusqu'à le dire !- il va nous entraîner sur le Chemin de Damas et tel Saint-Paul , croire qu'il vient de trouver la lumière... Non, je n'ai pas cette prétention. Car ne fréquentant pas assidument le café du Commerce, je ne suis guère ferré en géopolitique, pas plus d'ailleurs qu'en stratégie.
Non comme toujours je me cantonne à ce que je ressens, à l'émotion et à ce qu'il me reste d'indignation pour survivre à cette sorte d'atrophie intellectuelle et hormonale qui semble engloutir les consciences. Bien avant Hessel qui en a fait son miel, je me souviens de ma « vieille » copine LEA qui, il y a trente ans, me fit comprendre que l'on pouvait estimer les gens par leur capacité à s'indigner. Je ne sais si je le fais bien ? Je m'efforce de le faire. Mais quand je me retourne …
Le monde, l'humanité viennent d'assister à l'une des principales atrocités de son histoire, au premier grand génocide du XXIe siècle et les gens se demandent ce qu'il faut faire. Deux français sur trois sont contre une intervention ! Je parle d'intervention pour ramener la vie en Syrie. Parce que pour l'intervention sur les seins de madame ou le nombril de monsieur ; ou une intervention pour faire rentrer le petit à la mairie, là, ils demeurent massivement favorables...

Ce qui est choquant c'est que l'homme ait été capable de passer du silex au satellite espion - sans mépriser l'arbalète, le tromblon, le missile et le drone - mais qu'il n'ait pas été foutu d'évoluer sur ses propres droits. C'est comme s'il ne voulait jamais s'instruire du passé et s'était abonné pour l'éternité à ces dictatures qui de par le monde prolifèrent, se déplacent et recommencent. C'est dur à entendre et même à prononcer, mais à l'origine ce sont les peuples eux-mêmes qui créent leurs bourreaux. César, Napoléon, Staline, Hitler et tous les tyrans du moment ont été un jour plébiscités par des peuples pleutres, cupides ou, dans le meilleurs des cas, idiots.
Je ne sais dans quel camp il faut placer nos voisins d'Outre-Rhin trop occupés sans doute à inonder le marché mondial de l'auto avec leur Wolkswagen fabriquées à bas coût par des esclaves modernes et en coup bas pour une Europe sociale dont ils ne veulent pas entendre parler. Des gens, au demeurant blindés, qui ne se laissent pas émouvoir par quelques gazages et autres crémations. Et en ces temps de grande solitude, l'Europe semble plus près du Chemin des Dames que celui de Damas.
Et je ne sais dans quel camp il faut placer ceux qui, chez nous, se moquent et caricaturent Hollande et Obama (voyez ci-joint le document que j'ai reçu et que je ne résiste pas à publier pour en souligner l'indécence), sans doute l'oeuvre de ces grands démocrates n'ayant toujours pas avalé l'élection au suffrage universel de 2012, activistes et nostalgiques de l'ancien président français, qui n'avait nul besoin d'être caricaturé !
Le vedette du moment c'est donc le grand Bachar. Un type formidable apparemment ! Il n'y a pas plus tard que cinq ans, il était même l'invité d'honneur de la France un quatorze juillet !!! C'est tout dire. Et puis je ne vois pas en quoi il pourrait être contesté en Syrie, puisque le référendum qui l'autorisait à rester au pouvoir et à la tête du parti unique Baas (le même que son ami Saddam d'Irak) lui accorda 97,62 % des suffrages. Sa seule maladresse étant d'avoir cru nécessaire d'occire les 2,38 % qui lui étaient hostiles...
Mais s'il suffisait d'éliminer cette grande saucisse avec sa tête de noeud, j'imagine que la CIA ou ce qu'il en reste, un drone ou un barbouze s'en chargeraient. Mais c'est qu'il a des -Pol- potes dans le monde. Tous solidaires et prêts à aller en guerre contre une éventuelle frappe...
Il y a le désopilant Poutine qui se débarrasse des gêneurs en les envoyant aux mines de sel, en leur faisant avaler à onze heures, un bouillon à base de polonium ou en les invitant à un repas avec Depardieu. Et ses copains de l'est, le fameux Loukachenko par exemple. Albachir, Nguema et leurs camarades Africains ; Rohanidepuis, Xi Jinping et leurs collègues d'Asie...
Y a de quoi faire, au point que je n'exigerais pas de vous que montiez au front de tous ces combats pourtant légitimes et nécessaires. Commencez donc par vous indigner et à le faire bruyamment. Mais si vous ne m'écoutez pas et que vous teniez au combat de terrain, soyez prudents. N'oubliez pas de mettre votre casque et votre masque...
Sinon, vendredi et samedi soir, on vous trouvera une place à Aubrac sur mer, pour vous indigner devant le meilleur pavé de rumsteck du monde libre !
                                                                                    Jaco
Dernières nouvelles : 
* LA FIN DU LOUP ! Après avoir supprimé la meilleure paëlla du monde de nos menus faute de demandeur, nous en faisons de même avec nos merveilleux filets de bar en piperade. Pour la même raison ! C'est bien triste, mais il semble y avoir dans Toulon une passion pour le poisson congelé qui me dépasse ! Mais comme nous sommes têtus, nous recommencerons en juin prochain... 

Des snoc à roulettes



Puisqu'ils ont du mal à marcher jusqu'à nous, nous proposons à nos clients potentiels d'imiter ces deux jeunes gens qui se déplacent en trottinette électrique. Certes on ressemble davantage à un attardé mental ou un « bobo » à la dérive qu'à un être humain normalement constitué, mais au moins on ne se fatigue pas. Et ne pas se fatiguer, ne serait-ce pas ça la finalité !?!

Chronique du 3 septembre 2013 

            Du sushi à se faire          

Et voici, nous y sommes ! ça vous épate hein ? Moi non plus...
Ce mardi matin nous serons à l'aube de notre cinquième année. Nous fêtons aujourd'hui, nos quatre ans d'insistance. Aussi, pardonnez-moi si vous recevez quelques relents de vin blanc, nous avons ce matin copieusement arrosé ça. Certes nous n'avons pas sorti le champagne. Mais un mauvais crémant bien frappé, ça passe super bien... On devine à peine cette verdeur caractéristique des mousseux prêts à vous micro-perforer l'estomac et à vous barrer la tête en plaçant entre les tempes un panneau : danger gravillons !
C'est pour quoi vous ne m'en voudrez pas si je tape un peu plus hâtivement que d'ordinaire. Certes, nous ne sommes pas à l'abri de quelques fautes de frappes, voir même d'orthograve, moi qui n'en commets jamais (!!!) Mais je n'en fais aucun complexe, d'autant que Balzac truffait ses meilleures pages de bourdes en tout genre. Or moi, mon seul dessein ce n'est pas de vous servir un cassoulet, vous l'aurez bien compris, mais de devenir Balzac. Zadig (et Lefebvre), Madame Bovary, le Comte de Monte-Cristo, tout ça...
Avant que les premières crampes d'estomac ne me saisissent pour ne me relâcher qu'après une intense cure d'aligot (qui est une sorte de générique du Maalox avec un goût d'ail qui remplace la menthe) et que les travaux de démolition ne débutent au dernier étage, je voudrais vous dire combien nous en avons plein, mais alors plein le dos... Bon je sais, vous allez encore me dire que je suis d'une humeur massacrante et que je vais pleurer. Je ne nie pas que que depuis que je m'installe devant mon écritoire et que je saisis la plume du matin, je suis plutôt chagrin et vinaigre. Je n'ai jamais supporté qu'on m'emmerde le matin : demandez à ceux qui ont osé me regarder tremper une biscotte dans ma soupe au lait !
Certes je pourrais griffonner ces trois bêtises, qui me conduiront plus rapidement, je le crains vers un asile qu'à l'Académie Française, entre Honoré de Balzac et Corinne Touzet, à un autre moment de la journée. Le soir par exemple. Oui mais moi, maintenant, depuis quatre ans que je travaille, j'ai sommeil ! Et puis si je suis en pétard dès potron-minet, mes chatons, c'est de leur faute. Pas de la vôtre, vous qui me lisez, me soutenez et parfois même commettez la folie de venir manger. Vous, y a pas de problème. Mais d'après mes calculs, vous représentez 0,02 % de l'agglomération toulonnaise. J'englobe dans la population, ceux qui acceptent de manger du cochon, ceux qui peuvent aller au restaurant même s'il fait moins de 25°, et qui ne se précipitent pas sur leur Terraillon en se flagellant après avoir osé ingurgiter une entrecôte.
D'après mes calculs savants, cela représente vingt-cinq personnes. Mais il suffit que Sophie et Jeff partent au Brésil, que Claude trépasse ou que Ilona préfère manger à la cantine -avec ses copains et ses copines- (texte piqué à Carlos, l'un des plus grands auteurs contemporains) pour que nous tombions rapidement à la moitié.
Et c'est ainsi le résumé de notre pauvre expérience. Depuis quatre ans, nous refusons du monde une semaine durant. Et quel monde ! Souvent des potes, des gens qui nous veulent du bien, mais qui ont tellement l'habitude de venir les semaines où ils ne voient personne, qu'ils en oublient même de réserver. Là alors, on peut payer le loyer à la Mairie, l'électricité, Conquet, Stéphanie et même le RSI. Mais la semaine suivante lorsque ce serait à nous de passer à la caisse, alors là, ils sont tous en vacances ou à la cantine...
Non, non, on se régale, on vous adore, mais on en a plein le dos. Parce que ce matin succède à l'une de ces semaines où l'on se demande s'il n'a pas été prononcé par arrêté préfectoral une interdiction d'absorber de la viande d'Aubrac, d'être reçu honnêtement et gentiment, de fréquenter le seul restaurant sans congélateur et de se rendre sur la place Lambert. Il faudrait que je me renseigne car si tel était le cas, je comprendrais mieux pourquoi nous n'étions même pas dix, un vendredi et un samedi soir d'été, dans cet endroit de rêve, le plus beau du monde (après la place de l'église à Nasbinals tout de même !)
Vous me direz aussi que j'avais qu'à être comme tout le monde ! C'est vrai qu'à Toulon où les gens sont si pauvres qu'ils rêvent tous d' Audi 4X4, de Rollex et du retour de Sarkozy, il n'y a pas forcément de place pour nous deux. Mais ne pas être de droite n'est pas forcément rédhibitoire. Regardez notre maire, un type que je continue à tenir pour éminent sympathique même s'il n'a pas encore trouvé le temps de venir découvrir les trésors de la cuisine aubracienne ; eh bien il a été, plus jeune, aussi à gauche que ce que je pouvais être gaulliste... Voyez bien qu'en politique aussi, en politique surtout, les trajectoires elliptiques peuvent en boucher un coin et même un cosinus !
Non, ce n'est pas politique, c'est culturel. Nous sommes ici dans l'une des capitales mondiales de l'apparence et du superficiel. Ce qui, en somme, nous préserve de tout abus de goût et de coups intempestifs... de fourchette. Et c'est pourquoi nous allons dès que possible nous retirer sur la pointe des pieds (de porc) et filer (de boeuf) vers un plateau (de fromages) où les éléments sont nettement plus rudes, mais les gens beaucoup plus abordables.
Lorsque je m'étais installé, l'un des adjoints -et néanmoins collègue- de cette mairie voisine et néanmoins pesamment discrète, m'avait interrogé : « Tu ne penses pas que ce serait mieux de faire de la cuisine provençale ? » Sans doute avait-il raison et je verrais bien, place Lambert d'ici quelques mois, un restaurant de spécialités locales : kebab, moules-frites, pizza... Ou sushi. Ça marche bien aussi, le sushi. Même si moi, c'est pour Toulon que je « commence » à m'en faire ...
 Jaco 

Dernières nouvelles : 
* Non nous ne serons pas ouverts mercredi soir pour le match de rugby à Mayol. Mais nous vous attendons pour découvrir les meilleurs produits de la région tous les vendredis et samedis soir.  

* Notre jeune serveuse du week-end, Awa, qui termine cette année ses études de Commerce équitable à l'Université de la Garde cherche un studio ou petit appartement autour de la fac ou à l'est de Toulon. Si vous avez ou connaissez quelque chose d'abordable pour elle, merci de nous contacter.


Chronique du 27 août 2013
       L'homme qui parlait en patois      
            à son chien suisse              


 Fin d'après-midi, nous cherchons un peu d'ombre sur l'enso de Marichott, quoi que le soleil se comporte délicatement aujourd'hui avec tous les égards dus à notre peau. Nous sommes à Durban sur Arize. Tout près de Labastide de Sérou. Entre Foix et Saint-Girons. Ariège. J'en vois encore qui grimacent, les lèvres en accent circonflexe et le nez en point d'interrogation. Et c'est vrai que lorsqu'on vit à Toulon -enfin je veux dire à La Valette, Sanary ou Carnoules (parce que plus personne n'habite Toulon)- c'est le genre de bled dont on ne veut même pas connaître l'existence. Donc, c'est quelque part entre Toulouse et l'Espagne. Et Toulouse ça vous parle, parce que nous sommes depuis trente ans en lutte avec eux, à la différence un tantinet agaçante, qu'à la fin, ce sont eux qui gagnent. Mais enfin là où on est nettement plus fort, c'est que eux, eh ben ils n'ont même pas de président. Na !
Bon qu'est-ce que je disais ? Je vous parlais de Durban, qui se situe donc pas très loin de l'Espagne. Un pays qui crevait de faim sous Franco et qui en est toujours au même point, mais sous Rajoy. A la seule différence qu'il peut dire : « J'ai faim ! » Mais pas trop fort quand même, faut pas abuser...
Sur cette aire, posée là sur la ligne verte qui relie, pour les bécanes, les mégapoles ariégeoises par l'ancienne voie ferrée, on ne perçoit que la petite mélodie de quelques piafs qui sifflotent les dernières nouvelles alentours. Parfois , mais pas là car il y a trop de circulation, -dans dix minutes, il va passer une voiture !- on peut même deviner les grognements de l'ours. A condition qu'il soit très en colère ou que vous ayez une imagination débordante de l'ouïe.
Nous approchons du petit chalet-restaurant qu'ont joliment agencé au fil de leurs dix ans d'escapades ariègeoises, nos amis José et Jean-Luc qui se sont enfuis de Toulon, sans d'ailleurs forcément se lever la raison. Je vous arrête, il ne s'agit pas d'un couple homo parti se mettre au vert à l'époque du front national. C'est plutôt que le papa de José a oublié de prononcer suffisamment distinctement le E fatidique qui aurait levé toute hypothèque à l'état civil et m'aurait évité d'écrire les trois précédentes lignes parfaitement superfétatoires. D'autant que les homos n'ont -heureusement- pas quitté Toulon et vivent désormais en harmonie avec le reste de la population. Car depuis qu'il y a les arabes, il y a quand même meilleure matière à exclusion ! Donc José est bel et bien une femme et même, une belle femme.

Nous nous approchons de l'enco ou enso, enfin je ne sais plus. Il me semble que Jean-Luc parle à son chien. Lequel s'en va, se lève, s'allonge, fonce à droite et revient par la gauche. Haletant, mais sans cesser jamais de remuer la queue. La conversation me parvient plus nette et je jurerais qu'elle se fait en patois ariégeois. Pourtant il s'agit d'un croisement de beauceron et de bouvier bernois et je ne vois pas ce que cette jeune bête pourrait saisir des subtilités de notre belle langue d'Oc. Enfin, asseité-té, lui répète le maître et l'autre s'assoit ! Mystère...
A ce stade du propos, certes décousu mais fort aéré, vous devez penser que ce type est fou. Je parle de lui, de Jean-Luc, que ce soit clair, pas de moi. Il cause à son chien en patois et figurez-vous qu'en plein mois d'août, il fait cuire sur la braise ses jolies tranches de Casta (ce ne sont pas les fesses de Laeticia, mais celles d'une belle race à viande des Pyrénées quasiment éteinte) avec le béret toujours vissé sur son vieux crâne obstiné. Lorsqu'on sait que toute la chaleur s'accumule sous le casque, vous pouvez dès lors en tirer pas mal de conclusions. Et l'une des différences qui nous distingue sans nous séparer, c'est que pour ma part je limite mon port du béret aux périodes où il me semble supportable.
Mais d'autres choses nous différencient : son grand âge, sa grande taille, son grand sourire, ma grande gueule (quoi que il n'en soit pas totalement dépourvu) et puis ses grosses couilles (bien que les miennes puissent à tout moment retrouver leur poids de forme). Car tout lâcher comme ça, avec José (qui de ce point de vue-là n'est nullement équipée, je le rappelle pour ceux qui ne suivraient pas), pour monter une telle affaire, loin de tout et si près de la nature, ce n'est pas donné à tout le monde. Surtout lorsque l'on ne finit pas par rentrer au bercail, la queue basse.
Quand il ne dresse pas les fauves, Jean-Luc élève avec José d'impressionnantes bandes de canards de Barbarie dont ils tirent des foies gras exceptionnels que je vous recommande (même si vous ne les trouverez pas chez nous par fidélité à la Drosera et au label Aubrac). 800 bestioles mises au service de l' humanité et transformées en boite à idée. Car entre l'Azinat traditionnel avec sa rousole et le Keb'can (amoncellement de filets de canards cuits façon kebab, mais n'ayant aucun autre rapport avec la grande spécialité du port de Toulon), je peux vous dire que ça cogite fort sous le béret pour sortir encore un peu plus des sentiers battus. En sorte que dans ce pays où il ne semble y avoir âme qui survive, l'enso de Marichott se remplit tranquillement, midi et soir (à la belle saison) pour savourer ces trésors de créativité et d'authenticité.
Car, on ne vous l'aura pas précisé, tout est fait ici maison ou à proximité, par des gens du cru et de coeur. Du miel au yaourt de lait de brebis, en passant par le jus de pommes et les frites cuites à la graisse de canard, tout a le goût du terroir. S'il vous venait l'envie d'y aller, vous verrez c'est très simple. C'est en direction de la Lune. Vous tournez vers Mars juste avant. Si vous trouvez l'étoile où un chien suisse aboie en patois, c'est là. Dites lui simplement : asseité té !
                                                                                       Jaco
 La peña et la joie


Samedi soir, j'étais à Jean-Dauger. Si, si ! Vous me direz que pour un type qui n'aime pas le rugby, aller à 800 bornes voir un match, même si c'est l'ouverture du Top 14, même si c'est l'une des plus grandes équipes (Oyonnax), c'est tout de même un sacré paradoxe.
Alors là, je dis attention ! Le rugby, ce n'est pas que je ne l'aime plus, c'est que je le vomis. Je ne le comprends plus -j'ai toujours été faible en anglais- et ce n'est plus qu'un agglomérat de business, de dope et de cinoche. Indécent. Bref, le rugby c'est devenu un sport. C'est tout.
Et comme tout ce qu'on a aimé, lorsqu'on se sent trahi, alors ça tourne à l'aigre, au mépris...
Mais pardon, je ne suis pas allé voir un match de rugby, je suis allé à Bayonne chez des amis. Il se trouve que l'un d'eux -Alex- est l'entraîneur chargé de la préparation physique de ce club portant le doux nom d'Aviron.
Or, il me souvient aussi que chaque fois que je me rendais sur les bords de la Nive (et de l'Océan), j'en revenais ému, comblé, subjugué, prêt à recommencer. C'est ce que je fis. On chante un peu moins à Jean-Dauger -mais la "peña" inaugurale demeure un instant unique au monde ( http://www.youtube.com/watch?v=pGPZWy5TUHE ) - et on ne baragouine quasiment plus que l'afrikaner, l'english et le samoan dans le carré de tribune où se rassemblent blessés et femmes de joueurs. Mais là-bas, encore, on n'éructe pas son fanatisme pour les bleus et sa haine envers les jaunes. Deylaud et Lanta forment un duo éternellement délectable. Dans le regard des quinze mille passants d'un soir de victoire, je n'ai perçu qu'une passion contenue, une grande tolérance et beaucoup d'espoir... Et dans ceux de Dany et Alex, une grande fraternité...
Chronique du 19 août 2013

Et voici le Top 50 de la quatrième saison

Allez, va, vous pouvez recommencer à manger. En espérant que certains d'entre-vous ne sont pas morts d'inanition en attendant à la porte d'Aubrac sur mer et malgré la présence apaisante (pour ne pas oser dire désaltérante) de la fontaine, place Lambert.
Vous nous attendiez et pendant ce temps nous continuions à penser à vous et à trouver de nouvelles idées, afin que vous soyez toujours plus nombreux à notre table. Et en sillonnant des régions d'abondance et de cocagne en terme de restauration, nous nous sommes confortés dans l' idée que le seul argument valable restait la qualité. Elle est reconnue en terre prodigue, il n'y a aucune espèce de raison qu'elle ne le soit pas là où elle n'est encore qu'exception.
Comme chaque année, ce premier « numéro » de rentrée est aussi l'occasion de jeter un œil dans le rétro et de saluer celles et ceux qui ont manifesté leur attachement -durant notre « saison » 2012-2013- à ce que nous faisons et leur proposons. Nous en mesurons la grande subjectivité, voire l'injustice car il est toute de même plus facile à Ilona ou Vincent de tourner leur fourchette dans l'aligot qu'à notre supporter de Lorgues ou nos amis de Beausoleil. Et puis vous n'êtes pas que cinquante ! Ouf, on s'en tire bien ! Et ce sont d'ailleurs tous les autres, plusieurs centaines, ceux qui viennent une, deux, trois fois maximum dans l'année qui constituent le plus gros de notre clientèle. Alors surtout, qu'ils ne se vexent pas. Ce n'est pas de figurer dans le Top 50 qui compte, mais de savoir apprécier la meilleure viande du monde dans un tout petit restaurant où l'on défend quelques valeurs et pas mal de chaleur... Quant aux cinquante premiers, on les aime, ils sont notre âme...
   
Doudou : Arfons à fond !



Quel délicieux moment passé aux côtés de Yannick et Jean-Michel (Doudou, il préfère). C'était en fin de semaine dernière à Arfons. Ount es aco ?

Dans la Montagne Noire, cono ! Un endroit magnifique non loin des moines d'En-Calcat et le lac du Lampie, à 800 mètres d'altitude entre Castres et Carcassonne. Là où finalement, il ne se passe jamais rien, même que c'est pour ça qu'on y va !

Enfin, quand j'écris qu'il ne s'y passe jamais rien, c'est exagéré. Déjà notre visite était un événement. Ensuite, Doudou vient de sortir un magnifique bouquin dans la collection Lauragais patrimoine : Arfons et Ramondens. Ça ne vous dit rien ? Attendez le sous-titre : Des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem aux Dominicaines de Prouilhe. Mais qu'ont-ils bien pu faire ensemble ces deux-là ? Je vous laisse le découvrir. Moi je n'ai pas encore osé m'attaquer à ce grand pavé de 300 pages, mais quand je vais m'y mettre...

Car j'ai gardé le meilleur pour la fin : notre Doudou n'est pas seulement trésorier du Comité départemental de rugby ; il n'est pas uniquement assureur maritime. Il est d'abord historien et, désormais, écrivain. Mais c'est quand même pour son extrême gentillesse et pour la tendreté du poulet de Yannick, que nous les aimons...
                                                                                                                        Jaco
Chronique du 13  août 2013

Nous allons quitter le chemin des vacances pour un léger détour en Afrique. Mais afin de ne pas vous dérouter nous vous conduisons sur celui de Compostelle où il est tout de même moins dangereux de se rendre à pied. Nous sommes ici au point sublime du parcours, à Nasbinals, entre Aumont et le village d'Aubrac. 
 
      Les aventure de Baptiste au Congo    

Le grand combat présent et à venir confondra écologie et humanité ou ne sera pas. Je lie l'un à l'autre car ils me paraissent désormais indissociables, comme au siècle dernier Jaurès, Blum et De Gaulle tentèrent de concilier industrie et humanité. Et je m'empresse de souhaiter une bien meilleure réussite à ce combat-là, car de l'ère industrielle on ne retiendra que le broyage insoutenable enduré par le monde ouvrier et rural, par la machine et la machination capitaliste. Il s'agit de toute urgence d'éviter le mur qui se dresse devant nous, selon la juste métaphore de Baptiste.
Si vous préférez j'utiliserai une autre parabole : il faut en finir avec le Fouquet's et Hippopotamus, pour laisser vivre et espérer, Aubrac sur mer et ses semblables.
Mais qui est donc ce Baptiste ? m'interrogerez vous. C'est un p'ti gars de ch'nord égaré dans un monde de fous -celui de Toulon- où il travailla durant trois ans à TPM au programme Natura 2000 sur le Cap Sicié et les massifs alentours. Cela consistait à concilier dans le respect de la biodiversité, les activités humaines et la protection de l'environnement. Un truc pas simple ! Et c'est, modestement, en « tombant » chez nous, Place Lambert, qu'il retrouva une autre manière d'équilibre naturel, en découvrant éberlué qu'on pouvait tenir, ici, un restaurant avec d'autres motivations que le pognon.
Mais le bougre ne savait se satisfaire de cette bouffée d'air pur d'Aubrac et de chaleur humaine. Il étouffait encore par chez nous et avec sa belle Marie, il prit le premier avion pour Kinshasa. Pas à vrai dire une destination de première classe, ni de tout repos. Car l'ingénieur des eaux et forêts allait se transporter dans un univers beaucoup plus vaste et sombre, plus hostile aussi (quoi que ! faut voir...)
Je me souviens de ce blondinet, loin d'être aussi demeuré que sa teinte de cheveux le laissait craindre. Il était réservé et enthousiaste à la fois. Erudit et humble, ce qui fonctionne généralement à tous les coups. Mais qu'il me pardonne, je ne le voyais pas franchir la forêt équatoriale sur un layon de 27 bornes à couper à la machette, entre Alibuku et Mbaba. Le tout à pinces évidemment et un retour dans les mêmes conditions. Ses récits, que vous retrouverez dans ses « Congonexions » sur simple demande de votre part, sont épiques et piquants. Comme lorsqu'il se rentre des chicots de vingt centimètres dans les tibias ou que les fourmis magnans, les petites voraces, lui entament les pinceaux.
Je ne l'y voyais pas. Mais je ne le connaissais guère. Peut-être, comme sa maman, je lui aurais déconseillé l'aventure. Je lui aurais opposé la malaria (le palu si vous préférez) qui ne manqua pas de le transformer en torche atone et déboussolée. Sans parler des fameux shégés, ces bandes de jeunes qui vous bloquent la bagnole dans le centre de Kin et vous détroussent comme au coin d'un bois, sauf que là c'est en pleine ville. On n'en est pas encore là, avenue de la République.
Mais quand j'évoque l'aventure, n'allez pas aussi fantasmer un Indiana Jones de fortune. Lui ne fait ça ni pour la fortune, ni pour la frime. Dans ce monde où plus personne n'a honte de se mettre systématiquement en avant, où tous les opportunismes sont bons à saisir, celui-là travaille pour les autres. Les hommes, leur environnement, leur respect, leur survie peut-être. Et des africains en prime ! Quelle idée !!!
Je n'ai pas longtemps hésité à lui dédier cette chronique. Je savais que ça ne le mettrait pas forcément à l'aise, même si c'est quand même lui qui a eu la bonne (et passionnante) inspiration de nous faire parvenir une lettre de contact où il se raconte tout en défendant ses convictions à travers la mission de contrôle et d'équilibre de la forêt équatoriale congolaise. Je n'ai pas hésité, non parce que Baptiste me fit l'insigne bonheur de réserver l'une de ses toutes premières visites - de retour en vacances en France – à Aubrac sur mer en compagnie de ses potes de TPM. J'ai trouvé ça émouvant et incroyablement réconfortant. Quand on poursuit les mêmes objectifs dans les massifs forestiers ou dans la jungle azuréenne, avec des bestioles et des pièges différents mais pareillement redoutables, il est si bon de se reconnaître.
Cela va faire un an que Baptiste (et Marie) se sont imposés ce grand bond vers un inconnu néanmoins prévisible. Dans la moite touffeur d'un pays lointain, étrange et parfois inquiètant, ils n'ont rien trouvé de mieux à faire que de tenter de venir en aide à une population qui doit continuer à couper des arbres, mais doit savoir lesquels. Mais surtout, plutôt que de s'opposer, ils ont souhaité composer -au sein d'une mission française- avec les grands groupes multinationaux qui ont fait main basse sur les réserves naturelles africaines, comme si elles étaient leur.
Si un jour vous apprenez que l'on a réconcilié l'homme et la nature, que l'air est purifié et que l'argent se partage équitablement, vous penserez peut-être à lui. Mais pour cela, il faudra qu'il en naisse encore quelques-uns... des Baptiste !


Chronique du 6  août 2013



             Solides comme Bastide               



Laissez-moi encore vous parler de Nasbinals. Et à travers elle... des Bastide. C'est que ma propre expérience, ma trajectoire, bien au delà des transhumances estivales, sont totalement imbriquées -j'allais écrire inféodées- à leurs noms, leur rusticité, leur fidélité aux valeurs ancestrales.
Le village, vous le connaissez maintenant. Avec ses cinq cents âmes. Il se dresse à 1180 mètres d'altitude dans sa lourde carapace de pierre granitique protégée par une épaisse couche de lauze volcanique. De cette imbrication de maisons séculaires, mais toutes restaurées à la perfection, émerge l'église romane et son clocher généreux. A plusieurs lieues alentours et en fonction du vent portant, on l'entend tintinnabuler à l'envi comme si l'écho ne cesserait qu'au moment où tous les pèlerins et fidèles du village, empliraient la demeure du Bon Dieu. Car là-bas, on croit. Forcément.
De fermes en boulangerie, de vallons en coteaux, dans ce paysage sauvage, unique et préservé, la présence du Divin semble inextricable. Même moi, je m'y fais !!!
Nasbinals, il y fait beau. Et bon vivre ! Entre le vingt juillet et le dix août. Pour le reste, rien n'est jamais assuré. Si ce n'est que l'on se gèlera une bonne partie de l'année et qu'on en redemandera. Si ce n'était déjà fait, j'aurais bien repris : « Mon pays c'est l'hiver ». Mais allez donc apprendre quelque chose d'aussi froidement beau à un paysan québecois chenu !
Et puis, au coeur du village, sur la placette d'où vous pourriez grimper jusqu'au clocher sans échelle (ni confession), il y a l'hôtel de la Route d'Argent. Le camp de base d'un petit empire hôtelier patiemment et pertinemment élaboré.  
A l'âge de dix ans, mon premier choc, ce fut au Royal Aubrac que je le subis. A huit kilomètres de là et quarante-cinq ans plus tôt. C'était en 1968 et c'était ma révélation. Je savais déjà que ce serait là que je mourrais. Si j'en avais le loisir. Mais encore fallait-il organiser les obsèques. Alors il y a trente et quelques années, j'ai poussé la porte des Bastide. Bernard et Daniel étaient encore beaux. Non je plaisante, ils le sont toujours. Et Pierre, le paternel, avait déjà laissé s'exprimer cette épatante succession.
Je ne parlerais pas de dynastie, même s'il y a de la noblesse dans cette famille où le doyen compte 17 petits-enfants et 11 arrières... Il revendique 91 ans, Pierre. Il les porte à merveille, même s'il n'a plus toutes ses dents. Avec ce furieux appétit de vivre. Et il tranche encore. Pas dans les affaires où il ne donne plus, éventuellement, qu'un avis de sage. Mais dans la viande d'Aubrac. Il n'y a pas que derrière le long bar de la Route d'Argent qu'il taille la bavette « Papi ». Il débite encore l'entrecôte et le rumsteck avec entrain et précision, du fond de sa cambuse. Mais c'est évidemment le soir, solidement planté sur un tabouret de bar trop haut pour lui (il s'est tassé, étant jeune, en sautant en parachute), que Pierre devient totalement savoureux. Irrésistible. Les Aubraciens conjuguent leur propre silence à celui qui se répand pesamment sur le plateau. J'aimais déjà, par mimétisme et complicité, ces longs silences où les choses s'entendent sans se dire...

Mais lorsqu'il est en confiance, au milieu de ses clients devenus, sur deux siècles, des amis, il sait se montrer prolixe. Gouailleur. Philosophe. « Comment ça va Papi ? » lui demande-t-on machinalement. Et Pierre a deux réponses. Soit c'est dans la veine épicurienne et néanmoins fataliste : « Tant que je me lève le matin, c'est que je suis en bonne santé ! ». Soit plus lapidaire et triviale : « Comme un vieux con ! ». Son petit timbre de voie, haut perché, badin et mutin, résonne toujours comme une invitation à la sérénité.

Il a beau avoir réussi sa vie, le père Bastide, il ne s'en pousse pas du col pour autant. Mais lorsqu'il se raconte, il ne semble toujours pas en revenir : « Je construisais la route entre le Pont de Gournier et La Chaldette. Un soir je suis allé au bal. J'y ai rencontré Elizabeth. Nous avons vite fait l'affaire. On s'est marié quelques mois plus tard en 49. Je suis allé à la mairie en bleu de travail ! »
Nous voici proche du romanesque, de l'épique, de la légende, si vivace entre Gévaudan et Margeride. Bien loin des engeances purulentes d'orgueil et de superficialité, qui polluent les plages Méditerranéennes.
Elizabeth, dont les racines nasbinalaises sont profondes aussi loin que portent archives et souvenirs ancestraux, était une belle et forte femme. Dans son petit pré carré devenu l'hôtel de la Route d'Argent, elle servait le gros rouge et le petit café chaud aux paysans du bourg, aux pèlerins transis et aux colporteurs de tous poils. Au temps des cèpes, elle tournait l'omelette comme personne. Puis ce fut, la viande, le gibier et tous ces mets de montagne magnifiques, à tire-l'aligot...
La légende était en marche et je la prolongerai forcément par d'autres chroniques. Bastide a cessé d'être une anecdote, pour devenir une institution. Avec Daniel, le jovial blondinet qui invite à rentrer et à y rester. Avec Bernard, le chef aussi brillant en cuisine qu'en rapports humains, avec cette sorte de complicité qui se lie par le seul regard. Lui est devenu maire de Nasbinals, comme une évidence.
Vous comprendrez mieux, au fils du temps, les raisons profondes, intimes, impérieuses aussi, qui m'ont laissé dévoré par cette terre où la passion peut certes s'exprimer, mais où, avant tout, elle s'incarne.
Jaco
Chronique du 30 juillet 2013




            Je m'ennuie déjà !             
Me voici à peine en vacances que j'éprouve le besoin de « parler travail ». Ce sentiment étrange de culpabilité à l'instant même où tout s'arrête et où tout devrait paraître si doux. Vous me direz que personne ne nous oblige à fermer tout un mois au moment où tous les autres sont au taquet. Rien ? Si ce n'est peut-être les clients qui ont une tendance certaine à s'éloigner d'Aubrac pour se coller sur mer...

Non mais sans rire, le travail c'est bien. Beaucoup de ceux qui n'en ont pas pourraient en témoigner. D'autres rétorqueraient que tous n'en veulent pas ! Vieille rhétorique manichéenne et réactionnaire consistant à prétendre que si les types sont pauvres, c'est qu'ils se lèvent trop tard ou manquent de volonté. C'est un peu la même chose avec ses snoc de handicapés. Qu'ils le veulent bien, en somme...

Ah ! je les ai combattues ces satanées théories. Elles me terrorisaient, me faisaient frémir et vomir. C'est certes encore le cas, mais j'en ai beaucoup rabattu sur la détresse humaine, à mesure que j'ai mieux mesuré sa rouerie.

Tout est parti non pas de la protection sociale que l'on doit, pour vulgariser, à la coalition du Front Populaire et du Général de Gaulle, que seule une méchante guerre sépara chronologiquement, que de ce que l'on en fit. Le modèle social devint à la fois la fierté et l'arme absolue de la France jusqu'au seuil des années quatre-vingts. Jusqu'au moment où la belle unité, voire l'unanimité de notre pays fut battue en brèche par les opportunistes de tous poils. Les uns considérèrent alors, qu'avec les APL, les allocs chômage auxquelles succèderaient le RMI, ça passerait, pour si peu que l'on colle un troisième marmot -et plus si affinités- à sa bergère qui se transformerait ainsi en une sorte de truie cacochyme mais pas spécialement surmenée... Pour caricaturer un brin, c'est la France d'en-bas, celle des tribunes populaires, de Top Chef et du tiercé.

Les autres participèrent à cette course effrénée à la réussite sociale. C'est alors qu'ils devinrent des employés modèles, zélés et délateurs, souvent plus impitoyables avec le menu fretin que leur plus haute hiérarchie. Ils arrivèrent très tôt, repartirent aussi tard, trichèrent sur les notes de frais tout en courbant l'échine aussi bas qu'imaginable. Les patrons et dirigeants exploitèrent, délocalisèrent, fiscalement s'évadèrent et méprisèrent tout leur monde.

Pareil à la maison. Pas question de se satisfaire de 1500, 3000, ni même 5000 euros. Il fallait que les deux travaillassent. Engrangeassent. Economisassent. Et dépensassent. Dans les paillettes et le strass. La dernière « allemande », le voyage qu'il faut faire, la place en tribune d'honneur au milieu des abrutis... tout est bon pour lâcher le pognon là où ça se remarque et où ça ne servira à rien et surtout pas à l'économie intérieure. On ne fait pas mieux pour flanquer un pays à genoux.

Non, moi j'aime le travail. Pour ce qu'il représente. Pas seulement au nom de ces valeurs qui me semblent toutefois revêtir quelque importance. Mais de la conscience et aussi de la passion auxquelles il ne me paraît jamais anodin de recourir. Je dois être atteint d'un syndrome de Stakhanov, un cono qui lui aussi en redemandait toujours...

Et à ce stade du propos, je dois désigner la principale responsable : ma mère. Certes mon père qui devait toucher quelque chose comme 1500 euros (de l'époque, soit je l'avoue un peu plus que maintenant) l'avait laissée au foyer. Un truc inimaginable. Je n'ai jamais connu de nounou (quel nom à la noc, entre-nous !), je n'ai jamais attendu seul à la sortie de l'école et j'avais toujours mon verre de lait chaud pour goûter. De l'affection, de l'équilibre et une bonne cuisine. Rien de trop mauvais en somme pour entrer gaillard sur le terrain de la vie.

Après, puisque mes parents ne faisaient pas un concours avec le voisin pour tenter de gagner plus, il y avait quelques inconvénients. Elle ne me lâchait pas, ma maman. Gamin, elle me trouvait toujours un carré d'herbe à arracher. Ado, elle m'envoyait retourner des sacs de cuir dans des ateliers surchauffés en plein mois de juillet.

Finalement, les croyants vous le diront, c'est en pratiquant que l'on finit par croire. Mais de cette race là non plus, il n'y en a plus bézef. Je pense que c'est avec nous, aux mêmes alentours des années quatre-vingts, que l'on a fini par tout lâcher. De consoles de jeux en vacances aux Seychelles ; de séjour au ski en vidéos dans la bagnole ; de Mc Do en iPhone on les a pourris, nos gamins. Et le travail désormais, c'est comme le sport, le sexe et le bingo, ce n'est qu'un moyen de faire du fric. Si tu peux en gagner beaucoup tu va bouffer tout le monde, mais si c'est pour le SMIC, mieux vaut se mettre en maladie.

Nous sommes, effectivement, bien malades. Mais le problème c'est que les conos qui travaillent encore -comme moi- pour le plaisir, on leur coupe le kiki en leur envoyant des rappels de RSI plus forts que ce qu'ils ne gagnent. Alors quoi ? Ben, on y est ...

 

Jaco


 Chronique du 23 juillet 2013
   L'écureuil à la broche ou en ragoût    

Je n'ai rien a priori contre l'écureuil. Avec sa belle queue en panache et ses jolies fossettes rousses, l'animal égaye nos parcs et campagnes. Pour autant, je conçois fort mal qu'en cette période de récession économique, cette bestiole soit la seule à s'engraisser et que la fameuse Caisse d'épargne dans laquelle il niche, regorge à ce point de noisettes. Surtout lorsqu'il est si compliqué, au commun des mortels, de se procurer ne serait-ce qu'un tout petit gland (enfin, tout au moins pour la majorité des hommes de race blanche !!!).
Aussi, personne ne va s'émouvoir que le gouvernement ait enfin décidé d'abaisser le taux de rémunération du trop fameux livret A. 1,25 % c'est encore beaucoup trop pour les snoc qui, plutôt que de relancer la consommation qui en a tant besoin, se couchent sur ce matelas, qui doit pourtant être inconfortable au possible avec toutes ces coques qui vous rentrent dans le dos. Certes la plupart des épargnants sont assez gras pour ne point souffrir sur cette couche non contondante, mais il serait temps qu'ils pensent un peu à ceux qui, n'ayant que la peau et les os, ne supporteraient pas une seule minute cette position.
Notre drame ici -et probablement ailleurs,- est que tous ces braves gens qui n'ont de cesse de cultiver les noisetiers, de contourner l'impôt par la fraude et l'évasion, mettent à genou l'économie française en n'investissant que dans de puissantes berlines et dans d'épuisantes balades de par le monde. Entre la bagnoles et l'avion, on creuse vaillamment la couche d'ozone et la balance commerciale.

Mettre de l'argent à gauche -surtout quand on est de droite- relève de la plus discourtoise perversité. A tel point, qu'à la place de Moscovici, plutôt que de rémunérer l'épargne, je la taxerais. Car, non content d'immobiliser une oseille qui a grand besoin d'air en circulant librement dans l'hexagone, les spéculateurs à la petite semaine surchargent de travail nos pauvres employés de banque qui ne savent plus où engranger les noisettes. Il y aurait évidemment une taux progressif. 1,25 % retenu à la source de celui qui met à l'abri une somme décente pour garantir ses arrières, mais jusqu'à cinq pour cent pour l'heureux propriétaire terrien qui possède un verger de plusieurs hectares. Mais il faut savoir se montrer à la fois altruiste et incitateur.
Sus au phagocytage et coup de pouce à la dépense. Ainsi je verrais bien l'état reverser 1,25 % pour l'acquisition d'une Peugeot 208 où d'un tripous-aligot et jusqu'à 5 % s'il s'agit d'une 807 ou d'une entrecôte arrosée d'une bouteille de Flars.
Et s'il le faut, nous irons jusqu'à mettre l'écureuil à la carte. Si ! c'est excellent à la poêle cette petite bête, embrochée sur une baguette de coudrier avec quelques oignons ou en ragoût avec une salade de noisettes...
                                                                                                                          Jaco


A Lolo, Tourangeau

Je veux dédier cette nouvelle édition du blog de Jaco à Laurent.
Nous n'étions pas spécifiquement amis, je dirais plutôt, complices.
Nous avions en commun, la lourde tare de n'être pas d'ici.
Il était tourangeau et ses origines évoquaient mes vacances
d'enfance, lorsqu'avec mon vieux cousin on livrait le pain, au petit matin dans la sublime blancheur du château de Chenonceau.
Homme de caractère et de convictions, il n'était pas imposant physiquement,
mais savait se faire respecter. Il aimait le rugby à la folie et son ami Aubin
au moins tout autant. A l'époque où il était très en vogue de tirer sur le demi de mêlée Tarbais, Lolo se mettait alors franchement en travers pour le défendre. C'est aussi ce que j'ai dû oser faire. Non plus par amitié, mais par conscience.
Enfin, et ce n'est pas la moindre des choses, c'est dans son magasin XV-Blanco qu'il accueillit l'un de nos enfants, lui tendant la main et lui permettant aussi d'être ce qu'il est devenu.
Bref, comme trop souvent et tout le monde -à tour de rôle-, j'ai les boules. 52 ans, c'est bien tôt mon gars, pour mettre les bouts. Je n'oublierai pas ta bonne humeur communicative qu'il t'arrivait d'introduire à Aubrac sur Mer (comme ici avec Monica, Nathalie et Aubin)...
J'ai gardé une vieille bouteille de Vouvray que je t'avais acheté quand, au salon de Bacchus, tu défendais aussi tes origines contrôlées. Je ne suis pas fan de vin doux, mais je vais la savourer comme si c'était mon pinard préféré.
A la tienne...
J.

Chronique du 16 juillet 2013


Electronique, nique, nique...


Ah la mode ! Etre ou ne pas être à ma mode ? Ainsi tourne le monde. Enfin le nôtre. Celui d'une partie, infime, ridicule -à bien des égards- de la planète.
A condition d'avoir du pognon, tu peux te permettre d'y être. A condition aussi de ressembler vaguement à quelque chose. Car là (pas Bruni, l'autre), car là dis-ai-je, il y a un peu de justice. Si tu as un bide stratosphérique et un cul comme la calotte claciaire, même avec du Chanel tu passes quand même pour un noc. Remarque, si tu as les mêmes dispositions physiques et que tu te sapes au « tout à deux balles » du coin, pour faire comme si, là on risque de te jeter des pierres.
Peu de choses me mettent plus en rogne que ces pauvres vilains qui collent aux vitrines de leurs Dieux Nespresso et BMW. Vous me rétorquerez que s'il n'y avait que des rupins apollons pour alimenter leurs caisses, il y aurait plein de boutiques à vendre. Je ne parle pas là spécifiquement de Toulon, car ici, c'est déjà fait. On en connaît déjà bien la cause : Parce que Toulon...
Alors la grande mode, à part les frusques qui rallongent ou raccourcissent, qui se portent très serrées ou trop amples, avec des fleurs ou des rayures, sur des tons pastels ou kakis... la grande mode, c'est la cigarette électronique. C'est si vrai que j'envisage d'en offrir une à maman pour ces quatre-vingt-cinq ans. Ne me regardez pas de travers, c'est inoffensif.

La reine de l'ennui, la voici donc. Ce n'est pas tant que nos anciennes cibiches soient moins bonnes, ni même qu'elles soient encore pécunièrement inaccessibles (par rapport aux nouvelles tiges en plexi, elles restent même données). Non le truc, c'est que ces espèces de pipes sans fourneau (mais pas sans culot) font terriblement tendance, « in » si vous préférez, chez tous les branchouillés du bulbe.
D'abord, ils vous expliquent que quelques bouffées de fumée artificielle et sans danger remplacent avantageusement la Marlboro des cow-boys. D'ailleurs il n'est pas impossible que l'on rende à Lucky Luke son mégot à condition qu'il marche à la vapeur. Certains ajouteront qu'il leur est à nouveau loisible de fumer au restaurant ce qui, j'avoue, nous manque tous énormément :
  • Pour madame un rumsteck d'Aubrac – aligot...
  • Ah non ! excusez moi, je n'ai pas fini de vapoter.

Ils nous parlent du geste, de la posture, de la sensation qui évoque en eux la vraie cigarette, sans en subir les effets destructeurs. Je n'en crois rien. D'ailleurs certains se vantent même de ne pas absorber un seul atome de nicotine ! Ce qui compte d'abord, c'est la tendance. Et c'est ainsi qu'à l'instant précis où le petit commerce exhangue se meurt d'un cancer généralisé, les boutiques dédiées à la plus belle trouvaille du siècle, s'implantent à chaque coin de quartier. Et ces champions du MAR-KE-TIN-GE, que j'admire presque autant que Bernard-Henri Lévy et Jean-Pierre Raffarin, vont s'en donner à coeur joie en tenant tous ces gogos par la tige et ne les lâcheront plus.
Le look (puisque tout contient dans ses quatre lettres) ne va cesser d'évoluer. Un simple tube en plastoque va se muer en bonne vieille clope qui rappellera celle de John Wayne dans le « Train fumera trois fois » ; elle se maquillera en bijou de luxe, histoire de rappeler aux autres que vous avez plus de pognon qu'eux (c'est commode dans les centres commerciaux quand on n'a pas sa bagnole pour le montrer). Il y en aura aussi en forme de canard pour le bain et de godemichet avec un stimulateur inclus pour les petites lèvres.
Elles auront bientôt le parfum des violettes, de la menthe, de la bergamote, si bien qu'on ne saura plus très bien si l'on boulotte une glace fantaisie ou si l'on crapote une fausse blonde. Il y aura les parfums des montagnes et de la mer pour l'évasion, puis sans tarder du véritable havane et... de la gauloise. A tel point que dans quelques années tous les anciens fumeurs -qui n'ont jamais arrêté au fond d'eux-mêmes- se remettront la cigarette au bec en profitant de tous ses effets, sans même déranger son voisin, ni mettre sa propre santé en danger.
Moi, si j'étais le gouvernement, je laisserai croître et embellir ces chimères. Vous imaginez l'immensité de la taxe que l'on pourrait récolter au nom de la mode, puis peut-être du génie inventif... Il serait alors toujours temps, au bout de quelques décennies, de trouver un monsieur Evin pour interdire de s'intoxiquer et de mourir à petit feu.
Car la cigarette électronique est terriblement nocive, cela va se soi et je n'en offrirai pas plus à ma maman qu'à mon pire ennemi...
Jaco

Le 14 juillet, place Lambert


 
J'ignore où vous étiez dimanche soir, mais pas ici ! Pourtant nous avions ouvert spécialement pour vous ! Dommage, vous avez raté un sublime bouquet final (pas encore celui d'Aubrac/mer), mais celui d'un feu long a démarrer mais dont la seule fin justifiait les moyens. Et c'est même la faim de Caro, Benji et leurs amis -dont Thimotée au premier plan-, de nos amis à nous, Ghis et Edmond, ainsi que d'un passage de touristes providentiels, qui nous ont valu de faire un score... moyen. 


 

 Chronique du 9 juillet 2013

   Un Tour de noc    

Il aura donc suffit que je présume le port de Pailhères et que je hume le grand air d'Ascou, pour que je repose un oeil sur ce maudit Tour. J'écris maudit pour ce qu'il est devenu -et a toujours été- brisant ainsi les mythes les plus beaux, ceux qui nous raccrochent à l'enfance.
J'ai môa-même disputé plusieurs Tour de France. Comment ? Vous l'ignoriez ? Entre 1970 et 1974, je prenais ma bécane tous les soirs, après le reportage, sur le coup des cinq heures et je refaisais l'étape tout seul, un peu comme au même âge, on fait l'amour. Mes échappées étaient solitaires mais elles n'en étaient pas moins épiques. Dans les cours de ferme, les mémés se levaient -qui sait si ce ne sont pas elles, à Brousse, entre Graulhet et Castres, qui ont inventé la ola ?-, les poules sortaient in extremis de ma trajectoire dans de faux envols en cris effarouchés et les clébards me tenaient la dragée haute dans les cols de 1e catégorie. Ils étaient d'ailleurs à l'origine de nombre de mes chutes qui ne se soldèrent jamais que par quelques brûlures superficielles, mais ô combien douloureuses, notamment à l'heure de la désinfection.
Je courais seul au milieu des chaumes de l'albigeois et pourtant je ne gagnais jamais !
Normal, dans les années soixante-dix j'incarnais à l'aune de mes grands rêves humains, Raymond Poulidor, qui était bien trop fort et aussi bien trop honnête, pour s'imposer dans un milieu où la rouerie paysanne s'avérait totalement insuffisante par rapport à la saloperie du business sportif. Je n'ai que très peu marché sur cette ligne de fracture qui opposait mon « Poupou » à Anquetil, car j'étais alors un peu jeune. 
Non, moi je l'ai vu se faire plumer par tous les autres, de Janssen à Merckx en passant par Thévenet. Même le pauvre Pingeon qui ne valait pas tripette, le déposséda de son dû, lorsque je le vis passer, en 1967 sur les pentes de Carlus, avec cinq minutes de retard, la gueule en sang et de travers... Je crois bien que c'est un CRS qui lui avait coupé la route dans la descente de Canguilan et je n'ose imaginer qu'il s'agissait d'un complot d'état... seulement un secret.
Mais j'ai bien dit que je jetais un oeil sur le Tour. Pas plus. Je ne lui ai jamais pardonné de n'avoir pas revêtu le torse bourru de mon héros limousin, sous le vil prétexte qu'il était un peu plus naïf et tellement plus intègre que les autres. Raymond retrouvait son souffle dans le Puymorens en s'enfilant une rasade de vin rouge sucré et tiède, tandis qu'autour de lui et depuis des décennies déjà, on s'empiffrait de cortisone, de cocaïne et toutes les cochonneries du genre.
On m'objecte souvent que je suis contre ceux qui réussissent. Qu'elle idée ! Je suis contre les tricheurs. Le seul petit souci, c'est que ce sont souvent les mêmes. Et faudrait-il avoir honte de préférer un rom qui pleure à l'angle d'une rue, à un Tapie qui gémit à la tête d'une fortune ? Hier, j'ai même filé une pièce au clodo, moi qui n'en ait pas tant que çà ! Merde, j'aurais dû plutôt l'envoyer à l'UMP, qui est tellement dans le besoin ! Tant pis, la prochaine fois...

Remarquez si le sport est totalement gangréné par le dopage – A-TOUS-LES-
ETAGES- et le pognon, il demeure des exceptions. Observez Marion Bartoli. Elle au moins, elle ne se dope pas ! Si ce n'est, éventuellement, avec de la saucisse au petit déjeuner. Non, croyez-moi, elle a gagné Wimbledon au mérite. Parce que c'est une très grosse compétitrice et qu'elle n'a eu à battre que la 152e joueuse mondiale. Les autres, les stars, qui ont la particularité d'être habituellement les meilleures et les plus belles, avaient déjà la tête à leur prochain défilé de mode.
Non, je ne suis décidément plus disposé à passer des après-midi entiers à regarder tourner des roues, qui ont certes le pouvoir de vous endormir au premier faux plat, mais dont on sait qu'elles ne tournent pas par l'opération du saint-esprit (formule qui revêt-là tout son caractère révélateur). Et puis il n'y a plus Jaja, pour commenter. Victime d'un accident de la route au printemps, sa peine a été doublée par une terrible révélation.
Vrai ou faux, ça m'ennuie parce que si jamais il me venait l'improbable envie de regarder une étape du Tour, je serais contraint d'enlever le son.
Ah non, parce que là , c 'est abuser ! comme disent les jeunes . France Télévisions, parfois, a de ces fulgurances ! Le commentateur en chef, là -Thierry je-ne-sais-comment- je n'en voudrais même pas pour animer la foire de Nasbinals ou comme pigiste à la Lozère nouvelle. Lui, c'est le noc de référence. Tenez, je viens de piger : ils ont dû le recruter parmi ceux qui courent au bord de la route, ventre à l'air, avec une casquette à pois rouges où c'est marqué : Champion... Du coup, Jaja indisponible, ils ont pris Vasseur pour tenir le micro du nase . Celui-là aussi il est propre. La preuve il dormait dans la chambre de Lance Armstrong ! Incognito.
Le panda aurait donc été chopé ? Pardon, dopé. Ché pas vous, mais moi j'y crois pas. Lui qui n'a jamais réussi à franchir un col en tête, ni à gagner quoi que ce soit d'intéressant, je ne vois vraiment pas ce qu'il aurait été mettre son long pif dans la farine. Vous le voyez, vous, Jalabert, se lever toutes les deux heures, la nuit, pour faire des pompes afin de faire circuler le sang ? Et puis à la Once, son équipe fétiche et celle du bon docteur Fuentes, c'est bien connu, on pouvait avoir confiance les yeux fermés. D'ailleurs notre champion Tarnais avait la particularité de monter sur ses grands vélos dès qu'on prononçait ce vocable inquisiteur : dopage.
Le brave type de la TV se transformait en Furie prête à vous arracher la langue dès que vous émettiez le moindre doute. C'est exactement la posture du blaireau Hinault qui par son attitude, sa morgue et sa grande gueule, dissuade et menace de putatifs accusateurs, qui n'auront donc jamais les couilles, ni surtout les preuves de le traiter de tricheur. Ce que je me garderais bien de faire à mon tour.
Enfin, désormais, ils peuvent monter tranquilles les Frome, Porte, Roggers, Evans and company. Ils peuvent se gaver de GW 156 et d'AICAR. Personne ne les connaît, ils parlent tous anglais et tout le monde s'en fout.
                                                                                                                         Jaco
 Chronique du 2 juillet 2013

        Et si Dieu allait exister !          

Tiens ! Je m'aperçois que cela fait un moment que je ne vous ai pas cassé les pieds avec votre conscience et que je n'ai pas fait bouillir, au fond de ma marmite, une mixture à base de veau d'Aubrac et d'humanité universelle. J'avais très envie, pour tout vous dire, de me rendre en Afrique du Sud -où j'ai passé un peu de temps -rugbystique- en 1995 et un peu moins -touristique- en 2010- en mettant mes petits pieds dans les traces du géant. Mais il résiste encore le vieux Madiba. Après avoir passé trente ans dans les geôles de l'apartheid et survécu trois décennies de plus à la tuberculose, il est bien capable de retrouver son souffle pour faire tirer six mois, ce bon Nelson. Enfin, il recule encore pour mieux sauter, mais il finira bien par franchir la grande porte vers cette sorte d'éternité où il n'aura à côtoyer personne d'autre, à mon sens, que le père Hugo, le grand Charles, éventuellement Roosevelt et Gandhi. Peut-être y croisera-t-il, un type en drap immaculé avec une barbe tout aussi blanche s'appuyant sur un sceptre d'or. Je ne sais alors qui serait le plus impressionné par l'autre ?
Ce sur quoi, on peut d'ores et déjà s'engager, c'est qu'un Dieu nègre existe, on l'a rencontré du côté de Soweto. Du reste, il me vient une idée. Puisque l'humanité, semble-t-il, a besoin de s'en référer à quelqu'un, là-haut, pourquoi ne choisirait-elle pas un type passé par chez nous et dont on n'aurait pu aussi bien palper la chair - et le cuir solide, le bougre! - que mesurer l'exemplarité. Mandela dans le rôle du premier Dieu désigné par ses fidèles, ça aurait une de ces gueules ! Et qui sait si je ne me mettrais pas à fréquenter les églises en tapant du gospel dans mes mains devenues noires.
Ouais, je sais j'affabule, je délire et j'extrapole. Un peu comme tous les médias -et les chaînes continues notamment- qui nous infligent en boucle les dernières péripéties du héros sud-africain. Qui vient le voir, qui a annulé son déplacement au Mozambique, qui est rentré d'urgence, sa nouvelle femme, Winnie son « ex », le dernier bulletin médical ? On ne nous épargne rien de la lente agonie du grand homme, même si on ne sait pas encore s'il a bien été à la selle aujourd'hui. Car oui, même Dieu peut faire caca...
Ce qui est bête pour lui, c'est qu'avec le Tour de France, il y aura forcément moins de place sur le journal, I té-vé (!) et France Bla-bla durant ce mois de juillet. L'idéal serait qu'il monte au ciel entre l'arrivée aux Champs et la rentrée sociale du 26 août. Et puisque je les tiens, ceux-là, les médias, je voudrais juste vous ramener à ce qui... m'amène. La conscience. Les médias ont-ils une conscience ? Beau sujet du bac ? Non ! Ça ne se discute même pas. S'ils avaient une conscience, croyez-moi, même le populo de la Mayenne s'en serait aperçu...
Tenez ! Si j'écris 11 septembre 2001. Vous pensez à quoi ? Si je rajoute World Trade Center, vous y êtes. Vous pourriez même alimenter vous-même : Manhattan, New York, Etats-Unis.
Maintenant si je lance : 24 avril 2013. Qu'est-ce que vous en dites ? Rien pardi, il faut reconnaître qu'elle date, cette histoire : plus de deux mois ! L'immeuble, c'est le Rana Plaza dans le quartier de Savar, Dacca, Bangladesh. Alors là, ça vous en bouche un coin, ou alors commencez-vous  à me suivre ? Allez ! ne vous excusez pas. Vous n'êtes responsable que de vos choix et de vos sources. Lire le journal du coin de MM Hersant et Tapie, écouter RMC de Bolloré et regarder TFI de Bouygues ça ne peut guère vous ouvrir l'esprit et moins encore vous éclairer sur ce qui se passe objectivement dans le monde.
Les tours jumelles ont donc été frappées par ces salauds d'arabes qui n'ont de cesse de détruire l'occident tout en violant nos femmes et en volant nos bagnoles. Ils n'ont pas lésiné en jetant des jets -comme ils-disent là-bas- sur l'une des plus grandes fiertés de l'économie mondialisée et sacrément décomplexée -la vache !-.
Avec ses huit malheureux étages (contre 110 à Manhattan), l'immeuble crasseux de Dacca n'a même pas eu besoin de la détonation d'un mur du son. Il est tombé comme un grand. Sur quelques milliers de petites mains entassées dans d'obscurs ateliers. Elles pouvaient d'ailleurs s'estimer heureuses car c'est grâce aux grands groupes multinationaux qu'elles gagnaient leur trente centimes de l'heure soit la somme exorbitante de 30 euros par mois. Je sais pas vous, mais moi, si j'avais trente euros... Et puis ils sont jamais content ces types. Comme disait Coluche, qu'il pleuve, qu'il fasse chaud, c'est toujours sur eux que ça tombe : et bang... d'la dèche...
Cela fait certes 2750 victimes à Manhattan, autant de drames familiaux et c'est atroce. Mais ceux-là ne sont pas morts pour rien. L'occident, sous l'emprise de son maître américain, sut profiter du drame pour reprendre d'une main de fer, tout ce qu'il avait dû lâcher de l'autre depuis la fin de la guerre froide.
Quant aux 1229 esclaves des grands groupes textiles qui ont perdu la vie sous les gravats du profit des uns et de l'indifférence de tout le monde, ils sont morts pour … trois fois rien.
Alors j'y viens à votre conscience. Quand vous achetez une marinière, une paire de pompes, ou une bagnole, vérifiez que le mec ou la gonzesse qui ont bossé dessus aient été payés correctement. A moins que vous ne partiez-vous même au boulot le matin pour gagner trente centimes de l'heure.
Et si votre string, votre pull, votre machine à laver vous semblent un peu chers parce qu'ils ont été confectionnés à Montmirail ou à Labastide plutôt qu'à Dresde ou au Burundi, vous n'avez qu'à en changer moins souvent. Et si vous pratiquez ainsi pour tout ce qui est utile en négligeant d'acheter tout ce qui ne l'est pas du tout (Dior, Nike, Versace , tablettes numériques, iPhone, parfaitement nuisibles à votre santé mentale), vous verrez qu'il vous restera assez d'argent. Non pas pour reconstruire des tours jumelles, mais pour envoyer aux petits n'enfants d'Asie et d'Afrique qui ont mieux à faire à l'école que dans les usines insalubres où ils cousent des fringues pour embellir le capital.
Je compte, d'ailleurs, en référer à notre futur Dieu dés qu'il sera installé !!!

                                                                                                                           Jaco
 Chronique du 25 juin 2013

    Artichaut, archi-cher            
 

Ce qui me fout en boule les amis, c'est de constater que des snoc scrutent notre carte en dodelinant du cigare. « Restaurant garanti sans frite, ni congélateur » ça les laisse de... glace ! Et le meilleur tartare du monde, la cuisine de grand-mère et la viande d'Aubrac label rouge... ils s'en foutent les types ! Ils préfèrent les moules à volonté pour 9,50 €. Tenez, je leur souhaite de s'intoxiquer, salauds de pauvres. Le pire dans tout ça, c'est que dans le lot (pas le département, mais le rassemblement de couillons) , il n'y a pas que des touristes !
Jusqu'ici, nous leur proposions même des artichauts tout frais du marché. Ah ! Il me tardait d'y arriver à la pleine saison de ce merveilleux légume, certes dérivé du chardon et de la carde, mais néanmoins bougrement bon. Avec de l'agneau de l'Aveyron en ragoût et une petite pointe de crème et de jaune d'oeuf, ça vous fait une blanquette à tomber à la renverse. Et les petits farcis aubraciens à la saucisse au couteau de l'ami Conquet, avec un artichaut au milieu, sont encore meilleurs que les meilleurs du monde (déjà en vente ici même).
Certes, comme les béotiens qui traînent sur la place Lambert n'y connaissent tristement rien, ça ne leur manque pas. Moi, si ! Parce que c'est décidé, j'arrête ! On ne peut pas éternellement souhaiter le bonheur d'autrui s'il s'obstine à ne construire son palais qu'à grands coups de petits bâtons de patates congelées jetées dans un ignoble bain d'huile de palme (qui n'a cependant rien à voir avec la graisse de canard !!!)
Et puis vous avez vu le prix de l'artichaut ? Avant, -l'ère Coluche, je crois- , on prétendait qu'il s'agissait du plat des pauvres. C'était le seul légume où il en restait davantage qu'avant qu'on ne le mange. Maintenant, c'est autre chose. Je comprends mieux que l'argot ait transformé le pognon, la thune, le flouze, en artiche. Vous m'objecterez sans doute que l'on utilise aussi le radis et l'oseille pour évoquer cette saleté de pognon qui fait battre le monde et rend les gens tellement laids. Mais convenez que c'est tout de même moins savoureux et nettement plus abordable quand on passe à la caisse. Quoi que, le calendrier des légumes de saison me promettait tout de même un été prospère, puisque c'est à partir de juin et jusqu'en novembre que s'étale la saison de ce magnifique millefeuille vert.
Jusque-là, je n'avais pas été trop malheureux sur le marché de Lafayette avec un cours moyen à 1,40 € le kilo. Mais c'est la provenance qui chagrinait ma généreuse et génétique conscience. Depuis la fin de l'hiver mon revendeur s'approvisionnait de têtes issues du maraîchage espagnol, italien et marocain. Attention, nous sommes mondialisés à nos corps -et esprits- défendants, mais si nous pouvions produire, consommer et même péter français, je ne vois pas pourquoi on s'en priverait.
Je passe, vous le savez, mon blog à décrier tous ceux qui pestent après le chômage, les impôts et tout ce qui porte un O circonflexe, mais qui roulent en Volkswagen, en Toyota, quand ce n'est pas, raffinement de l'indécence, en Audi ou en BMW...
Oui, parce que l'artichaut a la mauvaise réputation -et odeur- de faire péter. C'est très simple, sa composition chimique le conduit à fermenter très vite dans vos intestins. Et par ici la musique. Mais moi, ce qui me ferait plutôt c... c'est son prix. 1,40 € -disais-je- hors-saison lorsqu'il provient des sols surchauffés du Maghreb, des rives du Nil, d'Andalousie ou de Sicile. Et lorsque le joli moi de mai arrive, ma foi, notre production à nous se situe toujours autour d'1,40 mais... la pièce ! Quand à nos jolis bouquets de poivrades, ils s'affichent fièrement à 3,95 € ! Cinq malheureuses têtes d'épingle qui, une fois apprêtées ne dépasseront guère les cent grammes. Presque quatre euros (pas loin d'une trentaine de francs pour ceux qui, comme moi, aiment se prendre la tête entre les mains et se faire mal en procédant encore, quinze ans après, à la conversion qui tue, mais qui en a enrichi tant d'autres sur les marchés notamment !). A ce train-là, les truffes et les morilles ne reviendront guère plus cher. Et l'accompagnement deviendra plus onéreux qu'une belle pièce de boeuf d'Aubrac, même de chez Conquet !
Du coup, l'un de mes fournisseurs m'a confessé : « A ce prix-là, tu peux croire qu'ils pourriraient dans les caisses. Qui tu veux qui achète-ça ? Alors je les leur laisse... » Dramatique non ?
Et alors, qu'est-ce qu'on fait ? On se décide à la replanter cette France en jachère ? On s'y remet au boulot ? On l'aime cette terre, pour qu'elle nous le rende au centuple ? Ou on la quitte ? -comme le suggérait l'autre brêle qui a d'ailleurs suscité pas mal de vocations parmi ses soutiens...-
Réfléchissons-y. Mais en attendant je vais proposer au type qui persiste à vouloir me vendre son minuscule bouquet de violets au prix du safran, de me reprendre tout ce que je n'utilise pas dans l'artichaut... Tenez, je suis même prêt à lui faire un prix d'ami. Mais en euros. Il faut quand même pas abuser !
Jaco
PS : Comme je m'inquiétais récemment de n'avoir reçu aucune correction "C'est rouge mais juste" de mon beau B.O., je lui envoyai un petit courriel "au secours". J'appris alors que Bernard avait le rouge au coeur. Il venait de perdre son papa après trois semaines extrêmement pénibles. Je ne sais trop quoi dire, mais je sais quoi penser. Son papa, Maurice, vécut à Montauban, non loin de là où je me suis moi-même construit. C'était un résistant, un journaliste, un écrivain. Sûrement un type bien. Et pas seulement parce qu'il vient de nous quitter. B.O. c'est con de le dire, mais nous sommes tous, ici, avec toi...      

Bachelor bien coiffé

Voici Eddie comme nous ne l'avions jamais vu depuis sa communion. Bien rasé, belle cravate et ce petit air de ne toucher à rien ! Le gendre idéal en somme. Ou alors de directeur d'un Sofitel à Dubaï. Va-t'en voir, peut-être les deux ? Car comme dirait mon papa, on ne sait jamais ce que les gens polis... sont !

 Chronique du 18 juin 2013



        Chanter, c'est vivre                

Il est deux heures du mat' et je guette dans le filet de voix de Berco le moindre déclin, la plus infime lassitude. J'attends qu'il trantole vers son ultime tripous, pour lever le camp. C'est pas que je m'ennuie, mais je vois Stéf et Awa qui baillent aux corneilles et la Marie qui s'affaire inquiète – toujours- autour de ses verres. Demain, enfin, tout à l'heure, « ils » reviennent à vingt et quelques pour déjeuner. Un groupe que l'on ne connaît certes pas, mais que l'on se garderait bien, pour autant, de maltraiter.
Il y a dix ans, peut-être cinq, je me serais réellement inquiété. Peut-être même impatienté. Mais, en prenant de la bouteille, c'est bien connu on devient moins raisonnable. Début juin, nous chantions ensemble et ici même, le refrain moustatéque : « Nous avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour nous reposer... » Et pendant qu'il se repose, ce cono, nous, on bosse. Enfin on bosse... On est là, ils sont autour de nous, les types d'Occi-Cant, et j'ai une trique de jeune homme au petit matin plein de promesse. Je ne suis plus dans l'idée que je me fais de la vie, je suis dans la vie. Comme une juste récompense à tant de désespérance. Et s'il n'y avait cette merde d'aligot, je vous confierais volontiers que je suis le plus heureux des hommes.
Oui, j'ai bien dit. Cette merde d'aligot. Parce qu'ici, autour de cette table il y a notre chantre (très haut et très juste), notre barde (un peu blanche), notre pote d'Ollioules et de l'Aveyron, le même Berco (vous le reconnaîtrez, c'est celui qui ne s'arrête jamais). Ce vieux fou, géologo et cantaire a composé pour nous, cette « ode à la pommade rouergate » que nous vous resservons de temps en temps dans ce blog et que certains ont lu, si vous êtes un tantinet attentif à ce qui s'y passe. Donc, mon aligot ne vaut rien ! Il a « cagué » comme disent mes commensaux en ricanant, tout en m'affirmant qu'il est très bon.
Le problème c'est que la composition chimique de la tomme fraîche, c'est tout une histoire. De PH et de quicom maï. Et lorsque nos maîtresses d'Aubrac montent dans les estives et se remettent à l'herbe fraîche, après les émotions d'une longue transhumance, elles prennent un peu d'acidité dans le lait. Vous me direz : « de quoi je mamelle ? » Et bien je vais vous le dire, ces snoc de « Jeune montagne » à Laguiole, ils en ont rien à traire, que la tomme ne vaille rien. Tu leur en commandes huit kilos, ils te les mettent... Et tu te démerdes avec. En gros, tu les jettes. Mais au fait... tu les paies quand même ? Oui, un oeil. Enfin ça c'est l'Aveyron. Moi j'ai tout en commun avec l'Aveyron. Mais tout nous sépare. Parce que pour le pognon, c'est sûr, ils seraient capables de sacrifier... un aligot !
A vingt heures, ils étaient-là, pétante. Pétant de santé aussi. Sans leur chapeau noir et leur veston rouge. Ça s'est pour les grands événements, à portée de drop de la place Lambert (quand on oublie pas de les inviter !). Seul Jean-Pierre porte la casquette. Mais il fait bon, doux comme un chant rural occitan, presque chaud comme une polyphonie corse.
Jamais je n'avais pu envisager que cette soirée soit autrement qu'une fête. Le triomphe de la gentillesse spontanée, de la générosité absolue, de la sensibilité à fleur de peau. Jamais je ne m'étais éveillé la nuit avec cette angoisse, qui m'assaille souvent et me fait cauchemarder des frigos en panne, des hordes de cafards gros comme l'index ou... de la tomme qui ne file pas ! Et même à cinquante cinq ans, on s'étonne encore de cette sérénité.
Un Michel était debout le poing en l'air ; un autre jubilait sans se démunir d'un petit sourire commissural qu'il partageait avec son voisin André ; un vieux Lion s'accrochait sans rugir en fond de terrasse ; la québecoise se laissait séduire par les choeurs ; Benji et Jean-Ba, leurs compagnes et leur famille découvraient un autre registre des enchanteurs de Mayol ; Pierre, Jean-Michel -le Chaurien-, son ami Christian et leurs épouses faisaient corps, maintenant avec la troupe débout, intarrissable, inaltérable. La fontaine s'est tue peu avant dix heures, ma Joanèta avait déjà vu le loup et elle en était morte, mais j'avais toujours du feu au fond de moi. Jacques donnait toujours le la ; Jean-Marc, le pédago du groupe, présentait chaque chant minutieusement avant que le côté Corsi Canti  ne s'offre une magnifique incursion en terre occitano-provençale, avec ce Christian moins imprégné d'Aveyron mais désignant fièrement le cap Corse...
Nous en finîmes -fatalement, jubilatoirement- avec la Coupo Santo et Bella Ciao, les gens debout frappant frénétiquement dans les mains dans un mouvement d'allégresse comme la place Lambert n'en avait sans doute jamais connu. Jean-Pierre et les siens avaient accepté de venir nous offrir deux heures d'aubade pour une bouchée de pain. Nous allions devoir la partager. Mais ce n'était pas tout. Il allait falloir chanter. Moi qui ne sais si j'ai une voix haute, basse ou fausse, je me retrouvais au milieu du plus beau choeur de la Méditerranée. La Montagne et Moustaki -il était encore là celui-ci !-. Si j'avais aimé La danse des canards ou Comme un ouragan , ils m'auraient suivi. Pareil ! Christian m'a gratifié d'un Sans la nommer en version originale puis Corse : « Je voudrais, sans la nommer,Vous parler d'elle.Bien-aimée ou mal aimée, Elle est fidèle, Et si vous voulez Que je vous la présente, On l'appelle révolution permanente. »
On a ri, on a bu, on a beaucoup chanté. Hé oui, on a envie de les suivre jusqu'au bout, ces mecs-là qui ne s'arrêtent jamais. Parce que chanter c'est aimer, respirer, vibrer. C'est vivre.
                                                                                  Jaco


Retrouvez Occi-Cant sur son excellent site www.occicant.org
Vous pouvez acquérir leur CD y compris à Aubrac/mer, s'il nous en reste.




« Aligot ...! go...! go...! » selon Christian 
Nous avons reçu ce cri de ralliement de notre ami Christian, tellement provençal et pourtant passionné d'Aveyron comme nous. Et quand il ne chante pas -avec le groupe Occi'cant- le Coupo Santo sur la pelouse de Mayol, il chante le terroir, la gastronomie, l'amitié. Voici sa carte postale à lui que l'on aurait pu rebaptiser Coupo d'aligot :
« Aligot... ! go... ! go...!
Cri de ralliement bien connu des addicts de la pommade rouergate.
Moi, c'est pas compliqué : en 5 jours (trop courts) passés aux confins tarno-aveyronnais, du 1 au 5/08, je m'en suis enfilé, goulument, résolument, avidement, incontestablement, incontournablement, volontairement, passionnément -m'avez compris- :  aligot/saucisses le 1 au soir à Sauveterre de Rouergue,  aligot/jarret de porc le 2 au soir à Monesties , itou entrecôte, si... si... même lieu le 3 au soir, à midi avec une andouillette -woueï !,  le 4 à Najac, -Et le 5 ? RELACHE.
Ceci étant proclamé, revendiqué, affirmé, que dis-je ?, bu et approuvé avec des Gaillac blancs, éventuellement "perlés",  je suis déjà z'en manque.
Tu vois, nous on a l'ailhet, p... ça me plait, mais après, c'est bien connu, faut faire un pénéqué et  surtout pas aller carigner, que la belle elle va pas le supporter. Tandis que l'aligot, ça glisse, ça onctue,  ça satine, ça adoucit, ç'est moelleux, paisible, compréhensif, tolérant.
Une fois digéré tu peux t'y recoller, ça prête pas à conséquence.
Que du bonheur.
Bon, Saints Nasbinals, Chély, Urcize et Enimie que votre aligot soit sanctifié et, si ce n'est déjà fait,  inscrit au patrimoine de l'humanité. »
Crestian; lo geolog occicantesque.

 Chronique du 11 juin 2013
Antoine m'a dit d'aller
me faire voir sur facebook, oh yeah !

Ceux qui nous suivent depuis des lustres le savent, tout ce qui est en vogue m'irrite. Et pas seulement parce que c'est en vogue. C'est que tant de choses irritent, hérissent et désespèrent, pour si peu que l'on n'ait pas égaré, dans la pensée unique ambiante, submergeante et débilitante, sa disposition - plus ou moins disponible- à s'indigner.

Tenez, facebook (1) ! Avant mon vieux copain de café, Antoine -toulonnais cultivé, délicat et désabusé-, il y avait eu Jean-Baptiste. Notre jeune fils qui avait eu l'illusion démesurée de nous accompagner dans notre immersion dans les tréfonds du bagne de Toulon. C'est lui, ce cono, qui le premier avait eu l'idée brillante et ô combien originale de nous faire entrer dans cette espèce de mégasphère pullulante et purulente, où se fréquentent de manière aussi artificielle que finalement dérisoire, tous les faux-culs et les écervelés de la planisphère. Car selon la formule qui a fait florès, si tous ceux qui y sont ne sont pas des snoc, tous les snoc y sont...

Qu'en avais-je donc à faire que Dupont soit mon ami, s'il ne prenait jamais la peine de parcourir cinq cents mètres à pinces pour s'asseoir à la table d'Aubrac sur mer et ainsi aider, par sa présence, un tout petit restaurant à exister sur d'autres valeurs que celles du paraître, du copinage à la noix, du soleil et de la congélation ?

Aussi m'étais-je rapidement sorti de cet immense marché de dupes, cette foire aux sentiments soldés, ce déballage grossier et dépourvu d'intérêt... Il me semblait -et il me semble encore- que les blondes désoeuvrées et à gros bonnets, avaient davantage leur place sur cette toile en trompe-l'oeil, qu'un vieux misanthrope qui se distingue de ses semblables par le vague espoir que l'on peut éventuellement faire du neuf avec du vrai.

Que cela soit bien entendu, je ne déteste pas montrer mon cul, mais je préfère maîtriser le support sur lequel je le pose. S'agissant du fameux « book », l'idée de m'assoir sur cette face, ne me circonvient nullement. Peut-être à cause des cornes. Sur mon blog et son petit millier de lecteurs, au moins, je maîtrise. Et méprise les traitrises. Tandis que là, dans ce réseau tentaculaire et planétaire, comment voulez-vous influer ou tout au moins résister à cette pieuvre, dont l'intelligence, pour être céphalopodique, n'en demeure pas moins effrayante et inversement proportionnelle à l'essentiel de celles qui la fréquentent.

Il faut être puéril et juvénile pour envisager que facebook puisse régler le moindre problème sur cette terre et défendre toute forme d'humanité. Il en constitue même l'exacte antithèse. Mais il faut être un « gérontil » de mon espèce pour imaginer que l'on touchera à un seul fil de ce réseau que l'on peut désigner comme un géant, un ogre, un monstre. Et sans faille avec ça, car il ne craint pas plus des chevilles -comme Achille- que des cheveux -comme Samson-. Ni d'ailleurs des chansons... -comme Dalida (!!!)-


Je ne sais pas si mon excellent Antoine -lui même sous l'influence de Morgane et Isaure- croit un seul instant à ce qu'il professe du haut de sa chaire de la Table d'Hermès, mais il peut être fier d'avoir ébranlé, non pas mes convictions -il faut quand même se calmer- mais ma capacité à résister.

Car je vais effectivement finir par penser que tenir l'un des meilleurs restaurants de l'hyper-centre avec des produits d'exception à Toulon ne suffit pas pour travailler correctement. Il faut avoir la mer ou être sur facebook. L'idéal -et de loin- étant d'avoir les deux.

Jusqu'ici ma seule concession, ma pâle contribution à un réseau autre que le mien, se faisait à travers twitter. Un truc censé être plus subtil, mais où, au final, l'utilisateur est là pour vendre quelque chose (Aubrac sur mer par exemple), des idées ou des égos. On y trouve de bons mots, quelques références enrichissantes, mais aussi beaucoup de blabla dont le seul mérite est d'en limiter les seirennoc à 140 signes...

Je risque donc d'être contraint -je préfère m'en excuser à l'avance- de m'adresser, derechef, à un tas de béotiens qui deviendront aussitôt mes « amis », sans qu'ils puissent imaginer à quel point je les emmerde. J'aurais largement préféré continuer cet échange intime et fraternel, au travers d'un blog original et travaillé, que je partage avec des centaines d« abonnés » triés sur le volet depuis quatre ans. Mais cela demeure trop nettement insuffisant.

Ce n'est pas encore demain la veille que le bon goût s'imposera de lui-même. Alors nous re-servirons sur la toile, le sublime quatrain de Nicolas Boileau :

« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,

Polissez-le sans cesse, et le repolissez,

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. »

                                                                                                                                                         Jaco



  1. La légende veut que les enfants de serfs masqués, jouaient à se chercher dans les bas-fonds des villes, sans connaître la tête de l'animal qu'ils portaient. Le gagnant était celui qui capturait le porteur d'une face de bouc. C'est également d'ici que viendrait l'expression : « être le bouc émissaire ».


 Chronique du 4 juin 2013
         Tu es ce que tu manges           


Pendant que l'on guette le client, un samedi 1e juin, place Lambert, où l'on devrait se précipiter chez nous au nom des vertus de la race - Aubrac- et des valeurs du bon goût et de l'honnêteté, on se console en apprenant que deux élus se battent, afin de protéger le vrai restaurant de tous ces prédateurs qui tiennent un business, une « affaire », comme ils disent.
Le couple socialo- UMP de Gironde et du Pas de Calais, composé de Pascale Got et Daniel Fesquelle, souhaite amender la loi Hamon en y incluant la restriction suivante : « n'auront droit à l'appellation restaurant que les endroits où tout est cuisiné sur place à partir de produits bruts. »
Je les aime déjà Pacale et Daniel, non parce que l'une est de gauche et l'autre de droite, mais parce que ce sont de sacrés utopistes. Et chaque fois que je peux recaser le fameux postulat « guévariste » : Soyons réaliste, exigeons l'impossible, mes papilles intellectuelles sont en émoi, sautent de joie. Certes les utopistes ne sont guère en odeur de sainteté dans ce pays où le seul rêve se réfugie, lamentable, dans le jeu, le gain et le superficiel. Et c'est déjà une petite victoire pour ceux, aux côtés desquels je me suis rangé en naissant entre la Place Jean-Jaurés et le musée Goya, entre Carmaux et Castres, d'envisager que des élus de la République se saisissent subitement d'un sujet tenu sous le boisseau depuis le temps des tavernes...
Imaginez donc, tout à coup, les restaurants contraints de faire à manger ! Alors qu'ils n'avaient jusque-là pour seul objet que de faire du fric. Ça les changerait bougrement. Se lever tôt, laver la salade, éplucher les patates, tailler un tartare dans les deux minutes suivant la commande et payer cette viande d'origine contrôlée ou le poisson sorti de l'eau, à leurs vrais prix ! Une révolution qui leur coûterait un oeil, les contraindrait à embaucher, et peut-être même à cuisiner !
En réalité, si l'on s'en tenait au projet stricto sensu, s'il avait l'heur d'être adopté d'abord par Hamon, puis voté par l'assemblée, de deux choses l'une : soit il n'y aurait quasiment plus de restaurants dans nos contrées, soit la plupart joueraient avec la loi et esquiveraient les contrôles.

Je connais déjà des marchands de congelé qui inscrivent au fronton de leurs établissements « Ici tous nos plats sont faits maison » alors qu'on ne leur demande rien ; alors pensez si, tout à trac, il leur fallait subitement faire réellement semblant.
Car qui peut croire que les puissants lobbies de l'hôtellerie vont se laisser entraîner sur cette planche huileuse en diable et que Métro, roi du produit prêt à micro-onder vont laisser deux illuminés gâcher leur sauce à l'oseille ? Tenter de moraliser une industrie qui nous roule dans la farine, nous intoxique et nous détrousse éhontément depuis des lustres, ne relève plus de l'utopie, mais du delirium tremens ! A la vôtre...
Je les aime Pascale et Daniel, mais j'ai fortement envie de les dissuader de cette croisade homérique et cervantesque. Chapeau bas, madame et monsieur d'y avoir pensé. Mais je préfère encore qu'il n'y ait pas de loi, plutôt que de constater que tout autour de moi, elle est contournée, outragée et bafouée. Et en prime : labellisée.
Car si elle devait entrer en vigeur, pour l'appliquer au pied de la lettre, je serais capable de renoncer aux tripous que tricote et conserve pour moi le brave Conquet et aux poulpes qui sont les seuls admis à rentrer raides congelés chez nous. Tandis que les autres attendraient tranquillement le premier contrôle pour soutenir, la main sur le coeur, qu'ils ne savaient pas, avant d'aussitôt... recommencer !
Ce qui me navre d'ailleurs, car c'est vers eux que le consommateur moyen se précipite encore comme un moustique vers la lumière nocturne. La dernière mode à Toulon consiste à rechercher non pas des restaurants intègres et de qualité, mais équipés d'un poste de télévision. Si, si, vous avez bien lu « Est-ce que vous avez la télévision ? » nous demande t-on sans rire, depuis dix jours ! Alors si maintenant les gens vont regarder la téloche au restaurant, je crois qu'ils méritent réellement, définitivement, ce qu'ils mangent. Ils ne risquent plus de s'intoxiquer, ils le sont déjà !
« Tu es ce que tu manges ! » devisait le brillant et savoureux Anselme (Brillat-Savarin). Tiens, ça m'énerve. Je vous laisse méditer là-dessus...
                                                                                                                         Jaco

Quand Aubrac (sur mer) revient à la Résistance



Pour nous faire ouvrir un lundi, il faut vraiment être motivé et motivant. Ce fut le cas, avec les deux Gérard (Estragon et Martin) que l'on aime et pas seulement parce qu'ils apprécient ce que l'on fait, place Lambert, depuis quatre ans. Et lorsqu'on porte le nom d'Aubrac, il n'y a rien de bien étonnant à ce que l'on se sente concerné par la Résistance. Nous organisions donc, à leur demande, le repas suivant les cérémonies du 70 e anniversaire du CNR et de la terrible fin de Jean Moulin. La section varoise de l'ANACR recevait une délégation de résistants et partisans italiens. Nous étions également honorés de la présence du docteur Paul Raybaud le doyen des résistants varois (92 ans) dont l'histoire retiendra l'engagement héroïque sur les plateaux du haut-var parmi les FTP. 
Après les cérémonies matinales en divers endroits de Toulon, nos convives rejoignaient les élèves du collège Peiresc pour une ultime conférence.













La diagonale de Georges
par Gérard Estragon


Et tant que nous y sommes, restons sur Gérard. Estragon. Un nom qui relève les plats, notre tartare notamment. Mais également le niveau de Toulon. Il appartient à cette phalange, non allez, je préfère à cette frange, qui défend obstinément une certaine idée de la culture. Dentiste et politicien dans une autre vie, Gérard s'épanouit désormais dans les arts plastiques et l'écriture, qu'il sert aussi bien d'ailleurs que l'amitié.
Auteur prolixe, il nous entraîne dans son dernier ouvrage sur La diagonale de Georges. Elle croise le chemin de Stevenson et de Saint-Jacques sans jamais les imiter. Sa route à lui, n'en est pas moins chaotique et le mène de La Joliette à l'improbable Bénévent-L'Abbaye. Dans la Creuse. Synonyme de vide pour les béotien, car on y mène là-bas de belles vies bien remplies. Mais on se demande bien : pourquoi la Creuse ?
Parce qu'il y a une fille que Georges aime. Et le narrateur, Louis, loin d'être convaincu de l'opportunité de la trajectoire, se laisse entraîner par sa curiosité. Qui se transformera promptement en rêve. De camion poussif en tracteur de circonstance, ils avancent les deux jeunes étudiants en rupture, découvrent les collines d'Ardêche le plateau des Millevaches. Ils découvrent surtout les hommes. Et mesurent leur ignorance. Ils marchent, s'épuisent, doutent, s'étonnent. Chantonnent. Ils iront comme ça au bout de leur désillusion. Avec cette passion excessive, sans laquelle elle n'existerait pas.
C'est écrit avec beaucoup de légèreté et d'humour. Avec un supplément d'humanité. Comme toujours quand c'est signé Estragon.
Editions Edilivre -17 € - en vente dans les librairies ou sur le net http://www.edilivre.com/la-diagonale-de-georges-le57455c11.html


 Chronique du 28 mai 2013

          Les amis de Georges...          


Quand on pense qu'il y a des gens qui râlent parce qu'il y a du mistral et qu'on ne peut pas leur dresser les parasols pour manger sur la terrasse ! Vous vous rendez compte, ce qui peut rendre les gens malheureux ! J'en connais d'autres, quand il flotte, même en juillet, qui se  mettent un disque de Moustaki, une entrecôte à la poêle et, bien à l'abri dans leur cuisine, sont parfaitement heureux...
« Nous avons toute la vie pour nous amuser, nous avons toute la mort pour nous reposer... » Ça me fait penser qu'il est mort, ce cono de Grec. Et à cause de lui, là, pour le coup, mistral ou pluie, j'ai vraiment les boules. Barbara, Brassens , Brel, Reggiani... A dégager ! Pour le coup, je rends grâce à Edison et tous ceux qui n'ont cessé de graver nos poètes chantants et d'en améliorer la tonalité, du 45 tours à la clé USB. Car même à la retraite on n'a pas assez de temps pour écouter tous ces trésors qui nous font oublier que derrière les artifices et la déconfiture des Nouvelles Stars, Popstar, The Voice et cette litanie de concours de chant à la noix, se sont dressés d'immenses monuments de la chanson, sur qui le temps n'aura pas plus de prise que sur Mozart, Rostropovitch, et … André Rieu (non là je déconne).
Que nous ayons quarante ou quatre vingts ans, nous avions tous une Gueule de métèque dans la tête. Une grande barbe blanche, un sourire discret, une bonté d'âme et un rien de nostalgie dans le regard posé sur ce monde en capilotade. Moustaki entama sa carrière en gribouillant des paroles de Milord pour la grande Piaf. Et en passant probablement à la « casserole ». J'avoue qu'à l'idée de finir dans le pieu de la petite Edith, j'aurais préféré sans doute ne jamais rencontrer le succès. Voir même me taper une tourterelle cacochyme. Mais, regardez, on n'en meurt pas. L'ami Georges a survécu jusqu'à 79 ans et Charles rayonne encore !
Mine de rien, même si ça ne rime plus à grand chose, il fut un porte-drapeau de cet hédonisme dont on cherche confusément à nous départir, tant il est capital pour ceux qui nous orientent, de pousser à la consommation et à la seule recherche d'une place au soleil. L'hédonisme cela ne consiste pas, comme les blondes, à dire à tout bout de champ « et donc... » L'hédonisme, c'est savoir profiter de tous les plaisirs essentiels et existentiels. C'est pousser jusqu'à la folie, la nécessité impérieuse d'être un homme libre.
Tout le contraire de ces gogos -esclaves qui s'ignorent au point de se croire malins, voire supérieurs- qui poussent leur caddy à toute allure du jour et de l'ennui -même le dimanche- à Grand Var ou à Ikéa. A ce sujet, j'ai une petite anecdote. L'une de nos voisines de la place Lambert, par ailleurs cliente et donc amie, me racontait le jour même de la disparition de Moustaki, qu'elle s'était laissé piéger chez les marchands de tout, ces sauvages et iconoclastes bandits suédois qui vous détroussent comme au coin d'un bois (tiens ! Celle-là, elle est pas trop mal, je vous la donne). « Mon Dieu, Jaco, j'ai pensé à vous. C'était horrible. Il y avait du saumon partout et un émincé de poulet sans goût. Et vous savez quoi ? C'était plein à craquer... »
Faute avouée est à moitié pardonnée lui dis-je pour l'exaucer, afin qu'elle aille en paix. Car même au bord du gouffre, avec les trois derniers toulonnais qui savent encore ce que manger signifie, on sait se montrer magnanimes. Il fallait bien que cette belle consommatrice d'aligot et de charcuterie de l'Aubrac le touche du doigt, enfin en l'occurrence, de la langue. Mais voilà ce dont on crève. Quelques stratèges et lobbyistes de la distribution multinationale ont réussi non seulement à abattre des montagnes de sapins pour tailler des meubles immondes et parfaitement inutiles, ils ont canalisé des bourgeois écervelés qui emplissent les stades et s'abêtissent devant Top Chef, mais ils ont colonisé le peu d'esprit qu'il leur restait. Car il faut vraiment avoir « Bobo » à la tête pour aller ensuite s'empoisonner dans ces pseudo-restaurants, sous prétexte qu'il y a beaucoup de monde. Mieux vaut autant s'arrêter à l'hôpital de Sainte-Musse, où ce n'est sûrement pas plus mauvais...
Bon, que nous reste-t-il ? A espérer ? Plus grand chose, je le crains. A défendre notre liberté. Mais n'est-elle déjà plus qu'une vague vue de l'esprit ?
Ou bien à brancher son phonographe, pour se laisser bercer sans illusion, par : Ma liberté (bien sûr), Ma solitude (hélas), Le temps de vivre, La philosophie, Voyage, Il était un jardin et Les amis de Georges...
Jaco 
 
Les gagnants de la soirée sans rugby


Nous étions donc bien tranquilles place Gustave Lambert vendredi soir avec quelques clients venus fêter la qualification d'Aubrac sur mer parmi les meilleurs restaurants des environs. C'est en tout cas ce que prétend le Guide Gantié, dont nous célébrerons ici la quatrième plaque, la semaine prochaine. Voici donc une famille qui avait choisi le steak tartare plutôt que les coups de klaxon barbares. Il y a là, Catherine, Fanny, Lucienne, Stéphane et Patrick.
Nous en aurons d'autres samedi prochain puisque nous organisons, à partir de 19 heures, une grande soirée sans rugby pour 25 euros, apéritif et café offert. 

 
Coldsight et The Larsens


S'il n'y avait pas eu Olivier et Sébastien, deux jeunes hommes en noir mais hauts en couleur, je n'aurais sans doute pas eu la moindre idée de ce qu'était la musique « métal ». Grâce à eux j'ai donc eu la curiosité d'aller en écouter un peu. Et c'est vraiment très... particulier. Ça me change en tout cas de Bellini. Mais il faut tout essayer, ça change. Et puis ces musiciens ne mangent pas McDo. Pour eux ce sera menu Grand Aubrac et entrecôte de plus de 300 grs. Un régime qu'ils ne peuvent s'offrir tous les jours, mais qui nous vaut de les voir rappliquer entre deux répets et une virée en ville. Il y a donc Nicolas du groupe Coldsight qui prépare son deuxième album et puis Jessica, Olivier, Sébastien et Fabien (The Larsens) qui espèrent pouvoir faire partager leurs sons pour la prochaine fête de la musique à Toulon. Ce qui est bête c'est que j'ai complétement oublié de les prendre en photo pour vous les représenter. Non je n'étais pas bourré, mais un peu fatigué ! Voici néanmoins une archive d'Olivier et Sébastien qui étaient parmi nous, un lointain vendredi soir et qui étaient d'ailleurs les seuls.
 Chronique du 21 mai 2013


 C'est quand même bien peu de dire que Toulon est une belle ville. Placée sous la protection de l'auguste Faron, qui jette son oeil vert vigilant et bienveillant sur cette étroite bande citadine plongeant ensuite vers l'infini de la plus belle rade d'Europe, on s'étonne qu'elle puisse, aussi bien, incarner la souffrance. Elle arbore pourtant fièrement ses couleurs. Le jaune du soleil, l'or du ciel, celui qui veille, aux côtés du mont, sur cette épatante lumière qui éclaire la ville quasiment toute l'année. Le bleu de ce ciel obstiné qui s'impose d'azur de l'aube au crépuscule, où d'infinies étoiles l'incrustent de diamants. Je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi -si j'en avais- de vivre ailleurs qu'à Toulon !
Mais alors, vous demanderez-vous, qu'est-ce qui cloche à Toulon ? Ben rien … Ah si ! Je viens d'entendre derrière moi, une voix perfide et anonyme, me répondre : les Toulonnais. Alors là, attention ! Je ne tolèrerai aucun discours allusif sur la dégénérescence de la race -et de la rade-. Et même si je n'ai pas eu la chance d'y naître, j'ai vécu plus de temps ici que partout ailleurs, je suis donc plus toulonnais qu'un homme de 29 ans, né à Font-Pré. Bon, je ne vais quand même pas le mentionner sur ma carte de visite, ni moins encore m'en vanter, d'ailleurs il y en a suffisamment sur place, qui font cela impeccablement !
Non, ce qui m'a fait reprendre conscience de la pure beauté de cette ville, c'est notre sortie en couple, mardi soir à l'Opéra -ou au grand Théâtre car les deux se disent je crois-. Hors mis la place Lambert, peut-être, qui mériterait un classement immédiat à l'UNESCO, il n'existe probablement plus bel endroit au monde que ce boulevard de Strasbourg dont l'éclatante blancheur, s'adoucit à la nuit sous la caresse de lumières jaunes. Au milieu, éclate donc cet Opéra flamboyant comme une ouverture de Rossini. On y pénètre alors avec la même solennité, teintée de timidité, comme écrasé -en tout cas dominé- par cette sobriété monumentale.
Nous y croisons quelques artistes, des pdg, des internationaux, des ténors du barreau et des barytons du scalpel. On se sent un peu dérisoires au milieu d'une élite qui, comme un long vol de chauve-souris, déferle la nuit d'on ne sait où, tandis que la plus belle ville du monde se transforme, le jour, en coquille vide. Et en effet on se sent peu de chose, lorsque la société évacue le parking Liberté. Les BM, les Merco, les Audi, version cabriolet pour ces dames en vison, façon 4X4 avec pare-buffle pour les messieurs à cigare. Ouf, me disais-je en moi-même, les socialos ne leur ont donc pas tout pris...
Ce soir, on donnait la Flûte. De Mozart. L'oeuvre majeure, majuscule, est l'une des toutes dernières du prodige qui, venant à peine de naître, n'allait pas tarder à rejoindre le cortège de l'éternité dans un Requiem forcément inachevé... La Flûte enchantée, vous savez, c'est cet Opéra où la Reine de la nuit se lance dans une sorte de vocalise incantatoire improbable et totalement virtuose. Las, on lisait dans Var Larynx que la soprano américaine avait la corde chevrotante ! Il faudra que l'on réécoute ça, parce qu'avec une bonne, qu'est-ce que ça doit être !
C'est l'histoire d'une initiation maçonnique, celle de Tamino qui avec son encombrant compagnon de route -Papageno- doit réussir l'épreuve d'intronisation organisée par le grand maître Sarastro, pour mériter la main de Pamina, qu'il a lui même soustrait de l'emprise équivoque de sa maman, Reine de la nuit. Ça a l'air un peu compliqué comme ça, mais, rassurez-vous... ça l'est ! Surtout en allemand.
Mais alors qu'est-ce que c'est beau ! Tenez, on en pleurerait. Ou se ferait frère. Pour rouler en BM. Parce que le coup du parking, tout à l'heure, c'était ça. On ne se rend pas aux premières loges de l'opéra en Twingo ni en bleu de travail... Mais attention, je ne dénigre pas. J'ai, moi même de nombreux amis franc-macs. D'ailleurs, dans cette somptueuse cité si tu n'as pas quelques amis initiés, eh bien c'est simple, tu n'as pas d'amis ! Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire si j'en suis. D'ailleurs on m'a bien recommandé de garder le silence. A l'instar de Papageno...
Enfin voilà, tout ça pour vous dire que nous passâmes une somptueuse soirée dans l'un des plus beaux endroits de la terre. Ce monument édifié par M. Garnier, dix ans avant celui qu'il bâtit à Paris sous son nom, reste aussi une merveille d'acoustique. La toile marouflée de Louis Duveau, fresque de 15 mètres sous la coupole, les anges soutenant les candélabres, les tentures et les ors, font de l'intérieur du théâtre quasiment l'égal de son architecture extérieure devant laquelle, en bon toulonnais, Raimu trône, plastronne même, fièrement.
Nous assistions, avec Marie, à notre premier Opéra. Nous fêtions là, nos trente-cinq ans de mariage. Et attention à celui qui viendrait à dire, qu'après tout ce temps, ma flûte est forcément désenchantée...
Jaco
J'adresse mes amicales salutations à Claude-Henri, l'heureux directeur du temple de la musique, ainsi qu'à Sylvie et Patrice, nos fidèles violon et contrebasse


Nouvelle spécialité sur la carte de Jaco :
la flûte enchantée de l'Aveyron

Et un grand merci à mon ancien confrère et ami, René (G) dont la plume et les indiscrétions d'ovalie ont agrémenté la lecture de Nice Matin pendant fort longtemps. Il était un peu le Tamino de notre maître à tous, le Grand Raymond (B) chantre du RCT et de l'Opéra.  Mais il défend toujours avec la même énergie cette ville de Toulon qu'il fait encore visiter -photo ci-dessous-. Sous sa sublime crinière blanche, bout encore cet esprit potache et goguenard. Comme nous le cultivons ici, sans prétention aucune... 
 
« Vous prenez un ancien journaliste, accroché au rugby en général et au R.C.T  en particulier. Vous y ajoutez quelques miettes du R.C.H avec quelques touches de safran à la manière du mec bonnard de Dédé Véran. Sur la partition, un superbe Sarastro, bien constitué, à la voix solide et solennelle. A ses côtés, deux amants que vous découvrirez en bouche avec des sensualités et des recherches existentielles. Agrémenter le tout avec un Papageno irresistible et une Papagena qui vous laissera baba dès lors qu'elle aura levé son masque de vieillarde.
Dans tous ces symboles, la Reine de la Nuit vous éblouira avec ses variations superbes comme toutes ces olives noires qui remplissent la Provence et la Méditerranée.  Trois belles fleurettes vous dérouteront avec leurs salades exotiques tandis que les parfums d'orient seront là avec quelques grains de coriandre et beaucoup de tapenade.
Dans cet univers maçonnique où la numérologie est symbolique jusqu'au chiffre 7 et les triangles associés en étoile, vous servirez l'ensemble en toute fraternité en n'oubliant pas d'aimer l'aligot, le cassoulet et les tripous....Sans oublier que les rad- socs du Sud Ouest aiment bien la Flûte Enchantée et son symbolisme...
Amicalement et au plaisir de venir à Aubrac sur Mer.
 Chronique du 14 mai 2013

         Reconstruire votre palais         

A défaut de rebâtir un centre digne d'une grande ville baignée de soleil et bercée de souvenirs, faute de ne pouvoir reprendre l'architecture portuaire par le bon bout et dans l'incapacité de déplacer la montagne de Grand Var vers la rue d'Alger (comme tous les élus, ceux qui en avaient le pouvoir, l'auraient dû faire), j'avais entrepris de reconstruire le palais des toulonnais.
Cela faisait belle luette que j'y pensais tout en pressentant que ce serait un travail de longue et -peut-être aussi de mauvaise- haleine. Lorsqu'après l'avoir eu sur le bord des lèvres, puis en avoir pris langue, j'eus trouvé ce local, Place Lambert, à me mettre sous la dent, je reçus toute l'ingratitude des uns et l'immense ignorance gustative du plus grand nombre dans les gencives. Et dans la bouche.
Difficile dans ces conditions de retrouver goût au combat, surtout lorsqu'un samedi soir de mai, on parvient à rassembler la foule totale et en folie de... six personnes !!! Sans doute l'écrasante majorité des 500 000 clients potentiels ne sont pas sortis de chez eux, préférant ranger dans leurs coffres et recompter sous le matelas, leurs morceaux de fromage (déclarés ou non), mais combien se sont encore précipités dans les pièges tendus à tous les coins de centres commerciaux et de plages par les spécialistes de la « restaugélation» ?
Pour reconstruire au centre ville, le palais de Toulonnais -sans doute bombardé pendant la guerre ou définitivement aseptisé sous l'influence des invasions britanniques à répétition- j'avais pourtant employé les grands moyens. Imaginez le marbré, la consistance et le coloris chatoyant de ces pavés de rumsteck, ces imposantes colonnes de saucisse, ces entrecôtes monumentales dominant l'édifice, le tout subtilement scellé avec des tonnes d'aligot confectionné à la bétonnière. A part l'éclairage, les poubelles et la fontaine -pourtant bien nommée *- tout fonctionne admirablement pour accueillir des milliers d'autochtones. Nous avons même mis à leur disposition quatre parkings à proximité, pour qu'ils puissent marcher dans la ville et profiter des alizés sans trop s'épuiser. 
Tout était donc fait, dans le faste et le goût de la fête, pour les détourner de Grand Var où, tels des zombis (ou hétéros), ils déambulaient la mine triste, le teint jaune et l'estomac lourd. Nous leur désignions du doigt leur boite à gants : cherchez bien, votre cerveau à dû glisser au fond. Vous voulez manger de la viande ? Alors évitez à tout prix « l'Hippopotame » préférez l'Aubrac. C'est pas plus cher, c'est bien meilleur et ce n'est pas planté dans une zone intellectuellement insalubre mais dans une ville où bat le coeur de la civilisation (même bien chancelante). Nous les invitions, pour une fois au moins, à faire comme les autres, partout en France et dans le monde : pour sortir le soir et passer un bon moment, venez en ville … D'ailleurs pourquoi ne pas rêver ? Les gens aisés, les jeunes et même les élus pourraient découvrir Toulon et en conclure que ce n'est pas si mal ! Ce serait une belle révolution de... palais.

L'un de nos fidèles, un médecin « à l'ancienne », tentait de m'expliquer l'autre jour pourquoi ses collègues d'Hyppocrate, au même titre d'ailleurs que d'autres professions libérales ayant signé le serment d'hypocrites tout en profitant de la zone franche (merci de passer dix secondes sur cette architecture sémantique basée sur l'oxymore) ne fréquentait pas Aubrac sur mer : « Ce que vous faites à manger est excellent et leur conviendrait très bien, si vous le leur serviez sur des nappes blanches... » Ah d'accord ! Avec Marie portant le chignon et Stéphanie la queue de pie ?
Il a certainement raison le brave homme, mais pour recevoir une poignée de toubibs en goguette avec leurs labos pharmaceutiques préférés et une bande de coquins du barreau*, il est hors de question que je me mette une plume dans le cul. Geste infiniment délicat que je n'entreprendrais, qui sait, que devant une tablée de grands écrivains.
Bref, qu'ils continuent à se précipiter en meutes en ces lieux branchés et nappés où
les plats n'ont pas plus de goût qu'eux, souvent pas d'origine identifiable mais qui, tout en étant à bas coût, restent hors de prix compte-tenu du dégoût qu'ils inspirent. En évoquant la classe -sociale qui ne va pas toujours de pair avec la comportementale- nous avions en ce samedi de famine -et crise sur le gâteau-, un couple arrivé à vingt-deux heures et qu'il fallut évacuer à une heure dix. Deux clients uniques, ce samedi soir de mai, qui m'ont valu de travailler 18 heures pour un salaire horaire digne des petites mains pakistanaises ! En partant, de gauche à droite et de haut en bas, bras dessous mais pas déçus, la dame déclama dans le lourd silence de la rue de la Glacière : « D'habitude quand je suis bourrée je ne sens plus rien de ce que je mange. Et bien là, Monsieur, chapeau ! j'ai trouvé ça très bon... » Et même s'il le faut, malgré trois litres de rosé, le pastis et l'armagnac, ils n'auront pas été malades.
Peut-on imaginer meilleur compliment ?
Jaco

* Nous avons évidemment d'intègres clients -et parfois amis- toubibs et avocats



* Fontaine du Vieux Palais
Situation : Place Gustave Lambert
Date de construction : 1776
Caractéristiques : Le vase délicatement sculpté est surmonté de 4 dauphins soutenant un fleur de lys.
Architecte : Brun
Tailleur de pierres : Votier
Histoire : Sur la place Saint-Pierre
(aujourd'hui place Gambetta) est élevée
en 1654 une modeste fontaine raccordée au Canal des Eaux Potables.
En 1776 la fontaine actuelle la remplace
mais la Révolution a raison de la fleur
de lys et des dauphins.

Elle reste en l'état avant d'être très
endommagée par un arbre déraciné
lors d'un violent coup de Mistral.
Elle est alors démontée, restaurée et
déplacée sur la place du Vieux-Palais à
proximité de l'ancien palais de justice.(qui deviendra place Gustave Lambert en 1899.)
Les bombardements et les combats
de la libération en 1944 nécessiteront
une nouvelle restauration. On la doit
en partie à... Aubrac sur mer .
Source : http://lesfontainesduvar.free.fr

 Chronique du 7 mai 2013

        Madrid, ni barjot, ni frigide      


Je n'évoque que rarement mes voyages. D'ailleurs je ne voyage jamais. J'ai horreur de ça. Il semble que tous les snoc, via Facebouc, se donnent rendez-vous dans les aéroports. Il faut dire que lorsqu'on est de l'Aubrac, que voulez-vous que l'on aille se perdre ailleurs. L'Aubrac, si vous préférez, c'est un savant compromis du reste du monde : de la Mongolie à la Sibérie en passant par l'Alberta. Du coup, je croyais tout connaître (!) et je suis tombé de haut.

Ce week-end, je suis allé au bout du monde. Enfin ce week-end, il faut préciser lequel. Parce que, entre la fête des fainéants, celle du soulagement -une victoire sur les Allemands mérite, par les temps qui courent, une tournée supplémentaire- et de tous ceux qui consentent à monter au ciel sans demander leurs reste, les célébrations de mai, ressemblent davantage à une retraite anticipée ou, à tout le moins un deuxième mois de congés payés. Alors franchement, pour un pays en crise, entre ceux qui sillonnent le royaume désuni de Twickenham à Dublin, en passant par Nantes et probablement Paris, ceux qui partent au soleil ou préfèrent les musées en passant par "les ceux" qui filent à Madrid... pour un pays en crise disais-je, bravo !

Le bout du monde, pour moi, c'était Madrid ! Une destination à des années lumière, que je n'aurais jamais affronté sans ma bergère hispanisante qui, malgré un froid aux pieds chronique, ne semble pas considérer les ibères trop rudes, même début mai.

Au bout du monde nous y étions. Et nous qui paraissons tous les jours un peu plus au bout d'une époque, au bout du rouleau et à bout de nerfs, eux, ces conos, ils sont en plein boum.

Déficit budgétaire abyssal, taux de chômage spatial, perspectives inter sidérantes et ils sont tout sourire les types. Nous, il suffit qu'on nous enlève vingt centimes d'impôt et que l'on prononce ce seul mot, pour nous déformer la gueule comme si on venait de perdre un proche ou, pire, comme si Wilkinson souffrait d'une gastro...

Pas une merde le long de la plus petite calle ; pas un seul clébard qui pourrait en être le déposeur ; pas un seul pochard pissant la bite à l'air et la tête altière ; pas un 4X4 avec le pare-buffle pour vous pomper l'oxygène, pas même une vieille Seat à bout de souffle ; pas une poubelle éventrée le long d'un trottoir, pas même un mégot de clope ; pas une altercation, une interpellation. Sidérant. A une heure et demie de Toulon à vol d'Airbus (hélas c'était un Boeing), il existe des millions de gens qui savent se tenir proprement et vivre joyeusement ensemble.

Deux choses m'ont plus particulièrement épaté et méritent que nous les partagions. Nous nous trouvions là-bas le soir d'une demi-finale de Ligue des Champions. Un événement planétaire, puisqu'il s'agit de foot. Et je n'imaginais pas que les Madrilènes puissent échapper à ce terrible phénomène qui transforme un homme aux apparences normales en hystérique décérébré éructant dans un langage préhistorique sa préférence pour les « Rouge » et son abhorration des « Noir ». C'est simple, le jour du match en me promenant dans Madrid ou les spanzers du Borussia défilaient en Jaune sur la Puerta del Sol, je me demandais encore quelles pouvaient être les couleurs du Réal. Certes avec quatre buts à rattraper, les « Bleu et Blanc » en avaient pris un sérieux coup derrière la cabeza, mais on sent bien qu'ici le sport n'est pas à la base de tout discours sur la méthode ni des grands traités philosophiques.

La seconde, c'est l'histoire très simple des halles San-Miguel -près de la plaza Mayor pour ceux qui connaissent-. Un monument de verre du XIXe transformé en temple des tapas. Mille personnes dans des allées pouvant en recevoir -raisonnablement- trois fois moins. Eh bien, un verre de « tinto » dans une main, une brochette de mejillones dans l'autre, tu peux traverser de long en large sans jamais être estomaqué par un coup de coude, un regard furieux, une invective, ou une bousculade. Et si cela doit arriver, tu comprendras puisque ce sera dit en Français. Bref, tandis que tant de gens sont si fiers de l'être, je me suis senti un peu minable. Quoi que, sur ce coup je me sois aussi bien comporté, je vous le promets. Mais je me marrais tout seul en imaginant la même scène de l'autre côté de la frontière, à Perpignan par exemple !

Nous étions le premier mai et en Espagne, ce jour est l'un des symboles forts pour un peuple sorti de la dictature franquiste il y a moins de quarante ans et qui se retrouvait là, naguère, sur la place et la menace des blindés du généralissime. Une dictature pouvant en cacher une autre, c'est celle de la finance et de ceux qui la manipulent, qui pousse Madrid dans la rue. Mais encore et toujours sans la moindre trace de désordre et d'agressivité

Certes le patron du syndicat CNT ne semblait pas débiter dans les hauts parleurs de la puerta del sol une comptine pour gamine sortant pour la première fois sans sa couche... Il avait des choses à marteler, le type, contre la récession et la politique ultra-libérale qui a conduit -aussi- les Espagnols à rêver de richesse, alors qu'ils auraient pu se contenter de vivre. Et dix minutes après le passage de la manif, un escadron d'agent municipaux (et non de je ne sais quelle société privée capable de faire travailler ses employés), s'activait à éliminer toute trace d'une colère somme toute contenue à la pose hardie de quelques autocollants et l'abandon subversif d'un mégot de cigarettes.

Mais ne mégotons pas, ce pays est propre comme une péséta neuve. A tel point que même le bon général Franco se réjouirait de telles tempérances. J'ai peine à croire que notre cher Maréchal éprouverait la même fierté à notre égard. Nous qui avons tant de difficulté avec le travail et infâmons la famille en la laissant dériver vers ces salauds d'homos qui veulent nous piquer nos enfants... Heureusement la patrie sera sauvée par une moralisatrice qui s'est autoproclamée Frigide... et qui le porte sur elle !

En Espagne ils se sont indignés pour moins que ça ! Dignement...

                                                                                    Jaco

 Chronique du 30 avril 2013
          La fureur de vivre...             



Bon, je rentre pour écrire cette chronique. Je viens de m'en fumer une et elle était bonne. Ceux qui me connaissent doivent s'étonner, car je ne fume jamais le matin. Mais, exceptionnellement, nous sommes le soir. Oui, parce que dimanche, à l'aube, je fais comme tous les snoc. Je prends l'avion pour le week-end. Je pars à Madrid. C'est pas moi, monsieur, je vous l'jure. C'est ma femme qui a des envies d'Espagne. J'aurais pu lui offrir un seul billet, mais elle serait foutue de trouver un Hidalgo -pas Michel, franchement vous l'avez vu ces derniers temps ?-... Remarquez, ce pourrait-être la solution, moi qui recherche la tranquillité ! Mais ce n'est pas là notre affaire...
Et puis l'Espagne, même si ça ne vaut pas la Grèce, c'est bien quand même ! On y rencontre des tas de gens qui sont deux fois plus dans la merde que nous. Vous avez vu ? Plus de six millions de chômeurs ! Finalement on a encore de la marge...
Fumer, c'est quand même agréable. Et je me demande bien pourquoi nos gouvernants s'obstinent à tellement vouloir nous en dissuader. On serait de bien meilleure humeur si l'on n'était pas contraints à cette abstinence quasi généralisée. Qui vient en corolaire à tant d'autres frustrations. Car c'est toujours au même âge que l'on cumule les interdits. Certes nous sommes encore libres de faire l'amour, il ne nous manque plus que l'envie et surtout le partenaire qui la suscite. Où alors il faudrait d'exceptionnels moyens. De constitution ou de liquidité.
On pourrait picoler aussi. Une clope, un vieux bas-armagnac, quoi de mieux pour se rasséréner à défaut de se régénérer ? Mais là, pareil, il y a les campagnes de pub : « Un verre ça va, trois verres bonjours les dégâts. » Où alors : « Tu t'es vu quand t'as bu ? » Et merde, tu jettes ton verre et tu finis devant Kho Lanta à t'emmerder sur TF1 devant des snoc en short qui bombent le torse en avalant un ver.
Je ne vous parle pas d'un repas gargantuesque à Aubrac sur Mer. S'il n'y avait ces conos de toubibs qui vous observent avec un air condescendant pour les meilleurs, avec un regard menaçant pour la majorité, tout irait pour le mieux. Un plateau de charcuterie avec son jambon et sa saucisse qui vous place déjà en position d'attaque... cérébrale. Suivi d'une belle entrecôte bien grasse de plus de 300 grs et d'une assiette de fromages surdosés en bactéries (Néanmoins j'admets l'absence lacunaire de frites qui à elles seules peuvent dévaster la planète). Une crêpe au cointreau ou une croustade pour vous achever, le tout arrosé d'un Flars de Marcillac et d'une eau de vie de prune pour lever tous les doutes.
Et après la gnole, la bagnole. Avec un gramme, qu'est-ce que tu risques ? Qu'est-ce que tu risques ? De garder ta prune en travers pour un sacré bout de temps. Parce que maintenant, avec seulement la moitié, tu en as pour deux fois. Tu t'enfiles un pastis et au deuxième verre de pinard, tu t'arrêtes net lorsque le rouquin entame le dernier tiers. C'est qu'à défaut d'éthylotest -finalement non obligatoire parce que le fabriquant exclusif était un ami de Sarko mais pas de Hollande- il te faut te munir d'un mètre-ruban pour mesurer ce que tu t'envoies dans le gosier. Qui finit par être terriblement sec à moins de commettre l'imprudence d'absorber de l'eau sur un tripous de Conquet ou un laguiole « grand Aubrac ».
Je ne suis décidément pas un grand stratège politique. Je croyais vaguement avoir une idée de ce qu'était le social avant que tous les gens de droite me crachent à la figure et que ceux de gauche balaient mes dernières espérances jauressiennes (ce qui revient à parler de l'ère jurassienne). Quand à l'économique, j'ai toujours eu conscience d'appartenir à la catégorie des comiques incultes. Mais quand même, il me semble que si j'avais le moindre pouvoir de remettre notre système en marche, je replacerais toutes ces bonnes choses au coeur de notre consommation compulsive. 
Quand on voit ce que rapporte les taxes colossales sur le tabac, l'alcool et le pétrole, je donnerais illico pour consigne aux moralisateurs de tous poils (les ligues de ceci et les fondations de cela) de garder leur prêches et leur reproches pour leur seul usage privé.
Je passe évidemment sur les courbes statistiques du moral des français qui remonteraient en flèche, lorsqu'ils seraient interrogés, clope au bec, après un beau gros cassoulet et une belle biture. Certains seraient même foutus à cinquante berges de trouver leur femme consommable et de leur filer une dernière cartouche. Les types laisseraient dans leur cartouche -de cigarettes-, leur stock d'alcools forts et leurs litrons d'essence consommés nerveusement à deux heures du matin, le double, peut-être même le triple, dans les caisses de l'état, que ce qu'ils versent tristement aujourd'hui, rongés par la culpabilité et la concupiscence.
Je ne sais pas compter au delà de 500 euros (c'est ce que je gagne par jour, mais une seule fois par mois), pourtant il me semble que les petits milliards de taxes ramassés chaque année par l'état connaîtraient un engraissement exponentiel. Et à nous la belle vie !
Enfin pas trop longtemps quand même ! Car une telle relance de la consommation de nos goldiches sans filtres, de nos gros rouquins et de nos petites poires -le tout en appuyant gaiement sur le champignon- aurait pour effet de relancer en grandes pompes... funèbres, l'industrie de la menuiserie et de la marbrerie. Car tout ce que j'énumère depuis que je me suis mis à composer la chronique la plus importante -peut-être- du XXIe siècle, flatte et concerne l'industrie française : Altadis, LVMH, Total, AFIF. Un platane à quarante ans, un infarctus à cinquante, un cancer à soixante, le SIDA à soixante dix...
Vous imaginez le nombre d'emplois libérés ! Et pas n'importe lesquels, puisque ce sont de joyeux drilles expérimentés, qui s'en iraient rejoindre un monde définitivement égalitaire, en pleine santé -ou presque- et, certainement, d'excellente humeur. Terminé le chômage et vive l'ascenseur social.
Quant aux retraites, je vous dis pas ! Avec tous ces gens heureux qui casseraient leur pipe en même temps que leur verre ou leur auto, il y aurait bien plus de cotisants que de bénéficiaires. On pourrait même abaisser l'âge de départ à cinquante-cinq ans, vu que plus grand monde n'y parviendrait...
Pareil pour la sécu. Plus de remboursements de listes de médocs -et autres placébos- délivrés à tour de bras par les toubibs et leurs amis des -col- labos. Plus d'aide à la personne qui coûtent un oeil ni de maisons de retraites où toute la collectivité est saignée à blanc pour engraisser quelques notables...
Alors vous êtes convaincus ? C'est tellement simple...
Pour se sortir de la crise, il y a toujours autant de snoc qui prétendent qu'il faudrait « une bonne guerre ». Moi je vous le dis, il ne reste qu'une solution : prendre du plaisir à vivre... Il faut juste avant se débarrasser des snoc. Oui, je sais, vaste programme...
Et pour le reste, ma foi, vous mes amis lecteurs du blog qui supportez mes blagues depuis plus de trois ans (et celles de mon beau B.O. depuis bien moins longtemps heureusement !!!), vous n'êtes pas obligés de prendre tout ça au sérieux. Même si l'ineptie peut accidentellement vous conduire à la réflexion.
Jaco

Stéphanie... versaire




Elle est gonflée notre Stéph, elle vient tranquillement se faire servir alors que nous sommes encore à la mine, en cuisine. Remarquez samedi, elle était plutôt la bienvenue avec ses deux adorables minots -Léona et Matéo- puisque la salle sonnait plutôt vide et que nous étions donc tout heureux de nous occuper un peu. Et puis on a pas tous les jours 27 ans. Ça n'arrive même qu'une fois dans la vie. Alors nous étions ravis, avec Awa, de lui souhaiter un bel anniversaire et tout le bonheur qu'elle mérite.


Chronique du 23 avril 2013

        On en a plein le Mc Do !          


Ça y est nous y sommes. On confirme, c'est la crise. A force d'entendre sur toutes les ondes et sur tous les tons, que le déficit rongeait la société et qu'il fallait accroître le chômage pour réduire la dette, le Français moyen (et quand on, dit moyen, c'est par grande indulgence) a placé tout son pognon dans les destinations ensoleillées et à l'ombre, chez nos amis banquiers qui, du coup, ne se sont jamais aussi bien portés.
Et nous, à force de baisser la tête en se disant qu'on allait finir par y arriver, ça y est nous y sommes passés... sous la barre des cents. Et de l'indécent ! Moins de cent clients la semaine, c'est aussi moins de quinze par jour. C'est surtout insupportable. Intenable !
Certes, nous avons réussi à rentrer dans Toulon sans bouchon. C'était une consolation... mais un mauvais signe. Nous n'en avons quasiment pas fait péter un de la semaine, de bouchon. Mon banquier (encore lui) et mon comptable ne devraient pas tarder à m'appeler en me disant : « Oh ! qu'est-ce que vous faisez ? » (les comptables ont souvent des problèmes de syntaxe)
Qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on fait... ils en ont de drôles eux ! A moins de tenir une restaurant qui ne fait pas à manger mais où les jeun's aiment à se retrouver au Mourillon ou sur le pauvre port de Toulon en train de s'esbaudir devant une carapace reptilienne, je ne vois plus très bien ce qu'il reste à faire pour sauver les meubles et sauvegarder la race Aubrac !
Une fois le constat fait, on ne peut s'en prendre à personne sinon à nous même. A moi-même, oserais-je, si je n'avais crainte de sembler me vanter. La preuve est bien établie que, quatre ans de commerce ne m'auront pas suffit pour devenir un professionnel de la restauration.
Etre pro, ce n'est pas accueillir le client bras ouverts et sourire naturel ; ce n'est pas lui offrir les meilleurs produits de la création en se réservant la plus infime marge ; ce n'est pas le servir à sa convenance en se rendant disponible et lui offrir le café -et même le « pousse » le soir-.
Etre pro, ce n'est pas se démener pour le client, c'est au contraire, le malmener. Se garder de tout égard et de toute prévenance. C'est lui refiler n'importe quoi. C'est faire croire qu'il va bien s'en tirer et lui enfoncer la note aussi loin que possible dans le trou de balle...
En rentrant trop tôt à la maison, vendredi soir, j'ai pu mesurer la queue -basse- au « drive » du « Mac de mes deux » à La Garde. Vingt voitures qui attendaient leur hamburger et leurs frites à vingt-trois heures ! Avec à bord, la moitié d'obèses et l'autre de dégénérés, certains cumulant le luxe des deux. Ah ça, Monsieur Do, son banquier et son comptable ne sont pas prêts de l'appeler pour lui demander « Oh, qu'est-ce que tu fous ? » Foutre, lui, c'est son métier à M. Do. Un vrai pro.
Et ça ne va pas s'arranger. Et on n'a pas fini d'enrager ! Parce que figurez-vous que l'Europe fédérale -celle qui n'a de cesse de nous tordre le kiki – a rejoint l'OMC, le truc censé régler la circulation -... mais en aucun cas la morale- du commerce mondial, pour autoriser derechef la libre circulation et l'exportation du boeuf des Etats-Unis. Soit quelques centaines de milliers de tonnes, dont nous n'aurions en théorie nullement besoin, vu que les bovins en France on sait les produire, c'est même à ça qu'on nous reconnaît !
Le boeuf américain, vous savez, ce truc difforme que l'on identifie uniquement grâce à ses cornes et qui a couté sa carrière au cycliste Contador, lequel a eu le malheur d'en ingurgiter une seule tranche et dont tous les contrôles anti-dopage ont fini par virer au rouge ! Rendez-vous compte que ces bovins absorbent autant de produits qu'un sportif de haut niveau, alors même qu'on ne leur demande ni de pédaler, ni de sauter, ni d'ailleurs de pousser en mêlée, même si en l'espèce, on peut leur reconnaître quelques qualités... hormonales. Que leur demande-t-on d'autre qu'un peu de tendreté, de saveur et de constance dans l'assiette ?
Avec la réouverture de nos frontières à la viande nord-américaine, non seulement nous nous empoisonnons à petit feu -ou bien plus vite- mais nous allons finir par éradiquer tout ces conos de petits producteurs qui se battent pour maintenir des élevage de qualité, avec des normes draconiennes de soins et d'alimentation en sorte que nous ne mangions que des produits, sains, naturels et paysans.
Tout un tas de concepts qui freinent inutilement la progression de l'agroalimentaire et de la pharmacopée ainsi que la prospérité des grands groupes multinationaux domicilié au Luxembourg ou aux Caïman, qui portent si explicitement leurs noms.
Grâce aux experts de l'Europe, de l'OMC et de leurs chers lobbies qui les engraissent aussi généreusement que leur boeuf, nous allons aussi pouvoir -en foin- éradiquer tous ces écolos-rêveurs, tous ces malfaisants qui, dans leurs coins perdus, s'ingénient à contrarier l'ordre mondial avec leurs races Aubrac, Bazadaises, Salers et autres Montbéliardes dont on se demande bien à quoi elles peuvent bien servir, puisqu'elles ne rentrent pas entre deux tranches de brioche décongelée ?
Jaco

Violation de violon
 

Et comme rien ne nous est épargné, voici qu'un homme et son violon ont élu domicile au Bottier d'Orsay de sinistre apparence. Je ne dis pas violoniste car ce serait un outrage à notre amie Sylvie et à toute sa corporation. Le pauvre bougre secoue son archer sur de tristes cordes et ce n'est pas seulement faux, c'est lugubre. En fait, il ne manquait plus que lui ! 
Mais on ne baisse pas les bras, nous allons tenter de le convaincre d'aller se produire place du théâtre, aux abords de l'opéra... 

 Chronique du 16 avril 2013

      Bouchon de grand millésime          


J'ouvre les volets et il fait beau dis-donc ! Vous me direz que « la météo » l'avait prévu. Ah ? Mais je ne la regarde pas, car j'aime bien, encore, être surpris par la nature. Avec leurs satellites et leurs radars, ils nous emmerdent à nous donner le temps qu'il va faire dans deux mois. A tout bout de champ et sans même qu'on le leur demande. Remarquez, moi je n'ai pas un matériel aussi sophistiqué, mais c'est fiable aussi. Quand je vois les snoc en débardeurs et ray-ban, prostrés, voire prosternés place du Mûrier ou sur ce qu'il reste du quai Cronstadt, je me dis que l'été va finir par arriver. Et que Toulon va encore briller de toute sa force d' inertie. Car s'ils ne viennent pas trop travailler lorsque le temps est incertain, parce qu'ils sont en dépression, ils ne se pointent plus du tout au taf lorsque l'astre blond les envoûte dans ses grands rayons. C'est curieux qu'ici on vote très confortablement -et fièrement- à droite, parce que Martine, quand même, avec ses RTT, elle nous a rajouté un bon mois de soleil gratos et sans même un arrêt maladie...
Si je devais prendre la mer ou planter des melons, j'aimerais certes savoir quel temps on me promet la semaine prochaine, s'il vaut mieux renforcer les voiles ou réparer le tracteur dans l'atelier. Mais là en voiture, qu'est ce que je risque ? Ah si ! je suis a peu près assuré d'y passer une demi-heure de plus et d'avoir, à midi, du mal à faire cuire mes quiches. Parce que s'il pleut, c'est le bouchon assuré. Ici la conduite reste un exercice très approximatif, mais sous la pluie c'est à tâtons et la paille au cul qu'on se contracte sur le volant. Enfin ce bouchon-là ne paraît pas constituer la définition idoine. Parce que moi, passer une heure pour faire vingt borne ça me fait c... Et c'est bien d'un bouchon dont j'aurais besoin dans ces cas d'urgence (la bande étant toutefois interdite à ce genre de soulagement pourtant largement légitime).
Ça bloque vraiment partout. Du coeur du village, conçu pour abriter quatre mille autochtones, mais où les élus, les collectivités et leurs grands amis promoteurs ont trouvé très malin, sûrement très enrichissant... humainement (!!!) d'en recevoir trois fois plus. Je ne sais trop ce qu'Alphonse Allais a écrit d'autre, ni où il allait en écrivant cela (au début du XXe si je ne m'égare) mais il fut bougrement prophète en évoquant l'idée de construire les villes à la campagne. Bravo, mec, c'est fait ! Avec tes seirennoc, on y est... à la ville. Et rien n'est fait, évidemment, malgré l'apport colossal de taxe d'habitation et d'impôts fonciers, pour améliorer la fluidité de la circulation.
Il fait quelques gouttes et même les kamikases (c'est ainsi que je nomme les motards qui s'élancent au milieu d'une file d'automobilistes dont la moitié ne sait pas conduire et l'autre moitié téléphone) sont au volant. Nous sommes tous là et de plus en plus. Nous, à Cuers, on est en queue de défilé, avec ceux de Besse, Carnoules et Pierrefeu. On va rejoindre ceux de Sollies : Pont, Toucas et Ville. Sans oublier Belgentier, Méounes et Saint Maximin. Et là, à vingt bornes de Toulon, pof ! Terminé, arrêt, on aurait même le temps de caguer, si l'on trouvait un feuille de Var Mat coincée dans une friche... Et l'on repart rejoindre ceux de la-la-la (Farlède, Garde, Valette). On se demande où il vont ? Pas à Toulon tout de même, vu qu'à part place du Mûrier et quai Kronstdat il n'y a rigoureusement personne d'autre que les autochtones dans leurs tenues folkloriques et une vingtaine de rugbymen anglais gavés de testostérone. Ou alors, il viennent déjeuner à Aubrac/mer. Si c'est ça, j'ai intérêt à me grouiller...
Bon ! Je tiens un début d'explication : on me souffle dans l'oreillette que ce sont les parents qui emmènent leurs marmots à l'école ! Ah bon y en a tant que ça ?
Trois quart d'heure ! Voilà pour le tarif d'ami. Cela peut faire beaucoup plus cher si deux couillons se sont gentiment défoncés le fion. Au lieu de se ranger fissa sur la droite pour établir leur constat, non, ils se plantent là sur la voie de gauche. Se prennent la tête dans les mains. Catastrophe ! le pare-choc de leur belle auto fabriquée en Roumanie (ou en Allemagne et là, c'est tant mieux pour eux !!!) est cabossé. Il vont passer pour qui maintenant ? Pour des pauvres ! Et que je te parlemente avec l'autre « oui mais vous devez rester maître de votre véhicule... » et toi, derrière, tu en reprends pour un quart d'heure. D'autant qu'en passant, les autres vérifient scrupuleusement qu'il n'y ait pas un beau macchabée à mater ou, au minimum, un peu de sang à raconter.
Et puis le bouquet final. Pour faire rentrer des milliers de voitures dans la ville, je ne sais quels ingénieurs et fonctionnaires, ont décroché le pompon. De trois voies on passe à une seule. Un goulot de grand millésime ! Et cachet de cire sur le bouchon, à la sortie de l'autoroute on met un beau feu rouge. Celui-là, il sert certes à faire passer trois voitures qui se baladent dans les rues agaçantes, mais maintenant, j'ai compris. Il sert surtout à emmerder ceux qui insistent encore pour entrer à Toulon, jusqu'à ce qu'ils en soient dégoûtés. Quand, enfin tu te gares -en payant parce qu'ici rien ne se donne-, tu as pollué l'atmosphère pendant une heure, ça t'as coûté un bras d'essence et de bon matin, tu es nerveusement usé comme si tu avais bossé toute la journée.
J'ouvre les volets et c'est beau. L'herbe folle court dans le jardin et le petit air matinal joue dans les pissenlits éclatants de jaune, les barres de Cuers se dressent comme une muraille protégeant de tous les tourments. Ça ne sent pas la pisse. Je ne vois pas l'alcolo matinal me dégobiller quasiment sur les pieds, ni le « fatigué » avec son chien qui lui désigne mon mur pour se soulager, ni les snoc de voisins se garer sur ma terrasse. Je ne vois que des fleurs. Je hume le printemps, je présume le bonheur.
Et là-bas, Toulon se vide désespérément de son âme, de ses tripes... En plein milieu de la place.
Jaco
PS – En raison des vacances scolaires, la circulation sera fluide ce matin. Mais méfi, dans quinze jours, nos boutonneux reprennent le chemin de Dumont d'Urville.


La mer monte

Bonne nouvelle, le quai du port de Toulon est en train de s'effondrer en raison de l'érosion. Si les eaux persistent à monter, nous pourrions avoir la mer, place Lambert, d'ici quelques siècles. Et à nous la terrasse avec les types en débardeurs et en ray-ban !

 Chronique du 9 avril 2013

Quelque chose en moi de franciscain ...


Je sais que mon papa ne lira pas cette chronique car je l'ai, pour quelques jours, sous la main et à la maison, loin de son ordinateur. J'en profite alors pour signer, après deux pétitions favorables à la moralisation de la vie publique, une chronique un peu plus engagée qu'à l'accoutumée. Elle ne vise ni à blesser, ni même à convaincre ou éveiller la moindre conscience -ce serait trop beau-, mais à me soulager. Vous connaissez cette sensation. Oui, car même pour les moins chanceux, se retrouver sur le « trône » et se débarrasser de quelque encombrements intestinaux, constitue une manière démocratique de bien-être. La métaphore est un peu scabreuse -scatologique dira mon B.O, je sais- mais que voulez-vous c'est la nature...
Je profite du fait que mon papa ne lira pas la chronique, parce qu'il me reproche de faire, ici, de la politique. Ce en quoi il n'a pas forcément tort, puisque du coin de la rue au perchoir de l'assemblée, en passant par le café du commerce et la réunion de famille, on glose, on dégoise, on s'égosille et on déraille. Après avoir débité autant de seirennoc que de litres de pinard (ou de bière, car ceux-là sont les champions) on vomit naturellement dans le massif de tulipes, comme on vient de le faire sur Hollande.
Voilà bien un constat qui me protège de toutes ces basses considérations de comptoir ou d'urinoir, lorsque deux types se retrouvent face à face et s'examinent tout en pissant chacun d'un côté de la palissade. Et puis qu'importe, je tiens un restaurant, pas un bureau de vote ! Et l'entrecôte label rouge d'Aubrac n'est pas plus à gauche qu'une saucisse n'est fatalement de droite.
Ce n'est pas faire de la politique que défendre le pauvre contre la tyrannie des puissants, de plaider pour une répartition des richesses, non seulement à travers le quartier, la ville ou le pays, mais à l'échelle mondiale. Car voyez-vous, si Dieu avait pu imaginer qu'il y aurait tant d'injustices sur cette terre, il se serait abstenu de la créer. Ou bien alors il n'aurait pas cru en lui. Peut-être même, aurait-il poussé jusqu'à ne point vouloir exister.
J'y crois à tel point, cet-an-ci, que nous avons un pape qui semble sincèrement partager mes convictions. Qu'il ne me remercie pas, c'est tout naturel. Se rapprocher des pauvres ce n'est pas forcément renoncer à tout confort, pas même à tout argent. C'est savoir se contenter de manger -à Aubrac sur mer au moins une fois par semaine- et respirer. Et puisque François a fait un grand pas vers moi, tenez, je vais envisager de faire un pas vers lui. En me faisant, franciscain, qui sait ? Mais alors, si vous permettez, ce sera plutôt à Nasbinals que sur la place Lambert ! Cela me coûte d'autant moins qu'il a l'air sympa le pontife. Il a pas une tête de pédophile. Sans doute a-t-il dû faire un malheur, dans sa jeunesse et les couvents, parmi les bergères argentines...
Je fais d'autant moins de politique que, pour me référer aux deux grands antagonistes du siècle dernier, je prends mes références des deux côtés de l'échiquier. « Je n'ai jamais cessé de considérer l'argent comme mon premier ennemi et celui de la France » déclamait le Grand Charles ; «  L'argent qui corrompt, l'argent qui achète, l'argent qui écrase, l'argent qui ruine et l'argent qui pourrit... » surenchérissait le Père François. Ces propos me conviennent autant que ceux du Saint-Père François, même s'ils entretiennent cette position de grand écart, qui fait de moi un un anarcho-gaulliste d'extrême gauche et bientôt... papiste !!!
Mais ce qui me dégoûte ce n'est pas tant le pognon en lui même. C'est tous ceux qui se lèvent le matin dans le seul but d'en ramasser. Ceux qui n'ont de répit que lorsqu'ils sont assurés d'en avoir plus que leur voisin. Ceux qui se lamentent -dans leur 4X4 en direction de l'aéroport pour le « soleil » ou de retour de leur station préférée - que l'état leur prenne tout pour aider ces snoc de pauvres, ces salauds d'assistés. Ce qui me dérange c'est l'indécence, l'arrogance, la suffisance du possédant.
Et s'il y a tant de gens à droite dans notre pays, ce n'est pas qu'il y ait tant de fric que ça, c'est qu'ils admirent ceux qui en ont et rêvent de les imiter. Nous sommes mesquins, avides, cupides, ladres, veules et narcissiques... pour ne garder que le meilleur. Alors pas étonnant que l'autre, là, qui proclamait qu'on était riche à 4000 euros en ait fait fuir plus d'un ! Et pourtant je ne sais pas si vous avez essayé de dépenser ça tous les mois, mais ça doit demander une sacrée organisation. Lorsque, par extraordinaire, j'en dispose de la moitié, je ne sais quoi en faire ! C'est d'ailleurs pour cela que les « bons » mois, nous avons laissé nos employés gagner plus que nous !
Mais là, sans rire il faut tout arrêter. Le « caca huzac » est affolant. Non pas parce qu'il salit la gauche. Si ce type avait été de gauche, il me semble que je m'en serais aperçu. Après Kouchner et avant Valls, il est l'archétype de celui qui peut basculer de l'autre côté et à tout instant.
Il nous faut une autre République. La sixième pourquoi pas ? Même s'il me semble qu'on gagnerait du temps à enclencher directement la septième. Nous résoudrons la crise économique en mettant toute nos richesses dans un pot commun et en la répartissant équitablement. Il est impératif que nous cessions de nous gaver de blé tandis que l'on crève dans la corne de l'Afrique ; que le Qatar arrête d'investir dans des crampons en diamants et des tours d'ivoire alors que la misère gagne alentour et pas seulement les éléphants.
De la résolution à la révolution, il y a un pas que nous n'avons jamais franchi depuis plus de deux siècles. Nous pouvons tranquillement la mener en cessant illico de consommer de la merde en barquette ; de regarder de la merde et du sport à la télévision ; et en sortant dans la rue en évitant -toutefois- de marcher dedans !
Jaco

Les bacchanales jusqu'à l'Aubrac


Chaque année on fête Bacchus avec un vif plaisir, d'autant qu'en cette période plus triste que réellement austère, ce dieu romain incarne à la fois le vin et l'ivresse, la convivialité et la sexualité. Bon, nous pour rompre toute équivoque (peuchère, comme disait un autre barbu que j'ai bien connu !) nous nous sommes contentés de la convivialité. Avec notamment, le vendredi soir la visite de 22 amis regroupés autour de l'insatiable Yves et son épouse Martine. Tous ceux-là ont joué le jeu dans l'esprit du salon, en découvrant les produit d'Aubrac, souvent avec étonnement et plaisir.
Le samedi à midi, ce sont les confréries de l'Aiéi d'Aix et des Gueules enfarinées de Vins qui découvraient notre table avec la même bonne humeur.


Eric et Stéphane en première ligne

Nous n'avons pas coupé tous nos liens avec le rugby. La preuve nous entrons régulièrement en mêlée avec nos clients et nous parvenons parfois à en enfoncer quelques unes. Nous devons cette force à la saucisse de Conquet et au Marcillac de Laurens. En fait on ne craint pas grand monde, surtout lorsqu'on a Eric en pilier droit. Quant au pilier gauche, il est moins rassurant mais extraordinairement sympathique.


 

Alex et l'Aviron sans pression

Visite éclair de notre ami Alex. Sous sa belle casquette il affiche un air détendu. Il est vrai qu'en tant que préparateur physique de l'Aviron Bayonnais il appréhende la suite avec sérénité : dans un mois, il est en vacances !







Accueil chaleureux où bien-manger
et plaisir riment avec prix juste !
Voici le dernier avis trouvé sur le site de forum gastronomique. Il est tellement sympa -et probablement juste- que nous ne résistons pas au plaisir de vous le faire partager. Merci "Emma".


"Pour fuir les restos surfaits, aux plats industriels revendus à prix indécents, je vous encourage à découvrir un accueil vraiment sympathique, chaleureux, celui de Jacques et son épouse qui sont des gens authentiques et vous servent une cuisine saine et de terroir. Cet endroit est un lieu qui mérite le nom de restaurant : les plats y sont cuisinés sur place, et avec amour.
Amateurs de bonne charcuterie, d'Aligot (le meilleur de PACA à mon avis ), de vraie viande de boeuf sélectionnée, de crêpes maison, mais aussi de cassoulet, de potée, ou de grillades salades de saison, vous trouverez toujours quelque chose pour vous satisfaire.
L'Aubrac sur mer est un endroit où vous êtes le bienvenu, un invité, et pas simplement un porte-monnaie !
Entre amis, en famille, on s'y sent bien, en toutes saisons.
Sortez des sentiers battus, à tester !!"



 Chronique du 2 avril 2013

         Bacchus veille sur nous        



Et voilà mes potos, mais conos ( mes connotes, car j'en compte heureusement aussi parmi mes intimes) et même les autres, c'est le printemps. D'ailleurs ça s'est vu à Paris avec un premier cortège massif dans la manif. D'un genre certes moins habituel où les tailleurs Chanel s'étaient substitués aux traditionnels bleus de chauffe. La principale leçon à retenir étant -comme le mentionna dans son touit mon ami Lilian- que le foulard Hermès protège moins du gaz lacrymogène que du ridicule.
Mais le printemps, c'est heureusement autre chose qu'un défilé de vieilles peaux effarouchées du XVIe (siècle ou arrondissement, c'est au choix à moins que vous n'optiez pour les deux). Il y a aussi Vénus, Uranus (horribilis c'est à craindre) et Bacchus. Celui-là, c'est mon préféré. D'autant qu'il vient tendre sa toile Place d'Armes. Et que l'on puisse célébrer le Dieu de la bonne bouffe et du meilleur pinard à Toulon, c'est déjà un miracle et je pèse mes mets... ha non pardon, je pèse mes mots !
Tellement que nous n'avons pas hésité, il y a trois ans, à adhérer sans réflexion à cette noble institution qui a fêté -autre miracle- ses vingt ans de bouteille. Et il n'y a pas de ride sur l'étiquette, pas le moindre dépôt au fond de ce vieux rouge qui attache.
Nous suivîmes, non parce que c'est notre ami Yves qui nous le proposa, pas même parce que son créateur, Laurent, est l'adjoint de la ville au commerce dont nous dépendons. Nous le fîmes car un salon qui célèbre le produit et ceux qui le défendent, colle parfaitement à notre propre démarche. Chaloupée, cahotante parfois, proche du chaos éventuellement, mais fière et déterminée. De plus nous avons relevé immédiatement ce paradoxe à la fois stupéfiant et admirable qui veut que le promoteur du salon n'ait pas un énorme appétit et soit, paraît-il même, un piètre buveur. En sorte que nous partageons avec Laurent, une manière d'altruisme, puisque nous qui aimons manger et boire, proposons aux toulonnais des choses exceptionnelles qui ne les intéressent en rien.
Ce salon Bacchus, nous vous le conseillons avec la plus énergique des convictions. La plupart des grands crus de Provence y sont, le cochon Corse y est honoré, de même que le petit chèvre des Maures. Mais à notre vif regret nos fournisseurs ne feront pas le déplacement. Peut-être parce, Place Lambert, ils savent que deux vieux fous s'arcboutent sur leurs certitudes et tiennent le pavé presque aussi haut que la pelle à aligot.
Alors si Bacchus vous inspire avec sa grande barbe de feuilles de vigne et sa grappe toujours ferme malgré le poids des siècles et la succession de bitures qui n'ont altéré ni son métabolisme biliaire ni sa bonne foi, ne perdez pas la main. Lorsque le louable et opalin barnum aura plié bagage, vous pourrez retrouver notre salon permanent. Que Bacchus ne renierait pas et privilégierait sûrement s'il n'était tenu à un certain devoir de réserve.
Où peut-on trouver une viande savoureuse marquée au label rouge, et non à la piquouse d'antibiotiques et gavée de tourteaux indigestes (et pas que les pinces !) ? Où est-on sûr de retrouver la sapidité ancestrale d'une charcuterie artisanale quasiment sacrifiée sur l'autel de la cochonnerie à deux (trous de) balles et des directives européennes ? Où, filerez-vous pour partager l'onctuosité caressante d'une cassolette d'aligot, en joignant un bras d'honneur à la dictature de la frite ? Où dégusterez-vous un vrai foie gras de canard élevé au grand air aveyronnais et confectionné dans les ateliers de Laguiole où l'on forge aussi d'excellent bocaux ? Où découvrirez-vous ce nectar charpenté, exhalant à la fois la terre et le verre, la folie douce et le grain de raison ? Où fondrez-vous au même titre que son glaçon, à la suave amertume d'une gentiane naturelle et salvatrice ? Où vous laisserez vous emporter dans l'imaginaire par la puissance et l'élégance d'une eau de vie de reine-claude ou de cette vieille bonne poire de Williams ? Où vous proposera t-on à la place d'une banale Kronenbourg, un bière blonde de l'Aveyron à l'équilibre subtil du houblon et des levures. Et des limonades aromatisées en lieu et place de tous ces sodas frelatés et même un Colt Cola, rien que pour roter dans les oreilles du malfaisant Mickey ?
Où ? Vous n'avez pas deviné ? Bon d'accord, c'était vachement dur ! Eh bien chez nous bande de nigauds. Et Aubrac sur mer, ce n'est pas trois jours en avril. C'est toute l'année. Sauf entre mi-juillet et mi-août où nous nous inclinons devant les pros de la restauration. Il faut bien que les touristes découvrent les spécialités locales et ingurgitent leur comptant de moules...
Jaco

Plagia sur mer
Incidemment mes parents qui nous rendent visite de notre lointain Tarn natal, se sont arrêtés dans un restaurant de Lattes (tout prés de Montpellier) qui s'est tranquillement appelé « De l'Aubrac à la mer ». N'imaginez pas que nous ayons ouvert une chaîne. On n'en est pas là. Surtout lorsqu'on voit comment marche le premier ! Il s'agit d'un plagia pur et simple qui ne semble leur avoir posé aucun problème, puisqu'ils n'ont même pas jugé utile de nous en informer. Bah ! tant qu'il ne font pas la salade Aubrac et l'assiette aubracienne... 
 

De tout coeur avec Jacky
Vendredi à midi nous devions recevoir, comme tous les derniers du mois, les anciens du RCT. Mais ce fut annulé car leur leader, Jacky, a été hospitalisé quelques jours auparavant. Un problème cardiaque qui nécessitera un pontage. Ça se passera mercredi à Marseille et nous serons de tout coeur avec toi. Mais on ne se fait aucun souci, car en bon « Catalan burro » on sait que tu ne lâcheras pas l'affaire. 

 
Le premier champagne d'Awa

Notre nouvelle, jeune et belle serveuse de fin de semaine a bien des qualités, mais comme vous l'aurez peut-être observé, elle est encore hésitante lorsqu'il s'agit d'ouvrir une bouteille. Elle a comme dirait un peu la pression surtout lorsque c'est du... champagne ! Vendredi soir elle a donc ouvert la première, avec succès. Il faut dire qu'elle avait un public voué à sa cause. Et merci pour votre indulgence à son égard, votre gentillesse qui n'a d'égal que la sienne.
 Chronique du 26 mars 2013
         Facteur de gentillesse            

 L'autre jour, peu avant midi je surprends mon facteur en train de placer son téléphone au-dessus d'une lettre. Enfin, je supposais que c'était un téléphone. Un truc plat, large, pas commode, qui sert à tout sauf à téléphoner et sans lequel désormais tu passes pour l'idiot du quartier. Et quand tu vois combien d'idiots en sont équipés, tu te dis que tu dois l'être bougrement. Mais ce n'est pas d'idiot dont je voulais parler, mais de Didier. « Oh, qu'est ce que tu fais cono, tu prends ton courrier en photo maintenant ? »
Vous jugerez ma façon de m'adresser au représentant de la distribution publique et officielle, bien cavalière. Mais n'étant pas à cheval sur les principes (merci de bien faire la relation entre l'attitude cavalière et le fait de n'être point à cheval) je ne compte pas ma familiarité lorsqu'elle m'est inspirée, non directement par le coeur, mais par l'expérience relationnelle. Cela fait trois ans que celui-ci me pose le courrier, là où je veux et quand je veux. Ce n'est pas qu'il soit à ma botte, c'est qu'il se fait une certaine idée -archaïque certes- du service public et des rapports humains.
«Et non, me dit-il avec cette mine radieuse et un délicieux accent de supporter toulonnais
(il fallait bien que nous ayons quelques divergences !) je scanne. » « Qué tu scannes ? » m'escanais-je avec une fausse imitation de notre bon vieux César, qui siège toujours, cartes en mains et merde de pigeon sur le chapeau, à deux pas de la place Lambert. « Ouais, à la place du bordereau à remplir, il nous faut maintenant passer le code barre qui est sur la lettre recommandée et ça part directement sur le réseau... »

J'aime la poste. Enfin, suis-je sur le point d'en parler à l'imparfait -à l'empaffé même- tant elle semble prendre le virage de la merdonité... Je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit, mon seul concours jamais réussi (avec celui de poésie à Réalmont) fut celui de préposé. Oh ! il suffisait de savoir dans quel quart de la lettre on posait le timbre et que Florac était la sous-préfecture de la Lozère, mais quand même ! je l'ai eu... Finalement, j'ai déserté et me suis réfugié dans un autre métier où il me fut donné de trier pas mal de lettres aussi et de croiser au moins autant de snoc. J'ai longtemps regretté ce choix. L'autre m'aurait amené à sillonner la France en 4L jaune, à croiser l'hermine, à écraser le lièvre au petit matin et à confectionner un magnifique civet dans l'après-midi, vu que côté horaire, c'est quand même pas le goulag. J'aurais préféré blaguer avec le fermier entre deux bouses de vaches, que poser des milliers de questions inutiles à des bourrins. Enfin c'est fait...

Didier, lui, non seulement il a un téléphone de m... dans les mains, mais il gravite dans le centre ville le plus sordide de l'hémisphère nord. D'autres seraient dépités, feraient la gueule en permanence (d'ailleurs sa remplaçante ne s'en prive pas), mais lui, rayonne, il illumine que dis-je, il irradie... Mais d'où sort-il tous ses béquerels. Pas de la Rade quand même ! Certes il est assidu au stade Mayol, mais je ne pense pas qu'il se dope non plus ! Il fait même du vélo et pas qu'un peu. L'été ses vacances à lui, c'est pas Istambul, Mahé ou Phuket (comme tous ceux qui filent à l'étranger, en geignant dans leur 4x4 Toyota, qu'on leur a tout pris). Non lui c'est l'Isoard, le Galibier et le Cucheron, les grands cols alpins où l'on engrange les cellules et où l'on aère les neurones.

Et voilà pourquoi même sans son vélo, ce type là se sent bien dans sa peau. Et qu'il se fait une meilleure idée des rapports humains que le petit bonhomme qui voyage au bout du monde, mais ne supporte pas son voisin étranger...
Rapports humains. Chaque fois que je prononce cette formule à mes yeux basique, j'ai l'impression de dérailler dans un environnement où, me semble-t-il, les gens n'ont plus qu'un rapport... au fric. Moi, mon truc, c'est la gentillesse. Oh ! pas celle dont usent tant les renards qui n'en possèdent pas un atome au fond d'eux-mêmes, mais qui en étalent comme un pot de miel, pour grimper dans la société ! J'aime, nous aimons avec mon pote facteur, les vrais gentils. Et ne voyez pas là la moindre référence à la magistrature bordelaise, même si sur le coup, elle nous fait bien plaisir.
C'est donc encore et toujours avec le sourire, qu'il m'expliqua que 65 000 agents de la poste allaient être équipés de ces téléphones scanneurs grâce auxquels on allait supprimer tant de paperasserie. Et d'emplois inutiles ! Comme sur les autoroutes, les supermachés et les usines... Où les patrons et actionnaires réalisent toujours plus de profit, tandis que l'on s'étonne que le seul Pôle en pleine expansion soit celui de l'emploi perdu. Car vous imaginez bien que la commande des 65000 merdiers n'a pas été passée en France où l'on ne fabrique plus rien (en attendant de ne plus rien cultiver ni élever non plus), non c'est un gentil Coréen qui fait ça beaucoup mieux que nous.
En somme Didier, c'est mon Tati à moi (oui parce qu'il est trop jeune pour être mon tonton). Ma bulle d'oxygène, ma soupape de décompression, mon bol de rire (avec ou sans baguettes). Et lorsqu'il disparaît, rue de la Glacière, je l'imagine sur sa bécane brinquebalante, trop grande pour lui, son allure chancelante, sa caquette bleue enfoncée, sifflant sans trop savoir tout en bourrant sa pipe, slalomant entre deux pigeons, recevant parfois quelques pierres de garnements dans les rayons. Il tournerait sa sacoche autour de son buste en disant : hélicoptère...Et on s'évaderait de Toulon par les toits, comme deux forcenés en mal d'humanité …
Jaco

Je me suis fait...Bayonnais !

Voilà ce qui m'est arrivé. Mon ami Alex -le meilleur préparateur physique du monde, comme notre foie gras, nos viandes, nos charcuteries et notre aligot- toujours en charge de l'Aviron Bayonnais, m'a dépêché son épouse, notre amie Dany, pour m'obliger à porter le nouveau tee-shirt de l'A.B. Une honte à Toulon. Mais que voulez-vous je n'avais pas le choix. Alors je l'ai enfilé. Mais à contre-coeur, vous vous en doutez ! D'autant que je risque de perdre les derniers clients qui hantent Mayol. « Dans notre cher petit Bayonne il est une Peña, La Peña Baiona. LA,LA,LA,LA,LA... »
 Chronique du 19 mars 2013

              En habemus ras la calottum        

Vous l'imaginez bien, je ne vais pas ajouter au flot de propos pontifiants, aux déchaînements de la vox populi, aux déferlements médiaticum, ma chronique d'un papam annoncé. Rabâché, ressassé, radoté, pépié et j'en oublie sans doute. Ras la calotte... de cheval.
Car, j'ai tenté de savoir ce mercredi soir-là ce qui se passait dans le monde. Enfin je veux dire ce qui se passait de sérieux. Mais des chaînes -ré- publiques aux pullulants maillons privés, de ITV à LCI, en passant par LCP et BFM (si ces abréviations à trois lettres ne vous suffisent pas à comprendre qu'ils nous prennent pour des snoc...), pas moyen d'émerger de cette fumée blanche, dont on nous expliquera, une fois dissipée la ferveur romaine, qu'elle est nocive pour nos poumons. Je crains qu'elle le soit aussi pour notre esprit sain.

Tenez, ce soir-là j'aurais supporté, à l'extrême rigueur -hivernale- les pertinents propos de Valérie Pécresse s'insurgeant contre ces flans de socialos incapables d'empêcher de neiger et surtout pas foutus de nettoyer les routes, afin que le bon peuple puisse continuer à brûler dans la froidure et des conditions extrêmes, des centaines de barils et achever les derniers petits oiseaux à grands pots d'oxyde de carbone. Et puis, pourquoi les départements, les régions n'investissent-elles pas dans des engins de déneigement qui leur servirait une fois tous les dix ans ? Ah ! Vivement le retour de nos droitillons préférés pour une belle et saine gestion. Ce soir-là, tout me manqua, même les attentats en Syrie, les frasques de bibendum aux pays des ex-soviets, les commémos du massacre de Mérah, du rhum, des filles et d'la bière, non de Dieu...

Non, là, c'était le pape, le pape, le pape. C'est quand même inouï comme on peut-être submergé de considérations et d'états d'âme au sujet d'un état dont la superficie est à peine plus vaste que la place Lambert. Et dont la principale occupation consiste à colporter à travers la ville et le monde (et dans ses recoins les plus vulnérables) une parole légèrement datée et attribuée à un type que personne n'a jamais rencontré et a qui, pas un journaliste de TF1 n'a posé de question, ni un seul opposant du Front de Gauche n'a porté la contradiction.

Après, il ne faut pas leur jeté la -sainte- pierre non plus, aux papes. Comprenez qu'ils aient du mal avec la pilule, l'avortement et la PMA, eux qui ne se réfèrent jamais qu'à des textes en latin et d'un temps où l'on venait juste de découvrir le feu, la roue et la crucifix.

Je ne vais pas en rajouter sur le pape -disais-je plus haut-, pas plus que je ne veux « bouffer du curé », d'ailleurs sans valeurs gustatives particulières. Tout ne serait d'ailleurs pas mauvais dans la nomination du « che » -le che n'est pas étymologiquement lié à la révolution, mais à la nationalité argentine- puisque celui-ci ne descendrait pas de Saint-Pierre, mais de Saint-François. Lequel professait (peut-être !) dès le XIIIe siècle : « Soyons réalistes, exigeons l'impossible... »

Ce disciple octroiera au Vatican une position assise, si j'ose cette figure à la fois rhétorique et facile. Quoiqu'on n'ait jamais entendu jusque-là, y compris en grégorien : « Debout les damnés de la terre... » Un franciscain et un jésuite pour le même prix, ce sont les soldes au Vatican ! C'est aussi la promesse d'un joli faux-cul. Exercice dans lequel il s'est d'ailleurs -paraît-il- surpassé dans son fief de Buenos-Aires, lorsqu'il tournait son regard éploré vers le ciel, tandis que le très dévot général Videla enlevait 500 enfants, mutilait leurs mères et massacrait des milliers d'opposants. Sans doute le brave homme, n'oubliait-il pas -en contrepartie-... les deniers du culte !

Ce qui importe, c'est ce que François va offrir à l'humanité désormais. Lui qui prêche une vie éternelle et sans doute meilleure ailleurs -ça ressemble à un programme électoral- va-t-il maintenant s'intéresser suivant sa profession de foi aux pauvres et aux nécessiteux ? Chez nous, c'est le deuxième François à jurer qu'il va se ranger du côté des pauvres. Mais il suffit que deux patrons menacent d'aller parquer leur Ferrari à Berne et poser leur jet privé au Luxembourg, pour qu'aussitôt, notre téméraire tribun de la Bastille, se remette dans la droite ligne de ses prédécesseurs.

Toutefois les moyens du François de Rome, ne sont en rien comparables avec ceux de l'intérimaire de l'Elysée. Ses bourses sont pleines à Choi 1e. D'ailleurs le lendemain toutes les places du monde de Hong-Kong à Wall Street ont salué son arrivée. Et un pape qui fait remonter les bourses, ça n'a pas de prix pour un vieux curé. Saint-François à la tête de plusieurs centaines de milliards d'écus va donc pouvoir sans tarder redistribuer cette manne céleste à tous les miséreux de la planète. Dans les favellas, les town-chips, les taudis et les banlieues de la grande couronne, on va faire péter le champagne. Va y avoir des effusions de joie, des prières monstres, des miracles retentissants et des apparitions de vierges à tous les coins de grottes.

Et dans cinq ans, ce François-là sera réélu au Saint-Siège à une écrasante majorité...

Jaco

P.S. Au fait, j'étais parti pour vous parler du nouvel ordre mondial du commerce. Comme escroquerie, c'est pas mal non plus. Mais priorité au direct... du gauche.


Pages jaunes et... payantes
Vous nous demandez parfois pour quelle raison vous ne nous trouvez pas dans les pages jaunes sur internet ! Et bien c'est très simple, la parution est payante !
C'est à dire que lorsque vous irez sur les pages jaunes, ce n'est plus un renseignement que vous trouverez, mais de la pub.
Oui, oui, vous avez bien lu, ce service emblématique de la poste n'est plus qu'un outil à ramasser du fric. Un de plus ! Et ce n'est pas donné, croyez-moi ! Lorsque nous avons été démarchés (deux fois), la personne a lourdement, très lourdement insisté. Et lorsque j'ai argumenté mon refus, elle m'a raccroché au nez. Sympa non ? Et dire qu'il y en a qui applaudissent à la fin du service public !
 Chronique du 12 mars 2013
           Les sennoc, ça existe aussi !        

 Cette semaine, jeudi je crois, nous avons eu droit à notre petite journée de la femme. Coincée entre celles des grands-mères (et merde pour les grands-pères ! ) et des poètes. Comme tant de femmes et d'hommes, ce vieux combat ranimé par des suffragettes devenues de vieilles peaux aigries, me fait doucement marrer. Car on sait bien qu'elles mènent le monde, nos femelles et par le bout du... nez, encore (tiens me voilà poli à présent !) Je n'évoque même pas Héra, Aphrodite ou Pénélope, pas même Cléopâtre, Catherine de Russie ou Margaret Thatcher. Prenez la reine Christine du Fonds monétaire international, et bien elle dirige le monde de la finance, autant dire le monde tout court. Avec en plus ce petit côté dominatrice -tout en cuir- qui ne me déplaît pas, même si l'on doit toujours se méfier de ce FMI, devenu le refuge de la perversité.
Il y a un ministre des Droits de la Femme (la belle petite Najat) mais pas d'équivalence pour les droits de l'homme. Et pourtant là encore il y a de quoi faire. Mais ailleurs, c'est entendu. Parce que la réalité, c'est que les pays de l'ancien empire communiste -par exemple- où l'on commence à s'apercevoir que s'il ne faisait pas toujours bon vivre dans l'égalité, il n'y faisait pas non plus forcément plus mauvais que sous le joug des doctrines néo et ultra libérales... Là, les femmes ne sont effectivement pas traitées convenablement, tout simplement par manque criard d'humanité. Et partout où la religion domine, c'est pareil, les droits humains s'inclinent.
« La femme est l'avenir de l'homme » chantait le sublime Ferrat, oui mais l'immenssissime Brel lui répliquait : « et d'entre elles les connes, ne ressemblent qu'aux connes. » Des « sennoc » maître Jacques, des « sennoc », parce qu'ici, monsieur, on reste correct !

Non, mais sans situer ce débat vieux comme le monde sur le mode agressif, alors que nos unions génèrent tant de douceur (avant que l'on finisse pas s'emmerder à cent sous l'heure), il faut bien admettre qu'il est connoté d'une certaine mauvaise foi et teinté de jalousie. En poussant le bouchon pas très loin de l'autre côté de la rive (ce matin c'est l'ouverture de la pêche et je ne suis toujours pas sur les bords du Bès en train de me les geler une canne à la main) j'en viendrais à croire qu'elles rêveraient d'avoir, elles aussi, une paire de couilles. Ça se voit qu'elles ne les porte pas tous les jours ! Parce que quand ça vous démange, ça, en plein discours à la tribune de l'ONU, sur un court de tennis devant 25 millions de téléspectateurs ou sur un fil entre deux gratte-ciels (celle là je m'en serais voulu de passer à côté !) eh bien, c'est un véritable supplice...
Mesdames, au lieu de nous les casser, z'avez qu'à vous en prendre au créateur qui a distribué la testostérone aux uns et la conversation aux autres.
Car votre combat ne peut plus se situer que sur le terrain de notre immense supériorité physique. Pour le reste cela fait longtemps que vous dominez la situation. Pas de la tête et des épaules donc, mais plus subtilement de cette manière d'autorité, de perfidie innée -ou organisée-, de cette férocité en somme, qui vous conduit toujours à vos fins, tout en trouvant le moyen de stigmatiser le mâle et de l'aliéner pour mieux l'anéantir .

Mais, rigolez tant qu'il est temps. Votre pouvoir demeure vacillant. Il suffirait qu'un mouvement de fond nous pousse, nous les hommes, à suivre une cure de bromure (ou de gentiane) pour que votre formidable pouvoir s'effondre immédiatement. Car comme disait le pouet-pouet, la femme est assise sur son capital.

Pour le travail c'est pareil, on vous le laisse, le travail. D'ailleurs contrairement à ce que j'entends encore à mon grand dam -ma pauvre dame- vous êtes largement mieux payées que les hommes. Je ne parle pas de la promotion canapé, dont le phénomène est sur le point de s'inverser (c'est nous qui passerons à la casserole sitôt que l'on sera à votre convenance). Entre ce que vous épuisez de temps au téléphone ; à la reconstruction de vos petites rides qui finissent en ridicules par le poids abyssal de vos responsabilités ; aux confrontations d'idées puisées dans les mines d'informations que sont Voici et Gala... Et je ne parle pas des petits retards dus à votre extrême prudence au volant (doux euphémisme qui sous-tend une mollesse organique) ni des « problèmes de femmes », des rendez-vous chez les gynécos, des accouchements à répétition... Bref si l'on fait le ratio, on est dans les choux, question salaire. Et puis, moi, avant de me mettre réellement au travail il y a quatre ans, j'ai fait semblant à côté d'expertes qui faisaient ça beaucoup mieux que moi. Dans l'art de se donner de l'importance, de brasser du vent et de placer la peau de banane sous les pieds de collègues gênants, elles étaient passées maîtres. J'en connaissais deux ou trois, qui rayaient tellement le parquet qu'elles auraient pu s'attirer les foudres du menuisier. Et regardez maintenant, elles ont pris quasiment tous les postes de responsabilité dans nos journaux. Il faut dire que les mecs qui les détenaient avant, n'en avaient pas non plus. Comme ça on est quitte !!!

A les voir évoluer, les féministes -il y en a encore- me donnent même l'impression de mâchonner de vieilles haines, telles que d'être encore obligées d'accoucher. Ça prend du temps, ça empêche de surveiller ce qui se passe au boulot et cerise sur le marmot, ça fait un mal de chien. Or,se donner du mal, c'est pas dans leur philosophie ! Et après il manquerait plus que ça qu'elles se le gardent. Oh ! les mecs, vous les prenez pour qui, les gonzesses ? Elles sont pas à votre service. Si vous le voulez le minot, puisque vous êtes pas foutus de les faire (c'est vrai que lorsqu'on sait ce qu'une pépite de calcaire peut provoquer de douleurs frénétiques, on imagine mal un poupon de trois kilos franchir le canal de l'urètre) vous avez qu'à vous le garder. Ou, au pire, on le refile à n'importe qui dès que possible... Car le supporter la nuit c'est déjà sacrificiel, alors se le fader toute la sainte journée alors que le travail est si valorisant, merci !

J'en déduis alors que mes ancêtres, ma mère et ma femme (pour ne pas les dénoncer), qui ont veillé sur leurs enfants toute la vie, afin de leur inculquer quelques valeurs affectives et éducatives, étaient de sacrées sennoc. Et je n'ose même pas évoquer le repassage, le ménage et la cuisine qu'elles se tartinaient toutes par idéal et parfois jusqu'à la passion. Je n'en parle pas car nous pourrions bien finir devant un tribunal international.
D'autant que celles-là ne pratiquaient pas la torture suprême mais subtile, consistant à vous entraîner des heures durant, de boutiques en boutiques, en rêvant de trouver ce qu'elles ne seront jamais...
Je n'avais jamais autant pris conscience qu'aujourd'hui, de ce que l'homme a pu bafouer les droits de son égale. Mais je suis sûr au moins qu'il y en est un qu'elles ne revendiqueront jamais, c'est le droit de la fermer. Misogynie mise à part, bien entendu !
 

Jaco


 Chronique du 5 mars 2013

                  Canal P(L)u(s)                  



Je ne sais pas de quoi ça vient, mais je ne supporte plus Canal. Peut-être par cupidité, quoique ça m'étonnerait. Toutefois 60 euros avec les options, ça commence à faire chérot, même pour le plaisir de tirer dessus à boulets rouges. Ou alors n'ai-je plus l'âge ? Cela fait bien longtemps que mon vieux père -enfin pas tant que ça, (va !) vu que maintenant un centenaire échafaude autant de projets, qu'un cinquantenaire du siècle dernier !- ne comprend plus un traitre mot de ce qui se raconte au Grand Journal. L'aurais-je donc déjà rejoint le paternel, dans cette espèce de rejet atrabilaire de tous ceux qui se pâment, se congratulent, se montent du col et se dandinent sur son siège design ? Et serais-je abscons au point de ne rien comprendre à la météo de leur pinup à claque, laquelle m'oblige, cette grande dindasse, à me replier sur Evelyne Dhéliat que j'aimais déjà beaucoup (la météo était le seul « porno » à l'époque), lorsque j'étais ado dans les années soixante ?
Non, ce n'est pas tant une question de génération. Regardez le présentateur, Denise ou zozo ou les deux à la fois. Il a quasiment l'âge de mon papa. Bon, si vous les mettez côte à côte, vous voyez bien qu'il y en a un qui a un peu plus morflé. Le travail peut-être ? Et bien le Michel en question, il est toujours aux manettes. Avec son air ravi et son brushing frais brillant, il a même toujours l'air assis dessus -sur la manette-. Même que ça à l'air de lui faire du bien. Surtout lorsqu'il frétille en recevant des méga stars (suivant la terminologie maison) genre Eva Longoria, Madonna, Roger Moore ou Will Smith. Car évidemment pour ce grand illuminé de la télé, tout ce qui brille vient fatalement des States. Ou des stades lorsqu'il sert la soupe tel une gentille soubrette à ses maîtres à penser : Beckham ou Ibrakinovic. Lui qui avait une Rolex bien avant ses cinquante ans et dont le cœur bat très fort côté bling-bling, c'est effectivement sur les étoiles qu'il a fondé son univers. Celui des bobos qui, vu d'ici me font irrépressiblement penser à de gros beaufs.
La question, la seule est de savoir si c'est lui qui vit dans une autre stratosphère et si les stratèges de Canal ont fondu les plombs, ou si nous sommes effectivement d'indécrottables ploucs, doublés de vieux snoc. Mais après le gingle, les news, les blagues d'Omar ou Fred (c'était à vomir pareil) et les lives de Likke li, Take That, Youssoufa, Booba, Rihanna, Foals, Mark Ronson et j'en oublie par charrettes entières, je me précipite à la fenêtre pour retrouver de l'air, vite de l'air et je me dis qu'on est pas si mal... à la campagne.
A Canal, ça pue vraiment et c'est pas de la bouse de vache, hélas. C'est de Paris, du caniveau et des catacombes. Je ne veux même pas m'attarder sur toutes ces merveilleuses séries, dont vous pouvez traverser les saisons (1,2,3 et jusqu'à plus soif) et les épisodes (1,2,3 et jusqu'à plus faim) : The big C, Body of proof, Borgia, Braquo, Cold Case, Damage, Desparete -of course !- Dexter, Engrenage, The Event, Flashpoint, Game of Thrones... Et j'arrête là, sinon je vais gerber et je vous assure que je n'en étais qu'au point G de ces myriades de séries qui déclenchent des orgasmes dans les couloirs de leur siège (ici les moulineurs !)
Et je n'évoque même pas le sport. Celui qui vu par le bout de leur lorgnette carnavalesque représente la finalité, l'extase absolue , l'aboutissement du monde et un nouvel orgasme, un !
Là alors si t'en veut du foot, des fous et des j'en-foutres, des consternés du bulbe, t'as qu'à te servir. Ils sont tous chauds, mais quand je dis chauds, c'est chauds. Bon, là j'arrête parce que, tout à l'heure, je parlais de mon papa et que je crains que cet infâme sport demeure pour lui un lien aussi fort avec les cryptomanes que ce qu'il m'en détache. Alors du coup, je daube, je condamne, je m'alarme, je m'effondre, je me désespère, je me morfonds, je me catastrophe, je me cataclysme... mais je respecte.
Ce qui est bon aussi, ce sont les spécialistes. Ils sont pas beaux eux ! Avec cette sorte de cacochyme tellement énorme qu'ils ont créé les méga-plasmas rien que pour que le type puisse rentrer dans l'écran et cet espèce de blondinet qui compte aussi peu de cervelle que ce qu'il déborde de bagout. Tous ces types, parfois fort âgés et souvent fort dépassés qui refont le match avec cet air pincé, ce langage affecté comme si le sujet était un tant soit peu sérieux, alors même qu'ils déversent, incontinents, des flots de propos suffisants, mais inconsistants et d'une insondable vacuité...
Oui mais au fait, pourquoi me suis-je donc un jour abonné à Canal, déjà ? Ah oui ! parce que plus jeune et vigoureux, je trouvais plus commode de me faire un porno à minuit dans mon salon que de raser les murs pour me faufiler dans une salle obscure d'un vieux cinoche « dard et des seins ». Bon, comme le dit le vieil adage, quand tu en as vu un, tu les as tous vus. Quoi qu'une piqûre de rappel, vaut parfois mieux qu'un comprimé de viagra. Mais avec internet, mon vieux tu as tout ce que tu veux, de suite et pour moins cher...
Toutefois je ne suis pas faux-cul. Et j'admets volontiers que si Denise, Zozo ou la starlette de jour de rugby présentaient les spécialistes du foutre-ball ou de la rugueuse bite, je me surprendrais peut-être à plus d'assiduité. Sur le plateau quelques pornographes patentés, avec des invités prestigieux (des stars du X, des anciens du FMI, du Vatican, voire même de la Maison blanche et pourquoi pas de l'Élysée...) . Imaginez les échanges:
  • Oui mais si tu veux la mettre au fond, il faut être motivé.
  • Cela dépend de qui tu as en face
  • Exact et de la préparation mentale aussi, mais y en a qui y arrivent plusieurs fois sur leur seule qualité physique.
  • A partir d'un corner, avoue qu'il faut de sacrées qualités
  • D'accord, mais même dans l'axe profond tu en as qui se manquent.
  • Ça dépend aussi comment tu rentres. Il faut toujours attaquer en mêlée le premier.
  • Et avec une demie molle pénétrante tu peux faire du dégât !
  • C'est vrai, mais c'est quand même bien mieux si tu montes à plusieurs, un en bas, un en haut et un autre qui prend à revers. T'as compris le coup, en principe tu vas toujours à dame... 
    Tourne-vire, anal + ce serait pas le pire. Même si, forcément, ça pue aussi !
Jaco



 


 Chronique du 26 février 2013


    Les « snoc » font du ski 

Je vérifie par la fenêtre de mon ordinateur. Apparemment il n'y en a plus un seul. Pareil par celle de mon bureau, aucun à l'horizon sur la poudreuse des pentes de Cuers. C'est bon, on va pouvoir s'en payer une tranche sans qu'ils se reconnaissent, ils sont tous au ski.
Vous avez compris, il s'agit des cons. Pas des conos, catégorie par laquelle je désigne nombre de mes amis, mais les vrais, les durs, les tatoués même que ce serait pas la peine qu'ils le soient -tatoués- tant ils le portent sur eux. Mais voyez-vous, nous les désignerons désormais sous le vocable imaginaire de noc (snoc au pluriel), histoire de les prendre à revers. C'est pas tant le procès que je crains, s'il me venait par mégarde à traiter Tapie. Quoi que franchement, celui-là a largement dépassé ce stade et c'est plutôt les 40% qui se disent prêts à voter pour lui qui mériteraient d'être ainsi rebaptisés. Quoi qu'il existe déjà un parfait synonyme : marseillais. N'en parlons plus...

Non, si je déclare solennellement renoncer définitivement à l'usage du mot con, c'est pour ne plus m'exposer aux foudres rubicondes de mon B.O, redresseur de bons mots de son état, qui me tord souvent à raison dans de fameux (et fumeux) corrigés rouges que je vous offre au demeurant et généreusement en pâture (aux côtés d'un troupeau de race Aubrac). Ils doivent être bien rares les jeunes nocs à savoir que ce mot, pour le moins atrocement vulgaire, désigne dans ses origines latines le sexe féminin : cunnus, disaient-ils. Tout un programme !

Tout cela bien que légèrement trivial pour un dimanche matin à l'heure de l'office – je dirai trois pater et deux avé – me fait irrépressiblement penser à deux amis qui n'ont hélas pas l'immense privilège de me connaître. Le premier c'est Pierrot de Castelsarrasin, un brave type, chanteur par surcroit comme on n'en fait plus et qui, à ce propos, vocalise celui d'Alice : « Si je me réfère, A mon dictionnaire, Il est temps de faire La définition, De ce mot espiègle, Qui échappe à la règle, Plus noble qu´un aigle, Dans sa condition. Ce mot vous le dites, Censeurs hypocrites, Etablissez vite, Son vrai sens profond. Car si on l´ausculte, Au lieu d´une insulte, On peut faire un culte, Du joli mot con... » C'est finement ourlé comme des lèvres de jeune mariée...

Mais dans le génie syntaxique, l'art de transformer la guitare en jouet intime, que peut-il se faire de mieux que l'affreux Geogeo de Sète, le prince des poètes, le salaud qui a rendu à mes yeux toute autre parole, tout autre timbre et tout autre accord à jamais obsolète ? « C'est la grande pitié de la langue française, C'est son talon d'Achille et c'est son déshonneur, De n'offrir que des mots entachés de bassesse, A cette incomparable instrument de bonheur... Honte à celui-là qui par dépit par gageure, Dota de même terme en son fiel venimeux, Ce grand ami de l'homme et la cinglante injure, Celui-là c'est probable en était un fameux. »
Qu'ajouter après çà qui puisse encore avoir un sens, sans même escompter de puissance. Mais bon je me suis embarqué, je persiste. Ils ont donc bourré leur 4X4 de sacs, de planches, de bâtons, de draps, de victuailles et autre nocneries, rajouté tout ce qui dépassait sur la galerie et après avoir chauffé le moteur 10 minutes sans se soucier des voisins, enfourné les deux gosses endormis dans la bagnole. Il est cinq heures du matin, si tout va bien à midi on sera en piste.

Mais ça ne va jamais bien car çà commence à coincer à Sisteron (pour les moutons qui vont aux stations du sud) ou à Orange (pour les classieux qui optent pour les Savoie). De toute façon ça coince toujours à Orange... moi qui croyais que c'était un laxatif ! Donc ils tourneront, ce soir tard et dans l'obscurité, les clés de leur location au douzième étage d'une tour qui a sabordé la montagne. Et ce sont les mêmes qui se plaignent tous les matins de perdre leur temps dans les bouchons entre La Farlède et Toulon ! Heureusement les gosses ont été sages, le petit ayant avalé quatre DVD et l'aîné n'aura quitté sa console de jeu des yeux que pour avaler un hamburger arrosé d'un coca zéro, vu que sa maman commence à s'inquiéter : « 70 kg pour 1,20 m n'est-ce pas un peu trop, docteur ? » Et lorsqu'ils débarquent dans l'appartement « La Marmotte » en claquant les portes et en braillant sauvagement, les chers petits snoc, n'ont aucune idée de ce qu'il peut bien exister dans la nature entre le Faron et Pra-Loup ou entre le Cap Brun et Tignes vu qu'ils n'ont jamais levé le nez de leurs écrans.

Le lendemain, il ne fait pas moins de quinze. Mais en dessous de zéro ! Bon, ça passe parce qu'avec des combinaisons et autres fringues à haute texture calorifique sur le dos (plusieurs centaines d'euro quand même) ils ne chopperont la grippe que la semaine prochaine (contrairement au pauvre bougre mal fagoté qui l'attrape instantanément). Ce sont les mêmes, là, avec les pieds ballants qui se congèlent le cul une semaine durant sur des télésièges et qui ne sortent jamais le soir à Toulon parce qu'il pèle trop : « Ce n'est pas le même froid osent même les champions du monde » souvent du sexe dont je vous entretenais un peu plus haut. Le contraire de noc pour les deux qui suivent encore le propos !

A midi, nouvelle orgie de burger-frites au refuge 2000 : « les Isards ». 15 euros c'est comme à l'Aubrac dis-donc, mais c'est nettement plus beau ici. Le soir on se retrouve avec les amis de l'année dernière -et où l'on trouvera, tant qu'à faire, ceux de l'année prochaine- en bas de « La Marmotte », au resto de « l'Edelweiss ». 30 euros la vilaine fondue et les deux verres d'apremont. Ça ressemble à l'aligot dis-donc ! Oui mais là, t'as que ça à bouffer ! Et ce sont les mêmes qui trouvent que chez nous, c'est trop cher !

Bref, tout s'est bien passé. Bon on s'est un peu disputé avec tout le monde : dans la foire d'empoigne et d'attente aux remontées ; dans la descente où l'un va trop vite et l'autre tombe devant toi ; avec les gosses qui ne veulent pas se lever, puis qui ne veulent plus rentrer ; avec la femme qui n'était jamais prête à sept heures du mat pour ouvrir la piste des « Airelles » toute fraîche ; avec le mari qui n'a pas arrêté de brancher la voisine dans sa moulure fluorescente hyper-discrète. Pour à peine plus de trois mille euros (enfin 4500) ils se sont éclatés. C'est au moins ça que « l'autre flan » ne nous prendra pas déclamèrent-ils fièrement !

Et pendant ce temps, il neigeait sur Toulon …

Jaco


 
 Chronique du 19 février 2013
     On nous roulerait pas un peu dans la farine ?     

Vous aurez bien noté que je ne me suis pas précipité pour persifler sur la colline où des millions de béotiens s'enfoncent les doigts au fond de la gorge pour tenter de vomir leurs lasagnes ou leurs moussakas. D'abord parce que ce n'est pas mauvais en soi, le cheval (d'où l'expression que même un jeune utilisateur d'Iphone est susceptible de connaître). Bon, il ne s'agit pas là d'un percheron promenant sa dégaine débonnaire dans l'herbe grasse d'une prairie normande ou d'un pottok sifflant une paille entre les dents sur les pentes de la Rhune... On parlera plutôt d'une vilaine carne, agonisant dans un wagon racheté aux enchères à Buchenwald directement après-guerre et croupissant au soleil. Mais il faut que le ravioli ait du goût non d'un chien !
Non, réellement, me fendre la poire en imaginant ces millions de gens qui croient malin de s'empiffrer des cannellonis congelés sous prétexte qu'à Aubrac/mer c'est trop cher et qui ne s'alimentent plus qu'avec de la merde (j'ai choisi ce qu'il y avait de moins mauvais !)... très peu pour moi. Il faut quand même être au-dessus de ça ; car à glousser sans mérite, on jubile sans gloire.
Et puis quand je pense aux larmes des frangins rugbymen de Castelnaudary, tellement honnêtes ceux-là, qui avaient si bien mené leurs affaires qu'ils vendirent leurs boites (de conserve) pour le franc symbolique, quand je pense aux terribles sanglots de l'aînée de la fratrie devant les caméras « on a sali notrrrrre nom ! » il faudrait décidément avoir un coeurrrr de pierrrrrrrre pour oser se marrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrer.
Il manque quand même quelques morts. Une canine de canasson en travers de la gorge, ça doit pourtant pas être commode à digérer. Ou alors une palette de viande oubliée sur un quai dans la brume de Craiova par l'importateur hollandais (mais la présidence devrait publier un communiqué affirmant que ses partisans n'y sont pour rien...) et replacée incognito dans sa chambre froide, au petit matin, par un intermédiaire luxembourgeois et immédiatement conditionnée par un industriel suédois... ça mériterait bien une belle intoxication létale, non ? Vous ne vous en tirerez pas toute la vie avec une bonne colique et quelques tâches sur la descente de lit (rapport à la dissanterie). Ouais pas terrible, mais des fois, ça suffit à faire plaisir !!!
Qu'est-ce que j'écrivais déjà ??? Oui, c'est pas bien de se gausser des monstruosités produites par ces multinationales, parce qu'elles ne sont, après tout, que les filles naturelles de notre société et de votre vénalité. Si l'étalon de l'humanité avait été le sexe plutôt que cette saleté de fric, vous verriez qu'on se ferait quand même beaucoup mieux baiser. Là, c'est à sec et sans l'ombre d'une caresse sur la tête, ni d'un sentiment.
Beaucoup moins médiatisé -car nos journaux ne traitent que d'une info embarrassante à la fois et encore si c'est l'autre qui a commencé- le retour triomphal des farines animales dans l'alimentation de nos poissons d'élevage. Cela mérite, je crois, une standing ovation ! Allez levez vous bande de fainéants ! Quoi ? Le fait que vos chères dorades puissent à nouveau se faire les dents sur des os de vache et que les bars se remettent sous pression en grignotant des oreilles de cochon, cela ne vous fait rien ? Quelle ingratitude ! Vous ne vous rendez pas compte que l'industrie agro-alimentaire vous offre ainsi une chance insigne de vous gaver de protéines tout en profitant du phosphore. L'excellence sera à votre portée avec la tonicité du poulet, la puissance du boeuf et l'intelligence du merlan.
Je ne sais pas avec quelle narine, ni quelle farine ils aspirent, les têtes d'oeuf de Bruxelles ou de Paris pour pondre un tel projet, mais nous devons admettre qu'ils n'ont pas inventé la boite de pandore. Ils se contentent de la rouvrir.
Il y quarante et quelques années -ciel c'est si vieux que ça !- il était fréquent qu'à la cantine de l'école Victor-Hugo à Graulhet, on nous serve du poulet qui avait atrocement goût à poisson. Mais pour manger une aile, c'était bien commode, car la chair se détachait super bien de l'arête... Désormais c'est le poisson qui a pris le pouvoir, puisque c'est lui qui va bouffer du poulet. Et lorsque vous irez acheter une sole, il vous suffira de demander à votre poissonnier de vous la plumer.
Bon et on va les laisser faire longtemps comme ça ? Ceux qui nous empoisonnent pour se gaver de pognon et ceux qui consomment, fascinés par le modèle économique et la commodité des barquettes sous vide ?
J'ai envie de leur gueuler : vous voyez pas que vous être gros et laids (pas de rapport avec Graulhet, cono...), vous comprenez pas que ça vient de ce que vous bouffez et surtout de ce que vous ne savez plus manger ? Trop cher ? Alors j'ai pour vous la solution : roulez dans une petite voiture française ; arrêtez d'aller au bout du monde pour prendre un rayon de soleil, quatre (mille) photos et emmerder vos voisins avec le récit de vos voyages ; revendez votre congélateur et foutez-moi votre putain de portable à tout faire à la poubelle. Vous allez rapidement vous apercevoir qu'il vous reste des sous pour vous alimenter correctement. Vous pourrez même économiser et sauver le système bancaire...
Et vous n'aurez même plus à faire le régime pour vous dandiner dans un falzar de chez Armani ou Gucci (qui vous coûte la peau du cul) puisque vous serez bien dans votre peau !
Jaco

Chronique du 12 février 2013


Saint Paul Emploi, payez pour eux

Bon ça y est, ça va vous étonner : je suis en colère, en rage, en rogne, en fureur, en furie, en pétard, en courroux … coucou. Non, non, pas après vous, pas après ceux qui restent entre midi-et-deux sous leur abri nucléaire, la queue basse, en rongeant trois fois rien entre deux tranches de pain et qui ne s'aventurent pas davantage dans les rues de Toulon le samedi soir, des fois que le thermomètre descendrait en dessous de dix degrés, qu'il tomberait deux gouttes ou que, malencontreusement, ils croiseraient un arabe... Ils préfèrent compter leurs euros puis s'asseoir dessus en espérant que Mélenchon ne les retrouvera pas... Ils ont raison, on n'est jamais trop prudent. Et si la peur n'exclut pas le danger, elle... rassure ! Bon je sais, même si ce n'est pas le café déflore, c'est un peu trop fort pour vous mes amis. Mais après tout, il n'y a pas que des Toulonnais qui me lisent !!!

Non, je suis courroucé parce que je continue à croire encore en la conscience humaine, en la solidarité des générations, à la fraternisation des classes. Lorsqu'au printemps 2009, avant de me jeter à la figure cet inaccessible défi d'Aubrac sur mer, je m'étais imposé un stage chez un pote restaurateur du port d'Hyères, j'avais évidemment découvert un mode de fonctionnement, un monde pour tout dire, qui ne serait jamais le mien. Cette brasserie avalait des clients au quotidien, comme moi je parviendrais difficilement à en absorber dans le mois ! Pourtant Jean-Luc m'avait immédiatement proposé le bon diagnostic : « Si tu peux l'éviter, ne prend jamais de personnel ! »
Je n'irai pas jusqu'à dire que j'avais été choqué par cette déclaration d'amour à l'égard du salariat hôtelier, mais elle m'était apparue pour le moins excessive et définitive. Bref, même avec la recette du jour de l'établissement hyèrois, il m'a fallu embaucher au mois. A tour de bras. Un serveur. Et même un deuxième, lorsque le premier qui s'est lassé de travailler au bout de deux ans (quel exploit !) nous a subitement lâché.
Alors le second, c'est un spécimen. Pas fait pour le travail. En restauration s'entend. Et c'est une litote... Gentil. Très gentil. Très, très gentil... ce qui augure généralement mal de la suite, mais qui est le critère de dupe dans lequel on se laisse encore et toujours piéger. Cela fait trente ans que j'avance ce spartiate aphorisme : « Gentil n'a qu'un oeil » sans jamais être fichu de le prendre en compte. Lorsque je parle de lui, ce n'est pas un nom que je mets sur son portrait anonyme, mais un profil (celui des adeptes de face de bouc) que je dessine et qui résume hélas une tendance forte, voire une majorité galopante (encore que la plupart ait plutôt une démarche cacochyme).
Bref il ne travaillait pas pour gagner sa vie, mais pour préparer son futur voyage d'un an renouvelable, à travers le monde. Il applique la théorie épicurienne qui consisterait à profiter de la vie, de tout et du reste tant qu'on est fringuant puis, le cas échéant, de travailler ensuite quand on est vieux, croulant et impotent. Remarquez, même à vingt ans ils ne manifestent guère plus d'entrain et d'efficacité que les susnommés.
Et s'ils travaillent un peu, ces néo-baroudeurs qui vont observer le monde plutôt que de le bâtir, ce n'est pas tant pour payer leur voyage que pour profiter du chômage. Suivez-moi bien, au bout de six mois de travail vous avez droit à des indemnités, il suffit alors de vous faire licencier pour continuer à être payé ! En baladant c'est tellement mieux. Mais en pensant aux cons qui ne voyageront jamais et qui bossent pour vous, là, c'est à la limite du jouissif. Et quand je pense qu'il y a un ministre de la réindustrialisation ! Tu veux ouvrir des usines toi ? Mais avec qui pour les faire tourner ? Quelques retraités peut-être... Ou alors relancer une bonne politique d'immigration ! Pas con, non ?
Bref, nous, on a pas voulu de licenciement à l'amiable. Alors il nous a planté. Un week-end à 100 couverts, nous, pauvres quinquagénaires avec nos os qui dégénèrent. Parce qu'un abandon de poste n'est nullement une démission. C'est minable, sans morale, mais ce n'est qu'une faute grave qui donne directement accès aux indemnités. Maintenant vous le savez, si vous en avez marre de votre boulot, vous ne vous levez plus le matin et Pôle emploi le remplacera. Et rendez-vous compte que c'est un vieux gaucho erratique qui vous tient de tels propos. Si ça continue je vais finir au Médef. Si, si, j'ai droit ! même avec un salarié je peux être élu au Médef. Je me vois monter à la tribune et entamer par un vibrant : « Camaaarrraaaaades ! »
Bon je sais, je délire ! Ça y est, c'est la fièvre qui me gagne.... Mais c'est trop facile -mon Jaco- de considérer ces générations de jeunes comme celles des branleurs. Mais qui c'est qui les a faits ? Hein , vous là qui baissez la tête. Qui c'est ? Encore que si beaucoup auraient dû se retirer, ce n'est pas le pire de les avoir faits. Le pire, je vais vous le dire, c'est de les avoir éduqués de la sorte ! Remarquez ils ont été élevés, puisqu'on leur a donné le goût du jeu, du gain, du voyage, du bling-bling... En résumé ; on leur a appris l'opportunisme, la vénalité, la duperie, la superficialité. Va t-en voir de qui ils tiennent tout ça ?
Mais hélas, la conscience, l'humilité et la loyauté ne sont pas innés. Loin de là, apparemment...
Jaco 

P.S. Facile aussi de s'en prendre à Pôle Emploi. Je dois à la vérité de dire que
c'est grâce à lui que vous avez pu découvrir l'Aubrac à Toulon. Car durant trois ans, ce sont mes indemnités de chômage qui m'ont permis de vivre lorsque, malgré mes cinquante heures de travail hebdomadaire, je perdais de l'argent en travaillant comme un con. Et je parle même pas de ma con...jointe qui bosse gratis et avec le sourire !
C'est peut-être pourquoi, on peut encore trouver une quelconque utilité morale à ce modèle social tellement décrié par les uns et pillé par les autres.

 Elles voulaient voir la mer 
Il était facilement quatorze heures trente lorsque deux braves dames à l'accent fort étranger entrèrent, sûres d'elles, pour déjeuner. Nous les accompagnâmes en salle puisque de toute façon elles ne nous avaient pas laissé le choix. C'est alors que je les vis ressortir aussitôt comme si elles étaient tombé sur un putois dormant paisiblement sur la banquette. Mais non, me dit Marie, elles voulaient voir la mer ! Sans doute parce que, présomptueusement, nous nous sommes appelés Aubrac sur mer. Mais celle-ci n'est pas prête de monter jusqu'à nous, même si nous faisons tout pour réchauffer la planète. En attendant on fait avec la mère (de trois enfants) et l'amer... de toutes les batailles.

 Chronique du 5  février 2013

        Dégâts cholestéraux      

Je ne sais quel matin, mais c'était un matin où tous les cons s'agglutinent entre Cuers et Toulon (on se demandent bien ce qu'ils foutent à Cuers, mais encore plus ce qu'ils vont faire à Toulon, vu qu'il ne s'y passe jamais rien et qu'on n'y voit quasiment personne), j'écoutais France Culture. Oui je sais pour les uns ça fait prétentieux, pour les autres l'existence même de cette radio est à l'instant même, une révélation. Ça fait certes prétentieux, mais s'il y avait plus de monde à l'écoute de Meyer et Voinchet dès potron-minet et beaucoup moins à celle des animateurs de foire de RMC et des débiles de la bande FM, on serait nettement moins dans la merde. Mais c'est un voeu aussi pieux que lorsque je rêve du jour où les Toulonnais prendront le soin de manger, plutôt que d'aller s'intoxiquer en terrasse et au soleil. Et là, y a du monde. Beaucoup plus qu'à l'écoute de « Culture ».

Bon, mais c'est pas pour vous dire que je n'ai pas des moules-frites dans les esgourdes que je vous ai convoqués ce matin, ni pour piquer ma petite crise (enfin elle est plutôt costaude, la salope...), non c'est pour vous annoncer que ça y est, vous pouvez officiellement revenir manger à Aubrac sur mer, sans risquer la paralysie faciale, la thrombose, pas même un tout petit infarctus minable. Tout ce que vous aurez à redouter, c'est la facture.

J'entendais donc le professeur Even (pas celui qui a pondu la loi nous interdisant de boire, de fumer, de manger et de mourir avant 103 ans), non l'autre, Philippe, le bon, celui qui a décidé avec Bernard Debré (qui est bien le même que celui qui se dispute l'héritage gaulliste avec son frangin Jean-Louis, mais là n'est pas la question Simone) de mettre un bon coup de pied dans les étagères de nos armoires à pharmacie... Il s'agissait donc -ce fameux matin dont j'ai oublié le nom, peut-être était-ce mercredi- pour Philippe Even, de dénoncer non seulement l'efficacité relative des statines (qui ne sont pourtant pas d'origines soviétiques) , cette molécule censée réduire votre cholestérol tout en amincissant remarquablement les finances publiques, celle de la sécu au premier chef, mais aussi de relativiser les effets du cholestérol sur les accidents cardio-vasculaires. D'après-lui, la relation entre les deux est quasiment nulle. Ce qui expliquerait pourquoi le Gers, où se concentre la plus grosse proportion de mangeurs de cassoulet, de confit et de foie gras, est aussi l'endroit où l'on vit le plus vieux...

Mais ce que j'ai aimé dans le discours du prof, ce n'est pas tant sa grande perplexité quant à l'efficacité de l'un de ces nombreux médicaments que vous prenez sans doute avec votre croissant, mais sa charge, que dis-je sa croisade contre toutes les idées reçues qui font que les consommateurs s'empiffrent de pastilles de toutes les couleurs et que les grands laboratoires mondialisés se gavent avec leur crest...or, tah...or, zoc...or, élis...or et j'en oublie enc...or. Les statines sont plus vendues dans le monde que tous les médicaments anticancéreux, c'est quand même vous dire qu'il y a intérêt à diaboliser toujours plus le cholestérol. A promouvoir davantage les petites pilules magiques plutôt que l'ail de Lautrec, l'échalote de Busnes et un petit verre d'eau de vie comme le sirotaient nos grands-mères, la bouteille bien rangée, sous le meuble de la télé, derrière une pile impeccable de serviettes et de torchons.

En réalité, je ne vais rien vous apprendre, même si vous préférez le gros gourdin sur Monte Carlo au fin Meyer sur France Q, ce ne sont nullement les présidents qui gouvernent ( pas plus l'ancien sur ses gonzesses, que le nouveau sur son pédalo), pas même les états. Ce sont les lobbys internationaux, les maîtres du monde de la finance, de l'armement, de la religion -cela va sans dire- et... du médicament. Les lobbies, comme dirait Coluche s'il était encore là, cherchez pas, c'est un truc, comment vous expliquer, c'est un truc... vous y êtes pas. Allez circulez, y a rien à voir. N'y rien avoir d'ailleurs. Enfoirés !

Mais j'en veux tout de même terriblement à mes amis Conquet. Le trust de Laguiole, le champion du pâté pur porc et du steak d'Aubrac. Ils sont tellement forts dans l'Aveyron que je ne comprends pas comment ils n'ont pas imposé depuis des lustres, le lobby de l'entrecôte. Au lieu d'une croix verte, on aurait comme enseigne, une tête de veau ou un pied de cochon. Ils scintilleraient dans la nuit, on nous verrait de loin. Et qui sait ? On serait peut-être riches... 
                                                                                     Jaco 


Je profite de cette chronique légère comme un comprimé effervescent, pour remercier, que dis-je congratuler, tous ceux qui sont venus vendredi et samedi (une centaine quand même !) et qui ont ouvert eux-mêmes leur bouteille de vin. Nous n'étions que deux pauvres vieux pour servir (puisque le seul payé dans cette boite pour le faire nous a encore fait défaut), mais heureusement il n'y avait à table que des amis compréhensifs.   





Chronique du 29 janvier 2013
              A chœurs vaillants...          

J'aurais tellement aimé savoir chanter. M'asseoir avec cinq collègues autour d'une nappe à carreau et, entre deux tranches de saucisson et l'inévitable canon (à quatre voix), entonner les airs fameux de la révélation et forcer sur la note des chœurs de la révolution (Bella Ciao, Coupo Santo, Se Canto, etc...). Cet été, dans l'une de ces enclaves espagnoles du pays basque où flotte toujours, sous la chape de plomb, un petit air canaille de trafics interlopes, nous déjeunions, avec nos amis Dany et Alex, dans une auberge comme on n'en fait plus que dans les coins les plus reculés des Pyrénées (et de l'Aubrac). C'est un ténor, me semble-t-il qui lança la première note, puis ses trois compagnons le rejoignirent dans une orgie d'octaves, de fines voix de tête, de coffres profonds et de trémolos. C'est alors que vibre instantanément la corde sensible d'une assistance qui, sans perdre l'assiette -pour laquelle elle est venue- de vue, commence à tendre l'oreille. Car, voyez-vous, il y a des sens qui se complètent à merveille. Le goût et l'ouïe en proposent le succulent exemple. Je ne pense pas là au déferlement de conneries que peuvent déverser, sur la table, ceux qui monopolisent la parole au dîner, mettant en danger l'avis d'autrui ! Ces types qui ne s'interdisent jamais de jeter leur grain de sel sur l'immonde : les PD, les arabes et les assistés sociaux... Ça leur semble tellement essentiel qu'ils poursuivent toujours, quand ils ne l'amplifient pas, tout en continuant à s'empiffrer. Ah ! que j'aime ces gens qui parlent la bouche pleine ! Quelle élégance... Avec ceux-là, c'est pas pareil, l'entrecôte prend un mauvais goût de hyène et tu n'as plus qu'une envie, c'est de sortir pour dégueuler (tiens ! ça faisait longtemps !)
Non, la musique et en l'occurrence la voix (qui est jusqu'à preuve du contraire le plus naturel des instruments à corde), ajoute encore à la sapidité du plat sans doute parce qu'il restitue plus fortement, la perception de toutes les émotions. Et là encore, faudrait-il parvenir un jour, à mieux cerner ce mot, tant sous le vocable, on englobe et l'on mélange la victoire d'un marin français dans un tour du globe à la voile où il n'y a que des Français ; la libération d'une Française partie courir le gueux mexicain à ses risques et périls et ces petites notes qui virevoltent dans un soir léger où l'on partage un exceptionnel bout de viande, entre amis, au bout du monde.
Ces deux heures passées à deux tablées du groupe basque, m'avaient rapproché sensiblement de l'éternité. De celle que l'on apporte avec soi, avec pour seule crainte de l'égarer. L'emporter dans l'au-delà et pourquoi pas, un peu avant ?
Occi cant est arrivé. Vendredi soir. Un peu tard. Sans plus. Après le match. Rien à déclarer. Entrez. Je connaissais un peu Christian. Une sorte de résistant d'un autre temps. Barbe en bataille, œil pénétrant, les idées fortes. Géologue, sans doute un brin écolo. Tombé amoureux de l'Aveyron et de l'Aubrac. Pardi. Fan d'aligot aussi, dont il m'a écrit, en plein été, une sorte d'ode que les plus vigilants ont probablement mémorisé. Aligot... go, go, go ! Comme une évidence, que nous sommes a peu prés deux à partager dans la région, entre Ollioules et Cuers.
Il avait tenté de venir avec le reste de la troupe, pareil, un soir d'après-match. Nous n'avions pas pu les prendre, vu qu'il n'y a que les jours de match qu'on travaille. Un peu. On été blindés comme disent les jeunes et je savais que je passais à côté de quelque chose. Ils ne m'ont pas snobé pour autant et comme ils ont eu raison !
Autant les Basques sont solides sur leurs bases (le cul et le bide), autant les Provençaux s'étirent sur leurs quilles et peuvent grancilhar par grand mistral. Mais une fois assis, ce sont les mêmes : consistants...
Là, ils attaquèrent, pied au plancher. C'est à dire au comptoir. Une gentiane. Un chant d'Aveyron. Mais pas un seul bourré. Trop robustes pour ça. Trop dignes surtout. Puis toute la soirée, -jusqu'à fort tard, me faisait d'ailleurs remarquer Marie-, les notes coulèrent faciles, courant d'une table à l'autre, parmi nos convives et amis interloqués...
Quelle puise dans les graves ou se perche dans les aigus, elle est toujours, cette voix-là, celle de la fraternité. Vendredi soir à Mayol, pour singer le pilou-pilou de Marcel - qui doit souffrir du dos à force de se retourner dans sa tombe- il y avait Garcia et Young, la fine fleur de l'élégance intellectuelle, le nec plus ultra de la délicatesse. Mais pas Occi Cant. Normal, Christian et ses amis avaient choisi la vaste tribune d'Aubrac sur mer pour s'en donner à chœur joie. A la fin, ce sont eux qui réglèrent l'addition, mais c'est moi qui avait le sentiment de leur devoir quelque chose...
Jaco

13 à table

Il y avait à cette table -où ils étaient 13 et je confirme que ça porte bonheur- les six chanteurs du groupe Occi Cant : Christian, Jean-Pierre, Christophe, Jean-Marc, Jacques et l'autre Christian. Ils étaient accompagnés de Loulette, Christine, Carine, Marianne, Nadine d'Anna et de son copain
 
Lo Pastor de l'Aveïron
J'ai demandé à Christian de me faire un petit récapitulatif du tour de chants et polyphonies improvisés ce vendredi soir : « Copo santo bien sûr, Se canto, sans le couplet du "pibol", Hegoak, pour nos "amis" du BO ; corses, occitans, italiens, dont l'indémodable et internationalissime  "Bella ciao" .

Mais ils entamèrent, comme un hommage au lieu sacré, par un vieux chant aveyronnais (post-médiéval ?) dont j'espérais le titre : « Aqueù de l'Aveïron ? Me lo ramenti pas bèn.

Mais c'est vraisemblablement "lo pastor" incontournable,  qui va se promener en bas du champs, avec Joanetta, même qu'ils oublient que la nuit elle tombe, ce qui fait que la Joanetta elle est inquiète vu que sa moman ne manquera pas de lui demander ce qu'elle a foutu si tard et qu'elle lui répondra que sans un brave pastre qui passait par là, le loup l'aurait (vraisemblablement) mangée... Sale bête ! J'en oublie, c'est sûr, mais c'est pas grave.

Et c'est déjà tellement essentiel !    


« Aligot ...! go...! go...! » selon Christian 


Nous avons reçu ce cri de ralliement de notre ami Christian, tellement provençal et pourtant passionné d'Aveyron comme nous. Et quand il ne chante pas -avec le groupe Occi'cant- le Coupo Santo sur la pelouse de Mayol, il chante le terroir, la gastronomie, l'amitié. Voici sa carte postale à lui que l'on aurait pu rebaptiser Coupo d'aligot :

« Aligot... ! go... ! go...!

Cri de raliement bien connu des adictes de la pommade rouergate.

Moi, c'est pas compliqué : en 5 jours (trop courts) passés aux confins tarno-aveyronnais, du 1 au 5/08, je m'en suis enfilé, goulument, résolument, avidement, incontestablement, incontournablement, volontairement, passionnément -m'avez compris- :  aligot/saucisses le 1 au soir à Sauveterre de Rouergue,  aligot/jarret de porc le 2 au soir à Monesties , itou entrecôte, si... si... même lieu le 3 au soir, à midi avec une andouillette -woueï !,  le 4 à Najac, -Et le 5 ? RELACHE.

Ceci étant proclamé, revendiqué, affirmé, que dis-je ?, bu et approuvé avec des Gaillac blancs, éventuellement "perlés",  je suis déjà z'en manque.

Tu vois, nous on a l'ailhet, p... ça me plait, mais après, c'est bien connu, faut faire un pénéqué et  surtout pas aller carigner, que la belle elle va pas le supporter. Tandis que l'aligot, ça glisse, ça onctue,  ça satine, ça adoucit, ç'est moelleux, paisible, compréhensif, tolérant.

Une fois digéré tu peux t'y recoller, ça prête pas à conséquence.

Que du bonheur.

Bon, Saints Nasbinals, Chély, Urcize et Enimie que votre aligot soit sanctifié et, si ce n'est déjà fait,  inscrit au patrimoine de l'humanité. »

Crestian; lo geolog occicantesque.
Chronique du 22 janvier 2013

Ces chiens qui sont les maîtres   


Souvent la pluie forme un rideau impénétrable que nos clients ne veulent franchir, préférant laisser mourir leurs papilles d'ennui que d'ouvrir leur parapluie et d'obéir à leur légitime appétit. Pourtant, si elle ne me le rend pas toujours, j'aime la pluie. Mais ce n'est pas totalement inintéressé. Certes elle ne fait pas avancer ma cuisine, mais elle me nettoie le pas de porte. Ainsi avec ce qu'il tombe aujourd'hui, je sais que ce n'est pas moi qui tomberai à la renverse en ouvrant les volets, mardi matin.
Ce n'est pas la pluie qui empêchera les chiens du quartier de venir se soulager à côté du restaurant (et même parfois devant) sur les murs et panneaux de bois. Mais ça le nettoiera... Ça pisse un chien, vous savez ! Je ne sais pas si ça boit autant que ça aboie, mais qu'est-ce que ça pisse ! Et il y en a dans le coin, des canidés ! En quantité. Parfois entre midi et deux, sans parler du soir entre chien et loup, il en passe et il en pisse en pagaille. Et je finis par me demander s'il n'y en a pas plus que d'êtres humains ou assimilés.
Remarquez il ne s'agit pas de hardes sauvages à le recherche de quelques proies ou au pis aller de sacs poubelles, non, le plus souvent si vous remontez la laisse, vous trouvez un maître. Enfin un homme. Un type. Un pauvre type. Parfois même, il se promène avec la laisse sur l'épaule, si bien que l'on se demande si ce n'est pas plutôt le chien qui le fait sortir.
Et lorsqu'il s'agit du comportement de l'individu et de son compagnon, on ne sait pas lequel a éduqué l'autre. Car c'est quand même du bas de ses quatre pattes que la bête décide de sortir et de traîner dehors, sous la flotte ou par grand vent, le maître devenu esclave. Enfin question éducation, c'est pas ça ! On n'est pas plutôt dans la rue que l'on file à cent mètres pour inaugurer le premier bas de mur. Et je peux vous dire qu'Aubrac sur mer, place Lambert et rue de la Glacière, fait l'unanimité. Putain on a une cote ! D'enfer. Du teckel au beauceron, mon vieux, tous semblent vraiment contents de notre support. Et puis comme ils n'ont pas tous la même taille, c'est mieux. Ils recouvrent toute la surface. Sans compter que, comme pour les grands vins qui marient plusieurs cépages, là nous avons des fragrances avariées qui nous mettent les narines en émoi.Durant six mois, si vous réservez à l'avance, on peut vous garder une place privilégiée, où l'odeur âcre et puissante remontant de la pierre, se marie impeccablement avec tous nos plats.
Puis, après quelques belles giclées sur nos volets, ils baptisent aussi les sacs poubelles.
Comme ça, non content de ramasser les ordures que leurs propriétaires n'ont pas mis dans les containers, les éboueurs se couvriront les gants de cette urine tellement recherchée. Et maintenant, fini de rire. On va caguer. Mais là on délaisse les murs. On dépose le colis en colimaçon au beau milieu de la voie. C'est tellement plus marrant. Je n'ai pas encore surpris un collet ou un berger belge, planqué derrière un panneau en attendant qu'un couillon marche dedans pour bien se marrer, mais ça ne devrait plus tarder. Donc, voilà c'est livré tout chaud. En 24 secondes chrono. Et c'est le moment exact où le propriétaire du clébard n'a absolument rien vu, puisqu'il tournait la tête du mauvais côté. Sans quoi, vous comprenez bien, il l'aurait ramassée. Sa merde. Pour dire vrai, il y en a qui se baissent pour enlever les traces de l'immonde pâté. J'en ai même vu une, courir avec son petit sac noir après les crottes de son chien constipé, puis une fois bien au fond, jeter le merdier emballé, un peu plus loin dans la rue. Superbe geste citoyen !
Et puis des fois on n'y peut rien. Il a la diarrhée le pauvre toutou ! On va quand même pas nettoyer à la paille... Allez, c'est l'heure de rentrer ; ça fait au moins cinq minutes que l'animal est en liberté. Faut pas abuser. On est pas si mal dans un 30 m2 au cinquième étage avec un labrador. Et puis ce soir on recommencera... D'accord, mais alors avant, on repasse place Lambert, envoyer une dernière giclée aux pieds de Larrue...
Un jour, tandis qu'un barjot total, faisait pisser son barzoï à l'angle du restaurant, j'explosai : « Il ne veut pas le faire sur mes tables tant qu'il y est ? » Le type, antipathique à mourir, me répliqua que la rue était à tout le monde. Je mis fin à la conversation en lui expliquant que s'il se soulageait devant chez lui, ça me serait bien égal, mais qu'ici, la rue était un peu plus à moi qu'à lui... Ma foi, il a dû mal le prendre, car depuis il semble que sa bestiole ne connaisse plus que notre terrasse pour satisfaire des besoins, pour le coup, surnaturels.
Bref, vous l'avez compris on y est jusqu'au cou. La prochaine fois, je vous expliquerai comment les hommes se soulagent, entre le passage Lambert et le parc à motos de la place. On se demande bien pourquoi leurs chiens ne les éduquent pas mieux...
Jaco



Chronique du 15  janvier 2013
  Tant qu'il y a du bois pour se chauffer 

Ma prose était un peu aride ce dimanche matin. Sans doute désabusée. Je n'ai croisé, sur la route, dans un service municipal et dans mon quartier, que des gens agressifs, idiots, sans autre intérêt, que le seul qu'ils défendent : le leur ! Mal lunés, mal baisés pour les meilleurs, mal intentionnés pour les autres ! Encore un beau sujet de chronique, mais trop frais pour l'exploiter sans danger... C'est alors que je me suis souvenu que lorsque j'étais gamin, je ne savais plus m'exprimer, les jours désabusés, qu'en vers et en couplets.
Je rimais parfois comme mes … pieds. Cela pouvait virer à la cata... strophe. Mais au bout du poème qui marquait mon chemin, je n'allais pas beaucoup plus mal. Parfois même, je me sentais bien mieux. Alors, même si, depuis que je connais Hugo et Lorenzini, je me suis promis de ne plus employer le chausse-pieds pour écrire ; même si je sais que beaucoup d'entre-vous sont rétifs, voire allergiques, aux poèmes, je vous offre ces quelques rimes, riches de sentiments et de … sincérité. Je voudrais les adresser à messieurs Arnault, Depardieu et société. Pensez à eux, qui n'auront jamais la chance de les lire... Hélas !

Tant qu'il y a de l'eau pour s'abreuver,
Des âmes pures pour vous sauver,
Des coeurs sensibles à palpiter,
Un lit douillet où s'encanailler,
Des amoureux pour procréer.
Le premier sourire d'un bébé
Des mains d'enfants à serrer,
Du désespoir pour espérer
Et de l'air pur à respirer,
Le pain frais du boulanger,
La voix du sage à méditer ...

Tant que l'oiseau viendra poser,
Les ailes de sa liberté,
Une hirondelle un soir d'été...
Un pauvre type à soulager,
Un regard droit pour te fixer,
L'oreille amie pour écouter
Une rivière où se baigner,
Un endroit calme, se ressourcer,
Et des vaches bien élevées.
Un beau « resto » où déjeuner ;
Une étoile pour te guider
Et même un accent étranger !

Tant qu'il y a du bois pour se chauffer,
Un matin calme illuminé, 
D'un grand rayon ensoleillé.
Des chemins pour se balader,
Une histoire à raconter,
Une vie à recommencer,
Un vieux copain à retrouver,
Un voisin à qui parler,
Une confidence à échanger,
Un verre de vin à s'envoyer,
Un lendemain à espérer,
Un peu d'amour et d'amitié...

Tant qu'il y aura de riches exilés
Mais une parole libérée,
Juste le droit de s'insurger,
Le courage de s'indigner,
La force de ne rien accepter.
Le seul plaisir d'échanger :
Pour s'enrichir : aimer !
Des hommes prêts à s'engager,
Le refus de l'avidité,
Une simple idée d'humanité,
Et le refus de l'aliéner...
Nous vivrons en société,
Non pour seulement profiter,
Mais par fierté de partager. 
 
Chronique du 8 janvier 2013
  Je n'irai plus au restaurant

Tiens cette semaine, je vous emmène sur une île. Oléron. Ben oui, on avait pensé à Bali, mais au dernier moment on s'est dit qu'il y aurait sans doute trop de ballots -il s'agit de l'équivalent en paréo du cono continental-. Et puisque nous avons la chance d'avoir des îles, pourquoi aller faire travailler celles d'Asie. Si on bronze là-bas on en revient jaune … Sans compter qu'à force de partir en vacances en Asie, de regarder la télé venue d'Asie, de conduire des bagnoles venues d'Asie. De téléphoner, de courir, de laver, de repasser, d'offrir et de rêver Asie, on va finir, en France, par devenir économiquement... bridés ! Faites ce que vous voulez avec votre conscience ! Et je dis ça pour ceux qui, par extraordinaire en aurait reçu une en héritage -conscience- et ne l'aurait pas oubliée malencontreusement sur une plage Thaïlandaise un matin de tsunami.
Question bronzage Oléron, c'est tranquille. C'est tranquille question tout. En fait, ce devait être l'inventaire annuel, car il n'y avait, sur la plus grande île française de l'océan, pas âme qui vive. C'est tellement et incroyablement vrai que nous n'avons trouvé personne pour nous nourrir, entre la Cotinière et le phare de Chassiron. Si l'on m'avait dit qu'un jour je sauterais un déjeuner et que je m'assiérais sur mon fondamental ballon de rouge... Ça m'aurait fait mal, là où vous pensez !
Enfin, des fois, il vaut mieux savoir renoncer au déjeuner. Nous l'allions vérifier sans tarder. Car le lendemain, après avoir quitté, avec un soulagement indéfinissable, la lande océane, nous butâmes (non ce n'est pas du gaz ! ) sur Royan, petite ville bien dans ses charentaises et calée tranquillement sur l'estuaire de la Gironde. Après avoir jeté quelques regards concupiscents sur les queues frétillantes d'énormes langoustines ; après avoir regretté que Toulon n'aie jamais été foutu (entre autres insuffisances) de renouer avec ces halles qui suscitent si bien l'émulation des commerçants et la célébration de leurs produits, il nous fallait satisfaire un besoin pressant : manger !
Par principe je ne vais jamais au restaurant. On y mange généralement plus mal qu'à la maison et payer 20 euros pour voir mon poisson frit se transformer en : « Ballotin d'églefin juste tourné sur son écume d'huître, ses jeunes pousses au jus et sa purée de panais », ça fait toujours cher de la feuille de salade et de la réthorique.
Mais que voulez-vous on était loin de la maison. Alors nous sommes entrés au Neptune. C'était sur le front de mer et un resto qui se réfère au Dieu des océans et des poissons, ne peut-être foncièrement mauvais. Encore que mes liens avec la mythologie soient un tantinet distendus depuis que l'on a tenté, dès ma plus tendre enfance, de me faire ingurgiter une indigeste litanie de grecs et de romains, tous affublés de noms à coucher dehors : Parède, Salacia, Cybèle, Amphitrite et je vous la fais courte...
Nous sommes donc entrés sous cette immense véranda avec vue sur l'Atlantique qui hélas, s'était retiré pour l'après-midi. Peut-être aussi pour inventaire ! Décidément c'est une manie. On s'était dit qu'avec deux petits plateaux de fruits de mer, on ne risquait rien. D'autant que s'il s'était retiré, l'océan demeurait à portée de canne à pêche.
Avec les fruits de mer, c'est simple. Soit, ils sortent de l'eau de mer et c'est un pur régal, soit ils sortent de la chambre froide et c'est la loterie, soit ils sortent du congélo et c'est très mauvais pour les dents.
Je vous rassure, rien ne venait de l'Océan ! Ou alors si, de l'Indien. Tiens de Bali peut-être ! Mais depuis fort longtemps. L'antiquité sûrement. D'ailleurs, pour un antiquaire , Neptune, ça le fait aussi, non ? Bref face à moi, une vieille cliente (la soixantaine quoi) me faisait de grands signes, portant une huitre à la bouche et la recrachant, m'adressant des grimaces et des clins d'oeil dans le dos de son pauvre mari et de ma Marie. J'ai cru que j'avais alors à faire à une salope en vison, et en visions lubriques ; l'une de ces femmes de peu qui assouvissent leurs fantasmes en vous renversant-là, sur une table, sur la mayonnaise, les pinces de crabes vous grignotant le dos... Je compris ma méprise, lorsqu'après l'installation d'un porte-plateau rouillé, des poubelles de table roses en plastique et des pots de mayonnaise translucide et de vinaigre blanc, arrivèrent les bestioles prostrées dans leur matelas de glace. Pas une ne la ramenait, sinon peut-être les quatre langoustines de la taille de crevettes grises, mais qui trônaient sur la cime, les deux pinces plantées dans la queue pour un sublime exercice de contorsionniste. Sorties libres du congélateur, les libertines fêtaient ainsi leur retour à l'oxygène. Ce n'étaient pas le cas des huîtres qui ne couraient plus depuis fort longtemps et qui avaient tout perdu sauf l'haleine fétide. Les bulots avaient carrément le mal de mer, situation inconfortable dans laquelle je n'allais par tarder à les rejoindre.
Il me fallut alors me lever, m'excuser auprès de cette dame que j'avais si mal jugé alors qu'elle avait tenté de me sauver la vie au risque de perdre la sienne, payer mon dû en félicitant chaleureusement la patronne pour l'ensemble de ses prestations. Une fois dehors, je me suis collé une grande baffe. Histoire de vérifier que je n'avais pas perdu encore la sensibilité des mâchoires et m'infliger une légitime correction, pour être rentré dans un restaurant par hasard, tout en sachant que seul le bouche à oreilles peut vous sauver la vie !
C'est lâche de vouloir se suicider si jeune et d'entraîner dans le néant, un être qui vous faisait peut-être encore confiance.
Jaco



La fin des haricots !



Offrir aux Toulonnais et environnants, un choix de viandes exceptionnelles et quelques plats exotiques venus des plus lointaines traditions de la cuisine française et en l'occurrence du sud-ouest, tel était l'objet de l'ouverture d'Aubrac sur mer, il y aura quatre ans en septembre. S'il s'agissait bien sûr d'en vivre et d'y prendre un plaisir certain, cette initiative avait un fondement altruiste et passionnel.

Avec un certain recul, je dois confesser ma profonde déception. Je voudrais d'ailleurs présenter toutes mes excuses au fondateur du cassoulet, l'un des bienfaiteurs de l'humanité. Car malgré tous les soins que j'y mets, la qualité indéniable des produits qui le composent, je n'ai pas su le défendre...

Pas foutu de vendre quinze cassoulets à une population forte tout de même (ne serait-ce que pour le grand Toulon) de cinq cent mille bouches et autant d'estomacs.

Sans doute est-ce là l'oeuvre des publicitaires et autres lobbyistes de la malbouffe qui ont réussi à faire passer le cassoulet pour un poison violent, un piège pour obèse.

Et voilà comment je me vois contraint d'ingurgiter des tonnes de cassoulet... Tout en faisant remarquer aux inconditionnels de la ligne dure et des contours impeccables, que je ne pèse pas plus de 73 kilos et que mon ventre, même passé la cinquantaine, n'a rien de difforme.

Ce qui vaut pour le cassoulet, vaut également pour la merveilleuse potée aubracienne, servie en alternance les vendredis et samedis d'hiver et qui finit pareillement... à la poubelle !

Et voici ce qui va me contraindre à mettre un terme à cette confection amoureuse, quasi-religieuse, faute de consommateurs. Si nous sommes encore là, il vous faudra, dans les années futures, commander une semaine à l'avance ces mets exceptionnels.

Lorsque j'évoquais, fin 2012, l'apocalypse de la presse, mon ami Patrick m'avait répondu : « Pourvu que ce ne soit pas la fin des haricots ! »

Je crains que cela n'arrive bien vite...




                        Courage...              
Toujours là, à guetter les faux culs bien pensants, j'ai choisi de présenter des voeux originaux et donc pas forcément consensuels -encore que si on décortique ce dernier mot, bien des cons le soient-. A condition, bien entendu, de s'entendre sur le bon usage du con en question !
On peut me contester bien des choses, mais rarement de ne pas mettre mes sentiments en parfaite adéquation avec ma conduite. Par exemple, lorsque je vois le projet de taxation à 75 % des revenus excédant le million d'euros annuel retoqué par les vieux chnoques du Conseil constitutionnel, je ne m'insurge plus, mes pauvres, je pleure. Mais ce qui m'accable, m'effondre, me mine et me la coupe, ce n'est pas que les dizaines de types qui gagnent 7 000 SMIC par mois s'étonnent que l'on propose de répartir ce qui dépasse, pour rétablir les comptes publics, non ce qui m'indigne, me martyrise, me rase et m'égorge, c'est qu'il y ait des députés, des citoyens et probablement quelques pauvres parmi eux, qui se félicitent de ce rejet, arguant du vieil argument de la mesure confiscatoire. Celle-là de connerie...
Ah ! si seulement l'ensemble de la classe politique portait le débat sur le bien-fondé du partage des richesses, de la limitation de l'échelle des salaires de 1 à 5 par exemple et sur le retour du sport à la gratuité et au parfait amateurisme, on supprimerait d'un coup d'un seul, les gros cons parvenus, les requins de la finance, le dopage et peut-être même (mais ne rêvons pas !) les sportifs...
Certes on ne passerait pas à côté des escrocs qui prolifèreraient car le partage ne sied qu'à ceux qui en jouissent et les fuyards ne se compteraient plus par dizaines en Belgique ou en Suisse, mais par milliers ! Mais, croyez-moi, nos amis et voisins francophones seraient vite saturés par cette invasion de « beaufs » portant tous la même Rolex, les mêmes Ray-bans, le cul dans le même 4X4...
Et comme je tiens à vous, je me suis donc amusé à vous offrir d'autres voeux que la sempiternelle « santé » dont je me demande qui ne pourrait ne pas vous la souhaiter. J'exclus donc l'argent et la prospérité, pour vous présenter tous mes voeux de courage. Et ce n'est pas un cadeau ! J'ai épluché ce mot, je l'ai trituré sans le torturer. En anagrammes, en cryptonymes, en acrostiches, en verlan et même en contrepèterie.
On y trouve d'abord cou. Il manque le p, quand il s'agit de ceux que l'on reçoit émanant de lâches ou d'insignifiants. Souvent des deux, l'un ne supportant pas de sévir sans l'autre. Le cou que l'on vous veut tordre pour vous la faire fermer.
Sans le p, mais en rajoutant le r, cela nous fait cour, comme celle qui se tient à proximité du roi et jamais en courroux mais tout en courbettes. Il y a cage, celle où l'on aimerait vous enfermer pour mieux vous isoler, éventuellement même, vous étouffer.
On trouve aussi facilement courge. Celle pour laquelle vous finissez par avoir la certitude d'être pris, lorsque bravant les conventions et les escroqueries, vous travaillez à perdre haleine au nom de l'éthique et du tact. Mais qu'au final personne ne veut prêter attention à vos efforts, à votre intégrité.
Il y a garou, non comme le chanteur qui déshonore la voix du Québec à force de dissonances et d'insignifiances, mais comme le loup qui vous dévore au petit matin, après avoir pourtant combattu toute une nuit lunaire.
On peut même, si l'on parle anglais -mais ne suis-je pas la dernière personne habilitée à le faire ? trouver : care ! Qui signifie dans la langue de Jack l'éventreur, soin. « Take care », se préoccuper de sa santé (nous y revoilà !), afin d'éviter que les malfaisants finissent par vous la ronger -la santé- pour finalement vous l'ôter.
Et bien entendu, il y a rage. Comme celle qui nous anime, lorsque l'on s'aperçoit au terme d'un combat déloyal que l'on est tout nu, impuissant, ridicule, recyclé, dépassé, anéanti, inexistant...
Car si le courage manque singulièrement de pratiquants en ce vil monde, il génère sans cesse et en nombre exponentiel, des nécessiteux.
Les plus délurés avec les mots, m'objecteront sans doute qu'avec argent aussi, on peu constituer : rage et même pousser jusqu'à l'art (de plumer son prochain sans doute). Je rétorquerai alors qu'avec argent, on peut faire beaucoup mieux : rang -dans lequel on entre trop docilement-, gare – au retour de bâton si tu baisses sans cesse la tête- , rat -dégout- et tare -pour tous ceux qui préfèreront toujours compter que partager-...
Jaco

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